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Yenepha, femme d'affaires

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Message par Yenepha 27.01.20 15:16

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Voir équipe de Yenepha en fin de dossier


Deux cristaux pour Scriabine.



- Messieurs, on dépose ses outils un instant s'il vous plaît.

Trois gaillards solidement bâtis grommellent discrètement et s'arrêtent dans leur ouvrage. Yenepha passe au milieu de la pièce et se dirige d'un pas assuré vers les sacs de joyaux, butin fraîchement cueilli la nuit dernière. Les pierres encore entassées en vrac scintillent, elle se saisit d'une émeraude, la retourne délicatement entre ses doigts avant de la reposer à sa place. Volte-face vers ses hommes, la belle n'est pas satisfaite, en atteste son sourcil gauche légèrement haussé.

- Je vois que la caillasse de notre ami Croquesucre n'est pas encore triée, c'est regrettable. Gareth ?

L'intéressé s'avance d'un pas. Responsable de ses deux compères, il est celui qui avait su gagner la confiance de la bijoutière. Difficile de croire que cette montagne de muscles était en réalité plus doux qu'un boufton, et qu'il maniait avec une délicatesse étonnante le plus petit des rubis. Détenteur d'une clé de la Planque et garant de la gestion des stocks, l'erreur ne lui était pas permise. Pour lui, il y avait bien pire que les représailles, l'idée même de décevoir celle qui lui avait tant apporté et pour qui son cœur battait la chamade était une déchirure.

- Madame Yenepha, j'ai en effet préféré avancer sur notre déclinaison de kristalites pour le diadème de Dame Aloera.

- Celui-ci devra attendre. Une commande vient de m'arriver et elle est à traiter en priorité. Mais pour ce faire, vous allez me sélectionner nos plus belles tourmalines et pierres d'ambre gris. Misez sur une couleur vive pour la tourmaline.

- C'est pour du cristal temporel ?

Varek était probablement le moins expérimenté du trio mais il avait un flair imparable et devinait les tailles possibles d'une pierre brute d'un simple coup d’œil. Une pointe d'appréhension dans sa voix, la création dudit cristal demandait une fusion de matériaux maîtrisée et l'exercice n'était pas chose aisée. Des rumeurs prétendaient que l'on pouvait se retrouver avec un doigt perdu dans une fissure temporelle au moindre faux pas.

- En effet. Pour une enveloppe de 20 000 kamas, il me faut deux petits cristaux temporels. Deux formes originales. Pas d'insertion prévue alors prévoyez de la marge sur votre alliage pour une coupe travaillée et raffinée. Ne lésinez pas sur la tourmaline, la cliente souhaite une belle teinte bleue.

- Et me voilà.

Kiosh venait de les rejoindre, calepin et plume à la main.

- Varek, Agoneth, commencez à trier. Gareth s'il te plaît, ton avis est le bienvenu quant aux modèles.

Bien sûr, il ne se permet pas de sourire mais la fierté se reflète dans son regard. Un acquiescement solennel, il rejoint le Second et s'attable. Sitôt la commande de Scriabine récupérée, Kiosh avait été briefé par Phénix et sans tarder il se met à tracer lignes et facettes sur la page rapidement noircie.

Les deux autres plongent leurs mains dans les sacs et séparent les pierres précieuses dans des bacs, échangeant à voix basse leur avis sur la qualité des trouvailles. S'il y avait un critère de recrutement maître aux yeux de Yenepha, c'était bien la passion. Ses hommes- anciens mercenaires en galère - avaient volontiers abandonné les armes pour se donner pleinement à la traite de ces merveilles de la terre. Une matière bien plus noble et un profit intéressant, leur situation était plaisante bien que leur Dame n'était pas toujours simple à satisfaire.

Agoneth, dernier arrivé dans l'équipe - remplaçant d'une certaine Margareth qui aurait tenté de doubler sa maîtresse - possédait une grande sensibilité à la beauté. Il était capable de verser une larme devant une émeraude ovale si sa pureté était parfaite, s'extasiait devant une courbe lisse et vouait d'ailleurs une admiration dissimulée pour celles de son employeuse.

- Ces cristaux n'auront pas besoin d'un support doré pour arracher un "waouh" à la cliente. Ils doivent à eux-seuls refléter le luxe et l'élégance. Je veux qu'on puisse y lire les heures de travail d'un maître dévoué. Une bulle d'air et c'est retour à la case départ. Ils seront petits, un concentré de savoir-faire qui ne saurait souffrir d'aucun défaut.

Mains dans le dos elle passe derrière les ouvriers, s'arrête sur les bacs qui se remplissent, s'attarde sur les tourmalines. Certaines valent mieux que d'autres et elle s'imagine déjà comment rentabiliser les moins belles d'entre elles. Gareth de son côté valide le dernier essai de son aîné : Un cristal facetté en une larme majestueuse. Pour le second, il propose une forme plus allongée, pourquoi pas ondulée.

- Comme une vague, vous voyez ? Avec des extrémités douces.



Schémas achevés, Gareth part préparer les trois ateliers. Il est rejoint par Varek qui apporte avec lui sa sélection prévue pour la fusion. Un étage en-dessous, Yenepha veille sur la flamme dans l'âtre et entame la préparation des charges. Nature exacte des minerais, dosages précis, l'obtention d'une matière coulée qui correspond aux exigences techniques de la pièce souhaitée est un art qu'elle a su apprendre de ses maîtres mineurs et forgerons. Elle opte pour une fusion en cubilot, c'est à dire une fonte directe au contact du combustible dans un four qui jamais ne doit s'éteindre.

La Gardienne du brasier.

Elle sourit face à la chaleur.

Clic, clic, tchic ...

Là-haut, l'extraction des morceaux d'ambre a commencé et bientôt, celui-ci sera mêlé aux pierres bleutées et à quelques pépites. Elle ouvre un coffre dont elle seule a la clé pour accéder à sa réserve de matériaux "sensibles". Une poignée de boucles temporelles dérobées à des Shuccubes, véritable chasse aux trésors organisée par sa fidèle Elvi. Une opération qui d'ailleurs lui avait coûté une fortune mais le cristal - formidable source de revenus - ne pouvait s'en passer.



Quatre heures acharnées plus tard les deux petites merveilles sont déposées sur un carré de soie noire. La première pierre est taillée en une larme, une belle couleur bleu-dragée, très pure. La seconde plus fine et plus allongée aux courbes ondoyantes, d'un bleu céleste profond. Toutes deux dépassent légèrement la taille d'une phalange et dégagent de tels reflets qu'une aura azurée semble les envelopper.

Jolie brillance ...

Deux très belles pièces, coquettes et harmonieuses, un connaisseur saurait remarquer l'accomplissement d'un excellent labeur. Yenepha ne manque pas de féliciter les garçons qui se voient gratifiés d'un droit de pause. Bien entendu, ils toucheront un petit pourcentage sur la vente puisqu'il s'agit d'une commande de dernier instant.

Et elle s'en retourna au Lépreux Chauve avec sa commande...  


Dernière édition par Yenepha le 29.05.20 17:11, édité 3 fois
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Message par Yenepha 28.01.20 18:09

La cargaison de Dolomites - Part 1







Elle s'éveille effrayée par un quelque chose qui semble déjà loin, flou et distordu. Plus elle traque le souvenir, plus il semble se liquéfier derrière ses yeux verts écarquillés. De vagues réminiscences. Les muscles de ses bras et de ses épaules sont douloureusement crispés. Ses doigts se soulèvent dans de petits spasmes mais elle ne parvient pas à bouger. Une respiration haletante, de plus en plus paniquée. Et cette douleur dans sa poitrine qui se comprime, encore et encore.



Suis-je réellement réveillée ?



Les pupilles tremblantes elle balaie sa chambre plongée dans l'obscurité, à la recherche peut-être d'un point de lumière où sa conscience pourrait se raccrocher. Il n'y avait que le noir et dans le noir, il y avait l'abîme. Un gouffre sans fond ni nom qui tranchait les ténèbres d'une ombre surpassant la raison.

Elle y voit une étendue de sable couleur de la rouille au parfum d'agrumes. La danse effrénée d'un feu bleu et blanc sous un ciel rouge aux reflets dorés. Cette vision sans comprendre pourquoi est si réconfortante, mais sous ses pieds les murmures appellent et une pression sur sa nuque l'oblige à regarder. Le désert est balayé et les émanations acidulées sont grignotées par la puanteur de la putréfaction.

Le sol, des pellicules de croûte qui s'effritent pour dévoiler bourbiers et visages noyés. Au milieu de ces expressions de terreur englouties et aux orbites évidés, une poupée de porcelaine. Elle remonte lentement à la surface, tend le bras vers Yenepha, mais cette dernière le sait …



Ne prends pas sa main … Ne prends pas sa main …



Yenepha ?

La chose hurle des sons étouffés et son corps se craquelle avant d'accélérer son émersion. Des bulles éclatent à la surface et elle croit en saisir des mots.



«  Absolution » « Bannie » « Fléau » …



Yenepha !


Je ne comprends pas … Qu'est-ce que tu me veux ?!



Sa mâchoire se brise et elle essaie de crier tandis qu'une femme s'arrache à la boue pour se saisir de sa gorge. Effroyable, immonde, pourtant elle n'a rien fait pour mériter cela et des larmes amères se mêlent à ses sueurs froides.


Madame Yenepha ?!





Elle se rassied brusquement dans son lit en toussant, le souffle saccadé. Elvi pose doucement ses mains sur ses épaules.

- Ce n'est rien Madame, vous faisiez un mauvais rêve.

Un cauchemar, est-ce le même qu'hier... Et est-ce le même monstre qui persécute le sommeil d'Auspice ?

- Je vais vous chercher un verre d'eau.

- Non Elvi … Inutile, mais je te remercie. Je suis à toi dans une minute.

Résolue à clore cet événement effrayant elle se force à sourire. Peur balayée, il est temps de se mettre au travail. Après tout, elle n'était plus une enfant. La Disciple de Sram visiblement inquiète n'insiste cependant pas. Elle incline la tête et laisse sa maîtresse se préparer, quittant la pièce.

Yenepha avait emménagé dans une nouvelle petite maison à la Sombre, non loin de son lieu de travail. En passant devant le miroir, elle se souvint dans un soupir que ce choix avait été accompagné d'un compromis et que la belle rousse s'était changée en blonde platine. Plus prudent, avait répété Kiosh, avant de lui présenter le seau prévu à cette décoloration. Elle avait du mal à s'y faire mais recevait néanmoins des compliments sur cette transformation surprenante. D'ici un mois ou deux, elle sera certainement habituée.


♥ ♥ ♥


Attablés au rez-de-chaussée autour d'un bon café, Kiosh Elvi et Yenepha s'entretenaient au sujet de petits cailloux verts de bonne facture.

- Des cargaisons de Dolomite partiront demain matin de Feudala pour les bijouteries du nord d'Amakna. On parle de trois charrettes lourdement chargées qui avanceront probablement prudemment pour ne pas abîmer la marchandise.

- Le Dolomite est tout sauf fragile, pas de risque de briser la pierre mais effectivement ils seront lents. On parle d'un trajet qui leur prendra toute la matinée, au moins.

- Et après, es-tu en train de nous dire Elvi que tu souhaites t'attaquer à des charrettes probablement soigneusement gardées et ce en pleine journée ?

- Non, je souhaiterais motiver des bandits. Laisser fuiter les informations de notre indic du côté de Sidimote et créer une opportunité.

- En si peu de temps ?

- Pourquoi ne pas directement tenter de les engager ?

- Premièrement parce que c'est cher, deuxièmement parce que je n'ai aucune confiance en cette vermine. Écoutez, ce soir on s'attable à la Taverne du Number Anticroist, on parle des convois et de l'argent qu'il y a derrière tout ce Dolomite. Au pire, rien ne se passe et on laisse l'affaire nous passer sous le nez. Au mieux, on peut compter sur une attaque et je profite du chaos qui règne pour faire évacuer de la scène quelques sacs. On n'engage pas le moindre sou dans cette mission.

- Mais on engage ta vie, en misant sur la chance. Lorozyu est-il seulement certain du jour et de l'horaire de cette transition ?

- Il l'est.

Un silence, puis ils se tournent vers Yenepha, attendant le verdict de la bijoutière.

- Laissez-moi la journée pour réfléchir, ce soir vous aurez la marche à suivre.

Kiosh fronce brièvement les sourcils, il n'est pas habituée à voir l'ex rouquine hésiter et devine que ses pensées sont ailleurs. Cependant tous se lèvent et la réunion est suspendue. Reste à savoir si oui ou non, ils tenteront l'opération.


Dernière édition par Yenepha le 29.01.20 16:53, édité 1 fois
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Message par Yenepha 29.01.20 16:53

La cargaison de Dolomites - Part 2




- Vas-y, soulève le.

Les gars ricanent, Kiosh soupire et Elvi - qui se retrouve au centre de toutes les attentions - remonte bien haut ses manches. Elle attrape le sac à deux mains et le hisse sur son épaule. C'est lourd, ils en ont tous bien conscience. Yenepha évalue d'un œil critique les bras maigrelets de sa partenaire qui se tient vaillamment devant eux, le dos droit et le menton relevé.

- Il en faudrait au moins trois, pour rentabiliser correctement le temps que nous sommes en train de perdre...

À son ton, le Second n'y croit pas une seconde. Elle se saisit d'un deuxième sac et à la vue de sa cambrure qui frôle l'exploit, il est vite évident qu'il n'y en aurait pas de troisième.

Le bambouto plie mais ne rompt pas ...

- Je peux planquer deux sacs et éventuellement revenir en extirper un dernier de la mêlée...

- Le prix du Dolomite grimpe en flèche. Il va bientôt rattraper le Saphir. Et sans Dolomite, pas d'Ardonite or cet alliage est un indispensable pour nos bijoux destinés à notre clientèle d'enchanteurs. Deux sacs pleins, c'est déjà pas mal...

Gareth se veut réconfortant et sourit à Elvi, qui laisse retomber ses poids au sol dans un grognement.

Sa supérieure ouvre une carte à plat sur la grande table.

- Si des bandits interviennent, ce sera après le pont au niveau des carrières. Pas question d'utiliser un Zaap de l'île, trop de contrôles. Et personne n'a envie de devoir traverser une ligne droite suspendue avec une cargaison volée sur le dos, bien trop aisé de se faire intercepter. Les carrières offrent de jolies possibilités de replis ou de planques. Tu pourras probablement aussi en profiter, Elvi.

- Tu as une cliente qui fait dans les vêtements à Bonta, non ? On peut s'arranger pour qu'elle nous fournisse un drapé en tissu invisible, au cas où tu rencontres le besoin de dissimuler deux sacs en vitesse pour tenter le numéro trois. Agoneth s'il te plaît peux-tu retrouver son nom dans le carnet et t'occuper de la contacter de suite ?

Le gaillard acquiesce et descend au deuxième étage, suivi finalement de près par Kiosh qui semble se rappeler qu'il s'adresse à un mercenaire peu habile de sa plume. Il avait été décidé que Yenepha se rendrait à la Taverne accompagnée de Gareth et Varek, physiquement dissuadant. Un petit style pas trop richou, mais un peu tout de même, il s'agit d'être crédible sans pour autant se faire dépouiller à la sortie dans les Landes. Agoneth quant à lui ira jouer l'ivrogne bavard du côté de Brâkmar.



La belle quitte la planque sans un mot de plus. Pas de ola, de mots encourageants ou de conseils avisés de dernier instant. Elle considérait l'opération avec un détachement rare et son équipe pour une fois n'aurait pas à subir ses directives enflammées. Envie de se laisser porter par les événements, la tête légère et les mains dans les poches. La perspective d'une bière dans un établissement glauque au milieu de rien ne l'enchantait guère, mais au moins, cette petite sortie retarderait l'heure du coucher...


♥ ♥ ♥


Des néons roses aveuglants au milieu de la désolation, cette taverne aux abords de la 666 ne passe pas inaperçue. Encadrée par ses deux molosses vêtus de leur plus belle chemise, elle ne peut s'empêcher de sourire à l'idée qu'enfin un soir, elle ne sera pas celle qui escorte. Plantée devant la porte, Yenepha grimace en songeant que sa peau va entrer en contact avec une poignée très certainement poisseuse - dans le meilleur des cas. Fort heureusement Gareth remarque la gêne de sa Dame et s'empresse de lui ouvrir le chemin.

- Merci pour cette galanterie.

- Je vous en prie Madame, c'est tout naturel.

Des groupes de routards bruyants attablés dans le fond, deux personnes au comptoir dont une petite vieille à couettes et au sourire malicieux. Ils se séparent immédiatement et les deux hommes partent prendre place à l'arrière, tandis que la bijoutière fait claquer ses talons aiguilles jusqu'aux chaises hautes. Quelques regards intéressés sur son passage, il faut avouer que cette jupe taille haute lui fait un fessier on ne peut plus appétissant.


Yenepha, femme d'affaires Tavern10


- Un verre de quelque chose de fort, s'il vous plaît, j'ai des rancœurs à faire passer. Et pour l'instant, autant vous dire qu'elles sont solidement bloquées au travers de ma gorge.

Elle lâche un rire jaune et s'installe sur son perchoir. La tenancière ne pose aucune question et remplit le gobelet de la voyageuse d'un liquide brun. Probablement qu'elle s'est empressée d'opter pour l'alcool le plus cher à sa carte mais Yenepha dépose une bourse sans même se renseigner sur le prix.

Ah ça y est, la petite vieille me regarde.

Yenepha jette un coup d’œil dans son dos, ses deux acolytes viennent d'entamer une partie de cartes avec un groupe de 6 ouginaks, probablement des membres de la tribu des Pagneuls. Excellent choix. Elle approche ensuite son nez du breuvage mais le recule aussitôt en fermant les yeux.

Mais c'est que ça pique... !

Un gloussement sur sa droite, grand-mère feint de s'en excuser et prend ensuite la parole.

- Oh vous n'êtes pas du coin ma toute belle ... Cela se voit. Quels tracas peuvent bien conduire une jolie plante comme vous dans ce coin malfamé ?

La belle en question arbore ce petit air gêné qu'elle maîtrise à la perfection.

- Une fraternité compliquée. La jalousie de moins bien réussir que son jeune frère. Je broie du noir et j'étais de passage dans le coin. Rien de très joli-joli à assumer.

- Il ne faut pas avoir honte de ses émotions voyons ...

Yenepha acquiesce d'une mine boudeuse et avale son verre cul-sec avant de se mettre à tousser, main devant la bouche. Son interlocutrice vient à sa rescousse et lui donne quelques tapes dans le dos. La comédie peut commencer. La blonde larmoyante prend une voix tremblante, poings serrés et langue bien pendue.

- C'est que, c'est grâce à moi s'il s'est tourné vers le minerai, et c'est encore grâce à moi qu'il a rencontré les bonnes personnes ! Et qui s'est occupée de maman quand il a décidé de partir pour Feudala ? C'est encore moi ! Et qu'est-ce que j'ai en retour ? Rien du tout ! Non, monsieur demain matin a de nouveau une énorme livraison de cailloux hors de prix, il va s'en mettre plein les poches et ne passera probablement même pas nous voir à Astrub pour donner de ses nouvelles..

Elle reçoit un petit "ooh" compatissant - mais très peu sincère - en retour de sa plainte.

- Vous imaginez ? 3 000 kamas le morceau de ce machin. C'est mon salaire au mois...

- Peut-être pouvez-vous lui faire la surprise de passer le voir vous ... ?

- Bouarf ... Il aura traversé le pont dans les alentours de 9h, je serai déjà en train de nettoyer les sols chez ma maîtresse...

À son regard, les informations ne tombent pas dans les oreilles d'une sourde.



Plus tard dans la nuit, à l'entrée nord de Brâkmar, les quatre se rejoignent. Quelques sourires complices échangés, demain peut-être le convoi convoité serait la cible de deux ou trois attaques simultanées.

On verra bien...





Edit - Le lendemain ...

Il y avait eu quelques hommes à gauche, quelques hommes à droite, et un beau bazar ambiant. Elvi a su tirer profit de la situation mais devant l'ampleur des bousculades, tous ces gens et tous ces cris, la disciple de Sram prit peur et préféra assurer deux sacs pour partir au plus vite. Tant pis pour le troisième, Kiosh ne sera pas ravi...
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Message par Arlène Kwinzel 31.01.20 21:56

Le quartier des joailliers rêvait encore. Les artistes du facettage, les champions de la taille et autres génies de l’orfèvrerie dormaient du sommeil des justes tandis que les injustes revendeurs de camelote, les escrocs au détail et les casseurs de prix parce-que-c’est-vous-et-que-ça-me-fait-plaisir-vous-avez-l’oeil-à-vous-on-ne-la-fait-pas-je-l’ai-su-tout-de-suite pionçaient joyeusement.

L’aube viendrait, fatalement, et tirerait les dormeurs de leurs rêveries, mais son heure n’avait pas encore sonné. Les rues n’étaient guère plus qu’une extension du calme qui régnait dans chacune des bâtisses des artisans du cru. Calmes, tout au plus agitées sporadiquement par une rixe entre félins galeux, elles ne se prêtaient guère à la promenade. Le quartier était bien surveillé, même si le pas des miliciens, rendu lourd par la fatigue, ne résonnait plus à l’unisson depuis déjà quelques rondes.

La fenêtre d’une des innombrables maisons mitoyennes s’illumina alors que le règne démoniaque de VI débutait. Depuis l’extérieur, la lueur — sans doute celle d’une chandelle — se déplaçait, passant d’une pièce à une autre ou, dans le cas présent, d’un étage à un autre, toujours en direction du rez-de-chaussée du bâtiment. On s’était levé, à l’intérieur, et, après une demi-heure de ce ballet davantage lumineux que sonore, l’obscurité reprit ses droits de l’autre côté des murs. L’huis principal s’ouvrit tranquillement. Et une silhouette manifestement féminine en franchit le seuil, tira le battant derrière elle et entreprit de le verrouiller au moyen d’une clef sortie de ses frusques. La matinale quitta ce qui avait tout l’air d’être son domicile et remonta la rue d’un pas énergique, semant dans les remugles brâkmariens les derniers tentacules du sommeil qui tentaient de lui faire rebrousser chemin.

La voie était libre.

Porte. Serrure. Rossignol. Les fenêtres étant barricadées sur les trois étages de la maisonnée, il avait fallu opter pour la facilité.
Porte-serrure-rossignol, donc. Le tout mâtiné d’un déclic agréable et du spectacle enchanteur de l’obstacle tournant sur ses gonds.


« Ça vaut le pêne d’entrer, gloussa-t-on. »


Nul besoin de s’aventurer plus avant, le rez-de-chaussée suffirait pour ce que l’on était venu y tramer.  La table de réunion trônant au centre de la pièce chichement meublée, mais encombrée de matériel, ferait parfaitement l’affaire.

Un ahanement plus tard, l’huis se referma.
Porte, serrure, rossignol puis sifflotements dans la rue brâkmarienne, alors que passait une énième patrouille de miliciens aux armes pendantes et aux paupières cernées.

Deux heures plus tard, trois hommes arriveraient devant « La Planque » et, au moment où ils y pénétreraient, se demanderaient pourquoi il restait un sac sur la table du rez-de-chaussée. Tous les ballots de minerai étaient pourtant évacués chaque soir. D’ailleurs, que contenait celui-ci ?

Rien de moins que la dolomite qu’il aurait fallu ajouter à celle dérobée par Elvi pour rentabiliser le dernier coup en date de Yenepha et de ses hommes.
Arlène Kwinzel
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V♠
V♠
Millésime 646
Où la Main redéploie ses Doigts.
Millésime 647
Où la Main recommence à faire parler d'elle.
Millésime 648
Où la Main fait respecter son Code.
Millésime 649
Où la Main se pique de noblesse.
Millésime 650
Où la Main s'engage dans un bras de fer.
Millésime 651
Où la Main fait peau neuve.
Escaladeur
Le membre sait s'envoyer en l'air comme personne.
Crocheteur
Cette compétence permet de venir à bout des serrures récalcitrantes. Le membre pourra ainsi pénétrer de l'autre côté des portes interdites.
Furtivité II
Bah dis donc... On t'voit plus aux soirées ! Le deuxième niveau de furtivité permet au membre de se placer dans l'angle-mort de sa cible, en exploitant son environnement, les tiers présents, et les failles dans la vigilance des personnes suscept
Style de combat III
Le dernier niveau du style de combat permet de déceler le point faible chez l'adversaire, mais
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Pour survivre à Nowel, il faut devenir Nowel.
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Message par Yenepha 06.02.20 14:21

Bien exploiter sa réussite






Face-à-face autour de la table, Kiosh joint ses mains et surveille l'expression de sa supérieure. Un silence chargé de suspens flotte dans le salon. Dehors un chacha miaule pour annoncer le début de la nuit et effectivement, les joailliers ont quitté leurs établis. Yenepha parcourt des yeux les chiffres empilés du bilan de cette première année. Après une poignée de minutes et quelques haussements de sourcils, les feuilles sont reposées. Ils échangent un sourire complice et éclatent de rire en chœurs avant de se taper dans la main.

Un succès mérité, de belles marges comme elle les aimait. Son arrivée dans la Main n'avait eu pour l'heure aucune incidence sur ses affaires – Elle avait fini par exclure toute implication du Trèfle dans cette histoire de troisième sac de Dolomites – Mais elle nourrissait moult ambitions futures à ce sujet.

Néanmoins, pour l'instant, puisque son nouvel emploi de criminelle d'organisation n'était – comme convenu – que très peu envahissant sur son agenda, elle comptait bien reprendre du poil de la bête et accélérer la cadence côté commerce. Se contenter d'une première réussite ? Bien au contraire.

Qui sait, peut-être qu'un beau matin elle rencontrerait le Valet de son enseigne et que ce jour là, elle pourrait lui présenter un beau bébé joufflu. Si les chiffres continuent de grimper, il serait possible de conclure un marché alléchant...

Distraite par les derniers événements autour de ces rêves et de ce iop de malheur, elle était passée au travers d'une semaine de torpeur, voire, de dépression. Il n'était plus question de s'écarter à nouveau du seul chemin qui méritait son attention.

On doit poursuivre sur cette lancée...



- ....ils sont dignes d'une prime et de quelques jours de vacances offerts par la maison.

La bijoutière n'avait pas écouté le moindre mot du monologue de Kiosh mais cette dernière phrase l'arracha sauvagement à ses pensées.

- Je te demande pardon ?

Son partenaire ralentit son débit et finit par se taire en constatant l'effarement de la belle. Il s’octroie quelques secondes de réflexion, puis comprend et soupire.

- Tu as de nouveaux projets, c'est ça ?

Elle décroise ses longues jambes sous la table et ramène un peu son buste vers cette dernière, son second se penche à son tour, tout ouïe.  

- Notre clientèle de Bonta fut la plus hardie à conquérir. Quoi de plus logique ? Mauvaise communication, pour ma part j'évite cette Cité. Nos bourgeois sont le plus souvent obligés de venir à notre rencontre à la Sombre. Résultat, un client sur trois se fait braquer sur le chemin du retour. Pourtant il faut le reconnaître, ils sont friands de grande toilette et nos parures se vendent à merveille. On soulève un deuxième problème : Je suis sans cesse obligée de me déplacer pour dénicher le client. Si tu rajoutes à ça que je dois en plus gérer la partie trafic de pierres en arrière-plan, même avec ton aide précieuse mon ami, c'est le bordel.

Il hôche lentement la tête. Derrière la fenêtre, même le chacha a décidé de se taire.

- Tu veux proprement séparer la partie trafic de la partie vitrine et tu souhaites ouvrir une boutique autonome à Bonta. On garderait les stocks et les établis à la Sombre...

- On embauche l'ambassadrice parfaite pour représenter notre marque derrière le comptoir d'une jolie petite boutique tendance. Un endroit où seront exposés nos modèles incontournables et où il serait possible de prendre les commandes pour le sur-mesure. On garde cette boutique à distance de nos manigances, on délimite soigneusement la production... Et la vente.

- Il est vrai qu'à promener ton visage partout, aussi bien côté clients que côté indics, à mélanger lieu de stockage et accueil... On prend des risques et on perd en efficacité. Seulement Yenepha, si tu comptes ouvrir une boutique qui a de la gueule et embaucher une nouvelle pièce maîtresse, tes joailliers vont réclamer une augmentation et tu le sais.

- J'ai un budget personnel prévu à cet effet.

Et là, elle parlait bien de son salaire de 4 de Trèfle. Une première augmentation pour ses cinq hommes de main qui devrait faire l'affaire.

- Qui va s'occuper de te trouver le local parfait ? De signer les papiers ? Si tu veux quelque chose qui soit parfaitement aux normes pour partir sur une base saine il te faudrait quelqu'un déjà sur pl...

- Auspice hier m'a déclaré son amour sincère. J'ai répondu l'aimer moi aussi.

Ils se taisent et se regardant dans les yeux. Leurs lèvres s'étirent en un fin rictus de prédateur. Que ses sentiments soient honnêtes ou non, ça ne changeait rien aux portes que son nouveau conjoint pouvait lui ouvrir. L'écrivain - ancien historien - avait longtemps vécu à la Cité et il se ferait un plaisir assurément de s'occuper des premières démarches au nom de sa bijoutière bien aimée.

- Je vais organiser des entretiens... Trouvons notre petite ambassadrice avant toute chose. Un stage sera de mise, cette demoiselle devra faire ses preuves avant que nous ne songions à la placer à la tête... De cette future échoppe prometteuse.
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Message par Yenepha 09.02.20 10:38

La période d'essai



(HRP : Les négociations pour l'achat de la boutique et les entretiens d'embauche ont été joués ig)



Elle fait les cent pas au milieu du salon, la manucure de son index rongée. Une nuit agitée, une de plus. Hier, Abaddon lui avait demandé si elle était heureuse, il n'y avait eu que des larmes en réponse. Est-ce qu'elle était en train de se tuer au travail ? Pour quelle cause ? Pourtant c'est évident, la vie lui sourit. Elle coche les succès sur sa liste, amasse plus de kamas qu'elle n'avait espéré, agrandit son équipe, développe son commerce.

- Les gars ont terminé d'agencer l'accueil de la boutique. Il faudrait que tu lui trouves un petit nom, maintenant. Tu penses quoi de Créapha ? C'est une idée d'Agoreth ...

Il lève les yeux sur Yenepha mais elle l'ignore et poursuit son marathon. Décidé à freiner sa supérieure avant qu'elle ne mette le feu au tapis, il se plante devant elle et l'attrape fermement par les épaules, plongeant son regard dans ses deux billes vertes.

- Yenepha, qu'est-ce que tu as ? Tout se passe bien. Tu as négocié ton nouveau commerce comme une Reine, te voilà implantée juste sous le Palais, tu t'es décidée sur l'ambassadrice de tes rêves et elle semble plus que motivée à faire ses preuves. Auspice s'est chargé des travaux avec les gars. Tu n'as plus qu'à réfléchir à un nom, obliger la fille à te suivre à la trace et commencer à réfléchir à une petite soirée d'ouverture tendance où tu inviteras fournisseurs et clients à venir te jalouser. Comment s'appelle ta nouvelle vendeuse déjà ... ?

- Eirwen ...

Eirwen. Hier elle s'était présentée à elle. De longs cheveux blancs, un teint de porcelaine. Elle avait conscience de jouer à un jeu dangereux, en permettant à cette femme qui hante ses nuits de s'immiscer dans ses affaires. Mais sur le coup, sous ces arguments, sous cette influence, ces évidences, il avait été impossible de lui refuser le poste. Une décision si nette que parfois Yenepha se questionne ... Avait-elle été ensorcelée par cette sorcière ?

Non ... Son discours avec du sens. Elle est douée, c'est elle qu'il me faut.

- Laisse moi réfléchir un peu pour le nom, ce n'est pas pressé. Cette petite fête d'inauguration n'aura lieu que lorsque Eirwen sera prête à tenir les rennes de la boutique.



La porte de la planque s'ouvre et Auspice entre, légèrement en sueur. L'homme est élégant, un disciple d'Eniripsa d'une quarantaine d'années, bien bâti, une allure soignée. Il sourit et vient déposer un baiser sur les lèvres de la Dame de son cœur. Celle-ci ferme les yeux  et s'abandonne le temps d'un instant à l'insouciance. Kiosh lève les yeux au ciel.

- Il ne reste plus que l'étage, mais là encore je pense que nous allons avoir besoin de ton avis, les garçons peinent à se mettre d'accord sur le mobilier...

- Merci amour, je pense que sans ton soutien j'aurais déjà cédé à la pression. J'ai l'impression de galoper dans tous les sens. Peux-tu me rendre un service si tu retournes à la boutique ? Il faudrait que tu charges ta monture de quelques babioles à emporter. J'ai un petit exercice pour Eirwen, il va lui falloir reconnaître quelques matériaux et apprendre à en vanter la qualité. C'est à l'étage, j'ai tout mis devant le lit...

Il passe le doigt sur la joue de sa promise et se dirige vers les escaliers de bon cœur. Une fois hors de vue, Kiosh marmonne.

- Tu laisses ton mec se promener aux étages de la Planque ?

- Tu sais bien qu'il n'y a rien le dimanche...

- Ne crois pas qu'il te pense blanche comme neige. Tu as choisi un type loin d'être bête.

- J'ai choisi un homme sincère et fiable.



Yenepha, femme d'affaires Montag10



Bonta - Au sud du Palais, à l'ouest de la Taverne de la Bagrutte.


Assise dans un canapé neuf et moelleux à souhait, la bijoutière admire le travail réalisé. Une ambiance parfaitement située entre le cosy et le chic. Un salon dans les teintes bleutées et de belles vitrines - vides pour l'heure - aux bordures dorées. Elle souhaitait que le client puisse s'asseoir et se faire servir un thé chaud tandis que l'on prendrait sa commande avec le plus grand soin. Le confort marié au luxe. Elle songe à quelques tenues pour Kiosh et ne peut s'empêcher de sourire en coin.

À ses côtés, Auspice lui tient la main. Il est fier du parcours de son aimée, il est fier d'avoir réussi à lui ouvrir son cœur après une année à bredouiller. Oh bien entendu il a eu l'occasion de discuter avec Abaddon au sujet des penchants criminels de la belle. Lui qui est droit depuis toujours, c'est un point d'ombre qu'il s'efforce d'ignorer, persuadé dans le fond ... Qu'il pourra la changer.

Avec les années ... Et beaucoup d'amour ?

Les "quelques babioles" avaient été déposées dans l'entrée. Une femme se tient devant. Petite de taille, une chevelure impressionnante d'un blanc immaculé qui descend jusqu'à ses chevilles et qu'elle a noué en tresse épaisse. Un visage qui ne souffre d'aucun défaut, si bien qu'un quelque chose d'effrayant pourrait s'en dégager ... ?  De grands yeux gris soulignés d'un trait noir, difficile de lui donner un âge à cette poupée. Le couple a beau la fixer depuis le sofa, ils ne distinguent aucune expression.

Un faciès figé dans le marbre. Il faut que je lui apprenne à sourire un peu plus...


Elle examine attentivement les objets disposés dans les sacs, se saisit d'une écaille blanche et se tourne vers son employeuse. La transformation est saisissante, Eirwen se met à sourire et même ses yeux paraissent illuminés. Elle s'exprime d'un ton clair, posé, on a envie de lui faire confiance à cette fille...

Et tandis qu'elle récite à la perfection les qualités de cette carapace de Dragoss Calcaire, Yenepha se questionne quant aux promesses échangées hier.

Cette fille sera t-elle réellement capable de satisfaire ce vide en moi ? De m'apporter... "plus" ?
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Message par Yenepha 11.02.20 18:06

Yenepha, femme d'affaires Texteo10





Elle disparaissait derrière un tas de paperasse, ne laissant entrevoir qu'une paire de sourcils froncés. Engloutie au milieu de carnets poussiéreux. Kiosh pousse la porte de la Planque du pied et ricane devant ce spectacle.

- Tu vas finir avec des rides, et je sais que tu détesterais ça. Arrête de te mettre la pression, on sera ouvert pour le 13, pile comme tu le souhaitais.

Pas de réponse, ni même un regard, d'ailleurs. Juste le crissement de la pointe de sa plume sur le papier. Le Second décharge quelques sacs de pierres d'agathe dans l'entrée. Il compte bien laisser à Gareth le soin de monter ce bazar au troisième, il a déjà l'impression d'avoir rétréci, à force de soulever de la caillasse..

- La Taverne de la Bagrutte, a-t-elle accepté de placarder notre promotion pour la Saint-Balottin sur sa devanture ?

- Oui m'dame. L'affiche est bien en place, et on a une page promo dans la gazette. Sur quoi tu bosses ?

- Je commence à faire la liste des invités pour la soirée d'inauguration, bien qu'elle ne soit pas prévue pour tout de suite. Je pensais à fin Flovor ou début du mois prochain, quand on sera confortablement installé et que le stress des premiers jours n'aura plus lieu d'être. Je n'ai toujours pas de cuisinier traiteur qui fasse l'affaire ... Quand tu auras un instant, j'aimerais que tu te penches sur le plan du programme de fidélité, tu me donneras ton avis sur les paliers d'accord ?

Il ne répond pas, de toute façon elle s'est déjà remise à sa paperasse. La date de l'ouverture avait soigneusement été calculée et des offres alléchantes pour la Saint-Ballotin mises en route. La bijoutière ne plaisantait pas et elle avait probablement passé sa nuit à éplucher ses prévisionnels ou tracer ses zones de chalandise sur une carte. C'était comme ça, avec Yenepha. Jamais les choses à moitié. Si Rushu était venu lui demander de se tailler les veines pour offrir son sang en sacrifice en retour de résultats financiers assurés, elle serait déjà la dague à la main au milieu d'un pentagramme.

Kiosh s'approche de la table et récupère le dossier au nom du sujet à traiter. Au programme, des chiffres et des chiffres. Il se retire à l'étage, préférant laisser la belle à sa bulle de solitude.


La Bulle :

Toujours aucune nouvelle de Kaleilah, aucune nouvelle de la Main. Je souhaitais repousser l'ouverture du Méul'Or, sait-on jamais. Peut-être les Doigts allaient-ils être appelés à se réunir pour voler à son secours, mais les jours passent et la petite routine s'est réinstallée comme si de rien n'était. Il était difficile de justifier devant mes hommes une attente plus longue, surtout avec la Saint-Ballotin. Pardon Kaleilah, mais tu as fait tes propres choix. Rejoindre une organisation sans être bien certaine que ça ne t'apporte quoique ce soit, rejoindre les autres sur le front quand je te disais d'attendre avec moi...



Elle s'arrête d'écrire, la plume suspendue dans le vide et des regrets amers en bouche. Elle devait l'admettre, son amie lui manquait. Malheureusement six personnes attendaient après son travail et elle ne pouvait se permettre le luxe de jouer les initiatives héroïques, allant à l'encontre des directives des Têtes.

Yenepha regarde les noms sur sa liste, celui de Kaleilah figure tout en haut. Elle espérait ne pas avoir à le barrer.

Autre tracas pour cette fête d'inauguration, l'insistance de ce Roasso pour jouer les videurs en cas de besoin. Bien que Abaddon lui ait assuré que ce iop est un ami fidèle, un homme qui ne réclame aucune rémunération pour son travail ne lui inspire rien de bon. Elle ferait en sorte que Elvi le colle aux fesses.

- Madame Yenepha …

L'intéressée sursaute en lâchant un grognement agacé. Elle déteste toujours autant ça.

- Elvi …

La disciple de Sram maigrichonne se tenait à ses côtés, elle avait caché la moitié de son visage par une épaisse mèche mal brossée de cheveux verts. Les mains dans le dos, l'air mal à l'aise comme à son habitude, elle se racle un peu la gorge et prend parole.

- Pardon Madame, c'est au sujet de ce roublard en costume rouge qui arpente les cimetières. Il y a du nouveau.

La bijoutière s'arrête dans son travail et se masse les sinus. Petit soupir, il semble que la perspective de laisser de côté ses chiffres ne l'enchante guère.

- Rejoins les autres à l'étage, j'arrive.
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Message par Yenepha 12.02.20 12:36

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Elle avait préparé un modèle pour les fournisseurs, un modèle pour les clients et bien entendu, un troisième modèle pour ses proches. Yenepha souhaitait se limiter à une vingtaine de noms dont peut-être trois amis, au grand maximum. Il s'agissait de rentabiliser le coût des festivités et non d'organiser un joyeux goûter d'anniversaire. À ce petit monde viendrait s'ajouter la classe des travailleurs. Un cuisinier, trois videurs, deux serveurs et ce sera bien suffisant, ces derniers présenteront leur contrat en règle, en guise de laisser-passer.

La bijoutière satisfaite quitte la table et monte rejoindre ses hommes. Les trois tailleurs sont présents, ainsi que Kiosh et Elvi. Bien entendu, Eirwen n'a ni accès à la Planque, ni aux informations qui y circulent. La poupée aux cheveux blancs se devait de rester une âme pure, bien loin des chuchotements venimeux et opérations frauduleuses auxquels ici, ils se donnaient tous à cœur joie.

- Comment se porte notre ami et partenaire aux mœurs particulières ?

Yer Fouye, roublard dénicheur de bons coups et pilleurs de tombes à ses heures de loisir, rencontré au cours d'une vente aux enchères particulièrement mouvementée du côté de la Sombre.

- Il aurait, selon lui, déterré un trésor aux propriétés magiques dont il est certain de la valeur, et qui à tous les coups nous intéresserait au plus haut point. Si bien que, malgré nos bons sentiments respectifs, il craint que nous tentions de l'arnaquer et désire prendre toutes les précautions possibles avant de nous en dire davantage, ou même de songer à une rencontre.

- C'est une plaisanterie ? Si le trésor en question vaut réellement le jeu, pourquoi serions-nous assez sots pour tenter de l'arnaquer ?


- Parce que le prix qu'il demande est ... démesuré.

Un silence gênant s'installe. S'il y avait un sujet qu'ils n'appréciaient que très peu, c'était bien celui des grosses dépenses. La blonde haut-perchée sur sa paire de talons bleus toise un à un ses gars qui de toute évidence, sont déjà tous au courant du chiffre exigé. Elvi se tortille sur place, enroule un doigt dans ses cheveux verts et finit par lâcher le morceau d'une petite voix étranglée.

- 195 000 kamas. Il ajoute ... Que c'est un prix d'ami.

À leur grande surprise, Yenepha se met à pouffer de rire en croisant les bras.

- Un prix qui se base sur quoi, au juste, sa propre expertise ? Notre roublard adoré serait-il passé spécialiste en artefacts ? Tout ça c'est du vent, je veux la présence d'un joaillomage pour qu'il examine l'objet, et je veux un rapport détaillé. Et si Monsieur Fouye craint que nous passions aux armes à la vue de son "trésor" et bien le joaillomage ira accompagné d'Abaddon uniquement, dans un lieu choisi par le vendeur. Ensuite nous aviserons.

- Abaddon ... ?

Une petite moue vexée s'était dessinée sur le visage de la sram.

- Oui Elvi, nous sommes en pleine ouverture, pas question que je disperse mes effectifs pour courir après des intérêts qui n'ont ni nom ni valeur fixée, et se basent sur la parole d'un roublard. De plus, je compte engager Abaddon en renfort très prochainement et ce sera donc une mission d'essai, pour lui. Tu as besoin de bras Elvi, tu ne pourras pas être et sur la Planque, et sur la boutique à Bonta.

Le ton est ferme, sans appel. Kiosh s'occuperait de communiquer au iop comment joindre Fouye et il aurait carte blanche pour organiser l'entrevue. Quant au joaillomage, ils avaient déjà bien entendu quelques contacts dans ce secteur, à savoir lequel serait le plus fiable.

Dans tous les cas, il n'était pas envisageable de débloquer des fonds à l'aveugle, objet magique ou non, et si ce Fouye s'était imaginé le contraire, il connaissait mal la bijoutière.
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Message par Yenepha 16.02.20 2:24

Eirwen Gwendalavir



Yenepha, femme d'affaires 1581846087-eirwen


À 8h elle ouvre le Mérul'Or pour la quatrième fois seulement mais pourtant, à ses gestes précis et assurés, on croirait qu'elle est ici - depuis toujours - la Maîtresse des lieux.

Elle retourne la pancarte gravée "Ouvert" d'une belle écriture dorée face à la Cité et elle s'en va ouvrir les volets. Un coup de chiffon sur les vitrines impeccables, garnies de pierreries et bijoux exquis, ne leur accordant qu'un très bref regard. Aucune envie, point d'admiration, juste le temps de s'assurer que la marchandise est soigneusement présentée.

Eirwen n'a ni âge ni divinité, un passé trouble appuyé par des ragots et légendes colportées. À peine des chuchotements qui se soulèvent sur son passage et qu'elle balaie d'un regard inanimé. Oh elle sait ce qui se dit. Elle connaît son sobriquet.

" Sorcière "



Elvi descend de l'étage et s'arrête à la vue de la tenancière.

- Bonjour Eirwen, j'étais passée pour...

L'intéressée se tourne et plante ses yeux gris sur la fille qui laisse sa phrase s'étrangler au fond de sa gorge.

Cette femme avait le pouvoir de déclencher en elle un profond mal-être. Elle n'est pourtant pas imposante, tout l'inverse de Yenepha, une petite taille et des courbes prononcées.

Elle porte une longue robe noire bien taillée qui met en valeur ses hanches et sa poitrine généreuse. Mais son visage... ce, visage.

Très belle, peut-être trop. Un faciès taillé dans le marbre et qui ne souffre d'aucune expression. Lisse, effrayant, impossible de deviner quelles pensées peuvent se cacher derrière cet aspect si peu commun. Elvi le sait, la tenancière ne daigne simuler figure humaine qu'en cas de nécessité.

- Bonjour Elvi, je t'en prie, tu ne me déranges pas...

Et pourtant, elle sent une force invisible qui la repousse avec vigueur et elle doit fournir un effort pour ne pas simplement quitter la bijouterie sans aucune réponse.

- Je partais... je vais rapporter la clé à Dame Yenepha... Bonne journée... !

Et elle s'en va. Malgré son départ et sa foulée qui s'allonge, elle sent dans son dos le regard de cette femme qui s'accroche et son invisibilité ne suffit pas à la débarrasser de cette effroyable sensation.




Eirwen poursuit mécaniquement son brin de ménage. Les canapés, la table basse, Dame Yenepha tient à ce que tout soit impeccable, alors tout, sera impeccable.

Un peu plus tard sur les coups de 10h, deux femmes frisant la cinquantaine et à la toilette élégante passent la porte du Mérul'Or. Une attitude hautaine et le verbe cinglant, Eirwen se présente face à elles, sourit et s'incline avec tout le respect que ces bourgeoises méritent.

- Mesdames, c'est un honneur pour moi de vous recevoir ici. Me laisseriez-vous prendre vos manteaux et vous offrir un thé ? Afin que vous puissiez admirer nos bijoux à votre guise et circuler parmi nos vitrines à votre aise.

Elles sont ravies et repartent une demi-heure plus tard, un sac Mérul'Or à la main, chacune.



À 11h c'est un jeune homme bien coiffé qui pousse la porte. Hésitant, il regarde autour de lui et elle sait qu'il ne sait quoi chercher. Le ton chaleureux, la voix douce et un sourire quasi maternel, elle s'approche et l'aborde sans cérémonie.

- Un présent important pour une jeune femme importante ? Et si vous commenciez par me parler un peu d'elle ? Je suis sûre que nous allons trouver.

Il rit un peu en rougissant. 10 minutes plus tard il remercie la tenancière, décontracté, et repart avec le collier idéal dont sa promise a toujours rêvé.


À ses yeux ces gens sont des mots, des listes de mots, des définitions à parcourir pour en tirer des profils. Ces profils il faut les apprendre par cœur, en créer des masques, les ranger sous une étiquette.

C'est une danse qu'elle maîtrise à la perfection. Ses mimiques sont des réponses à des attentes, le timbre de sa voix s'adapte, ses gestes se calquent, de petits scénarios corporels qu'elle joue et rejoue pour le plus grand plaisir d'une clientèle qui se sent infiniment comprise.


Son rôle de tenancière lui convient. Un travail si simple, certes peu stimulant mais c'est cette place-ci qu'elle souhaitait. Près de Yenepha.


Quelques commandes sur-mesure notées, puis vint l'heure du déjeuner.

Elle ferme la porte, son sourire s'efface et ses yeux perdent tout éclat. Elle part refermer les volets et dans le noir elle s'assied, figée, en attendant de ré-ouvrir...
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Message par Yenepha 22.02.20 17:00

Yenepha, femme d'affaires 1582383323-bureau-aiguemarine



Le Meilleur pour le Moins







À l'étage du Mérul'Or Yenepha s'assied au bureau et rassemble les commandes enregistrées par Eirwen. Bien que son fiancé était venu lui annoncer la veille, larmoyant, qu'il avait gravement fauté... Invoquant d'obscures justifications insultantes, la bijoutière était restée digne dans cette affaire. Il était inenvisageable de faire de cette trahison un drama sans fin qui mettrait en péril son commerce. Elle n'avait pas de temps à accorder à ces conneries, et les histoires d'adolescentes au cœur brisé, très peu pour elle. Ainsi, la tête haute, la belle blonde avait simplement congédié Auspice sans verser une larme, puis elle s'en était retournée auprès de sa garce d'ambassadrice.

Oh bien sûr, l'idée de cramer cette sorcière sur-place lui avait traversé l'esprit. Un bref échange glacial, Eirwen avait poliment baissé le regard en bredouillant quelques excuses puis elle s'était remise au travail. Tant qu'elle continuait de remplir son rôle, Yenepha saurait ravaler sa rancœur.

La tension est palpable mais les deux femmes passeraient outre à cette situation déplaisante.



- La dernière commande est celle de Monsieur Barnum. J'ai fixé un plafond à 3 500 kamas pour une bague or blanc et aigues-marines. Il souhaitait... " Le Meilleur pour le Moins ". Nous avons un joli stock de pierres taillées qui nous est resté sur les bras après la promotion sur les diamants alors, il s'en tire bien. Je me suis permise de sélectionner un joyau préparé, il me semble qu'il n'aurait besoin que de quelques ajustements mineurs pour parfaitement convenir. Ce Monsieur est venu avec son propre croquis ainsi que ses dimensions.

- Et qui, s'est occupé de ces mesures et du croquis ?

Intriguée, elle s'empare de la feuille au nom de Barnum. Les mesures semblent correspondre au résultat dessiné, assurément un gain de temps conséquent si le travail est correctement prémâché.

- Je n'ai pas demandé, Madame.

Singulier, mais autant en profiter.

- Il souhaite une déclinaison de cette même pierre pour les petites incrustations, bien que je lui ai conseillé d'opter pour le diamant en accompagnement.

- Alors nous chaufferons de petites aigues-marines de moins bonnes qualité pour les éclaircir. La pierre plus pâle apportera du contraste et ne perdra pas en éclat malgré une découpe plus sévère.

La pierre translucide préparée possédait de très beaux reflets bleutés. Yenepha s'en saisit et l'examine de plus près à la loupe avant de troquer cette dernière contre un petit instrument de mesure en ferraille. Elle acquiesce, murmure un commentaire ou deux pour elle-même et glisse le caillou dans sa poche.

- Tu as bien choisi, cette pierre sera parfaite après une légère redécoupe. Très belle pureté, une teinte gracieuse et des facettes nettes.

Sur ces mots elle se relève et emporte la commande de ce Barnum. Les autres seraient récupérées par Kiosh et emmenées à la Planque, où le travail serait ensuite réparti entre les trois tailleurs.

Elle avait besoin de s'occuper l'esprit alors, elle réaliserait elle-même cette bague. Le modèle l'inspirait et puisque les dimensions étaient toutes dictées... Le client était décidément en veine, les doigts de Yenepha étaient d'habitude réservés pour les commandes les plus prestigieuses mais pour ce soir, elle n'avait rien contre quelques heures de travail supplémentaires.

- Je lui ai dis de repasser à la boutique d'ici une dizaine de jours.

- La bague sera prête pour demain, tu t'occuperas de l'écrin en attendant.

Sans un mot de plus elle descend au rez-de-chaussée et quitte sa boutique. Le moral est au plus bas, mais la bijoutière savait noyer ses tracas sous une épaisse couche de labeur, et c'est ce qu'elle ferait... Une fois encore.



Edit : "Résultat final"


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Message par Yenepha 09.03.20 17:51

Les Quandela part 1




– Pouvez-vous nous parler des événements qui ont eu lieu au Mérul'Or lors de votre soirée d'inauguration ? On dit qu'un monstre marin a surgi de nulle part et semé le chaos au milieu des convives ?!

Le rouquin a lunettes rondes trotte, essoufflé, aux côtés d’une Yenepha pressée, dans l’espoir de rester à sa hauteur le plus longtemps possible. La grande blonde ne lui adresse pas un regard et poursuit son chemin à vive allure.

– Je n'ai qu'une chose à vous répondre mon brave. Il est évident que nos bijoux attisent des convoitises et il semblerait que même les créatures des abysses envient la qualité de nos perles... Bien entendu, le Mérul'Or est un établissement qui sait gérer ses problèmes, même les plus exotiques. Je remercie notre équipe chargée de la sécurité, elle a fait un travail remarquable et nous ne déplorons aucun bless.. aucun mort. Le Mérul'Or ouvrira à nouveau ses portes dès demain. Il n'y a plus rien à craindre, le danger est écarté.

À ces mots, elle joue la carte du sourire poli et enfourche sa dragodinde qu'elle venait de rejoindre.

– Madame Yenepha ! Madame Yenepha une autre question s'il vous plaît !


Un coup de talon sur le flanc de sa monture, la bijoutière laisse dans son dos un énième curieux à calepin, avide de détails croustillants. Seulement, il devra se contenter du communiqué officiel de Eirwen, qui s'était chargée de toute la partie médiatique très tôt ce matin.


Dans le monde des affaires, il faut savoir affronter des imprévus et rebondir sur chaque événement. Le tourner à son avantage. Une règle que peu à peu la Trèfle apprenait, au fil de mésaventures qui ne manquaient jamais de la surprendre. Le destin est un farceur et de toute évidence il avait l’archère dans son collimateur.

La petite sauterie avait été un véritable fiasco, c'est un fait et heureusement que Yenepha ce soir-là était bien entourée. Un colis piégé qui passe la garde, une créature miniature adorable probablement issue de la technologie steamer puis, l'instant d'après, le temps d'un flash, un monstre hideux à tentacules.

Et la visite des mages n'est pas pour rien dans cette affaire. Tss …



Tandis que sa dragodinde file en direction d'Astrub, les événements repassent devant ses yeux. Elle avait bien failli y laisser sa peau et Kaleilah avait fait preuve d'un courage aussi surprenant qu'exemplaire. Elle lui devait beaucoup. En fait, elle leur devait beaucoup à tous. Il était clair qu'il s'agissait d'un attentat et non d'une histoire de perles comme elle prétendait, mais sur le papier, cette version servait bien mieux son commerce. Elle souhaitait même en profiter...

Pourquoi pas proposer une collection pendentifs fantaisie à l'effigie de cette créature, quelque chose de frais et de très marin, avec de belles pierres bleues... Je suis certaine que ça pourrait faire un malheur, on sortirait ça à l'arrivée du Printemps en même temps qu'une promotion sur les créations de la saison passée.

De toute évidence, elle était passée maître dans l'art de noyer ses craintes et ses soucis dans le travail. À savoir si à force d'encaisser les coups durs, elle ne finirait pas un beau matin par imploser et c'était d'ailleurs la théorie de Kiosh.


Pour l'heure, il fallait réparer les dégâts et la boutique resterait fermée au moins jusqu'à demain. Ce n'est pas pour autant que la belle compte se tourner les pouces. Il avait été question de promouvoir le travail du couple Quandela suite à l'obtention de son 5, et elle souhaitait tenir sa promesse. Bien entendu, elle voyait dans cette charité une porte ouverte à de futures opportunités. Sans parler du fait que Yenepha adore relever ce type de défis.


Au Lépreux Chauve, trois caisses l'attendent soit 90 bougies au total. Une variété parfumée, une autre qui propose des formes travaillées pour une décoration originale, et une dernière, sa préférée : Des bougies à la flamme colorée.

Elle charge la cargaison, direction la maison où elle compte bien réfléchir à un plan de distribution et pourquoi pas, commencer à travailler sur un visuel pour tracts à distribuer. Le principal était que, ce soir, la bijoutière n'ait pas le temps une seule seconde de repenser à sa soirée de l'horreur.

Rien de tel qu'un nouveau commerce à lancer pour se changer les idées ...
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Message par Yenepha 22.03.20 10:37

Les Quandela part 2 / De nouvelles ambitions


Yenepha, femme d'affaires 1584869215-yenepha-bulle



De petites flammes roses et bleues vacillent sur les meubles. Au Mérul'Or, les bougies des Candela offrent à la boutique une atmosphère quasiment féérique et l'originalité de cette décoration avait su conquérir le cœur des bontariennes.

L'efficacité du modèle steamer n'était rien face à l'élégance des cierges travaillés. Ici dans cette Cité tout le monde le sait, le paraître prime sur le pratique, n'en déplaise à certains.

Il ne restait déjà plus en stock que les modèles d'exposition, ainsi que quelques tracts au comptoir pour présenter les collections. Yenepha avait tenu parole, le couple qui partageait avec la Main son entrepôt avait de quoi se réjouir et elle espérait de ce fait, avoir rendu service au Trèfle.

- Tenancière, tenancière je vous prie !

La grosse dame dans sa robe pourpre était venue s'affaler sur le canapé et avait exigé d'Eirwen son aide pour enfiler des perles. En parfaite commerçante dévouée, cette dernière se penche pour attacher l'imposant collier au cou épais qui lui était présenté.

- N'hésitez pas à serrer ma petite, je ne souhaite pas que cela pende !

Dans son dos, deux autres personnes allaient de vitrine en vitrine et hésitaient entre trois modèles de boutons de manchettes incrustés de pierres pour monsieur. Eirwen laissa à sa première cliente une petit miroir pour qu'elle puisse s'admirer, puis vaillamment se lève et part s'incliner devant les indécis.

À peine a t-elle le temps de se présenter que la porte s'ouvre à nouveau. Des pas pressés, une voix autoritaire :

- Ce serait pour une commande je vous prie.

La bijouterie de Yenepha connaissait le succès et les journées n'étaient pas simples pour sa tenancière, seule sur le front.




À l'arrière, dans l'ombre de Brâkmar, du côté des ateliers de la Planque, le rythme aussi était soutenu et les hommes ne comptaient plus les commandes sur-mesures qui passaient entre leurs mains expertes. Loin de se plaindre, ils se félicitaient d'être restés aux côtés de leur patronne, même dans les moments les plus difficiles. Aujourd'hui cette affaire de bijoux de luxe rapportait gros et la mécanique était de mieux en mieux huilée.

Pour celle qui dirigeait tout ce petit monde, il ne restait plus qu'à assurer sa vitrine. Elle n'avait rien dit au sujet de l'arrangement conclu avec Kalirr au Tripot, cette protection dont le Mérul'Or allait bénéficier et qui pour elle était primordiale. Le Carreau avait intérêt à être efficace ou bien entendu, elle négocierait les prix à la baisse.

Il fallait à présent s'occuper de l'assurance vol bien que les risques étaient minimes puisque la boutique était soigneusement débarrassée au soir. Elle serait accompagnée de Kaleilah pour cette tâche, la jeune fille s'était prise d'intérêt pour le monde des affaires et Yenepha avait accepté - avec plaisir - de la prendre sous son aile pour un temps.

En réalité – mais elle ne lui en avait pas encore parlé – la situation prospère du Mérul'Or était telle que la présence de la bijoutière était de moins en moins requise. Seulement, il n'était pas envisageable de se contenter de profiter. Non, la belle ne deviendrait pas une habituée des Tavernes et le rythme « à la douce » ne lui correspondait en rien. Pour préserver sa santé mentale, elle devait rester productive.

Elle avait en sa possession l'artefact volé par Shanigami et Garnann, celui dont la légende raconte qu'il porterait chance aux artisans pour leurs réalisations manuelles. Entre cet atout et sa dernière expérience de contrefaçon au service de son Valet, de nouveaux projets mûrissaient peu à peu dans le cœur de la bijoutière. Des ambitions nouvelles, plus secrètes, où il faudrait veiller à ne pas se faire coincer ou sinon la réputation de la boutique en paierait les conséquences.

Restait à tester le collier noir de Fouye Eur, dont les effets indésirables demeuraient inconnus.

Pour cette prochaine aventure de faussaire, la 5 de Trèfle comptait bien œuvrer aux côtés de sa partenaire et amie. Mais chaque chose en son temps...
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Message par Yenepha 28.03.20 18:52

Yenepha, femme d'affaires 1585403654-boucle


L'artefact du Marchand





Sept heures passées sur cette chaise. Dehors, le vent cogne aux fenêtres mais une tempête ne pourrait la déconcentrer. Elle relève ses outils de l'ouvrage et change les bougies épuisées, dispersées sur son établi. La luminosité doit être parfaite sinon, comment déceler les imperfections et les corriger ? Les yeux injectés de sang et bordés de cernes violacées, ses doigts continuent de danser autour de cette paire de boucles uniques. Le bijou devait épouser le contour de l'oreille de sa future propriétaire aux goûts audacieux. Un objet raffiné entre l'élégance et la provocation, des teintes froides mais beaucoup de tendresse...

La perle lisse vient adoucir le saphir quasi brut et c'est dans cette confrontation que s'épanouir la fleur qu'elle est ...

- Te rends-tu compte, que tu es en train de te tuer ? Pour une boucle d'oreille... On dirait presque une vulgaire camée et je sais combien tu méprises ces gens-là.
- Une boucle d'oreille à 32 000 kamas dont le travail servira aussi à lancer une nouvelle collection.
- Tout cet acharnement, cette fougue, canalisés dans un malheureux travail de bijoutière. Tu as pourtant le feu en toi.

Le feu, elle ne l'a pourtant pas oublié. Entre ses doigts, la fine tige de métal se met à rougir et elle vient délicatement l'entortiller sur elle-même. Bien décidée à ignorer les propos de sa tenancière, elle se retourne vers elle et passe son index sous son menton pour lui faire tourner le visage de profil. La boucle est placée sur son oreille, Yenepha observe le résultat, quasiment satisfaite.

- Encore quelques retouches, et ce sera terminé.
- Bien...
- Tu parles de mon acharnement mais tu es là, à mes côtés, et je n'ai pas eu à te supplier pour cette nuit blanche supplémentaire.

Elle n'avait en effet pas bougé de la nuit, pas une protestation, silencieuse et immobile dans son dos tout du long.

- Je m'inquiète simplement pour mon employeuse.
- Tu m'as habituée à des mensonges plus convaincants, Eirwen.
- Où étais-tu la nuit dernière ?

Pas de réponse, à peine un haussement de sourcils. La nuit dernière, elle était dans les bois en compagnie de Kaleilah et Garnann. Un corps à faire disparaître, un peu de travail pour rendre service à un acolyte de la Main. Eirwen n'était pas stupide et elle savait pertinemment que la bijoutière louait ses services à d'autres dans l'ombre, probablement en échange de faveurs ou avantages. Cependant, le sujet n'était jamais directement abordé et une fois encore, les jolies lèvres de la blonde resteraient closes.

- Ce nouveau bijou est sublime, tout comme les précédents. Il me tarde de voir cette collection de boucles au complet.
- Lorsque je serais sûre de la direction à prendre, je passerai le relais aux garçons mais pour l'heure, je ne veux rien laisser au hasard. Une dernière nuit sacrifiée et le succès sera assuré pour cette sortie.
- Tu ne m'as pas encore parlé de tes projets, avec la petite Kaleilah.

Elle ne lui en avait effectivement pas parlé, mais elle avait cessé de se demander comment Eirwen savait toujours tout sur tout.

- Es-tu jalouse ?
- Non. Moi aussi, je passe du temps avec Kaleilah. Peut-être plus que toi.
- Cette affaire ne concernera pas le Mérul'Or.
- Vas-tu utiliser le Cœur du Marchand... ?
- Possible... J'hésite encore vois-tu.

Elle avait baptisé l'artefact ainsi. Quand Yenepha lui avait demandé pourquoi le Cœur du Marchand serait noir, elle avait eu ce petit sourire qui aujourd'hui encore échappait à son interprétation. Le collier n'avait pas encore quitté sa boîte mais les pouvoirs qu'il renfermait potentiellement la fascinait. Si le roublard avait dit vrai, elle verrait son potentiel de création décuplé et alors, son travail irait plus vite, serait plus rentable. Pourtant malgré les recherches de Kiosh et Elvi, ils n'avaient trouvé aucune trace d'un écrit ou témoignage rapportant une quelconque contrepartie à cette magie mais s'il était sans danger, pourquoi se faire enterrer avec plutôt que de le léguer à sa descendance...



C'est au matin seulement que les deux femmes quittent l'étage du Mérul'Or. Lorsque la bijoutière rentrée chez elle ferma les yeux, elle ne tarda pas à se faire envelopper de rêves magnifiques. Qu'importe que le soleil ne vienne éclairer sa mine harassée, rien ne pouvait venir perturber ce repos mérité.

Des joyaux étincelants, une renommée qui traversait les mers, elle était une Reine et rien ne pouvait plus l'arrêter. Des kamas, du feu, encore du feu... Puis l'artefact. Elle se voit s'en saisir sans hésiter et lorsqu'elle le passe à son cou, ses doutes et ses tracas disparaissent, évanouis. Ou enfouis ? Ses gestes se font plus sûrs et la voici capable de tout, changer un morceau de verre teinté en diamant, le nacre lui devient cristal, le faux en vrai et chacun s'arrache ses contrefaçons. Reine de la qualité mais aussi Faussaire redoutée et qui après ça pourrait l'arrêter ?

Plus tard à son réveil, le regard évidé, à peine consciente, elle passera une main sous son matelas pour en sortir une boîte.
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Message par Yenepha 29.03.20 12:47

Suite du cambriolage du Mérul'Or.


Sur les coups de midi c'est un Kiosh affolé qui sans gêne vint secouer son employeuse endormie. Du sommeil pourtant, elle en aurait bien pris une louchée de plus. Il l'assied et garde ses mains sur ses bras, se demandant un instant si elle n'avait pas perdu du poids en plus de lentement se changer en vampire.

La petite maison située non loin de la Planque sentait le renfermé et des notes traînaient ici et là, pourtant il avait toujours connu la bijoutière organisée. Ce désordre n'était certainement pas dans ses habitudes.

- Abaddon t'a envoyé un message ce matin, le Mérul'Or a été cambriolé cette nuit. Elvi est sur le coup, elle dit qu'il y a eu plusieurs cas similaires, plusieurs confrères sur Bonta. Yen... ?

Est-ce que la nouvelle avait bien été assimilée ? Difficile à dire. Elle avait entrouvert la bouche mais aucun mot n'était sorti. Puis d'un coup elle repousse Kiosh et se redresse. Ses vêtements de la veille sont froissés, ses cheveux emmêlés et ses gestes sont ceux d'une égarée. Elle cherche quelque chose du regard et se précipite pour attraper un calepin et de quoi noter, se mettant à bredouiller des bouts de phrase incompréhensibles.

- Yenepha qu'est-ce que tu fais ... ?
- Lister ... les pertes et ... Il faut qu'on récolte les témoignages ... des autres ... Prouver que nous sommes victimes et ...
- Yenepha !

Il la rejoint et lui arrache sa feuille des mains. L'instant d'après, elle s'écroule dans les bras de son second, heureusement assez réactif pour lui éviter une chute. Il grogne, la soulève et la ramène dans son lit. Dans son dos la porte s'ouvre timidement.

- Tout va bien... ?
- Yenepha est à bout. De nerfs, de forces, alors écoute Eirwen. Tu restes avec elle et tu lui expliques bien à son réveil qu'il n'y a aucun problème et que son équipe s'occupe de tout. Je vais aller faire la déclaration à l'assurance quand Elvi aura terminé de faire le tour des bijouteries elles-aussi pillées, Abaddon lui reste à la boutique. Tu insistes sur le fait que tout va bien.
- Toutes ces heures de travail perdues, même avec le remboursement cela reste un coup dur...
- Oui mais ça, tu vas le garder pour toi !

Elle lui sourit et hoche la tête. Le Second déterminé à limiter la casse n'en attend pas davantage et quitte les lieux en vitesse.

Sans perdre son petit sourire, la tenancière s'assied au bord du lit et s'immobilise. Visiblement, les événements l'affectent bien moins que la malheureuse dans les vapes.

Pendant ce temps, Agoneth lui rentre de sa pause déjeuner et se remonte les manches. De retour à la Planque il rejoint ses deux acolytes au troisième. Les nouvelles étaient mauvaises et les ordres de Kiosh avaient été clairs : Les vitrines devaient être de nouveau pleines avant la fin de la semaine.
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Message par Arlène Kwinzel 29.03.20 12:56

Brâkmar, quartier des joailliers, une semaine plus tard.

Le quartier des joailliers rêvait encore, cela devrait vous rappeler quelque chose. Les artistes du facettage, les champions de la taille et autres génies de l’orfèvrerie dormaient du sommeil des justes tandis que les injustes revendeurs de camelote, les escrocs au détail et les casseurs de prix parce-que-c’est-vous-et-que-ça-me-fait-plaisir-vous-avez-l’oeil-à-vous-on-ne-la-fait-pas-je-l’ai-su-tout-de-suite pionçaient joyeusement. On ne change pas une équipe qui gagne, que voulez-vous ?

L’aube viendrait, c’était son lot quotidien, et tirerait les dormeurs de leurs rêveries, mais son heure n’avait pas encore sonné. Les rues n’étaient guère plus qu’une extension du calme qui régnait dans chacune des bâtisses des artisans du cru, pour changer. Calmes, tout au plus agitées sporadiquement par une attaque subite d’un chacha de gouttière par une meute de brâkariens, elles ne se prêtaient guère à la promenade. Le quartier était bien surveillé, même si le pas habituel des miliciens, rendu lourd par la fatigue, ne résonnait plus à l’unisson depuis déjà quelques rondes.

La fenêtre d’une des innombrables maisons mitoyennes — vous savez déjà laquelle — s’illumina alors que le règne éphémèrement éternel de la démone VI débutait. Rien n’avait changé. Depuis l’extérieur, la lueur — sans doute celle d’une chandelle — se déplaçait, passant d’une pièce à une autre ou, dans le cas présent, d’un étage à un autre, toujours en direction du rez-de-chaussée du bâtiment. On s’était levé, à l’intérieur, et, après une demi-heure — trois quarts d’heure tout au plus — de ce ballet davantage lumineux que sonore, l’obscurité reprit ses droits de l’autre côté des murs. L’huis principal s’ouvrit tranquillement. Et une silhouette manifestement toujours féminine en franchit le seuil, tira le battant derrière elle et entreprit de le verrouiller au moyen d’une clef sortie de ses frusques. La matinale quitta l'endroit et remonta la rue d’un pas pressé, semant dans les remugles brâkmariens les derniers tentacules du sommeil qui tentaient de lui faire rebrousser chemin.

La voie était libre. Encore.

Porte. Serrure. Rossignol. Les fenêtres étant toujours barricadées sur les trois étages de la maisonnée, il avait de nouveau fallu opter pour la facilité.
Porte-serrure-rossignol, donc. Le tout mâtiné d’un déclic agréable, presque familier, et du spectacle enchanteur de l’obstacle tournant sur ses gonds.


« Ça deviendrait presque une habitude, pouffa-t-on. »


Nul besoin de s’aventurer plus avant, le rez-de-chaussée suffirait une nouvelle fois pour ce que l’on était venu y tramer.  La table de réunion trônant au centre de la pièce chichement meublée servirait, une fois de plus, de piédestal.

Un ahanement plus tard, l’huis se referma.
Porte, serrure, rossignol puis sifflotements dans la rue brâkmarienne, alors que passait la sempiternelle patrouille de miliciens aux armes pendantes et aux paupières cernées.

Deux heures plus tard, peut-être moins, trois hommes arriveraient devant « La Planque » et, au moment où ils y pénétreraient, se demanderaient pourquoi il restait un sac sur la table du rez-de-chaussée. Tous les ballots de minerai étaient pourtant évacués chaque soir. D’ailleurs, que contenait celui-ci ?

Rien de moins que les bijoux dérobés lors du sac du Merul’Or, une semaine plus tôt.
Arlène Kwinzel
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V♠
V♠
Millésime 646
Où la Main redéploie ses Doigts.
Millésime 647
Où la Main recommence à faire parler d'elle.
Millésime 648
Où la Main fait respecter son Code.
Millésime 649
Où la Main se pique de noblesse.
Millésime 650
Où la Main s'engage dans un bras de fer.
Millésime 651
Où la Main fait peau neuve.
Escaladeur
Le membre sait s'envoyer en l'air comme personne.
Crocheteur
Cette compétence permet de venir à bout des serrures récalcitrantes. Le membre pourra ainsi pénétrer de l'autre côté des portes interdites.
Furtivité II
Bah dis donc... On t'voit plus aux soirées ! Le deuxième niveau de furtivité permet au membre de se placer dans l'angle-mort de sa cible, en exploitant son environnement, les tiers présents, et les failles dans la vigilance des personnes suscept
Style de combat III
Le dernier niveau du style de combat permet de déceler le point faible chez l'adversaire, mais
Mystérieux Papa Nowel
Pour survivre à Nowel, il faut devenir Nowel.
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Message par Kaleilah 31.03.20 20:12

À peine ouvert dans la Blanche, le Merul’Or avait déjà fait maintes fois couler l’encre dans les gazettes populaires et des plus hautes classes. Dans le cas des deux fois précédentes, ce n’était pas pour annoncer des bonnes nouvelles. L’enseigne devait changer de registre, non plus être liée aux monstres terrifiants ni aux escamotages faciles, mais retourner à ce qu’elle représente à la base : un travail impeccable visant la perfection et le haut de gamme d’une collection moderne.

Kaleilah le savait bien, la bijoutière allait s’en remettre. Mais le nombre de fois que cela pouvait arriver avant que la belle blonde ne craque définitivement ne cessait de diminuer. De plus, le teint terne et les poches sous les yeux de la belle blonde n’indiquaient rien de bon. De son côté, la jeune rouquine n’avait pas temps de se morfondre, et si elle voulait mériter sa place de co-équipière, elle devait trouver quelque chose pour aider Yenepha. Si la bijouterie se devait de rebondir, alors pourquoi ne pas viser encore plus haut !


*

*         *


- Kaleilah, je comprends ton inquiétude, mais ne pense-tu pas avoir d’autres préoccupations, en ce moment ?

Certainement, elle en avait, mais les sourcils froncés et le regard déterminé de l’Éliotrope arracha un soupire à la tenancière.

- Bien, écoute … L’association des bijoutiers de Bonta organise une soirée de collecte de fonds à la suite des derniers événements. Ils ont déjà l’argent nécessaire pour supporter les pertes, alors vois plutôt ça comme une opération de communication qu’une simple campagne de charité. Évidemment, le Merul’Or y est convié.

Joignant le geste à la parole, Eirwen tend une petite enveloppe d’une blancheur éclatante, soigneusement adressée au Merul’Or et scellée de l’insigne de l’association.

- Notre enseigne est récente, nous allons avoir bien plus de travail à faire pour retomber sur nos pieds, que dirais-tu de nous y représenter ? Des personnalités seront présentes, il y a sûrement quelque chose à faire de ce côté.

La rouquine ne se fait pas prier pour troquer sa moue renfrognée en une expression enjouée, et accepter le carton d’invitation tendue par la tenancière.

- Merci Eirwen ! Je ferai de mon mieux ! Il faudra avertir Yenepha, j’espère qu’elle sera d’accord ...


Dernière édition par Kaleilah le 19.04.20 23:09, édité 1 fois
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Message par Kaleilah 19.04.20 21:31

Une lumière tamisée se déversait sur les pavés de la Rue de la Paix. Pour l’occasion, la maison Racriet avait loué sa salle de réception pour les invités de ce soir. Bijoutiers de renom, peintres de la couronne, acteurs célèbres ; tout un beau monde avait été convié afin de se servir des derniers larcins comme d’un tremplin pour l’économie déjà florissante du quartier. Un représentant de l’intendant de la Blanche était lui-même venu entonner un discours à la fois zélé et larmoyant pour féliciter l’initiative et rappeler que ces crimes ne resteront pas impunis, que les commerces se relèveront plus forts que jamais ! Des simples paroles de politicien, finalement. Les patrouilles de miliciens avaient été mobilisés dans les rues adjacentes, bien plus pour faire de la figuration que par crainte d’une possible récidive.

La cérémonie avait commencé par une vente aux enchères de bijoux et parures en tout genre provenant des stocks des différentes enseignes rapinées. Des sommes faramineuses avaient été annoncées. Une partie des kamas récoltés était même directement destinée à la pauvre maison Maupioussin, dont le magasin entier était à reconstruire. Ensuite fut l’heure des coupettes, petits fours, et minauderies.

Au milieu des tenues hors de prix, ornements reluisants et coiffures extravagantes, Kaleilah faisait presque tâche tant sa simplicité était déconcertante. Une robe vert pastel s’accordait avec sa chevelure fauve attachée en une longue natte qui tombait dans son dos dénudé. Un bonnet, sur lequel était accrochée une broche en or blanc, était bien sûr vissé sur la tête de l’Eliotrope.

Sa cible : le jeune acteur Alexis D’Aste. Ce dernier s’est vite fait remarquer très jeune sur les différents planchers de la Blanche. Adolescent, il vivait déjà chacun de ses personnages et retranscrivait sur les plus grandes scènes chacune de leurs actions et émotions avec une exactitude et une vraisemblance frappante. Dissné, l’organisation monopolisant la production des pièces de Bonta, a d’ailleurs rapidement recruté le prodige.

Pourquoi lui ? Le Merul’Or ne cracherait pas sur de la publicité, et aucun acteur digne de ce nom n’utiliserait de bijoux et autres accessoires en toc une fois sur scène. Et puis devenir, par exemple, l’enseigne ambassadrice d’une célébrité lors de ses représentations serait une aubaine pour la blonde bijoutière, c'est certain ! Et les prochaines représentations du jeune homme n’étaient pas un mystère pour les passants des derniers jours tant on en trouve les affiches placardées partout dans les rues :


« Venez découvrir l’histoire incroyable de la montée au trône du fulgurante du
Roi Arturus Fendragon et de son épée légendaire ! »


La tâche n’allait pas être aisée pour autant. En tant qu’invité de marque de la soirée, il était constamment entouré. Les groupies sont massées autour de lui, une fois pour demander un autographe et une autre proposer une fille en mariage. Aucune ouverture pour Kaleilah qui lui jette pourtant des regards régulièrement afin d’en discerner une. La rouquine voulait s’approcher du comédien sans avoir l’air aussi désespérée que les femmes l’entourant actuellement. Alors elle discutait, se présentait, parlait avec la douce politesse dont elle sait faire preuve de banalités avec les autres commerçants qu’elle pouvait croiser autour d’une mignardise. Elle ne manquait pas non d’évoquer, quand elle pouvait, l’ardeur avec laquelle les employés du Mérul’Or redoublaient d’efforts afin que le magasin en ait toutes les allures d’un grand.



L’aiguille tourne, certains des convives sont sur le départ, et Kaleilah est enfoncée dans un grand canapé moelleux en satin rouge, une coupe de jus de fraise-banagrume en main. Perdue dans ses pensées, elle ne remarque que tardivement l’homme qui s’assoit à côté d’elle. Sa voix est douce, chantante :

- La timide demoiselle a-t-elle aussi envie d’un autographe ? Ou est-ce que je dois comprendre par ses regards nombreux qu’un morceau de salade coincé entre mes dents ?

Il rit, et la rouquine ouvre des grands yeux en rougissant légèrement. Il faut dire que le charme naturel de l’acteur joue dans sa popularité.

Alexis ?!

- Je … N-Non, je voulais … heu … Je suis Kaleilah ! Je suis là pour le Mérul’Or ! bafouille-t-elle avec un grand sourire de politesse.

Elle tend rapidement une main franche pour finir sa salutation, qu’il prend avec délicatesse pour l’approcher de ses lèvres avec élégance. Alexis a environ le même âge que Kaleilah, et pourtant émane de ce dernier une maturité surprenante.

- Dites-moi, Kaleilah, ce qui pend à votre langue depuis le début de cette douce soirée. Je serais un piètre gentilhomme si je n’accordais pas même un instant à chacune de mes admiratrices.
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Message par Yenepha 10.05.20 11:19

Une Forge et des Perles Gravées.



Kiosh se découvre un cœur sensible. Voilà que maintenant il décide de consacrer ses dimanches à Ényo. À croire qu'avec le temps, mon second s'adoucit.

La fille elle est travailleuse et ne lésine pas sur les efforts. Pas de plainte, pas de découragement. Elle a conscience qu'une opportunité s'offre à elle et que cette dernière ne se représentera pas de sitôt. Qui d'autre prendrait le pari d'investir dans une forge, avec comme seule garantie la détermination d'une jeunette qui se lance à peine dans la vie active ?

Il y a des ratés, des matériaux gâchés et bien entendu je note minutieusement à l'arrière les pertes, mais rien d'alarmant. J'ai conscience que ce projet est très différent de ce qu'elle avait pour habitude de fournir lors son parcours d'apprentie. Mais si elle envisage un partenariat avec ma bijouterie, elle devra apprendre à faire dans la délicatesse et l'exigence.

Dagues ornées, épées serties de joyaux, les nobles feront la queue pour parfaire leur apparat. Les caprices de la classe bourgeoise, un filon que je cerne de mieux en mieux pour en extraire subtilement le moindre grain de profit...

Un collier trois rangées pour madame, monsieur souhaiterait voir nos fourreaux ? Laissez moi vous parler de cette forge prometteuse en campagne amaknéenne pendant que madame réfléchit à son bijou.

Mes études réalisées sur notre clientèle sont formelles : La mégère trop maquillée est toujours accompagnée par son vieil époux plein aux as, prêt à dégainer les kamas pour au plus vite la faire taire. Il serait dommage, voire amateur,  de ne pas en profiter.


Avec le soutien et les conseils de Kiosh, le moule de la garde sera prêt ce soir et je ne doute pas du résultat. Ensuite, elle devra s'atteler à la confection de l'alliage destiné à la lame. 172 000 kamas, évidemment Ényo n'en tirera pas un sou.

Alexis D'Aste ne regrettera pas d'avoir fait appel à nous et le nom du Mérul'Or sera affiché sur la totalité des affiches publicitaires de sa prochaine représentation. Un excellent coup de communication, parfaitement négocié par Kaleilah. Depuis la démission de Eirwen mes journées n'ont fait que se rallonger et sans son aide, il me semble que j'aurais fini sous l'eau.

En parallèle à ces belles perspectives et puisqu'il faut toujours réfléchir à l'après en affaires, je m'imagine très bien proposer au Carreau des prix avantageux pour l'entretien et la confection de leur arsenal. Je n'ai pas encore les informations pour évaluer le besoin et il faudrait que je m'entretienne avec Kalirr à ce sujet, lui doit avoir les réponses.


Enfoncée dans le canapé je raye, ajoute et griffonne frénétiquement mon agenda pour tenter d'organiser la semaine à venir. Au troisième ils sont bruyants et je ne peux même plus profiter de mes dimanches à la Planque en solitaire.

10/05 Olgah. Caravelle vendue : Apporter le champagne !
Cette ligne-ci, c'est ma préférée. Je suis contente pour la Trèfle. J'espère qu'elle rentabilisera vite cette opération et qu'elle y prendra du plaisir.

11/05 Elvi 8:00 entretien.
Petit soupir, je suis bien moins enthousiasme.

La sram s'est enfin éveillée de sa torpeur. Le visage creusé et les muscles atrophiés, tout ça pour quoi ? Apprendre la vérité m'a fait l'effet d'un sévère coup de jus et oui, je leur en veux. J'en veux à Simettra et à Elvi, égoïstes, idiotes et paranoïaques.

Se lancer dans une chasse à la sorcière, partir en expédition au fin fond de Frigost pour un foutu bouquin et tout ça pour quoi ? Revenir en miettes et se faire voler le livre quelques jours après. Parce qu'elles faisaient des cauchemars, c'est ça ? Pour nous protéger, Kaleilah Fickie et moi ? Rien, absolument rien ne justifie leurs actions irréfléchies et encore moins l'initiative de n'avoir rien dit à personne.

Il va falloir rappeler à Elvi que je ne tolère pas les trahisons de ce type et que dans cette équipe, on ne rentre pas de ses congés en retard.

J'ai besoin d'un café ...

- Tenez Yenepha, votre café ! Il est bientôt midi et je me demandais si je pouvais rester encore un peu sur la forge. C'est que la date butoire approche et il me reste pas mal de travail...

Sale, transpirante mais avec un grand sourire. Elle dépose ma tasse et je la remercie avant d'accepter. Toujours pas de manches courtes mais j'ai déjà eu l'occasion d'apercevoir ses bras ou encore le bas de son dos, je n'ai jamais abordé ce sujet avec elle, ce ne sont pas mes affaires. En revanche, je comprends pourquoi Elvi a été touchée, pourquoi elle me l'a ramenée et pourquoi cette fille aujourd'hui habite avec elle.

- En effet, il va falloir mettre les bouchées doubles mais je sais que tu te donneras à fond. Quand tout ça sera terminé, toi et moi on va pouvoir sérieusement discuter.

- Et je pourrai forger mon bouclier !

- Comme promis, tu pourras te servir dans nos stocks. Mais en attendant retourne donc sur cette épée.

Alors qu'elle remonte, on frappe timidement à la porte et après une gorgée salvatrice je me décide à aller ouvrir. De l'autre côté, tête baissée et encapuchonnée, une Elvi se racle la gorge avant de me regarder.

- On ne devait pourtant pas se voir aujourd'hui.

- Je voulais te parler d'un tout autre sujet et j'ai pensé que tu devais avoir ces informations avant de boucler ton agenda pour la semaine. Si tu as un peu de temps...

Je m'écarte pour la laisser entrer mais je ne retourne pas aux canapés. Debout au milieu de la pièce sombre, j'attends.

- Là-bas... Dans ces cavernes souterraines, nous avons rencontré une femme. Elle n'était pas ici pour les mêmes raisons et pourtant, elle se rendait au même endroit alors, elle a rejoint notre groupe. Ce n'était pas un livre qui l'intéressait mais des Perles Gravées. Elle était très secrète à ce sujet mais il était évident que ces perles étaient uniques et d'une valeur inestimable. Quand nous sommes arrivées dans... cette salle...

Elle déglutit et son regard se perd un petit instant dans le vide. Mais bien vite elle se reprend.

- Quand nous sommes arrivées dans cette salle, elle s'est emparée d'une besace pleine de ces perles et d'un morceau de parchemin coincé dessous. J'ai volé ce parchemin alors qu'elle nous quittait,  j'ai pensé que cette histoire pouvait t'intéresser. Que ces Perles devaient te revenir.

- Pourquoi alors ne pas avoir volé le sac directement ?

- Je n'ai pas eu le temps... Et je crois que les Perles ne sont qu'une partie de l'histoire. Si on parvient à remonter jusqu'à leur origine... Je pense qu'on peut repartir avec plus qu'une besace.

Elle sort de sa poche l'objet de son larcin et je m'en saisis. Je n'ai pas envie de lui montrer que je suis intriguée, je ne veux pas qu'elle pense pouvoir se faire pardonner avec une petite attention au milieu de son énorme erreur. Toutefois, j'y jette un œil.

Yenepha, femme d'affaires 1589101976-perles


Sans me laisser dire quoique ce soit, elle s'excuse et me laisse avec ce machin très peu compréhensible à la main. Je n'ai même pas eu le temps de lui demander qui d'autre était au courant mais je suppose que au moins Simettra fait partie du lot. Pour le moment, je ne sais pas quoi en penser mais une chose est sûre, ce n'est pas l'urgence. Je retourne au canapé, méditative.

Et voilà, mon café est froid...
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Yenepha, femme d'affaires Empty Re: Yenepha, femme d'affaires

Message par Yenepha 22.06.20 11:41

Personne n'est irremplaçable.



Vide, égarée, brisée, voilà tout ce qui m'inspire lorsque je m'attarde sur son visage placide et ses grands yeux tristes. Cette mage de l'Ordre ne m'a pas ramenée ma Elvi, non. La sram aux cheveux verts assise devant moi n'est qu'une parfaite inconnue et je ne crois pas que le temps pourra y changer quoique ce soit.

Dans un élan de bonté, j'ai promis de la cacher, pour l'heure, au cas où ils se lanceraient à la recherche de leur précieux sujet d'expérience. Mais si j'étais à la place de ces mages scientifiques, je ne perdrais pas mon temps et je passerais simplement à autre chose, priant les Dieux pour que cette pauvre âme finisse rapidement engloutie, oubliée.

Elle finit par remarquer que je la fixe, elle n'aime pas vraiment ça. Voilà qu'elle tente un effort pour me rendre un regard, essayant au passage de l'animer un tant soit peu. Le résultat n'est pas convaincant, je ne perçois rien. Est-ce que c'est ça, se faire arracher son âme ?

- Yenepha, je dois attendre encore longtemps... ?

C'est la seule question qu'elle me pose depuis son arrivée ici. Qui elle est, pourquoi elle ne se souvient de rien, elle ne se risque pas sur ces sujets qu'elle doit penser bien trop complexes pour son petit esprit ravagé. Elvi se demande juste combien de temps elle devra rester sur ce canapé.

Je referme mon cahier des comptes et soupire avant de répéter une énième fois la même réponse.

- Des gens te cherchent, c'est pour ta sécurité. Quand tu pourras sortir, je te ferai signe.

Parfois un brin de mémoire s'embrase et elle me sort des morceaux de phrases que je crois reconnaître. Sortes de vestiges, fragments d'un passé brisé. J'aime Elvi à n'en pas douter et sa situation me peine. Si elle est dans cet état pitoyable, c'est parce qu'elle a voulu nous sauver, Simettra et moi. Dans un sens elle y est même parvenue, mais à quel prix ? Seulement je le sais, je ne jouerai pas à la gentille nourrice indéfiniment.

Ce n'est plus Elvi.
Elvi est morte.

Bientôt, elle retournera vivre avec Ényo. Je laisse la forgeronne gérer ce problème. Est-ce que ma conscience supportera ce manque d'empathie ? Très certainement, oui.

- Je donne une petite fête ce soir, à l'extérieur du sac. Ne sois pas apeurée si tu entends du bruit.

- Une fête... ? Avec des gens... ?

- Oui.

- Simettra... ?

- Non.

La sram réclamait de temps à autre sa présence sans vraiment comprendre pourquoi. Je repoussais froidement ses requêtes sans une once de pitié. Au nom de quoi, l'amour ? La perspective de retrouvailles larmoyantes entre une Sim dévastée et un légume amnésique ne m'inspirait pas la moindre sympathie. Elles auront tout le temps de se baver l'une sur l'autre, lorsque Elvi quittera la Planque.




Je quitte le Havre-Sac et le fait glisser du bout du pied sous l'établi d'Agoneth avant de descendre au second étage. Quelques gestes précis, je réajuste ma coiffure et redresse l'anneau d'or tressé qui enserre mon front. Ce soir nous fêtons l'arrivée de Alélice au sein de mon équipe et je compte en profiter pour leur présenter à tous Edward, ma tendre moitié, celui qui a su combler un récent sentiment de solitude. Peut-être le fait que Kaleilah passe ses journées aux côtés de Abaddon, à servir je ne sais quelle cause ridicule, m'affecte plus que je ne le pensais. Ça et la fin de parcours de Elvi, il est temps pour moi de nouer de nouvelles affinités et de repartir sur d'alléchantes ambitions, aptes à cicatriser mon petit cœur fragile.

Ce soir je bois, ce soir je danse. Nous parlerons argent, renommée, succès et pouvoir. Aux oubliettes l'Ordre du Renouveau, la sorcière Gwendalavir, Rhia la traîtresse, les Songes Infinis et la passivité du grand Abaddon. Tant pis pour toi Elvi, on ne pointera du doigt que les chiffres de cet hiver car oui bijouterie et forge elles, tournent, roulent et se moquent de la tragédie. J'emmerde les désastres et s'il faut sourire deux fois plus pour combler les mines affligées qui m'entourent, alors je le ferai.

Je descends les marches et mon équipe suspend les échanges en cours pour se tourner et me saluer. Kiosh a tenté de dompter sa tignasse et le résultat, bien qu'un peu trop huileux, est presque tolérable. Alélice est une vieille femme qui n'a rien perdu de sa dignité. Intimidante mais superbe. Mes trois artisans préférés sont ici, ont-ils encore pris en muscles ou je rêve ? Varek me fait un petit clin d’œil, c'est sa manière de me remercier pour sa récente promotion. Edward est beau à tomber et je dois faire un effort pour ne pas me ruer sur ses lèvres. Mon professionnel de l'immobilier, rapace à souhait, à nous deux il est certain que de beaux jours sont à prévoir.

- Ta petite forgeronne ne se joint pas à nous ?

Je ris et termine de les rejoindre au premier.

- Messieurs, Alélice, Ényo aussi dévouée soit-elle, n'a pas à entendre les horreurs qui à coups sûrs sortiront cette nuit de nos bouches enivrées. Car j'ai le flair pour ces choses-ci et puisque tout semble nous réussir, il est évident que nous allons devoir aborder le sujet...

- Comment davantage nous enrichir.

Je regarde Edward, il m'embrasse. Kiosh sert à chacun une coupe, et nous trinquons. Au Mérul'Or, aux Cornes d'Acier, et à tout ce qui nous attend de somptueux. Comme c'est bon de s'imaginer tout contrôler.
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Message par Yenepha 24.06.20 12:19

Kiosh

La bourgeoisie brâkmarienne

Yenepha, femme d'affaires 1592993719-dungeon-by-miszla-dbekjen-fullview

- J'ai quelque chose pour ta petite patronne.

- Encore un artefact d'artisanat impossible à exploiter ?

- Nan mon brave Kiosh, mieux qu'ça. Une nouvelle clientèle pour votre forge et votre bijouterie. Ici, à la Sombre. J'sais bien qu'à Bonta vous roulez sur le succès, mais faudrait songer à renouveler un peu vos activités au bercail nan ... ?

Le roublard se met à ricaner à la manière d'un cliché de "vilain", fier de son coup fourré.

- Tu t'souviens que j'aime arpenter les tombes.


- Oui on connait tous tes penchants sordides pour la fouille de cadavres.

- Devine sur qui j'suis tombé l'autre nuit, alors que le ciel était plus noir que mon masque et qu'aucune étoile ne venait troubler mes activités.

Le second de la bijoutière croise les bras en guise de réponse. Il espère que ce vieux filou n'est pas en train de lui faire perdre son temps, les dernières directives de Yenepha ont été très claires : De l'investissement gagnant, rien d'autre. Mais il faut avouer que, si du côté de Bonta tout fonctionne à merveille, la morne routine s'était peu à peu installée sur leurs affaires brâkmariennes.

Les mêmes éternels clients, aucune extravagance, aucune initiative excitante. Yenepha considérait à présent leur ville natale comme le foyer de la création et non plus comme le bon filon à exploiter. Un problème qui ne dérangeait personne, si ce n'est Kiosh.

Autrefois, il était le petit malin qui savait faire vibrer sa cheffe de cœur, mais aujourd'hui, il s'était fait voler la vedette et n'était plus aux commandes de rien, en dehors des équipes qui pouvaient largement se passer de sa directive. L'arrivée de ce Edward dans la petite famille n'arrangeait rien et voir sa belle blonde se pavaner au bras du iop, jubilant à l'idée de profiter de sa position dans l'immobilier bontarien, ça le mettait hors de lui.

À son tour de briller au sein de l'entreprise.

- La comtesse Klarisse du Manoir des Soupirs. Une bonne amie à Yenepha ça hein ?

- Une cliente depuis les débuts de Yen, quand elle n'était qu'une apprentie et ne possédait pas encore ses commerces. Elle l'a pas mal soutenue, elle lui achetait quelques bagues réalisées en douce avec les matériaux de ses maîtres.

- Et bien la dame était là, vêtue d'une robe noire et éclairée à la lueur d'une petite bougie qu'elle tenait dans sa main. J'me suis planqué et j'ai observé. Je me disais, peut-être que ça y est elle a enfin enterré son putain de mari et je comptais bien ouvrir le caveau familial pour l'occasion ! Mais elle était pas pour ça. Des types sont venus la rejoindre. Robes noires, des grandes capuches, ils ont formé un cercle avec Klarisse en son centre et ils se sont mis à psalmodier au nom de Rushu !

Il éclate de rire en se tapant la cuisse.

- Une secte rushuiste ? Et alors, en quoi ça nous concerne. Cette folle fait bien ce qui lui chante.


- Me suis un peu renseigné sur leur culte et rituels. Tu sais qu'ils utilisent un nombre incroyable de dagues bizarres incrustées de rubis et que ça doit pas être simple de se faire fournir sans soulever de questions d'ordre moral ? Même ici, à la Sombre, les malades qui coupent des doigts de nourrissons en espérant qu'un shushu viennent prendre possession du moignon en échange de longévité, ils sont mal vus. Alors, tu me donnes 5 000k et je te raconte la suite en plus de leur petit lieu de rendez-vous ?

Le Second sourit. Glauque, immoral à souhait, certes... Mais ça titillerait forcément la curiosité de Yen. Sans parler que ça ouvrait quelques possibilités de chantage pour l'avenir...

- Allons boire un verre au Chatbrulé.


Dernière édition par Yenepha le 26.07.20 14:08, édité 1 fois
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Message par Yenepha 26.07.20 13:48

Yenepha, femme d'affaires 1595760832-64006a62bb941c9fec910c


Kiosh et Yenepha au Lépreux, Camille le sait depuis le temps, ils ne sont pas ici pour parler cancans. Quand vient le dimanche et que la bijoutière se refuse à s'enfermer aux ateliers, c'est autour d'un café et d'une Guy Nasse qu'elle vient clôturer la semaine et énoncer ses récentes idées. Le garçon remercie le spectre et paye les deux commandes. Sa patronne a le sourire, non pas que la chose soit rare puisque les affaires marchent bien, mais c'est toujours plaisant.

Il ouvre son grand cahier et entame la longue énumération des dépenses enregistrées dans le cadre des réalisations, mais la blonde se racle la gorge et ouvre à son tour son carnet de notes. Des doubles-pages sans petits carreaux, gribouillées de croquis. Elle tourne et feuillette jusqu'à pointer du doigt un modèle de boucles colorées, argent et vert de jade.

- Qu'est-ce que t'en dis ?

- Pas de bilan aujourd'hui ... ?

Elle insiste et tapote du doigt le dessin pour s'attirer son attention.

- Kiosh !

C'était pourtant leur rituel à eux deux, leur moment privilégié, et il était si fier de pouvoir parler du bon déroulement des fraîches négociations entre les Larmes Noires et lui-même. Les dagues ornées avaient eu un succès fou et la collaboration avait, comme il l'avait parié en dépit de la raison, rapporté gros. Mais pas de rushuistes ou de sacrifices à l'ordre du jour, de toute évidence...

Plissant les yeux il rapproche son nez de l'esquisse.

- C'est très pandalais, élégant et frais. Mais avec les récents événements, tu crois vraiment que c'est une bonne chose que de sortir une collection du genre ? On l'appellerait comment hein, Raz-de-collier ?

Il ricane.

- Pandamour.

Il ricane encore plus.

- C'est si niais.

- Peut-être, mais je ne compte pas simplement lancer une collection à thème, je veux qu'elle soit accompagnée de tout une campagne de charité. Écoute, et dis moi ce que tu en penses. 25% des bénéfices de la collection Pandamour seront reversés à une association d'aide au relogement et aux réparations des habitants victimes du raz-de-marée. On organisera une soirée au Mérul'Or pour présenter le projet et les modèles prototypes, croquis ou premiers assemblages peu importe. Selon l'engouement reçu et les premières analyses des gazettes, on définit un nombre de bijoux et on écoule tout avant Octolliard.  

- Donc, c'est une collection éclair. Tu t'es déjà entretenue avec l'association en question ?

- Grosse communication, petite production, des prix élevés et on se fait une bonne image de marque. C'est en cours, mais ils sont tellement ravis que tu peux considérer la chose comme réglée.

- Sans compter du fait qu'on fera parler de nous jusqu'à Pandala...

Il acquiesce, l'idée lui parle. Les affaires, c'est ça aussi, savoir rebondir sur les malheurs des autres.

- Edward compte bien s'immiscer dans l'affaire et jouer de son poste de promoteur immobilier pour participer aux reconstructions, ce sera donc un partenariat à trois têtes.

- Va falloir sérieusement cravacher si on veut pas louper l'coche...  T'as d'autres modèles ?

L'idée lui était venue lors de sa mission repérage de faussaires, sous les instructions de Kalirr et Olgah. Elle n'avait suivi que de très loin les événements cataclysmiques qui sans pitié, avaient frappé l'île. Sa brève discussion avec deux gaillards traumatisés avait été une source d'inspiration. Au nom des disparus et de l'espoir qui continue de circuler sur ces terres mises à l'épreuve, elle se devait d'agir ! Enfin ça, c'est ce qu'elle clamerait haut et fort à sa soirée.

Des couleurs chatoyantes allant du vert au bleu, du rouge au rose, des motifs aériens, dès le lendemain de sa quête elle s'en était retournée à Pandala pour pleinement s'inspirer des tendances locales. Pas de trop clinquant à la continental, les malheureux recherchent plutôt l'équilibre entre la simplicité et le raffinement, tout en respectant des palettes de teintes et de matériaux codifiés.

Alors qu'elle lui présente une proposition de collier-nuageux, l'initiatrice enchaîne :

- L'important, c'est que le client comprenne combien il réalise une bonne action en dépensant une fortune dans cette bague qui ne vaut rien à la production. Les prix du minerais se sont écroulés ! T'as vu la silicate ?! Les eaux ont dévoilé de nouveaux gisements et les monopoles sont tombés. Même Olianae est en train de tout écouler au rabais ! Alors qu'elle vient d'investir dans une caravelle ! Si on fait vite et qu'on tire parti de l'événement, on peut créer le buzz. Nos bourgeois doivent se sentir bouffés par le remord tant qu'ils n'ont pas au cou une émeraude de la collection Pandamour.

- Et pendant ce temps là, la concurrence voisine ose à peine aborder le sujet de peur de froisser ou de faire dans le tabou... Haha, les imbéciles. Ils vont verdir de jalousie en nous voyant attraper le minotot par les cornes !

- Tu t'occupes de préparer la soirée, je mets les garçons au courant des nouvelles priorités. Je leur dépose les croquis, on fera une réunion milieu de semaine pour proposer de nouveaux modèles. Pendant ce temps, je me charge des calculs et je fixe les premiers prix.


Et c'est ainsi que Kiosh et Yenepha passèrent leur dimanche à bosser...
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