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[RP] Méfaits de la Main du Valet Noir

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Message par Arlène Kwinzel 17.09.16 18:25

• MISE A PLAT •

[RP] Méfaits de la Main du Valet Noir 252_w210

Un concert de gémissements et de râles de douleur résonne au fin fond de ce qui s'apparente à une mine qu'on aurait pu penser désaffectée.

« Ma jambe, ma jaaaaambe... se lamente quelqu'un.
- …-f-f-folle. 'veux pas crever ici. Pas... Naaaaaaaan ! hurle un autre.
- Aaaaaaaargh ! » gargouille un dernier.

Une voix aimable et masculine se fait entendre, par-dessus les plaintes.

« Messieurs, j'espère que vous avez pris autant de plaisir à discuter avec nous que nous en avons eu à traiter avec vous. »

Un rire, haut perché, suit la déclaration. La voix reprend, sérieuse.

« Notez bien que la prochaine fois – si prochaine fois il devait y avoir – les choses ne se passeraient pas aussi bien qu'aujourd'hui. Arlène, très chère, tout est-il en place ?
- Autant en place que leur attitude était déplacée, trésor
, répond celle qui riait quelques instants plus tôt.
- Parfait ! Il est donc l'heure de quitter nos amis. Gageons que ces forgerons amateurs auront retenu la leçon : on n'écoule pas sa marchandise en cassant les prix. C'est très vilain.
- Trèèèèèèès vilain. Ouh, les affreux ! »


Une supplique retentit, plus sonore que les autres.

« Lai-Laissez-nous au moins le coffre... S'il vous plaît... »

Un rire moqueur.

« Le coffre ? Oh, ça ? Tenez, si cela peut vous faire plaisir. »

Un objet massif tombe au sol, occasionnant un soupir de soulagement ainsi que quelques balbutiements de gratitude, et la voix calme conclut :

« Messieurs, au plaisir de ne pas vous revoir de sitôt.
- Au revoir, mes tout beaux ! »
ajoute sa camarade.

Deux personnes s'éloignent, laissant l'écho de leurs pas résonner sur le revêtement rocheux.

« Hâtons-nous, je préférerais que nous soyons le plus loin possible lorsque les charges ex... »

Le souffle d'une déflagration, suivi du mugissement d'une détonation, coupe l'homme au ton docte en plein milieu de sa phrase et le propulse au sol. Sa compagne subit le même sort.

Quelques acouphènes, une perte d'équilibre passagère et un rire tonitruant suivent ce feu d'artifice en intérieur.

« Emyyyyyyn, glousse la détraquée, ces nouveaux jouets sont faaaabuleux ! »


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Où la Main recommence à faire parler d'elle.
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Où la Main fait respecter son Code.
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Où la Main se pique de noblesse.
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Où la Main s'engage dans un bras de fer.
Millésime 651
Où la Main fait peau neuve.
Escaladeur
Le membre sait s'envoyer en l'air comme personne.
Crocheteur
Cette compétence permet de venir à bout des serrures récalcitrantes. Le membre pourra ainsi pénétrer de l'autre côté des portes interdites.
Furtivité II
Bah dis donc... On t'voit plus aux soirées ! Le deuxième niveau de furtivité permet au membre de se placer dans l'angle-mort de sa cible, en exploitant son environnement, les tiers présents, et les failles dans la vigilance des personnes suscept
Style de combat III
Le dernier niveau du style de combat permet de déceler le point faible chez l'adversaire, mais
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Message par Arlène Kwinzel 17.09.16 18:42

• OS SECOURS •

[RP] Méfaits de la Main du Valet Noir 3238_w10

Une lame vibre dans l'air, accompagnée d'un cliquetis féroce.

« Non, mon Emynence, je suis certaine d'avoir correctement posé ma question. On aurait dû passer à droite après la deuxième porte. »

Une détonation, suivi de deux autres, rapprochées. Des claquements irrités se mêlent aux cliquetis.

« Manifestement, le tas d'os n'a pas bien compris la question, il nous a aiguillés directement dans ce qui semblait être une ancienne salle des gardes. »

Un roulé-boulé grelottant. Cette fois, le cliquetis est celui d'objets légers tombant au sol.

« Bah, ils y bouffent tous les pissenlits par la racine, maintenant. Doublement, même. Hihihihiiii ! »

Le son de la pierre qui se fend. Les cliquetis se font rares et les craquements se multiplient.

« Ça, pour être morts, il sont... Han ! Morts et bien morts ! »

Une série d'impacts et de fractures.

« Ça expliquerait les têtes de déterrés que tirent ces os laids ! »

Le fracas d'une armure qui entre en contact avec le sol. Silence.

« Et de quatre ! Je prends les caveaux de gauche.
- Et moi, je reste adroite ! On aurait difficilement pu imaginer que le pillage de tombes en ta compagnie s'avérerait aussi... mortel.
- Quel vilain mot !
- Tu préfères « archéologie », mon joli ?
- Quitte à choisir, oui et... Oh, joli torque funéraire ! »



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Message par Arlène Kwinzel 17.09.16 18:55

• NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA •

[RP] Méfaits de la Main du Valet Noir 800_w210

Des objets s'écrasent contre une surface solide - sans doute un mur de torchis. Des piaillements horrifiés ponctuent chaque impact. Ils redoublent d'intensité lorsqu'un liquide se met à gicler des projectiles explosés.

Le battement d'une paire d'ailes de cuir fait renaître l'espoir dans le cœur d'une dizaine de couveuses opprimées.

« Ah, le voilà enfin, ricane l'un des deux lanceurs.
- Petit-petit-petit
, chuchote facétieusement l'autre. »


• • •


Le jour se lève sur la campagne amaknéenne.
Jappemulou, Tofu Royal de son état, sort sa tête de sous son aile et, de ses yeux d'un bleu tout aussi royal que sa personne, embrasse du regard son royaume : le plus beau tofulailler des environs.

Récemment retiré du champ de course, ce champion de la vitesse se prépare à profiter des joies de la retraite et de ses innombrables concubines. La matinée promet d'être belle, il est l'heure d'aller saluer le soleil et de réveiller les humains à son service.

Tout est calme, dans le tofulailler. Sur le passage de Jappemulou, les pondeuses tremblent d'émoi et restent silencieuses.

Parvenu sur le seuil du bâtiment, l'animal gratte la terre de ses ergots acérés et se prépare à pousser un piaillement dont il a le secret lorsqu'un morceau de coquille venu d'on-ne-sait-où lui choit sur le crâne – qu'il a fort couronné.

Perturbé, à la limite de la rogne, Jappemulou scrute les environs sans parvenir à identifier l'irrespectueux téméraire qui vient d'oser s'en prendre à son auguste personne... et un autre débris calcaire s'écrase juste devant le bout de son bec.

Le Tofu Royal s'élance dans la basse-cour, se retourne et se fige soudain : la devanture du tofulailler est maculée de restes d'oeufs royaux !

Jappemulou hoquette, ivre de rage et le cri qu'il s'apprêtait à pousser s'étrangle au fond de sa gorge lorsqu'il aperçoit, découpée et clouée à la façade, la paire d'ailes aussi sombres que la nuit de son fidèle second, un Batofu d'exception.

« Il est réveillé, tu penses ?
- Vu l'heure, oui.
- Il retournera sur le champ de course ?
- Evidemment. Après tout, nous venons de lui faire une offre qu'il ne peut pas refuser. »



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Message par Arlène Kwinzel 17.09.16 22:15

• LA LAINE CHARGEE •

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« On ne dit pas « bêêêê », on dit « comment ? », malappris ! Tiens, prends ça. »

Une plainte animale répondit à cette saillie et le cliquetis régulier de ciseaux de tonte s’éleva du fond de l’étable.

« Qu’est-ce que ça sent mauvais ! se plaignait une voix aiguë.
- Il faut souffrir pour être…
- Belle ?
- Non, riche
, rectifia un homme sur un ton docte.
- Oh… L’un vaut l’autre. »


Quelques sabots martelèrent le sol, leurs propriétaires semblaient ravis de fuir à l’opposé des lames d’acier. Une exclamation retentit, ponctuée d’une série de carillons.

« Emyn, celui-là a failli me mordre, quelle sale bête ! s'indigna la femme.
- Il a du goût, voilà tout, glissa flatteusement son homologue masculin.
- J’t’en ficherai de la revente de laine… Si seulement on était plus nombreux à les tondre…
- Les autres ont leurs propres tâches, et nous n'aimerions pas forcément être à leur place !
- N’empêche que c’est nous qui pataugeons dans la paille crottée. Tiens, je te parie que l’odeur va nous coller à la peau pendant des jours ! »


La diatribe de la râleuse aux grelots fut interrompue par une porte qui claqua. Un bêlement furieux se fit entendre et un sabot commença à racler le sol avec agressivité.

« Emynet ? Y en a un gros, là-bas. »

Le bêlement reprit de plus belle, aussi puissant que la bête était massive.

« Oh ? Ce doit être le chef du troupeau. Sa taille parle pour lui. »

Le dénommé Emyn lâcha tout de même un sifflement admiratif.

« Et toute cette laine – la meilleure des environs… Il a un sacré paquet de Kamas sur le dos.
- Le pauvre,
railla son interlocutrice, il doit mourir de chaud ! Si seulement quelqu'un pouvait se charger d'améliorer son sort...
- Heureusement que nous sommes là pour penser à son bien-être…
- … et le débarrasser de cette toison si encombrante. »


Deux rires. Une cavalcade.


• • •


« Dis donc, j’ai un doute affreux…
- Lequel, chère Arlène ?
- A-t-on prévenu le propriétaire du troupeau que nous nous sommes mis de notre propre chef à son service afin de récolter la laine de son cheptel ?
- Il ne me semble pas, non.
- C’est bien ce que je me disais. Allez, fouette, cocher ! »


A cette annonce, deux roues cerclées d’acier grincèrent. Arlène gloussait.

« Hihihi, n’empêche…
- Quoi ?
- On peut dire qu'il s'est laissé tondre la laine sur le dos !
- Héhéhé, bien vu ! »


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Message par Arlène Kwinzel 17.09.16 23:07

• SCIENCE SANS CONSCIENCE  •

[RP] Méfaits de la Main du Valet Noir 797_w210

Ça craque sous les pieds : la chitine cède sous les semelles tandis que les planches de bois vermoulues depuis des éons gémissent sous le passage de deux âmes égarées en des lieux depuis longtemps oubliés.

« Attention, Arlène, tu en as un dans les cheveux !
- Raaaah,
peste la jeune femme, encore un ? C’est pas vrai ?
- Là, là, le voilà parti
,  la rassure un homme de petite taille. »

L’insecte délogé, un scarafeuille immature, bourdonne et s’en va chercher un meilleur accueil sur un autre support.

Le grondement d’une lourde porte de pierre trouble la quiétude des lieux, il est instantanément suivi d’un déclic sonore et du roulement peu rassurant d’une sphère pesant dans les deux quintaux.

L’homme se racle la gorge et se tourne vers sa comparse.

« Généralement, dans ce genre de situation, on…
- On court, oui.
- Si possible rapidement ?
- C’est préférable.
- Et on évite de perdre du temps à papoter alors qu’une mort relativement certaine vient à notre rencontre, c’est ça ?
- C’est le plan, effectivement.
- On se retrouve dehoooooooors…  
- Sacré Emyn, toujours le mot pour mourir ! »



• • •


Une course effrénée et un mur défoncé plus tard, les deux explorateurs reviennent sur leurs pas, sains, saufs et passablement essoufflés.

« Bon, c’est joli, hein, lâche Arlène. Y a pas à dire, mais c’est quand même pas très enrichissant comme sortie. Financièrement, je veux dire. Culturellement et émotionnellement, ça vaut le détour, c’est sûr, mais bon... Qu’est-ce qu’il te faut, déjà ?
- De quoi incuber des êtres vivants. Un peu comme cette espèce de larve ou de nymphe, là-bas, dans le fond…
- Ou comme cette nymphette à tes côtés, grand fou ?
- Je me contenterai du liquide contenu dans cette espèce de cocon
, plaisante le petit Emyn. C’est gigantesque ! Tu as vu ça ?
- Disons qu’il serait difficile de passer à côté vu qu’il luit dans la pénombre et doit être tellement large qu’on n’en ferait pas le tour si nous étions deux fois plus nombreux.
- C’est pas faux.
- Y a quelque chose que tu n’as pas compris ?
- Quelque chose que… Pardon ?
- Je te charrie, mon grand ! On procède comment ?
- Je propose de percer un trou dans la paroi et de récolter quelques échantillons dans un premier temps.
- Et… Et la bestiole à l’intérieur ?
- Oh, disons que c’est pour la Science et que le chemin de cette dernière est parsemé de pierres tombales. Il faut savoir donner de sa personne et, aujourd’hui, c’est au tour de cette créature. »


Quelques coups bien placés ont tôt fait de venir à bout de la paroi translucide et luminescente. En jaillit à gros bouillons un puissant jet d’un liquide à l’odeur forte et rance. Une fragrance qui attire immédiatement des nuées bourdonnantes de scarafeuilles immatures.

« Ça recommence ! Emyn, fais quelque chose !
- Une ou deux torches bien placées et ils…
- … n’y verront que du feu, hihihihihiiii ! »


Les insectes mis en déroute, le bourdonnement disparaît avant d’être remplacé, quelques temps plus tard, par un vrombissement des plus sonores.

« Et voilà, ils reviennent à la charge. Tu as tout ce qu’il te faut ?
- Ça devrait faire l’affaire. La bestiole est fichue, par contre et… Arlène ? »


La rieuse n’écoute manifestement plus son compagnon, focalisée sur la source du vrombissement, toujours plus important.

« Eh bien, Arlène, qu’y a-t-il ?
- Mon doux bellâtre, si tu ne veux pas passer d’Emynence grise à un Emynuscule tas de pulpe sanguinolente, je te conseille de faire quelques pas sur le côté. Tu as un Scarabosse Doré au-dessus de la caboche. »



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Message par Arlène Kwinzel 18.09.16 12:38

• HOUYOUGONAKOL •

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Quelques coups furent frappés sur un mur de carton-pâte, rendant un son creux attestant de l’artificialité de l’édifice.

« Tout ça paraît bien fragile, cher ami, lâcha un homme sur un ton las.
- T-Tout n’est qu’illusion ici, v-vous savez ce que c'est… répondit un autre. »

Les coups reprirent de plus belle et s’achevèrent sur un craquement.

« Arlène, voyons, ce ne sont pas des manières !
- Je ne comprends pas, Emynou, je ne faisais qu’avancer le pied et ce mur s’est jeté juste sur son trajet. Quelle imprudence de sa part ! »


Un soupir angoissé se fit entendre.

« S-S’il vous plaît, écartez-vous…
- Oh, je crois que nous allons faire mieux que cela, très cher. Il est temps pour nous d’aller rendre visite à votre attraction-vedette. Votre maison hantée se trouve dans cette direction, si je ne m’abuse ?
- Oui, m-mais…
- A tout à l’heure ! »
lança, sur ton réjoui, la carillonnante Arlène.

« On revient vite, beau gosse, attends-nous ! »
jugea bon d'ajouter la destructrice de décor amusée.


• • •


La petite musique des horreurs en fond sonore, nos deux « touristes » progressaient à l’intérieur d’une bâtisse dévolue aux joies du frisson et de la surprise. Les hululements des spectres de pacotille et les suçons des vampires reconvertis ajoutaient un soupçon de fantastique à l’ambiance délétère qui règnait – ou essayait de régner – en ces lieux prisés des amateurs de sensations fortes.

« Comment je pouvais savoir que ce n’était pas un automate, moi, hein ?
- Peut-être en faisant attention aux cris qu’il poussait lorsque tu lui as cassé le poignet, non ?
- Tu peux parler, oh ! Ce n’est pas moi qui ai réduit ces Gargrouilles et ce gros suceur de sang en poussière. »


Emyn haussa les épaules et répondit sur un ton fataliste.

« Ils paraissaient déterminés à nous empêcher d'atteindre le cœur de la maison.
- La cuisine ? Quel homme
, gloussait Arlène ! Tiens, en parlant d’attraction…
- Oui, il semblerait que nous touchions au but. »


Un hurlement sépulcral jaillissait des tréfonds de la salle dans laquelle le couple venait de pénétrer. Les lumières s’éteignaient par à-coups et cessèrent finalement d'émettre leur lueur blafarde.
Un liquide verdâtre et fluorescent commençait à suinter des murs tandis qu’une forme massive, éthérée et moustachue sortait du plancher à l’aspect défoncé.

Le bruit sec et répété de deux pompes manuelles en pleine action brisa l’élan fantasmagorique du Boostache.

« Le pauvre, il semble déshydraté. Arlène ?
- A la tienne, mon gros ! »


Deux jets d’eau pressurisée accompagnèrent ce toast et les cris de l’entité spectrale redoublèrent tellement d’intensité qu'on les entendit de l'autre côté de la foire du Trool. A un détail près : il ne s’agissait plus de rugissements destinés à terroriser les deux visiteurs, mais de gémissements d'effroi et de douleur.

« Ne croise pas les effluves, Emynipote ! expliquait joyeusement Arlène.
- Pourquoi donc ? s’étonna l’arroseur court sur pattes.
- Au prix où est l’eau bénite, ce serait gâcher, hihihihiiiiii !
- Hahaha ! »



• • •


« Vous savez désormais à quoi vous attendre si vous refusez de contracter notre police d’assurance. Rendez-vous bien compte qu'il est à la portée de n’importe qui de pénétrer et d’aller s'en prendre aux occupants de votre plus gros manège. »

Un silence éloquent répondit à cette affirmation.

« J’pense pas que du monde veuille voir un Boostache dépressif… Pas vrai, Emyn ?
- Certainement pas. Vous savez donc ce qu’il vous reste à faire, très cher. »


La pointe d’une plume crissa à plusieurs reprises sur le papier tandis que deux mâchoires particulièrement serrées grincèrent de dépit.

« C’est un réel plaisir que de faire affaire avec vous. N’hésitez surtout pas à nous contacter si le besoin s’en faisait sentir.
- On repassera la semaine prochaine pour le premier versement, prends soin de toi, mon chou ! »


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Message par Arlène Kwinzel 18.09.16 21:32

• MICROKROSMOZ •

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Le claquement métallique d’une paire de lames fut suivi d’un couinement suraigu.

« Ce qu’il faut que tu comprennes, c’est qu’il n’y a rien de personnel là-dedans, annonce doctement la voix d’un homme.
- C’est vrai, quoi. Tout le monde veut gagner sa croûte
, ajoute celle d’une femme, manifestement moqueuse.
- Et, des croûtes – de pain ou de fromage – on vous en donnait, il me semble. A foison
, énonce à regret le premier individu.
- Mais non… »


Nouveau claquement sonore. Deuxième cri haut perché.

« Non, ça, non, il a fallu que Môssieur tente de la jouer solo, reprend la sarcastique. »

Une paire de ciseaux s’ouvre et se referme dans le vide, manifestement dans une manœuvre d’intimidation.

« Tu penses que ça nous fait plaisir de venir ici ? Tu crois qu’on n’a rien de mieux à faire ?
- Kankrounet, ou quel que soit ton blaze… Tu fais perdre du temps à tout le monde – Emyn, moi, tous les autres – et  c’est d’un pénible… Tu nous avais habitués à beaucoup mieux.
- C’est quand même fou ! Vous étiez grassement rétribués pour envahir les cloisons des maisons qu’on vous désignait. »


Un énième pépiement aigu s’élève, chargé de douleur et de protestations.

« Comment ? Tu y comprends quelque chose, Arlène ?
- Rien du tout, coquin. Il baragouine quelque chose. Ah, j’y suis : c’est ta patte, c’est ça ? Tu la trouves dépareillée par rapport à celles qui ont déjà sauté ? Attends, mon grand, ne bouge pas, je vais t’arranger ça. »


Les ciseaux se referment une troisième fois et mordent dans la chitine d’un segment insectoïde.

« T’es tout de suite plus présentable comme ça ! Oh, ne te plains pas, il t’en reste encore suffisamment pour te gratter les élytres et l’abdomen en même temps. Z’êtes quand même sacrément chanceux, vous autres les Vilinsekts. Toutes ces pattes, j’en serais presque jalouse… »

Quatrième claquement.

« Tiens, ça t’apprendra. Et p’is ça te fera réfléchir aussi. S’tu veux garder tes deux dernières pattounes, arrange-toi pour ne plus avoir à nous faire revenir ici.
- Remets-toi au boulot
, assène un Emyn blasé sur un ton menaçant. Renvoie les grouillots à leurs postes et fais-toi oublier. Autrement, on reviendra faire le ménage. Et quand je dis « ménage », c’est au sens propre. Le genre de propreté qui fait horreur aux représentants de ton… espèce. »


• • •


« Ça ira, selon toi ? Ils vont se remettre au boulot ?
- Il faudra bien, sans quoi il faudra assainir les combles. Et introduire de nouvelles troupes dans les parages. Ce ne sont pas les prétendants au « trône » qui manquent chez les Vilinsekts.
- Bah, au bout d’une semaine ou deux, les effectifs seront de nouveau au complet. Ils se reproduisent à une de ces vitesses ! Et puis toutes ces pattes, ça ouvre tellement de perspectives ! Tu as vu comment ils… »


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Où la Main redéploie ses Doigts.
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Où la Main recommence à faire parler d'elle.
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Où la Main fait respecter son Code.
Millésime 649
Où la Main se pique de noblesse.
Millésime 650
Où la Main s'engage dans un bras de fer.
Millésime 651
Où la Main fait peau neuve.
Escaladeur
Le membre sait s'envoyer en l'air comme personne.
Crocheteur
Cette compétence permet de venir à bout des serrures récalcitrantes. Le membre pourra ainsi pénétrer de l'autre côté des portes interdites.
Furtivité II
Bah dis donc... On t'voit plus aux soirées ! Le deuxième niveau de furtivité permet au membre de se placer dans l'angle-mort de sa cible, en exploitant son environnement, les tiers présents, et les failles dans la vigilance des personnes suscept
Style de combat III
Le dernier niveau du style de combat permet de déceler le point faible chez l'adversaire, mais
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Message par Arlène Kwinzel 19.09.16 18:27

• MAUVAISE GRAINE •

[RP] Méfaits de la Main du Valet Noir 799_w210

Les massacreurs Bhauts, non contents d’avoir plombé le marché de la Main du Valet Noir dans le domaine des galets de contrebande, avaient porté leur intérêt sur les ressources à bas prix et autres produits de première nécessité : en l’occurrence, les composants de base de l’industrie alchimique.
Dès lors, ce n’était plus quelques groupes d’aventuriers épars que l’on voyait fouiller les bosquets et les parcelles agraires de Terra Amakna, mais bien d’insatiables légions entièrement focalisées sur la déforestation et l'extermination systématique de la faune locale.

Emyn Nuil et Arlène Kwinzel avaient donc été désignés pour mettre un terme à ce fléau ou, du moins, endiguer considérablement la menace des Bhauts.

« J’ai toujours su que nous étions les gentils, dans l’histoire. Mais si l’on m’avait dit que tu me proposerais d’aller cueillir des fleurs pour sauver la campagne, je n’y aurais pas cru ! Tu es un grand romantique, en fin de compte, jacassait la moqueuse.
- Oh, tu sais, si l’on peut joindre l’utile à l’agréable…
minauda son interlocuteur de petite taille.
- Ooooh, flatteur ! On ne m’avait jamais appelée « gréable ».
- Il y a un début à tout ! »


La lourde double-porte d'une grange gémit et l'être à la verticalité contrariée inspira l'air ambiant à pleins poumons.

« Aaaah, que j'aime l’odeur de la moisson au petit matin !
- C’est bien, chaton, reste dans la thématique de l’herbe coupée… sous les pieds des sales bottés. »


Deux déflagrations, trois détonations et un embrasement de parcelle d’orge plus tard, les deux compères parvinrent devant la créature qui exerçait son emprise sur les champs aux alentours.

« T’as besoin de quoi, déjà, Emygnonet ?
- D’à peu près tout son organisme, mais pas de sa vie.
- Arrachons donc cette mauvaise herbe ! »


Aussitôt dit, aussitôt fait. Le cadavre flétri d’un Tournesol Affamé chargé sur leur dos, les deux scélérats s’en repartirent d’où ils étaient venus, sans un seul regard en arrière. Bien malheureux serait le paysan désormais dépossédé de son garde-chiourme naturel.

« Si je parviens à isoler des pousses saines, je devrais pouvoir en faire des greffons viables. Nous pourrons alors transformer d’autres plantes marchantes de la même essence en redoutables gardiennes de récoltes. A condition que les propriétaires locaux soient prêts à y mettre le prix !
- De toute façon, ils n'auront pas le choix : c'est ça ou la faillite. Et puis je suis prête à parier qu'ils ne laisseront pas passer une occasion de lancer un avertissement aux Bhauts. D'autant plus que ce serait dit… avec des fleurs ! Hihihihihi ! T’as compris ? Avec des fleurs !
- Hahaha ! Elles devraient leur donner du fil à retordre, c'est vrai.
- Tous les moyens sont bons, du moment que les Bhauts bottent en touche... »


Nouveau rire hystérique.


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Message par Arlène Kwinzel 19.09.16 23:02

• LES BRONZES FONT DU TRI •

[RP] Méfaits de la Main du Valet Noir 928_w210

De l'iode. De l’iode partout. Dans les narines, dans les sinus, dans le moindre recoin. Et du sable. A foison. Sur deux épidermes, sous deux paires de pieds et à l'intérieur d'autant de bottes. Contre les dents, aussi. Il crisse. Les oiseaux de mer, eux, criaillent. Les vagues indolentes viennent, reviennent et s’écrasent sur la grève, sempiternelles paresseuses.


• • •



Quelques crabes se repaissaient déjà des dépouilles de créatures marines ayant eu le malheur de sortir des eaux pour répondre à l’irrésistible appel à l’aide du petit monarque de la plage.

Qu’ils soient bleus, blancs, verts ou orange, les Pichons flottaient sur le dos, les nageoires pointées vers le ciel, bercés par le ressac.
Deux solides Raul Mops vinrent mordre la poussière et s’écraser pesamment de part et d’autre d’un individu aussi chétif que spongieux.

« Ben alors, Mobichou, c’est comme ça qu’on accueille les amis ? » lâcha une visiteuse pleine d'entrain et coiffée de grelots.

« La porte était fermée, on a dû creuser notre propre entrée dans le mur de ton… château. Pas terrible, le sable, d’ailleurs. Tu devrais changer de matériau de construction ! »

Un rire léger suivit cette déclaration.

« Oh, gageons que notre candide bout d’éponge ambulant saura se souvenir de ce conseil, Arlène. Mais nous ne sommes pas venus pour discuter architecture. »

Les deux individus, malgré leur air affable, se campèrent de chaque côté de l’objet de leur attention. La menace était sous-jacente.

« Figure-toi qu’on passait dans le coin… reprit la femme.
- … et que nous avons remarqué que cela faisait longtemps que nous ne t’avions pas rendu visite, ajouta son compagnon.
- Ni une ni deux, tu nous connais, nous en avons profité pour venir te saluer, mais une fois rendus devant la planche vermoulue que tu nommes « pont-levis »... STUPEUR ! »


Arlène en faisait des caisses.

« Nous avons été dépassés par une horde de touristes pressés de découvrir ton édifice. Pas de chance, hein ?
- Comme nous sommes relativement bien élevés – enfin, surtout Emyn – nous avons décidé de nous mêler au groupe qui partirait lors de la visite suivante
, acquiesça la carillonneuse.
- Aussi nous sommes-nous installés sur la plage, pas loin des contreforts de ce splendide château qui fait ta fierté. Et au beau milieu d’une horde de plagistes grillant au soleil.
- Tout d’un coup, une espèce de rigolo a déboulé de nulle part, les bras chargés de cagettes et un grand sourire vissé sur le visage. Figure-toi qu’un attroupement s’est aussitôt formé autour du bonhomme. Moi… »

Emyn leva les yeux au ciel.

« Curieuse comme elle est…
- … je suis allée voir ce qu’il vendait, ce pauvre garçon. Eh ben tu ne me croiras jamais, mais il refourguait de la crème solaire à un prix… Ouhlala ! Rien que d’y penser, je pleure la détresse de toutes les bourses de la plage.


Le petit homme s'était rapproché de sa victime.

« De la crème solaire, Mob, ça te dit quelque chose ? »

Chaque syllabe de cette dernière question avait été détachée de ses voisines et prononcée sur un ton inquisiteur.

L’hôte involontaire n’avait pas pipé mot depuis le début de cette rencontre et, sous l’effet de la pression qu’il subissait, il avait perdu les deux tiers de son volume, humidifiant généreusement le sable qui avait bu ses fluides corporels, avide, sous ses tongs.

Son oppresseur lui tendit un pot d’onguent bleuté.

« Je t’ai posé une question, l'Eponge : ça te dit quelque chose ? »

Le dénommé Mob rapetissa de nouveau. Il ne savait plus où se mettre. Arlène, aussi loquace qu'à l'accoutumée, reprit :

« Une sacrée camelote, dis donc !
- Vendue par des charlatans !
asséna Emyn, irrité.
- Jette un coup d’œil à l’étiquette : « Crème miraculeuse de la Mer d’Asse ». Pfff, n’importe quoi ! »

Le pot fut balancé au loin, avant de venir heurter un oiseau de passage qui poussa un juron aviaire que la décence nous empêche de traduire ici.

Le petit disciple de Xélor renchérit, sur un ton docte et moralisateur :

« Seule notre crème solaire modératrice de bonheur aux treize algues minérales est digne de figurer sur le marché.
- Cette crème est une vraie crème solaire de méditation
, cita Arlène. D’ailleurs, la liste des composants est écrite dans la langue des moines méditatifs l’ayant préparée aux confins du pays. Tiens, si tu plisses les yeux, tu peux même lire le nom de leur temple : « Médi… tayewouane ».
- Sans compter qu’elle est beaucoup moins chère que celle qu’on a retrouvée vendue sur ta plage. »

Les deux escrocs, aimables, tapotèrent gentiment le dos totalement déshydraté de la pauvre créature qui avait cru qu’elle pourrait les doubler en permettant à une entreprise concurrente de refourguer ses produits sur son territoire, moyennant une commission des plus avantageuse sur les ventes réalisées.

« T’as voulu jouer
, l'acheva Arlène. Et t’as perdu. Comme ce pauvre revendeur qu'on risque de retrouver sous peu pendu dans un four, à quelques encablures du rivage, les veines ouvertes et l'estomac blindé d'une bonne dose de cyanure. La milice conclura à un suicide, assurément, lâcha-t-elle innocemment.
- On mettra ça sur le compte de l’appât du gain
, enchaîna Emyn. Preuve, s’il en est, que tu as fait tienne l’une des particularités de l’esprit humain. Tu fais des efforts pour t’intégrer, c’est bien, mais tu manques encore d'un peu de jugeote…
- Ce qui te vaudra le gel de ton pourcentage sur les trois mois à venir. C’est bien ce que tu avais dit, Emyn ?
- Tout à fait, Arlène, tout à fait.
- Et la prochaine fois, ça te coûtera bieeeeen plus cher, si tu vois ce que je veux dire… Couine si tu as compris ce que je sous-entendais, mon bouchon. »


L’éponge humanoïde, désormais sèche et légère, émit un très faible sanglot.

« Il a compris, Arlène. Il n’y aura pas de « prochaine fois ».
- Brave garçon. »




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Message par Arlène Kwinzel 21.09.16 16:07

• SI VIS EBRETIAS PARA BELLUM •

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« Eh ben, c’est qu’on boit, ici ! » s’exclama une Arlène dont les grelots résonnaient dans l’imposante salle des fêtes bwork du village éponyme.

Les grandes tables croulaient encore sous le poids des chopes et des reliquats peu reluisants d’une beuverie récente. Une odeur de sueur, de vomi et d’alcool empuantissait l’atmosphère.

Emyn Muil errait entre les quelques bancs qui ne gisaient pas à terre tandis que sa comparse au couvre-chef loin d’être discret s’indignait :

« Et ils voudraient nous faire croire que leurs réserves sont à sec ?

- Ah, ces hypocrites ! lâcha le petit homme. Ils ont un bar bien planqué, oui ! Ça ne va pas se passer comme ça !

- Bien dit, mon tout beau, l’attisait Arlène. Montre-leur de quel sable tu te chauffes ! Ah, ils ne connaissent pas le Serpète-Minute, c’est certain ! »


• • •


Quelques portes défoncées et une dizaine de crânes enfoncés plus loin, l’inénarrable binôme pénétrait dans une énième pièce haute de plafond. Tout n’y était que démesure destinée à impressionner l’imprudent lambda qui aurait osé s’aventurer aussi profondément à l’intérieur du siège – bien que « tabouret » aurait été un terme plus adapté – du pouvoir Bwork. Avec une majuscule pour mettre l’accent sur le « Beurk » sous-jacent.

Des crânes, à divers stades de décomposition, étaient délicatement empalés sur des pics fichés dans la terre battue qui tenait lieu de sol plus ou moins égal. Quelques torches flambaient afin de faire reluire les armes – fonctionnelles, massives et généralement rouillées ou recouvertes de reflets brunâtres aux origines que nul ne chercherait à déterminer – que l’on avait empilées, çà et là, et, des rares ouvertures pratiquées dans les parois de la structure, jaillissaient des rayons de soleil fatigués.

Une véritable haie d’honneur osseuse – aussi macabre que peut l’être une cage thoracique géante – guidait le regard sur un trône planté au sommet d’un monticule de trophées organiques croulant sous la charge d’un postérieur proportionnel aux dimensions du lieu.
La Bworkette affichait un air las et l’entrée des deux visiteurs ne fit naître aucune émotion visible sur son visage aussi gras que disgracieux.

« La voilà, la bougresse ! » s’écria Emyn.

Une série de pas rapides, ponctuée de deux-trois regards noirs, s’acheva au pied du cairn d’ivoire, alors que jaillissait une escouade de Bworks baraqués. Les gardes du corps de l’autorité locale, à n’en pas douter.

Sans se démonter le moins du monde, faisant fi de la bienséance – qui n’est pas un gros mot chez les Peaux-Vertes, contrairement à ce que l’on pourrait penser – Arlène apostropha la dirigeante grassouillette.

« Ben alors, ma grosse, qu'est-ce que c'est que cette histoire ? »

Les êtres musculeux se dévisagèrent, ils ne comprenaient, semblait-il, pas la question. La taulière ricana en déroulant sa prose et en caressant le fil de la lame de son hachoir personnel.

« Pad moviett issi. Houst-houst, gagedé sinon bobo. Peti zozio perde leur zèl. Retour ché mama lé kassos. »

Heureuse d’avoir suscité une réaction chez leur interlocutrice, l’agile Arlène se tourna vers son minuscule compagnon, un sourire perplexe vissé sur son visage fardé de poudre de riz.

« Kassos » ? T'y comprends quelque chose, bouchon ?

- Je crois qu'elle nous insulte.

- Ouh, la vilaine !

- Réglons ça par la diplomatie des armes, je propose !

- Motion adoptée à l'unanimité. Hé, ma belle, tu descends ou ‘faut venir te chercher ? »


Cette saillie et le ton qui l’accompagnait furent le signal que les Bworks attendaient pour laisser libre cours à leur agressivité.

Mal leur en prit.

L’affrontement tourna court et, s’il fallait en retenir quelque chose, ce serait que les familiers ailés du mage local s’inséraient relativement difficilement - ou alors avec beaucoup de lubrifiant - dans le fondement verdâtre de la méritocratie bwork.

L’attitude des indigènes avait changé, comme en témoignait certaines modifications dans leur comportement – outre le fait qu’une bonne partie d’entre eux se massait douloureusement le cuir.

« Je crois qu'elle a... hésita Arlène. Je crois qu'elle a apprécié la négociation. Elle semble dans de meilleures dispositions. Oh, et regarde ses copains, tout en sueur et souriants... Oulalaaaah ! »

L’acrobate dévorait du regard les Peaux-Vertes luisantes d’effort. Conscients ou non de leur petit effet, les fidèles de la Bworkette comparaient leurs plaies et faisaient rouler leurs muscles tout en jetant de fréquents coups d’œil appréciateurs en direction des auteurs de leurs maux physiques.

La beauté callipyge au hachoir émoussé souriait désormais à pleins crocs.

« Ahah ! Ça lui apprendra : voilà comment on négocie avec la Main du Valet Noir !

- Et que coule la bière ! lança l'équilibriste.

- A flots ! » renchérit l'alchimiste.


• • •


La légitimité du Valet Noir à pouvoir revendre l’alcool issu des brasseries du village des Bworks en-dehors de celui-ci ayant été restaurée par la force, les tripots affiliés à l'As de Pique purent de nouveau écouler la fameuse « pisse de gob » estampillée « Médine blaude ».

Au plus grand bonheur des taverniers de la Main et au grand dam des organismes des membres de leur clientèle.

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Message par Arlène Kwinzel 23.09.16 19:24

• SIX PIEDS SOUS TERRE •

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Et grouillent les volatiles invisibles. Et perce la canopée leur babil subtil. Et bruissent les bambous qui s’entrechoquent.
L’air est lourd, l’atmosphère humide, à moins que ce ne soit l’humidité qui soit atmosphérique et la lourdeur qui soit aérienne ? La touffeur des lieux, non contente de participer grandement à la croissance de la flore locale, n’invite pas à la réflexion et a tôt fait d’embrouiller les esprits les plus cartésiens en même temps qu’elle fait fondre les cœurs les plus gelés.

La vie prolifère dans la bambouseraie et c’est justement la raison de la venue de deux têtes bien connues. L'une d'elles est coiffée de grelots aussi sonnants que virevoltants tandis que l’autre culmine à moins de cinq pieds au-dessus du sol.
Les deux individus, une femme souple et un homme grisonnant, se frayent un chemin à travers la végétation, suivant un sentier à moitié effacé. Les insectes locaux ne les importunent plus depuis que le nabot a épuisé l’équivalent de trois pulvérisateurs remplis d’une solution à l’odeur épouvantable, ce qui a eu pour effet notable d'endiguer considérablement le nombre de plaintes et de jérémiades de son acolyte.


• • •


Il fait désormais moins clair. Les lieux ont changé et, si l’humidité se fait encore sentir, la chaleur est à présent moins étouffante. Les deux randonneurs ont pénétré depuis une poignée de minutes à l’intérieur d’une galerie souterraine. Les sonorités de la jungle se font plus distantes et ne sont maintenant plus que les échos de celles qu’elles étaient plus tôt dans la matinée.

La plus agile des deux spéléologues brise le silence cavernicole.

« On n’en a pas vu un seul dehors. ‘faut dire qu’ils doivent bien se cacher...

- Se camoufler, Arlène. Se camoufler, la corrige doctement Emyn Muil.

- C’est forcément ici, tu en es sûr, bouchon ?

- Vu le nombre de végétaux à silhouette humanoïde, j’en mettrais ma main à couper.

- Ne lance pas de paroles en l’air, Emynistre ! raille la jeune femme qui se fait soudainement pensive. M’enfin, c’est vrai que le gros buisson à l’entrée avait tout d’un athlète. »

Nouvelle pause. On croirait entendre grincer des rouages cachés sous le crâne féminin.

« Alors, c’est bien vrai ? Le petit peuple de la sous-bambouseraie a décidé de faire la peau à nos braconniers ?

- Il faut croire que oui ! soupire le petit homme.

- Tssssk ! C’qui est coupé finit par repousser, et plus vite ici qu’ailleurs ! On entretient les lieux en y prélevant ce qui se revend mieux ailleurs. On participe à l'essor touristique de leur île, ricane Arlène. Peuvent-ils en dire autant ? Pour qui se prennent-ils, ces machins ? s'énerve-t-elle, plus attristée que véritablement fâchée.

- Pour les gardiens de cette jungle, semble-t-il.

- On verra s’ils sont capables de se défendre en plus de protéger les environs, déclare sarcastiquement la rieuse. »



• • •


L’odeur de l’humus se fait de plus en plus forte à mesure que les deux membres de la Main du Valet Noir s’enfoncent sous la surface de la forêt de Pandala. Les racines se multiplient et font régulièrement trébucher les intrus, même l’acrobate aux grelots.

« C’pas naturel, tout ça, affirme Arlène.

- Ça l’est trop, justement, hahaha. Suivons ce cours d’eau. »
 
Des êtres végétalisés – à moins qu’il ne s’agisse de végétaux sur pattes – descendent du plafond de la vaste salle où ses recherches ont mené l’improbable duo. De plus en plus nombreuses, les créatures émergent des murs de terre humide et rougeâtre et viennent se masser, à distance respectueuse, tout autour du binôme.

Ce dernier est, pour l'instant, absorbé dans la contemplation d’un trône de terre cuite sur lequel finit par se jucher l'acrobate.

« Drôle de truc ! Qu’on ne vienne pas me dire que, ça, c’est naturel, lâche-t-elle, sceptique.

- Surtout pour des bambous errants. Tu penses qu’ils ont réussi à fabriquer ça avec les sortes de racines qu’ils ont à la place des mains ?

- Des bambous ? Du p’tit bois en devenir, oui ! Elle réfléchit. Non, ils ont dû faire venir quelqu’un.

- Un maître potier fabricant de chaises ? tente Emyn.

- Tu tiens le bambou, l’arsouille, s’esclaffe sa camarade avant de se rendre compte qu’ils sont désormais cernés. On pourrait leur en proposer un de meilleure facture s’ils cessaient d’enquiquiner nos… récolteurs. »

Son compagnon se retrousse les manches tout en se tournant vers la multitude.

« Pour ce qui est de la facture, il est temps de les faire passer à la caisse.

- Rassurez-vous, les gars, on accepte les petites coupures, lance l'Arlène sur un ton faussement rassurant. Surtout si c’est nous qui les causons !

- Faisons ça vite. Et bien. Je ne tiens pas à m’éterniser ici.

- Tu veux dire que tu ne souhaites pas prendre racine, c'est ça ? Hihihihiiiiihihi ! »


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Arlène Kwinzel
Arlène Kwinzel
V♠
V♠
Millésime 646
Où la Main redéploie ses Doigts.
Millésime 647
Où la Main recommence à faire parler d'elle.
Millésime 648
Où la Main fait respecter son Code.
Millésime 649
Où la Main se pique de noblesse.
Millésime 650
Où la Main s'engage dans un bras de fer.
Millésime 651
Où la Main fait peau neuve.
Escaladeur
Le membre sait s'envoyer en l'air comme personne.
Crocheteur
Cette compétence permet de venir à bout des serrures récalcitrantes. Le membre pourra ainsi pénétrer de l'autre côté des portes interdites.
Furtivité II
Bah dis donc... On t'voit plus aux soirées ! Le deuxième niveau de furtivité permet au membre de se placer dans l'angle-mort de sa cible, en exploitant son environnement, les tiers présents, et les failles dans la vigilance des personnes suscept
Style de combat III
Le dernier niveau du style de combat permet de déceler le point faible chez l'adversaire, mais
Mystérieux Papa Nowel
Pour survivre à Nowel, il faut devenir Nowel.
Désincarné
Au-delà du Seuil, certains restent à demeure.

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Message par Arlène Kwinzel 18.10.18 20:22


« Tu voulais m’refiler deux missions, c’est ça ?

- Trois, à vrai dire, mais il y en a effectivement deux qui sont... Disons qu’elles sont un peu particulières.

- Oh ?

- Toutes sont à réaliser en Amakna, du côté de Vérole. La cité est déchirée depuis des années par la rivalité entre deux familles d’adeptes d’Eniripsa, les Bêtise et les Pirâme. Elles ont fait fortune dans la production d’herbes et la concoction de potions destinées au marché des alchimistes et chacune menace l’autre d’un point de vue commercial, lorsqu’elles ne règlent tout simplement pas leurs différends dans le sang. »


Un bâillement ponctua cette déclaration.

« Dernièrement, le commerce des Pirâme et des Bêtise a été mis à mal par l’implantation d’un nouveau concurrent, le Caducée, et ce dernier a systématiquement rejeté les offres d’alliance des deux familles, gagnant rapidement en importance du fait de n’avoir trempé dans aucune vendetta. Aujourd’hui, les familles rivales n’ont plus d’autre choix que de s’unir, par le biais de leurs enfants, afin de supplanter le Caducée et reprendre la première place. C’est ici que nous intervenons.

- Mmh ?

- Capucine Pirâme, l’héritière de la famille Pirâme, doit épouser Montague Bêtise, l’héritier de la famille…

- Bêtise ?

- Bravo. Leurs frères et sœurs ayant tous été victimes du conflit entre leurs deux familles, ils sont les seuls à pouvoir permettre à leur nom de perdurer.

- Mais… ?

- Mais Montague Bêtise craint sa promise. Capucine Pirâme a, en effet, déjà été mariée trois fois par le passé, et elle est devenue veuve très peu de temps après chacun de ces mariages arrangés, héritant de la fortune de son époux du moment. Le jeune Bêtise craint donc d’être le prochain sur la liste des « regrettés » époux de la Pirâme. Il souhaiterait donc que cette dernière le précède dans le trépas.  Si possible, après leur union.

- Et c’est « particulier », ça ?

- En quelque sorte : Capucine Pirâme a mis la tête de son futur époux à prix. Elle offre une coquette somme en échange de sa mort, pourvu que cette dernière survienne, elle aussi, après leurs noces, histoire qu’elle puisse légalement mettre la main sur les biens de son cher et tendre mari.

- Donc… Chacun veut la mort de l’autre ?

- Oui. Pour des sommes sensiblement équivalentes.

- Je prends !

- Les deux contrats ? Tu as bien compris que… ?

- Oui-oui.

- Mais ils…

- Oui-oui.

- Dois-je supposer qu’il est inutile de dire quoi que ce soit ?

- Oui-oui. Hé, tu sais que t’as une fossette qui se creuse dans ta joue droite quand t’es contrariée ? 

- …

- Tu causais d’une troisième mission dans le coin, non ? »



*
*   *


Capucine Pirâme était splendide. Au son de la marche nuptiale interprétée par l’organiste de l’église, elle remontait l’allée centrale au bras de son père, un vieillard qui ne tarderait pas à passer l’arme à gauche, mais qui avait eu le bon goût d’enterrer son épouse et trois de ses gendres – bientôt quatre, espérait-il – avant de rendre son dernier soupir.

Engoncée dans une robe de taffetas blanche, tâchée, ici et là, de quelques perles brunes – à  moins qu’il ne s’agisse de gouttelettes de sang séché, la mariée se pavanait, le menton haut, le port altier, sa mise en pli savamment élaborée et piquée d’autant de fleurs fraîches que de bijoux hors de prix avec, dans son sillage, un cortège de demoiselles d’honneur. Des teneuses de traîne à la porteuse d’alliances, sans oublier les gamines qui jetaient, dans le sillage de la femme en blanc, des pleines poignées de pétales de rose rouge, tout le petit groupe était vêtu d’un uniforme crème – pardon : d’un ensemble d’ensembles crème supplément voilette – et n’avait pour seul rôle que de faire ressortir l’éclat et la beauté de la femme du jour.

Le marié, lui, se mordait l’intérieur des joues, voyant s’approcher la venimeuse créature qu’il était sur le point d’épouser, et jetait de fréquents coups d’oeil à son père ainsi qu’à son clan. Tous l’encourageaient du regard.

Les Pirâme étaient placés à gauche de la nef, tandis que les Bêtise occupait la partie droite de l’église. On avait remisé les épées et les armes à feu et sorti les tenues des grandes occasions. Bill Bêtise, encore chef de son clan, toussota bruyamment lorsque le patriarche des Pirâme le salua d’un hochement de tête.

La promise finit par rejoindre son futur époux auquel le beau-père par alliance de ce dernier prit le soin de confier la main fraîchement manucurée, et, ensemble, ils s’agenouillèrent devant le prêtre des Douze chargé de consacrer leur union autant qu’il avait pour tâche d’officialiser la fusion de leurs deux clans, après des décennies d’affrontements sanglants.

La cérémonie se déroula sans heurts, les alliances quittèrent le coussin de satin tendu par la potiche assignée à ce rôle, ornèrent les annulaires des deux héros du jour, aucun amant ne sortit de l’ombre pour empêcher la bonne tenue des festivités et l’homme de foi déroula son boniment, saluant, tour à tour, les douze statues des divinités du Panthéon, appelant de ses vœux leur bienveillance et leur sagesse dans le but de bénir l’union des clans Pirâme et Bêtise dont les représentants venaient de joindre leurs mains.

Vint le moment fatidique, celui qui laisse toujours ce fol espoir du « et si jamais... » : l’échange des consentements. Si la foule était restée stoïque jusque-là, elle devint de marbre. Chacun tendit l’oreille, bien décidé à ne rien louper de cet instant aussi fugace qu’historique. Le prêtre savourait ce moment et c’est la voix emplie de fierté qu’il posa la question rituelle en s’adressant à la mariée.

*
*   *

Plus tôt, bien plus tôt, au salon d’Oto.

« Donc tout ce qu’ils ont à faire, c’est les porter ?

- C’est cela. Lorsqu’une question leur sera posée, ils ressentiront le besoin irrépressible d’y répondre.

- Irrépréquoi ?

- Disons qu’ils ne pourront pas s’empêcher de répondre à la question qui leur aura été posée. C’est ce que vous souhaitiez, non ?

- Oui… Oui, oui, ça fera l’affaire. Combien j’te dois, mon tout beau ? »


*
*   *


« Capucine Claire Julietta Pirâme, acceptez-vous de prendre pour légitime époux Montague Roméro Léonard Bêtise, ici présent, et vivre avec lui selon la loi des Douze ? L’aimerez-vous, le consolerez-vous, l’honorerez-vous dans la maladie, comme dans la santé, et, renonçant à toute autre union, lui resterez-vous fidèle jusqu’à la mort en unissant le sang de votre lignée à celui de la sienne ? »

La main droite de la mariée luisit brièvement au moment où Capucine ouvrit la bouche :

« Non, je compte bien m’en débarrasser, comme je l’ai fait avec les autres. »

Une bouche qui resta béante, la stupéfaction se lisant sur le visage pourtant voilée de la Pirâme. Que venait-elle de dire ? Elle ne pouvait avoir prononcé ces mots, les ayant seulement pensés !

Le marié, estomaqué, essayait de dévisager sa promise, partagé entre l’incrédulité et la panique. Le curé revint à la charge, gêné :

« Que… Pardon ? Mon enfant, je disais… Acceptez-vous de prendre pour légitime époux Montague Roméro Léonard Bêtise, ici présent, et vivre avec lui selon la loi des Douze ? L’aimerez-vous, le consolerez-vous, l’honorerez-vous dans la maladie, comme dans la santé, et, renonçant à toute autre union, lui resterez-vous fidèle jusqu’à la mort en unissant le sang de votre lignée au sang de la sienne ?

- Et puis quoi encore ? » répondit la principale intéressée alors que sa main luisait de nouveau.

Effrayée par cette expression à voix haute de ce qu’elle pensait en son for intérieur, la Pirâme se récria, prenant l’assistance à parti :

« Non, ce n’est pas ce que je voulais dire ! Qui… Qui a dit ça ?

- Tu… Tu veux ma mo… me tuer ?
Demanda, scandalisé, le jeune Montague.

- Bien sûr que oui, crétin ! Lâcha sa Capucine, alors que sa main droite produisait, une troisième et brève fois, une lueur blanchâtre. Qu’est-ce que… ? s’étonna-t-elle du phénomène.

- Menteuse !

- Traîtresse ! »


La foule commençait à s’agiter. Les deux patriarches avaient volé au secours de leur progéniture. Bill Bêtise réclamait des comptes au vieux Pirâme qui, lui, exhortait le prêtre à poursuivre son office :

« Mariez-les ! Mariez-les !

- Meurtrière ! Meurtrière ! Jamais mon fils n’épousera une meurtrière ! Recule, Montague, tu n’as rien à voir avec ces gens-là, tu vaux bien mieux que cela ! »


Ce fut au tour de l’annulaire droit du marié de luire alors qu’il répondait à son père sans avoir conscience des mots qui franchissaient le barrage de ses lèvres qui avaient perdu toute couleur :

« Non, père : je m’apprêtais moi-même à la faire éliminer. »

Le patriarche du clan Pirâme continuait de harceler le prêtre, qui aurait donné cher pour se trouver ailleurs.

« Mariez-les ! Qu’on en finisse !

- Ta roulure de fille n’épousera pas mon héritier ! »
vociféraient les deux-cent-cinquante livres du géniteur de Montague.

L’insulte fit mouche et le vieillard se retourna pour vriller un regard inquisiteur sur son rival de toujours.

« Comment viens-tu de parler de ta belle-fille, Bill Bêtise ?

- Ma belle-fille ? Ah ! Il faudrait déjà qu’elle le devienne
, s’époumona le costaud.

- C’est ce qui va se passer, Bêtise ! »
Assura le vieux décati.

Le visage empourpré de Bill Bêtise passa de l’indignation à la colère.

«  Pour qu’elle bute mon fils, Pirâme ? Moi vivant, jamais !

- Ça, ça peut s’arranger. »


L’ancêtre héla ses fidèles avant d’agripper l’aube de l’homme de foi :

«  A moi, les gars ! Curé, marie-les !

- Vous entendez, vous autres ?
Rétorqua puissamment le Bêtise. Protégez le cureton ! »

Tels des shushus jaillis de leur boîte, les invités quittèrent précipitamment les bancs sur lesquels ils étaient encore installés quelques instants plus tôt.

Les belles promesses, les rêves de paix et la trêve sacrée furent rompus et sacrifiés sur l’autel de la vengeance. Les deux clans s’étaient levés comme un seul homme. On dégaina les lames cachées, jusque-là, dans des replis discrets – parce que, hé, sait-on jamais, il faut toujours se méfier de cette sale engeance d’en face qui pourrait être venue armée – et on s’attaqua au mobilier de l’église dans le but d’en transformer les fragments en instruments de mort.

Celles et ceux qui n’avaient pas pris la peine de se munir d’un arsenal, même de fortune, s’étaient déjà jetés les uns sur les autres et se livraient à un combat acharné, à grands renforts de coups de poings, de pied, de tête et de morsures.

Quelques rares personnes avaient entrepris de barrer les portes avant de foncer rejoindre le tas grouillant des belligérants : ce serait l’occasion ou jamais d’en finir avec le clan adverse.

Plusieurs groupes se formèrent, notamment à proximité de l’huis et de l’autel, où le prêtre représentait, sinon l’autorité divine, au moins une cible de choix, tandis que, partout dans l’église, les disciples des Douze invités à cette noce virant au pourpre se foutaient méchamment sur la gueule.

Les insultes fusaient, les cris de douleur et les beuglements de rage foisonnaient au fur et à mesure que le mobilier était réduit en miettes, dans un grand fracas mêlant le bois brisé au verre explosé ainsi qu’aux plaintes du métal torturé.

Dans la cohue, un hurlement retentit, plus sonore que tous les autres. L’un des belligérants venait de découvrir que l’homme de foi était mort étouffé – ou piétiné, c’était difficile à dire – dans l’échauffourée.

Voyant s’envoler l’unique occasion de mettre le grappin sur l’héritier des Bêtise, la mariée entra dans une furie incontrôlable.

« Toi ! » s’époumona-t-elle à l’adresse de la demoiselle d’honneur qui remontait tant bien que mal la nef en direction des portes de l’édifice, alors même que la bagarre était devenue générale, chaque camp laissant libre cours à sa rancoeur et déchaînant sa violence à l’encontre des rivaux séculairement haïs.

En présence de la mort, le sang se mit à ruisseler sous le regard impassible des statues des Douze.

Capucine Pirâme avait rattrapé sa cible, le teint cramoisi, éructant de rage.

« Toi ! C’est de ta faute ! Tout est de ta faute ! Tu as tout gâché avec ces al… D’où viennent ces bagues ? Réponds ! »

La demoiselle d’honneur se retourna lentement, tenant encore et toujours le coussin de satin qui avait supporté les anneaux ensorcelés, un sourire figé derrière son voile léger.

« Ça te fait rire ? Tu vas me le payer, traînée ! »

De son impeccable mise en plis, la Pirâme en blanc tira une épingle aussi effilée qu’ouvragée. L’objet avait manifestement plus d’une utilité et celle pour laquelle sa propriétaire avait opté n’avait rien de cosmétique. Capucine Pirâme s’élança, le visage déformée par la rage, l’arme au poing et l’insulte à la bouche :

«  Tu vas crever, sal... »

La fin de sa phrase fut étouffée par le coussin délicatement brodé qu’elle venait de recevoir en plein faciès. Un coussin bientôt rejoint d’un direct du droit. Direct du droit qui rencontra, à travers le faible rembourrage de coton, le nez de la mariée vociférante, en brisa le cartilage dans un bruit légèrement atténué par l’ersatz d’oreiller de luxe, puis fendit l’os nasal dont les éclats partirent se ficher dans le cerveau de Capucine, occasionnant une hémorragie des plus… incapacitantes. L’impact du coup propulsa la Pirâme en arrière, sur les planches froides du lieu de culte transformé, pour l’occasion, en lieu de massacre. Elle ne se relèverait plus.

L’acte aurait pu passer inaperçu, en plein milieu de la confusion, si l’un des alliés de feu la mariée, occupé jusque-là à décrocher la réplique du mythique Martelheur des mains de la statue de Xélor, n’avait assisté à l’attaque. L’homme brandit le marteau au-dessus de sa tête et, avec un ahanement terrible, l’abattit droit sur la demoiselle d’honneur ricanante qui parvint, in extremis, à se déporter sur le côté, laissant la tête de pierre de l’arme improvisée défoncer le plancher.

L’élan de son assaillant stoppé, elle en profita, dans la foulée, pour le délester de son outil de mort en usant d’une vicieuse balayette. L’écrabouilleur finit écrabouillé : ce coup-ci, Martelheur avait atteint sa cible.

Puis une autre, et une autre, et encore une autre. Un homme abattit un gourdin en direction de la marteleuse, arrachant sa voilette au passage, et découvrant une face poudrée bien connue des services de la Main. L’agresseur eut à peine le temps d’écarquiller les yeux que la tête de Martelheur remonta à toute vitesse rencontrer son menton, le manche coulissant dans les mains de l’arlequine du Pique de manière experte.

Contrainte de constater qu’elle ne ferait pas long feu dans un tel accoutrement, notre folle du marteau déchira consciencieusement sa robe sur sa longueur. Il lui faudrait toute son agilité pour se sortir de ce traquenard.

Arlène récupéra le gourdin, bien plus adapté au corps à corps, après avoir propulsé le marteau en direction d’une Bêtise qui lui fonçait dessus, et s’en servit, à deux reprises, contre un Pirâme qui se dressait devant elle : un coup dans l’estomac pour commencer, suivi d’un autre sur la tempe. L’homme s’écroula et un autre surgit de son dos, fendant l’air d’une lame qu’il brandissait de la main gauche. Arlène se baissa à temps, laissant le bras meurtrier passer derrière elle de manière à se retrouver sous l’aisselle de son attaquant, saisissant la main droite de ce dernier et la tirant à elle pour se servir de l’énergumène comme d’un bouclier humain. Ensemble, ils tournoyèrent une poignée de secondes, le temps de distribuer quelques coups de gourdin bien placés puis l’acrobate de la Main propulsa l’homme au couteau sur un autre.

Dans l’opération, un malandrin parvint à fracasser une tringle à rideau sur le dos de l’arlequine qui jura et expédia son arme dans la mâchoire du malappris. Débarrassée du grossier personnage, elle enjamba les corps empêtrés de deux enragés, fit faire un soleil à une femme d’âge mûr qui lui fonçait dessus, en prit une autre, plus jeune, en otage tout en distribuant des coups de bâton bien sentis.

Délaissant sa prise et tournant désormais le dos aux portes de l’église, Arlène esquiva et feinta deux lacérations par arme blanche avant de frapper énergiquement du talon dans le dossier de l’un des bancs de l’église, coinçant, par effet domino, les trois personnes qui s’y étripaient.

L’acrobate prit de la hauteur, sautant d’un dossier à un autre, pour fondre sur une nouvelle victime qu’elle jeta à terre avant de la frapper d’un unique coup sur le crâne.

Dans le feu de l’action, elle manqua de se faire empalégorger par un Pirâme qui se servait d’une hampe comme d’une lance. La matraque d’Arlène acheva son périple dans l’oeil de l’importun et y demeura.

Désormais désarmée, celle qui n’avait plus rien d’une demoiselle d’honneur modèle roula sur deux kamètres, se remit vivement sur ses appuis et saisit, sur le fil, le poignet et la ceinture d’un Bêtise bien décidé à la poignarder. Profitant de l’élan de son adversaire, elle le fit basculer par-dessus son épaule en le frappant de sa hanche droite, accompagnant l’impoli au sol dans un craquement douloureux. Elle y ramassa un escarpin abandonné qu’elle projeta, talon en tête, dans le visage d’un lanceur de couteau voisin qui s’écroula sur un banc renversé.

C’est à ce moment précis que deux belligérants passèrent derrière Arlène, bien décidés à s’entretuer joyeusement. L’un était, d’ailleurs, meilleur que l’autre à ce petit jeu car il avait empalé son camarade au bout d’une lance de fortune. Bout que la victime-façon-brochette n’entendait pas lâcher : quitte à crever, autant ne pas faciliter la tâche à son meurtrier.

Arlène récupéra un tuyau de plomb sorti d’on-ne-sait quelle manche d’invité à présent inanimé et en frappa la hampe qui se brisa en deux. Arrachant la partie mortellement utilisée de son étui organiquement improvisée, elle se servit de l’extrémité pointue disponible pour perforer le torse du manieur de pique cassée. L’homme s’effondra dans un râle de douleur, mais le vacarme était tel que cet énième trait de souffrance passa inaperçu.

Du tuyau, l’Arlène frappa l’occiput d’un Bêtise – à moins que ce ne fût un Pirâme – occupé à étrangler une Pirâme – à moins que ce ne fût une Bêtise, délivrant ce dernier ou cette dernière d’une mort certaine. N’attendant aucun remerciement, l’acrobate prit appui sur l’autel – c’est qu’elle s’était bien éloignée des portes, la gredine – et, à peine s’était-elle reçue au sol, un mastard l’envoya s’écraser, d’une bourrade subite, contre l’orgue de l’église.

Dans un PLOINK métallique, notre arlequine sentit l’air quitter ses poumons et tenta de se relever, tant bien que mal, dans le but de repartir à l’assaut plutôt que de repartir tout court. La providence – à moins qu’il ne s’agisse d’Ecaflip en personne – mit sur sa route un encensoir et il ne lui fallut pas longtemps pour qu’elle s’en serve comme d’un fléau d’arme. L’avantage d’un tel outil était triple : non content de lui permettre de taper sur tout ce qui bougeait, il possédait une fonction fumigène doublée de la capacité de brûler à peu près tout ce qui le recevait en pleine figure.

Et Arlène exploita cette arme au mieux : un coup dans le creux d’un genou suivi d’un autre en pleine face lorsque la victime tombait au sol, une gerbe d’étincelles dans les yeux d’un opposant ou deux, l’intoxication momentanée d’un invité un peu trop entreprenant… Les possibilités étaient multiples mais elles ne purent toutes être expérimentées du fait de la perte de l’objet cuivré dont la chaîne n’avait pas été conçue pour résister à de telles pratiques.

Quand on joue, il faut savoir échouer et le départ précipité de son arme improvisée valut à l’arlequine de se recevoir une chaise en pleine figure, la faisant chuter à plat-ventre après avoir tournoyé sur elle-même.

Mais il fallait qu’elle se relève, prenant appui sur un épais livre de prière. Bouquin dont elle se servit immédiatement comme d’un bouclier pour se protéger d’un énième coup de couteau venu, cette fois-ci, d’un jeune homme furibard. La lame se planta dans l’ouvrage et y resta coincée, ce qui permit à Arlène de désarmer son opposant… et de lui broyer la gorge d’un bon coup de reliure.

Notre rate de bibliothèque du moment n’eut malheureusement pas le temps de s’appesantir sur le bien-fondé d’une telle conception de la littérature car il lui fallut employer sa nouvelle arme pour dispenser la bonne parole au niveau de l’entrejambe d’un petit filou qui s’apprêtait à l’attaquer en traître. Alors que le mal-aux-trucs se cramponnait à ce qui lui restait d’usine à progéniture, l’Arlène retira le couteau du livre, poignarda l’homme aux cuisses, un autre entre la clavicule et l’omoplate, puis un suivant dans l’oeil.

Elle y abandonna sa lame et décocha un jab bien senti en plein dans le pif – paf ! Pouf ! -  d’un voisin qui ne lui avait rien demandé, mais qui s’apprêtait à le faire de manière fort peu courtoise, avant de récupérer, brièvement, le sacro-saint surin dans le but de raser l’oreille d’un type menaçant. Hélas, dans le feu de l’action, Arlène confondit – presque sans le faire exprès – rasage et perforation.

L’arme resta affreusement coincée et son nouvel étui resta, lui, sur le carreau, ce qui permit à l’agent du Pique de se concentrer sur un autre adversaire – à catogan celui-ci – auquel elle asséna trois coups – au plexus, à la gorge puis au menton – avant qu’il ne soit défenestré par un type surgi d’on-ne-sait-où.

Profitant de cette sortie surprise, mais définitive-hein-hé-oh-faut-pas-pousser-quand-même, Arlène arracha un bougeoir enfoncé dans la gorge d’un cadavre et s’en servit, dans un premier temps, comme d’un semblant de batte puis, estimant qu’il n’y avait aucune raison à ce que seuls les autres soient « pointilleux », comme d’un poinçon démesuré.

C’est, à peu de choses près, à ce moment-là que furent tirés les premiers coups de feu. Drôle d’idée que de venir à un mariage avec des tromblons, mais les faits étaient là : certains noceurs avaient dû dissimuler ces armes « au cas où » et avaient commencé à s’en servir.

Le bougeoir fusa, tel un javelot, et cloua l’un des tireurs à un pilier de bois proche et Arlène s’empara de son arme, ravissant, à l’occasion, l’une des fioles à détonation de couleur lilas que le poinçonné venait d’équiper en bandoulière.

D’un coup de crosse, elle frappa au menton un Bêtise, lui enfonça dans une poche la fiole dont la goupille de sécurité avait sauté et l’envoya bouler contre trois autres bagarreurs.

L’agent du Pique courut dans la direction opposée, vers les portes, mais s’arrêta soudainement. Abandonnant temporairement son trom-trom, son blon-blon, elle se rua sur un cadavre dont elle retira une hache bien enfoncée – une hache, sérieusement ? Qui vient à un mariage avec une HACHE ? – et, d’un mouvement rotatif qui n’aurait pas déplu au plus sceptique des bûcherons, la planta dans le cou d’une détentrice d’arme à feu avant de récupérer la sienne.

C’est à cet instant que la fiole explosa dans une gerbe de flammes, projetant à terre toutes celles et ceux qui se trouvaient à proximité, dont Arlène.

L’acrobate du Pique se redressa difficilement, titubant, alors que ses oreilles sifflaient et que sa vue se troublait. Tout autour d’elle, les rares rescapés continuaient à s’entretuer, à s’écharper.

Là-bas, un homme criblait une femme de coups. Ici, un père lardait son voisin de coups de poignard. Le monde était devenu fou.

Seules des détonations retentissaient, lointaines, ce qui rappela à Arlène qu’elle avait lâché son tromblon dans sa chute. Elle finit par remettre la main dessus, s’en servit difficilement pour « pacifier » un manieur d’arme blanche, récupéra cette dernière en même temps qu’un semblant de réflexes, perfora le poignet d’un autre agresseur et éventra une furie qui poursuivait, fiole au poing, un homme particulièrement effrayé.

Jonglant entre la crosse de son arme et le couteau, tant bien que mal remise de la déflagration, Arlène glissait d’un adversaire à un autre. Elle brisait des articulations, en déboîtait d’autres, se frayant sans discontinuer un chemin vers l’issue qui occupait ses pensées depuis la remise des alliances.

Il ne restait plus que trois personnes encore debout, en-dehors d’elle. Deux, à vrai dire,  car l’une d’entre elles venait de décéder sous les coups de hache – la même qu’Arlène avait utilisée – que lui portait le père Bêtise. Ah, non, plus qu’une ! La dernière s’était méchamment fait refaire la mâchoire à coups de bâton pointu porté sur la religion. Un pieu, quoi. Pieu qui finit par se frayer un chemin vers le plafond, sans doute attiré par l’Inglorium lointain, saillant de la bouche de sa victime alors qu’Arlène poussait celle-ci sur le manieur de hachoir de manière à lui offrir un dernier baiser. Mortel, si possible.

Mortel, effectivement, car le dernier des Bêtise – le dernier de son espèce – s’écroula dans l’ultime étreinte d’un Pirâme dont il ne connaissait rien.

S’assurant que plus personne ne viendrait entraver sa progression vers un havre de repos qu’elle estimait bien mérité, Arlène détailla les lieux. Le silence était retombé, les odeurs de fumée et de chair brûlée empuantissaient l’atmosphère, et des cadavres qui n’avaient rien à voir avec ceux de bouteilles jonchaient le plancher malmené. Arlène débloqua les portes de l’église, en franchit le pas et, au moment de refermer l’huis sur le carnage, rappela aux mourants les raisons de leur présence en un tel lieu :

« Unis par les liens du sang, mes cocos. Unis par les liens du sang ! »

*
*   *


« …

- Tu causais d’une troisième mission dans le coin, non ?

- J’y venais, Arlène. Il s’avère que le Caducée…

- Le… ?

- Caducée. Celui qui a poussé les Pirâme et les Bêtise à s’allier.

- Ils se sont alliés ?

- Arlène, je vais oser te demander de te concentrer l’espace d’un instant. Au moins jusqu’à ce que je te demande si tu as compris ce que je viens de t’expliquer. Fais-le pour moi, s’il te plaît, je sens poindre l’une de ces migraines dont tu as le secret.

- Le Caducée… ?

- Le Caducée vient de mettre la tête des deux clans à prix. Celles de Capucine Pirâme et de son père, Moe Pirâme, ainsi que celles de Montague Bêtise et de son père, Bill.

- Il faut donc tuer Bill…

- Parlons plutôt d’élimination, mais oui, c’est l’idée. Bill ainsi que Montague, Moe et Capucine. Leurs clans décapités ne devraient pas leur survivre, telle est l’intention du Caducée en employant nos services.

- On y gagne quoi ?

- Beaucoup, dont un allié qui pourrait s’avérer précieux à l’avenir. As-tu compris ? »


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Arlène Kwinzel
Arlène Kwinzel
V♠
V♠
Millésime 646
Où la Main redéploie ses Doigts.
Millésime 647
Où la Main recommence à faire parler d'elle.
Millésime 648
Où la Main fait respecter son Code.
Millésime 649
Où la Main se pique de noblesse.
Millésime 650
Où la Main s'engage dans un bras de fer.
Millésime 651
Où la Main fait peau neuve.
Escaladeur
Le membre sait s'envoyer en l'air comme personne.
Crocheteur
Cette compétence permet de venir à bout des serrures récalcitrantes. Le membre pourra ainsi pénétrer de l'autre côté des portes interdites.
Furtivité II
Bah dis donc... On t'voit plus aux soirées ! Le deuxième niveau de furtivité permet au membre de se placer dans l'angle-mort de sa cible, en exploitant son environnement, les tiers présents, et les failles dans la vigilance des personnes suscept
Style de combat III
Le dernier niveau du style de combat permet de déceler le point faible chez l'adversaire, mais
Mystérieux Papa Nowel
Pour survivre à Nowel, il faut devenir Nowel.
Désincarné
Au-delà du Seuil, certains restent à demeure.

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[RP] Méfaits de la Main du Valet Noir Empty Re: [RP] Méfaits de la Main du Valet Noir

Message par Arlène Kwinzel 25.10.18 18:51

• LE CADEAU DE MÔSSIEUR J. •

[RP] Méfaits de la Main du Valet Noir 2yBAJb-178087

L’air embaumait du parfum de fleurs épanouies. Les murs d’écorce fendus, çà et là, de larges ouvertures vitrées permettaient à la lumière de pénétrer et de réchauffer les lieux, en faisant une véritable serre résidentielle.

L’arbre creux, pour imposant qu’il fut, avait depuis des mois retrouvé une seconde jeunesse avec l’installation d’une rouquine à la peau blafarde préférant la compagnie des plantes à celle des humains.

« Ça fait si longtemps, ma petite timbrée ! » se réjouissait l’occupante des lieux en serrant dans ses bras une jeune femme à la peau poudrée vêtue d’une tenue bigarrée et coiffée d’une cagoule à grelots.

« Je sais, Cerille, je sais, s’amusait l’autre avant de se mettre à siffler, perplexe. La dernière fois remonte à quand ? »

Toutes deux s’installèrent sur d’amples coussins de fibres, alors que se mettait à bouillir l’eau d’un petit récipient.

« Eh bien… se remémora l’hôte. Tu avais gagné cet immeuble de la foire d’Empouayn et…

- Ah, oui !
la coupa son invitée. Après que j’aie récupéré la piécette ! »

La dénommée Cerille hocha de la tête.

« ‘faut croire que sa réputation était méritée, ma grande ! Une partie d’cartes à laquelle je n’ai d’ailleurs toujours rien compris et l’tout était dans ma poche, assura la cagoulée dans un concert de tintements métalliques. D’ailleurs, tu m’avais lâchée juste après la signature de la queue de propre en été, non ?

- L’acte de propriété, Arlène, l’acte de propriété
, la corrigea patiemment la rouquine. J’avais à faire ailleurs, oui, mais j’ai quand même pris le temps de vérifier pour toi que ce document ne cachait aucun mulou. »

La dénommée Arlène gloussa et claqua une bise sonore sur la joue de son amie.

« Tu es un amour ! Qu’est-ce que je ferais sans toi, gredine ?

- Je préfère ne pas l’imaginer, mais j’aimerais bien que tu me le racontes. Alors, cet immeuble ? »


L’eau avait fini de bouillir et refroidissait lentement dans deux tasses de terre cuite dans lesquelles infusait une herbe à l’arôme entêtant.

« Oh, Cerille, il est merveilleux, tu devrais le voir ! Il est situé pile le long d’une des grandes avenues. Le rez-de-chaussée et le sous-sol sont occupés par l’attraction de Monsieur Sim Istre : la Maison des Erreurs !

- Charmant. Qu’y trouve-t…

- Le premier étage servait de débarras et de fourre-tout à mon arrivée et le dernier étage est compartimenté en différentes petites pièces dans lesquelles vivent des travailleurs d’Empouayn. J’ai des locaux à terre, Cerille, tu te rends compte ?

- Des locataires ?
traduisit la préparatrice d’infusions.

- C’est ça ! Y a Sim, évidemment, Gros Toine, le gars Mino, Ed Crâne d’Oeuf, Reine… On vit tous ensemble ! Ou presque. J’ai ma propre piaule, eux les leurs, et ils me payent pour conserver leur place chaque mois. »

La femme aux plantes leva un fin sourcil.

« Ça en fait du monde, petite fleu…

- Et encore,
l’interrompit Arlène, ça, c’était à mon arrivée ! Depuis, on a recueilli une bande d’animaux qui occupent désormais tout le premier étage !

- Une bande d’animaux ?

- De pauvres bestioles condamnées à finir dans les pâtés et les sandwiches d’une des échoppes d’Empouayn. »


Les yeux de la femme aux grelots s’embuèrent.

« Oh, Cancerille, il fallait les voir avec leurs yeux de chienchiens battus et leur frimousses de chachas en mal d’amour ! Ils étaient promis à une mort atroce, il fallait faire quelque chose !

- Et, manifestement, tu as fait… quelque chose
, soupira son amie.

- Oui ! Bon, je n’avais pas prévu que leur nombre augmenterait aussi rapidement, mais…

- Comment ça ?

- Oh, ben… Au bout d’un moment, les femelles ont commencé à avoir des petits et…

- Arlène, de combien d’animaux me parles-tu, exactement ?

- Ça dépend.

- De quoi cela dépend-il, Arlène Kwinzel ?

- Ben… On parle du nombre d’animaux avant ou après l’épisode des perrokwaks ?

- Je… je crois que je ne préfère pas savoir, en fin de compte. Dis-moi, chérie, ne sont-ils pas un peu à l’étroit, tes petits protégés ?

- Les copains ? Oh, non, ils logent dans la baraque depuis un bail !

- Je te parle de tes autres protégés, ceux qui aboient, feulent et caquettent. Ils doivent faire leurs besoins partout, qu’en est-il de l’odeur et de l’état des lieux ?

- Oh, tu sais, on s’habitue… Et on a trouvé une chouette solution pour l’évacuation des déchets : Gros Toine a bricolé une cacatapulte sur le toit, et…

- Epargne-moi les détails. Je passerai, à l’occasion, pour constater l’étendue des dégâts.

- Chic alors ! Je te ferai visiter la foire ! On va tellement s’amuser, ça fait longtemps qu’on n’a pas fait de sortie entre filles ! »


Arlène trépignait sur son coussin, extatique à l’idée de pouvoir profiter de la future venue de sa comparse. Cette dernière, jolie plante, gardait les pieds sur terre.

« Bon, et à part ça, rien de neuf ? demanda-t-elle alors qu’elle ouvrait et présentait un coffret de cristaux de sève d’érable sucrier à la visiteuse.

- J’ai revu Monsieur J. » répondit innocemment Arlène en engloutissant une pleine poignées des délicieux bonbons.

La nouvelle surprit Cancerille.

« Tu l’as revu ? s’inquiéta cette dernière. Quand ? Où ? Comment ?

- C’est un peu compliqué, ‘tends, j’te raconte.

- Les choses ne sont jamais simples avec toi, Arlène. Jamais simples... »


*
*     *

La présence de l’acrobate aux clochettes à la foire d’Empouayn n’avait rien d’innocent. Il lui avait été demandé de suivre la trace d’une statuette destinée à être vendue lors d’enchères organisées au cours de l’un des événements annuels des lieux : la Vendition.

Cette vente aux enchères drainait systématiquement une certaine clientèle aux mains bien trop petites pour contenir tout l’argent qu’elle possédait.
L’entrée était sélective et, pour une liste d’attente comprenant près d’un millier de noms, seule une poignée d’inscrits était officiellement tirée au hasard chaque année.

Officieusement, il s’agissait d’une vente essentiellement destinée à la pègre dont les billets d’entrée avaient, depuis belle lurette, déjà été expédiés aux personnes concernées.

On y vendait de tout, de l’innocence de quelques esclaves aux corps de rêve aux objets de légende, en passant par des perles dont la rareté n’avait d’égale que la réputation.

Arlène était venue pour le Lynx Rose : une statuette féline d’une trentaine de centikamètres sculptée dans un rubis unique et dont le cou était orné d’un collier d’or pur.
Si le corps de la statuette valait déjà une petite fortune, ce n’était rien en comparaison de ses deux yeux qui, à eux seuls, auraient suffi à équiper une petite armée. En effet, les mirettes n’étaient rien d’autre que deux diamants, l’un rose et l’autre rouge, issus des entrailles de la fameuse et non moins introuvable Mine de Boo.

Chaque lot de la vente avait été exposé au préalable dans une salle sécurisée et gardée par un nombre honteusement élevé de vigiles, de façon à ce que les potentiels acheteurs puissent jeter leur dévolu sur l’un d’entre eux. Les lots, bien sûr, pas les vigiles.

C’est donc en tenue de soirée qu’Arlène déambula dans les allées de la salle.

Après avoir admiré les toiles de maîtres, apprécié des joyaux incomparables et s’être rincé l’oeil devant l’anatomie de quelques captifs, hommes et femmes, rapportés de lointaines contrées, l’arlequine qui avait tout d’une femme du monde, ce soir-là, prit le parti de visiter le pavillon dédié à la faune qui serait mise en vente quelques heures plus tard.

Afin de ne pas importuner l’odorat délicat des invités, on avait masqué les fragrances animales à grands renforts d’huiles essentielles, tant et si bien que l’on se serait cru dans un champ de fleurs s’il n’y avait eu les grondements, jappements et autres cris plaintifs ou énervés des occupants des cages installées pour l’occasion.

Sur ce perchoir de cuivre, un oiseau rare. Dans ce bassin, un crocodaille doré. A l’intérieur de ce vivarium, une serpète bicéphale et multicolore.

L’ambiance n’était guère à la fête, et l’infiltrée partageait l’humeur des captifs, mais, si elle s’attendait à devoir faire face à pareille tristesse, l’Arlène n’avait absolument pas anticipé le choc qui allait être le sien, une poignée de secondes après avoir dépassé une Truche solitaire et neurasthénique.

Là, dans une cage aux barreaux mordillés bien que renforcés, tournait en rond un couple de léolhyènes. Les deux créatures au pelage tacheté s’ennuyaient ferme et leurs ricanements exprimaient davantage la mélancolie que la joie de vivre.

Pourtant… Pourtant, à la vue de la jeune femme, les deux rieuses redressèrent leurs têtes affreuses ainsi que leurs oreilles pointues, se ruant contre les montants de leur geôle d’acier, glapissant à qui mieux mieux.

Arlène était estomaquée et il fallut plusieurs secondes avant que l’habituelle bavarde ne parvienne à articuler quelques mots :

« Mes… Mes bébés ! »

Les léolhyènes hurlèrent en retour.

Les colliers passés autour de leurs cous musculeux ne trompaient pas.

« Boud’ ! Lou’ ! »

Dans l’euphorie du moment, la visiteuse faillit enjamber la barrière qui la séparait encore de la cage de ses deux protégés, mais un duo de vigiles l’en empêcha, la reconduisant dans la salle principale.

« Ne vous en faites pas, mes trésors ! hurla-t-elle à l’adresse des deux léolhyènes alors qu’on la traînait, manu militari, hors du pavillon zoologique. Maman revient ! Maman rev… Hé, ce sont vos pieds, ça ? Vous chaussez du combien ? »

*
*     *

La vente allait débuter et les pensées de l’arlequine ne tournaient plus qu’autour de la présence de ses deux merveilles, enfermées loin d’elle, destinées à être achetées par quelqu’un qui ne pourrait jamais autant les aimer qu’elle.

Boud’ et Lou’ lui avaient été offerts par son Pou-dingue d’amant, le sémillant Jacques Kerr, et étaient restées avec lui lorsqu’ils s’étaient brutalement séparés.

Comment se faisait-il que les léolhyènes se soient retrouvées à la Vendition de la foire d’Empouayn ? Monsieur Kerr était-il dans les parages ? Etait-ce lui qui avait cherché à se débarrasser de leurs bébés ricaneurs ? Pensait-il pouvoir oublier son Arlène en accomplissant un tel acte ou bien lui était-il arrivé quelque chose ? S’était-il fait du mal à cause de son départ, à elle ? S’en était-il voulu jusqu’à commettre l’irréparable en ne parvenant pas à la retrouver ? Etait-elle responsable de la mort de son Kouin-Kouin autant haï qu’adoré ?

« … le prochain lot est constitué d’un couple de deux créatures exotiques nommées léo...léol...hyènes. Mise à prix : soixante-mille Kamas pour la paire. Soixante-mille Kamas, allons, qui dit mieux ? Soixante-et-un mille. J’ai une offre à soixante-et-un mille Kamas. Soixante-deux mille Kamas à ma droite. Soixante… »

Arlène agita au-dessus de sa somptueuse mise en plis le petit carton coloré qu’on lui avait remis lorsqu’elle s’était installée. Il lui fallait récupérer ses deux amours et elle était prête à y mettre le prix.
Hélas, d’enchère en surenchère, ses réserves ne lui permirent pas d’avoir le dernier mot et les deux animaux furent acquis par un type au nez crochu et au haut-de-forme ridicule qui aurait eu l’air d’un Mansot si la teinte de sa peau avait été plus bleutée.

L’acrobate bouillait d’une rage qu’elle peinait à contenir, mais parvint à rassembler le peu d’attention qui lui restait pour découvrir qui avait acheté le Lynx Rose.

Les lots seraient remis à leurs acquéreurs le lendemain, de façon à ce que les invités puissent prolonger le plaisir de leur contemplation en se targuant d’avoir réussi à mettre la main sur telle ou telle pièce d’exception devant leurs connaissances, amies ou ennemies, forcément vertes de jalousie.

*
*     *

Arlène ne pouvait attendre. Elle profita donc de l’obscurité nocturne, une fois les derniers invités partis, pour retourner sur les lieux de la vente dans une tenue bien plus adaptée à la cabriole.  Les vigiles qui croisaient son chemin finissaient au pays des rêves, ligotés et délivrés de leur trop lourde tâche d’un léger coup de maillet sur l’occiput. Enfin, « léger », façon de parler.

Les rondes des gardiens s’espaçaient au fur et à mesure que l’irrévérencieuse progressait dans le bâtiment de la Vendition et, bientôt, l’arlequine parvint dans la principale salle d’exposition, celle-là même où trônaient les acquisitions luxueuses d’une poignée de malfrats encore ignorants du sort qui attendait l’un d’entre eux.

Dépassant la toile lacérée du génial collectif artistique des Six Banques, se faufilant entre deux bustes de Gros d’Un, faisant signe de se taire à deux captifs ensommeillés aux corps huilés, Arlène progressait d’allée en allée.

Elle était sur le point d’atteindre le pavillon zoologique lorsqu’une formidable poussée dans son dos l’envoya rouler-bouler quelques kamètres plus loin, fort heureusement sans briser le moindre bien de valeur au passage.

L’acrobate se remit vivement sur ses pieds, en alerte, mais ne put éviter la lanière qui vint s’enrouler, dans un claquement sec, autour de son avant-bras droit. Un fouet ?

Pas le temps de se poser davantage de questions, l’Arlène tira avec force sur la longe de cuir, attirant à elle une silhouette élancée.

Un feulement irrité accompagna ce contre inattendu et une paire de pattes griffues se tendit aussitôt en direction du visage de la poudrée.

Arlène reçut son mystérieux agresseur avec les honneurs, le déstabilisant et le faisant chuter. Hélas, mû par une souplesse féline qui égalait – voire surclassait – la sienne, son adversaire parvint à se libérer de l’étreinte de la cambrioleuse.

Les coups de griffes succédèrent aux coups de pieds, les tentatives d’estourbissement répondaient aux claquements de fouet et, lorsqu’il fut clair que ni l’une ni l’autre ne parviendrait à prendre l’ascendant sur son adversaire, les deux intrus mirent fin aux hostilités, se jaugeant dans la pénombre.

Arlène délaissa sa posture défensive en se redressant, tendit une main gantée en direction de sa rencontre nocturne et lui sourit franchement, un rayon de lune venant se réfléchir sur l’émail de ses dents.

« Arlène Kwinzel, enchantéééée… » murmura-t-elle à l’adresse de l’inconnu.

Un inconnu qui s’avéra être UNE inconnue lorsqu’elle prit la parole.

« Parce que tu penses que je vais te donner mon nom ? Cracha-t-elle. Chérie, je ne suis pas folle, ronronna son interlocutrice alors que ses prunelles dorés déchiraient les ténèbres relatives des alentours.

- Oh ? Tant pis… T’es là pour quoi, ma grande ? Sers-toi, hein. Cette pièce ne m’intéresse pas : je suis seulement venue récupérer mes deux trésors, mes tout petits, et je m’en vais ! Ils sont dans l’autre salle.

- Vraiment ?
s’étonna l’autre, un brin désarçonnée. Et moi qui pensais que tu en avais après la même chose que moi ?

- T’es pas là pour des animaux, rassure-moi ?

- Des animaux ?
ricana l’interlocutrice mystérieuse. Non ! Ce soir, je me contenterai d’une statuette.

- D’acc’, faisons comme ça ! Je récupère mes bébés, et toi ta… Minute, quelle statuette ?

- Ça ne te regarde pas
, miaula la chachatte voleuse.

- Oh, chaton… J’disais ça pour t’aider, tu sais. Si c'est l'Lynx Rose, t’auras peut-être besoin d’un coup d’main ou deux, vu le nombre de gardiens qui doivent entourer le précieux bibelot. Si mes bébés étaient de la partie, tu peux être sûre qu’on n’en ferait qu’une bouchée ! »


L’inconnue demeura silencieuse, soupesant la proposition qui venait de lui être faite et calculant ses chances de parvenir à ses fins. Elle avait tiqué à la mention du Lynx Rose et il était vrai qu’avec une aide telle que celle de l’acrobate, ne serait-ce que pour éliminer les inévitables vigiles, elle gagnerait du temps et pourrait se trouver plus loin que prévu de la scène de crime lorsque le vol serait découvert… Mais pouvait-elle lui faire confiance ?

« Passe devant, Kwinzel, finit-elle par concéder. Mais pas d’entourloupes.

- C’que tu peux être méfiante, coquine ! »


Le pavillon zoologique ne représenta aucun réel défi pour les deux intruses : un seul gardien de nuit réalisait mollement sa ronde, titillant, de temps à autre, les animaux les plus inoffensifs. Il rejoignit bien vite ses confrères dans les bras du Méryde des rêves.

Boud’ et Lou’ accueillirent le retour de leur maîtresse avec force ricanements et, lorsque les deux léolhyènes s’avisèrent de menacer son alliée temporaire, Arlène les sermonna gentiment :

« Vilains garçons. On ne mord pas, on ne touche pas et on n’étripe pas la dame. Elle est avec nous et nous allons l’accompagner, elle a besoin de notre aide.

- Je n’irais pas jusqu’à dire que j’ai besoin d…

- Ça nous fait plaisir ! »
la coupa l’acrobate.

Désormais escortées par les deux léolhyènes, Arlène et sa compagne parvinrent non loin du lieu d’exposition de la statuette du Lynx Rose. Comme prévu, la garde avait été renforcée autour de l’objet, du fait de sa grand valeur, et le concours de l’arlequine ainsi que celui de ses animaux ne seraient pas de trop.

Leur affrontement précédent était passé inaperçu, car masqué par le bruit proche des animaux encagés. Cette fois-ci, tel ne serait pas le cas. Il leur faudrait agir promptement et efficacement.

Au signal de leur maîtresse, les léolhyènes bondirent chacune sur un garde. Dans la foulée, la manieuse de fouet se débarrassa d’un autre vigile et Arlène mit hors d’état de nuire les deux derniers surveillants au bout de moult cabrioles.

Après s’être assurée qu’aucun renfort ne viendrait leur tomber sur le coin du râble, la miauleuse se planta devant la cajoleuse de léolhyènes et lui tendit, à son tour, une patte aux coussinets de velours.

Papatte qu’Arlène s’empressa de saisir et de secouer frénétiquement.

« Merci pour ton aide, Kwinzel, sourit-elle mollement. Tu n’étais pas obligée et tu aurais très bien pu me laisser tomber en pleine action, mais tu as tenu parole.

- ‘videmment !
gloussa la timbrée alors que l’apparente adoratrice d’Ecaflip pesait le pour et le contre de dévoiler son identité à une consoeur de la cambriole.

- Leucate, finit-elle par lâcher en défiant la femme aux léolhyènes du regard. Leucate Oumane.

- Et moi, Arlène K…

- Tu l’as déjà dit
, soupira l’inconnue qui n’en était plus une.

- Ah ? Possible ! Bon, tu récupères ta babiole et on décampe ? »


Sur ces mots, Leucate s’approcha à pas de chacha du piédestal sur lequel trônait fièrement l’objet de sa visite.

Le Lynx Rose – car Arlène avait vu juste – était là, à portée de ses griffes, et, bientôt, il rejoindrait sa collection personnelle.

Pourtant, au moment de le remiser dans une besace jusqu’alors sanglée dans son dos, l’Ecaflip marqua un temps d’arrêt, inspectant l’oeuvre d’art sous toutes ses coutures, puis s’en alla récupérer la lanterne sourde d’un des gardiens terrassés.

Intriguée et accompagnée de son duo ricanant, Arlène se pencha par-dessus l’épaule de sa camarade et découvrit en même temps qu’elle que le Lynx Rose avait quelque peu perdu de sa superbe depuis sa vente récente.

Ses deux yeux, splendides et précieux joyaux, avaient disparu et un sourire carmin, manifestement tracé au rouge à lèvres, s’étirait le long des babines de rubis de la statuette aveugle. Sous la base de cette dernière figurait un J de la même couleur.

Arlène déglutit, comprenant finalement pour quelles raisons ses deux trésors avaient fait partie du catalogue de la Vendition.

« Qui a bien pu faire ça ? se hérissa subitement Leucate. J’ai été doublée ! Y serais-tu pour quelque chose, Kwinzel ?

- Promis-juré-craché, j’n’ai rien à voir avec tout ça,
se signa l’insupportable, mais on ferait bien de mettre les voiles ! »

Joignant le geste à la parole, les deux femmes, suivies de la paire de léolhyènes, déguerpirent sans demander leur reste et se séparèrent dans la nuit.

*
*     *

Plus tard, bien plus tard, dans l’abri de Cancerille, alors que crépitent les flammes sous un chaudron de poche de nouveau bouillonnant et que s’étirent les vrilles de quelques végétaux inquisiteurs :

« Donc tu as perdu la trace du Lynx Rose ? s’étonna Cancerille.

- Meuh non… Je sais qui l’a en sa possession, et c’est tout ce qui m’était demandé ! Leucate a le corps. Et les yeux…

- Les yeux, Arlène ?
insista la rouquine.

- … sont avec Môssieur J. concéda l’empoudrée avant de se racler la gorge.

- A ce propos,
changea presque de sujet sa compagne, que sont devenus tes petits protégés ? Tu es venue sans eux, à ce que je vois. »

A ces mots, les yeux d’Arlène s’emplirent de larmes et l’arlequine fondit en sanglots, enfonçant son visage dans le giron de son amie.

« Ceriiiiiiille ! Geignit-elle longuement, régulièrement interrompue par des hoquètements de tristesse. Lorsque j’ai… ai… ai ramené Boud’ et Lou-ou-ouuuu à la maisooooon… J’ai pas ‘u les ‘arder longteeeeemps, beuheuheuuuuuu… Mes pauvres bébééééés… Z’avaient faim, tu ‘omprends ? Hic ! Tu comprends ? ‘pouvais pas les ‘arder là-bas sinon z’auraient ‘ommencé à manger les p’tits chachaaaaaaas, heuheuheuuuuuu… ‘ai dû les placer ailleuuuurs… Snirfl, hoc ! Gros Toine s’est… s’est arrangé ‘vec un zoo privé d’la f… d’la foire pour y abriter mes ché… mes chéris…. Huc, huc… ‘vais les voir s… souvent, tu sais ? Mais pas poss… pas possib’ d’les ‘arder chez moi… Snurfl ! »

Cancerille laissa la pitre vider son sac, lui caressant longuement la cagoule, alors que la bave, la morve et les larmes de son improbable amie dégoulinaient sur sa peau d’albâtre.

Les klounes aussi ont parfois besoin de pleurer.

[RP] Méfaits de la Main du Valet Noir 1yBAJb-4619w200h-Copie[RP] Méfaits de la Main du Valet Noir 1yBAJb-4619w200h
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[RP] Méfaits de la Main du Valet Noir Empty Re: [RP] Méfaits de la Main du Valet Noir

Message par Arlène Kwinzel 09.11.18 21:54


Un grésillement, quelques fragments de voix.

« ...u… tends, Arlène ?
- Pas des masses. »


Les interférences revinrent et disparurent d’un coup.

« Et ainsi ? 
- Ah, oui ! Tu disais ? »


L’acrobate du Pique jactait en solitaire. Du moins, telle était l’impression qu'on aurait pu avoir de la scène, mais quiconque doté d’une ouïe dans la moyenne se serait rendu compte qu’un interlocuteur invisible lui donnait la réplique.

« Notre implication dans la chute d’un concurrent a été compromise. Nous aurions besoin d’envoyer un message fort qui détournerait l’attention qui pourrait se porter sur nous. Et faire un brin de ménage parmi les éventuelles preuves collectées. »

L’arlequine marqua un temps d’arrêt, faisant mine de réfléchir.

« Ménage… façon plumeau ? Finit-elle par demander.
- Ménage façon printemps. »

Les fins sourcils de l’agent de la Main s'arquèrent.

« Oh, lâcha-t-elle avec surprise. Et où c’est-y qu'c’est sale à c’point ? »

Une série de chuintements lui répondit :

« Déjà entendu parler de Hambaldad ? »

*
*     *

Les craquements du tonnerre dans le lointain éclipsaient sporadiquement le battement incessant des innombrables gouttes de pluie qui martelaient, autant que faire se pouvait, le moindre obstacle les séparant de leur objectif final : la nappe phréatique de la cité endormie de Hambaldad.

Côté gouttelettes, on était sur du modèle d’exposition. Bien lourdes, carrément humides, n’ayons pas peur de le dire, et foutrement impartiales. A croire qu’elles n’avaient pour seul but que de rendre spongieux, glissant et définitivement plus mouillé à l’extérieur qu’à l’intérieur tout inconscient se pavanant sur leur chemin. Il fallait avoir un sacré grain pour se retrouver, en nocturne, sous pareil... grain. Sous pareil orage, soit.
D’ailleurs, côté pluie, on était sur de la battante patentée, partie pour durer et relativement gonflée niveau viciosité. Gonflée, parce que s’il n’y avait eu que la flotte, allez, disons que ç’aurait pu aller, mais il fallait aussi compter sur le vent. Un zéph’ façon soufflante, hein, un de ceux qui ne rigolent pas sauf de la mouille de ceux qu’ils déséquilibrent.

Un sale vent bien fumasse. Une sale pluie bien dégueulasse. Une arlequine se hissant sur une terrasse.

Ça glisse, ça zippe, ça chancelle, mais ça reste debout. T’façon, c’pas en tombant le cul dans l’eau que le fessier galbé de l’acrobate pourrait s'humidifier davantage.
La plouc du Pique, plic-plic-plic, dégouttait, dégoûtée d’avoir eu à gratter par ce temps qui se gâtait.

Dans le lointain, donc, parmi les éclats suivant les éclairs, derrière le rideau sonore de la pluie — qui aurait pu lui plaire — l’alerte Arlène décelait les tintements entêtants des cloches de l’attelage d’un équipage de traqueurs de flammes en vadrouille.

‘faut dire que ça cramait, du côté de Hambaldad. Et de son palais de Justice, plus précisément.

« Oh, juste un qui se hisse ! Qui se hisse tout seul, comme un gland, à la force des cervicales. Le long d’une corde roide, raide, rendue rigide par le poids des secrets. Que n’aurait-il pas donné ce coquin, ce gredin, ce sacripant, pour se retrouver à buller, ailleurs, dodo faisant, qu’en son misérable gourbi, enfoui sous des cartons compromettants ? Quelle idée, aussi, de prétendre vouloir faire le mort après avoir été r’péré… Côté prétention, le zouave ne s’attendait pas à dépasser ses espérances, quand on tend une perche… »

L’escaladeuse détrempée, certaine de ne pas s’être trompée, énuméra la liste de « ses » envies. Le parcours qu’elle devait suivre en cette nuit. Les commissions dont elle avait été chargée. La course qu’il lui fallait réaliser parce que quelqu’un, quelque part, à un certain moment, s’était pris les pieds dans l’accroc d’un tapis finalement mité bien qu’apparemment solidement tissé.

Tapis, tapis, remettre la choses sur le tapis.

Taper au carreau. Attendre une réponse. Autre que le silence de l’innocence onirique, voilé par un concert en drache majeure.

Taper dans le carreau. Obtenir une réaction, bien trop lente pour empêcher qui que ce soit de mal avisé de déverrouiller les doubles-battants de la chambre avec terrasse.
Bien trop lente pour éviter que qui que ce soit d’antipathique ne couvre la distance entre les rideaux opaques et les couvertures d’un lit qui d’abri chaleureux se transforme en scène de crime aussi froide que fatale.

« Hou ! » eut à peine le temps de hululer l’endormi-qui-ne-l’était-plus-tant-avant-de-ne-plus-pouvoir-espérer-se-réveiller.

« Bouh ! » lui répondit l’amène Arlène tout en le garottant.

« Rien de personnel, crut-elle bon de rassurer sa victime désignée. C’est pour le boulot. »

Sa proie désormais chiffe molle et déchue de son piédestal, la meurtrière la pluma consciencieusement.

Des rémiges de l’assassiné, Honorable Juge de Paix du cru, l’intruse se fit un bouquet.
Sur le cadavre encore chaud, elle laissa choir… Non, elle posa carrément en évidence un carton plié en deux que la milice découvrirait le lendemain, à mi-journée, alors qu’elle serait déjà loin.

Dessus, les sbires du magistrat découvriraient un message qui ferait les choux gras de la presse quelques semaines durant :


Avec les compliments de Monsieur Midofis.


Sa sinistre besogne accomplie, l’insupportable oiseau de nuit retourna sous la pluie et s’effaça derrière l’un des rideaux aqueux qui se déversaient en cette nuit d’été sur la petite cité de Hambaldad. Alors que, dans le lointain, claquaient les éclairs, grommelait le tonnerre, hurlaient les cloches des pompiers et grinçait la charpente embrasée d’une salle des scellés appartenant désormais au passé.

Les gazettes titreraient, les jours suivants, tout et n’importe quoi sur l’affaire du Palais de Justice, du Juge Depet et du greffier retrouvé pendu.

Le dernier aurait attenté à la vie du second et détruit les preuves à charge contenues dans l'une des salles du premier pour le compte d’un réseau de trafiquants de drogue.

Le deuxième se serait attiré les foudres des complices d’un baron du crime qui se faisait passer pour un honnête maître artificier.

Des admirateurs pyrotechniciens auraient voulu laver l’honneur et blanchir la mémoire de leur idole disparue en supprimant tout ce et ceux qui l’avaient salie et pouvaient encore le permettre de par leur simple existence.

*
*     *

Un grésillement, quelques fragments de voix.

« Et… tenant, tu ...entends ?
- Voui-voui-voui. »


Les interférences revinrent. Sans disparaître, cette fois.

« Celui que tu app... « le Vieux » a bien reçu... colis.
- Ah ?
- Je m’étonne à ce… ujet. Depuis quand collect...tu ce genre de…rophées ?
- Des trophées ? Catastrophe !
- ...n’en sont pas ?
- Tout n’était pas attaché à un manche ?
- Pas à... connaissance, non. A moins que l’en...semble n’ait souffert... transport. Oui, maintenant que tu... dis, nous nous sommes ...terrogés sur la signification de… tige de roseau parmi le res...te.
- ‘sont belles, ces plumes, hein ?
- Si tu… dis… ourquoi ?
- C’pas tout le monde qui peut s’targuer de passer le Plumeau de la Loi chez soi sans que cette dernière ne vienne y faire le ménage, huhuhu !
- …
- Huhuuuuuhuhuuuuuhuhuihihihiiiiiiihihihi !
- …
- Hihihihihiaaaaaaaaaaar !
- ...e « Vieux » a souri. A ...ientôt. »


[RP] Méfaits de la Main du Valet Noir JFBAJb-plumeau-analyse
Arlène Kwinzel
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V♠
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Millésime 646
Où la Main redéploie ses Doigts.
Millésime 647
Où la Main recommence à faire parler d'elle.
Millésime 648
Où la Main fait respecter son Code.
Millésime 649
Où la Main se pique de noblesse.
Millésime 650
Où la Main s'engage dans un bras de fer.
Millésime 651
Où la Main fait peau neuve.
Escaladeur
Le membre sait s'envoyer en l'air comme personne.
Crocheteur
Cette compétence permet de venir à bout des serrures récalcitrantes. Le membre pourra ainsi pénétrer de l'autre côté des portes interdites.
Furtivité II
Bah dis donc... On t'voit plus aux soirées ! Le deuxième niveau de furtivité permet au membre de se placer dans l'angle-mort de sa cible, en exploitant son environnement, les tiers présents, et les failles dans la vigilance des personnes suscept
Style de combat III
Le dernier niveau du style de combat permet de déceler le point faible chez l'adversaire, mais
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[RP] Méfaits de la Main du Valet Noir Empty Re: [RP] Méfaits de la Main du Valet Noir

Message par Arlène Kwinzel 27.02.19 0:20

• LE MYSTÈRE DE L'OPÉRA DU GARS NIAIS •

[RP] Méfaits de la Main du Valet Noir IFBAJb-loupe


C’était la fin de l’été. Madame Paulette aurait trouvé quelque chose à redire sur ce début de soirée, mais pas moi. Il faisait chaud, ça oui, même lourd, mais l’arrivée de l’orage imminent allait balayer tout ça et nous rafraîchir un bon coup.

Qu'elle était belle, Madame Paulette ! Encore plus que d’ordinaire... C’était rare de la voir habillée de la sorte, mais l’occasion s’y prêtait : elle nous avait obtenu deux places pour la dernière représentation de la saison à l’opéra du Gars Niais, aussi avait-elle emprunté un costume de soirée à un débiteur.

Je m’étais d’ailleurs étonné qu’elle ait pu trouver les fonds nécessaires à l’achat de tels billets, mais elle m’avait répondu sur ce ton grognon qui fait partie de son charme indescriptible :


« Te fais pas d’bile, chéri, et reste concentré : tout ça, c’est pour le travail. »


Savoir que j’allais pouvoir accompagner Madame Paulette sur le terrain, moi, ça m’avait rendu tout chose. J’avais enfilé ma plus belle tenue — celle des grandes occasions avec le kilt en soie de Néfileuse et le jabot de dentelle —  histoire de rendre hommage et à ma patronne adorée et à l’établissement prestigieux dans lequel nous passerions la soirée.

L’opéra du Gars Niais, ce n’était pas n’importe quel boui-boui, ça non !

On n’y voyait que des gens de la haute y pénétrer, que du beau monde... De l’éclat, du paraître, de la classe et de la célébrité ! Voilà ce qui faisait le vernis de l’endroit, en-dehors des lustres, colonnes, velours et autres dorures.

Je peinais à suivre Madame Paulette, sur les pavés secs et inégaux. Il faut dire que j’avais opté pour des talons de douze, ce qui, à la réflexion, n’était pas la meilleure des idées.

C’est donc en clopinant, manquant à plusieurs reprises de me tordre la cheville, que je tentais de me maintenir à la hauteur de mon employeuse émérite, la quarantième détective « Comme Hic » de Sa Majesté : Paulette Véjenair.

Les ruelles se vidaient en prévision de l’orage à venir, même si des odeurs de grillades venaient emplir nos narines alors que nous progressions d’une rue passante à une avenue marchande, preuve, s’il en était, que quelques gouttes d’eau n’entameraient pas la détermination de certains carnivores des environs.

La silhouette reconnaissable du Gars Niais se dessinait, droit devant nous, et Madame Paulette jugea bon de me mettre dans la confidence quelques minutes avant de parvenir devant notre objectif.


« Poupée, me complimenta-t-elle, ce soir je t’veux alerte. On sort pour le boulot, alors pas de boulette.

- Oui Madame
, obtempérai-je.

- Si tout se passe bien, on en finira une bonne fois pour toutes avec ce foutu espion. »



L’espion… Ah, l’espion que Madame Paulette traquait depuis maintenant des mois ! Un redoutable adversaire —  mais pas assez pour l’emporter face à Madame Paulette —  qui avait tout d’une épine dans le pied de Notre Bon Roi Allister.

Il avait réussi à s’emparer d’une formule secrète destinée à je-ne-sais-quoi —  étant donné qu’elle était secrète — mais qui ne devait surtout pas se retrouver aux mains de l’Ennemi. Et, ce soir, l’Ennemi pouvait être tout le monde car le filou devait vendre son larcin à un contact inconnu.


« Ouvre les yeux, chéri, me glissa ma patronne dans un grognement. On y est. »


Et, pour y être, nous y étions. L’opéra nous écrasait de toute sa présence, édifice monumental auprès duquel les merveilles architecturales environnantes faisaient pâle figure.

Des spectateurs patientaient déjà devant les portes encore closes, les uns derrière les autres, sur les marches de marbre blanc tapissées de rouge. Dans cette file, se trouvait notre cible.


« C’est le type devant nous. » Indiqua Madame Paulette. 


Elle m’avait désigné un homme élancé, les cheveux relevés en catogan. Un faux brun, me sembla-t-il, car je crus reconnaître la couleur de la teinture qui faisait fureur à cette époque : Choc Ohlala. Bien apprêté, un léger complet carmin sur les épaules, de beaux souliers cirés… Il savait s’habiller !

Derrière l’espion présumé se trouvait un petit homme rond à la moustache si démesurée et cirée qu’elle dépassait de chaque côté de son visage. Vêtu d’une queue de pie démodée, coiffé d’un haut-de forme de toile, il s’appuyait fermement sur une canne épaisse qu’il faisait rebondir, de temps à autre, sur les marches molletonnées. Il se tamponnait régulièrement le visage à l’aide d’un mouchoir brodé de ses initiales tant l’air était lourd.


« Philéas Goblepot, marmonna Madame Paulette. Un riche restaurateur qui trempe dans des affaires louches. Je m’occuperai de son cas, mais pas ce soir. Vise plutôt le joli petit lot qui nous tourne le dos, juste derrière ce vieux requin. »


Celle dont je n’avais pu discerner les traits à cause de la voilette qui lui recouvrait le visage, jusqu’à présent, se retourna pour faire signe à quelqu’un qui se trouvait derrière nous, au bas des marches.


« Chassa Dix-Stèles ! Ooooh, j’adore ce…

- Discret, poupée, discret
, me coupa Madame Paulette. »


Je me fis violence pour ne pas demander un autographe à la célèbre chanteuse, aussi connue pour le son de la voix que pour le nombre de ses amants. Je n’eus d’ailleurs pas davantage de temps pour m’extasier devant la beauté de ses traits et l’harmonie de ses formes moulées dans un fourreau de satin vert d’eau car nous fûmes bousculés par un malappris à la redingote anthracite qui se jeta dans ses bras. Sa tenue était assortie à celle de la blonde - vulgaire - qui était pendue à son bras. Je me doutais bien de quelle manière ils comptaient terminer leur soirée, vu comment l’un regardait l’autre, mais pris soin de ne pas évoquer le sujet devant mon employeuse.


« Chassa, chère Chassa, quel plaisir, quel délice et quelle agréable surprise de vous voir ici, ce soir ! s’époumona le malotru en nous grillant la priorité. »


Soucieux de ne pas provoquer un esclandre qui aurait attiré l’attention sur notre couple, nous fîmes profil bas, mais grise mine.

La patronne m’expliqua que l’homme était un imprésario connu et reconnu, tant pour ses frasques que pour les vedettes sur lesquelles il avait réussi à mettre le grappin.

Pour passer le temps autant que pour éclairer ma lanterne, Madame Paulette me déroula le palmarès des spectateurs qui se trouvaient devant l’espion.

Si la pègre avait décidé d’organiser une sortie culturelle, il fallait croire qu’elle avait choisi ce soir-là : la patronne identifia Eros Erozet, attaché de l’ambassade brâkmarienne et spécialiste en « acheminement» de malles diplomatiques, Stanis Yilist le marchand d’armes, Ego le Chuchoteur Morbide, l’exsanguinatrice comtesse Aurore Du Pal ainsi que l’alchimiste Woullie Belletrace.


« Et derrière nous ? Murmurai-je sans me retourner.

- Pas notre affaire, répondit Madame Paulette sur le même ton. Les hommes du Roi s’en chargent. »


A ces mots, les portes s’ouvrirent enfin et la file commença à pénétrer doucement dans le hall d’entrée de l’opéra. Progressant jusqu’au vestiaire, j’en profitai pour ne rien louper du faste et du luxe de l’endroit. Les ouvreurs étaient aux petits soins et nous saluaient tous les uns après les autres.

Parvenus à un comptoir d’ébène et au plateau d’une pierre polie aux veines blanches, on nous débarrassa de nos affaires avant de nous remettre, à chacun, un jeton d’ivoire numéroté.


« C’est pour trouver notre place dans la salle ? J’ai le numéro douze, et vous ?

- Onze,
sourit la patronne comme elle seule savait si bien le faire, ne le perds pas. T’en auras besoin à la sortie si tu veux récupérer ton veston, mon mignon. Nos places sont là-bas, dit-elle en désignant une rangée proche de la scène. »


Un laquais guindé nous guida jusqu’à nos sièges et je remarquai que, d’où nous nous trouvions, nous avions une vue directe sur notre « ami ». Au bout d’une rangée, le bougre était occupé à saluer de la main quelques connaissances.

Dans le brouhaha ambiant, le reste de la foule avait elle aussi commencé à s’installer, Madame Paulette s’autorisa quelques confidences.


« Attraper le type pour récupérer la formule maintenant n’aurait aucun sens.

- Ah bon ?
M’étonnai-je.

- Ce qu’il nous faut, c’est son contact. Que l’on sache pour quelle puissance étrangère il magouille. Et, ça, on ne pourra le savoir que si l’échange a lieu. »


La patronne se redressa sur son siège, aux aguets, alors que l’orchestre de la fosse accordait ses instruments dans une mélopée cacophonique.


« R’garde un peu qui s’est assis à côté de notre homme.

- Stanis… Yilist ? Le marchand d’armes ?

- Tout juste. Et derrière eux, on retrouve ta Chassa, son ami et sa greluche.

- Oh, regardez, devant notre homme !
Soufflai-je.

- Oui, je les ai vus également. Erozet et Belletrace. »


La comtesse Du Pal vint compléter ce sinistre tableau et le détenteur de la mystérieuse formule se retrouva bientôt cerné par un banc de crapules notoires, dont certaines faisaient partie des personnes qui s’étaient retrouvées derrière nous dans la luxueuse procession qui s’étirait devant l’opéra, quelques instants plus tôt.

Reine Brocolis l’avocate du Crime, Jailun Agnasse le Paranoïaque, et le faiseur de ragots Ed Neigeux étaient les plus fameux d’entre eux.

Tous se trouvaient à portée de l’objet de notre attention : ce voleur de formule traître au Royaume d’Allister.

Aux regards en coin que lançait Madame Paulette, je pus deviner que les renforts s’étaient positionnés, prêts à intervenir au moindre signe d’un début de transaction, alors que notre cible venait de commencer à converser avec ses voisins directs, semblant en reconnaître quelques-uns pour qui il eut des mots apparemment charmants. Il ne fallait rien louper de ces échanges, mais l’obscurité allait compliquer la surveillance et…

Ah, voilà ! Les lampes commencèrent à s’éteindre, et la lumière à faiblir progressivement.
La pénombre se fit, trois coups furent frappés, et le silence quasi-religieux qui s’était emparé de la salle laissa place à une première note, bientôt suivie d’une sarabande de ses semblables. Le spectacle avait débuté.

Malgré notre vigilance constante, nous ne remarquâmes rien d’inquiétant durant toute la représentation et, lorsque vint le moment de féliciter les artistes, je vis le front de Madame Paulette s’emperler de sueur.

Quelque chose n’allait pas. Elle allait agir.

Après deux rappels et des rougeurs aux mains, les spectateurs commencèrent à se diriger vers les issues et à quitter la salle. C’est ce moment que choisit Madame Paulette pour remonter notre travée en jouant des coudes et en s’attirant les exclamations outrées et scandalisées des notables.


« Pardon. Service de Sa Majesté. Désolé. Veuillez l’excuser, nous… Attention ! » énumérai-je jusqu’à ce que nous atteignîmes les portes de la salle.


Le flot des richards pressés de regagner leurs foyers nous ayant malgré tout ralentis, quelques spectateurs avaient déjà franchi l’huis principal et s’étaient égayés dans l’obscurité de cette nuit d’été dont la moiteur avait laissé la place à la fraîcheur qui suit chaque orage.


« On lance l’interpellation, ordonna la patronne plus qu’elle ne l’annonça aux miliciens en habits du soir. »


Leur officier opina vigoureusement du chef et claqua des doigts en direction de plusieurs de ses hommes qui relayèrent l’information et passèrent à l’action.

En une poignée de minutes, l’espion et ses célèbres voisins furent encerclés et fouillés minutieusement. Durant toute la durée de l’opération, nous nous tînmes à l’écart afin de ne pas attirer sur nous les regards furibards de tant de criminels.

Hélas, on ne retrouva rien sur eux.


« Le vestiaire ! » sursauta soudainement Madame Paulette avant de transmettre sa remarque à l’un des plantons qui se trouvait à proximité.


Les gardes n’y retrouvèrent rien d’intéressant, si ce n’est une importante somme d’argent sous forme de bons du Trésor brâkmarien, dans la redingote du fouineur qui feignit l’indignation.

Malheureusement, rien n’interdisait la possession de pareilles ressources et il fallut laisser filer tout ce sinistre monde. Il était impossible que la formule secrète n’ait pas été retrouvée, car les agents de Sa Majesté s’étaient assurés que l’infâme margoulin l’aurait en sa possession lors de sa venue à l’opéra.

Ecoeurée, Madame Paulette assista au départ de la crapule et de ses semblables, aussi impuissante qu’eux étaient ravis du vilain tour qui venait d’être joué à Sa Majesté.

Ce n’est qu’alors qu’elle s’entretenait avec les miliciens afin de comprendre ce qui leur avait échappé, qu’elle jura et s’écria :


« Vite ! Trois hommes pour rattraper notre lascar. Les autres, avec moi ! »


La patronne n’avait rien perdu de son flair : elle avait découvert où se trouvait la formule. Moi, je me contentai de suivre le mouvement. Vous auriez mieux fait, vous ?



*
*     *



Solution:


[RP] Méfaits de la Main du Valet Noir IFBAJb-15224
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Où la Main fait respecter son Code.
Millésime 649
Où la Main se pique de noblesse.
Millésime 650
Où la Main s'engage dans un bras de fer.
Millésime 651
Où la Main fait peau neuve.
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Bah dis donc... On t'voit plus aux soirées ! Le deuxième niveau de furtivité permet au membre de se placer dans l'angle-mort de sa cible, en exploitant son environnement, les tiers présents, et les failles dans la vigilance des personnes suscept
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[RP] Méfaits de la Main du Valet Noir Empty Re: [RP] Méfaits de la Main du Valet Noir

Message par Arlène Kwinzel 15.08.19 2:18

• L'EAU RONGE-MÉCANIQUE •

[RP] Méfaits de la Main du Valet Noir SHBAJb-15389


La formule dérobée lors de l’opération de l’opéra du Gars-Niais ne mit pas longtemps avant d’être exploitée par les alchimistes de l’Enseigne du Coeur.

Moins de trois mois après son « acquisition » par la Main, la nouvelle de la disparition du document avait fait le tour des réseaux criminels et un contrat impliquant son utilisation finit par circuler.

« Sufokia.
- Tu as avalé de travers ?
- Il s’agit de ta prochaine destination, sur la côte.
- Ah ? Pour quoi qu’est-ce donc que ce faire ?
- Les détails te seront donnés sur place.
- C’est bien vague, tout ça. On accepte ce genre de demande, maint’nant, chez les requins d’la finance ?
- Le commanditaire a versé une avance et il n’a pas rechigné à ajouter un confortable supplément dans le but de compenser l’incongruité de sa demande.
- Y a quelques mots que je ne suis pas certaine d’avoir bien compris, mais pourquoi pas ?
- Voici les détails du lieu de rendez-vous, je vois que tu portes déjà le sac qu’a préparé Emyn. Ah, et… Arlène ?
- Voui ?
- Fais attention. 
- Ooooooh, je savais que ce jour viendrait
, jubila l’agent du Pique. ‘faut pas t’en faire pour moi, Mamatriarche, c’est jamais que l’affaire de quelques jours ! Ça n’peut pas être pire qu’à Boude-la-Peste, avec Collyre ! J’t’ai raconté comment on...
- Le sac, Arlène. Fais attention au sac. Son contenu est fragile.
- Oh. »


*
*      *

Plus tard, bien plus tard, dans le couloir d’une maison de repos sufokienne.

Une toquée toqua du tac au tac, sans l’ombre d’un tic mais avec le staccato taquin, contre le battant attaqué de l’une des huit portes disposées tactiquement de part et d’autre d’un couloir aux murs couverts de tocantes.
La détraquée fit mine d’entrer, après y avoir été invitée. Disons plutôt qu’elle entra carrément en affichant la mine enjouée qui seyait à toute bonne première impression. En soi, elle avait effectivement opté pour sa mine d’entrée, à ne pas confondre avec ses mines grisée et de « créons », mais nous nous égarons.

Retenez seulement que l’arlequine venait de pénétrer dans une chambrette proprette, qui sentait fort le lubrifiant mécanique, le suif… et le vieux.

Non pas que les meubles et la décoration dataient du siècle précédent, loin de là, l’endroit était d’ailleurs fort peu meublé à l’exception d’un bureau et de sa chaise, d’un fauteuil, d’une armoire, d’un lit et d’une table de nuit, mais comprenez dans cette remarque que la petite chambre sentait le vieux à cause de son principal occupant et locataire : un vieil homme.

Enfin, il y avait plusieurs décennies qu’il devait avoir été un homme. En l’état actuel des choses, il ressemblait davantage à un automate brigandin à l’intérieur duquel et auquel un esprit malade — n’est pas Komzar qui veut — aurait greffé quelques membres d’origine douzienne.

Le maître des lieux — qui ne devait déjà pas franchement bien maîtriser sa vessie — était donc engoncé dans son armure de fortune. Il avait la voix rauque et la respiration franchement sifflante, mais il souriait et, ça, ça vous pose un bougre.
Du moins, sa visiteuse supposa qu’il lui souriait étant donné qu’elle avait bien du mal à distinguer son visage, dissimulé derrière une épaisse plaque de verre jaunie.

« Bonsoir-bonsoir, service d’étaaaaaage, annonça-t-elle joyeusement avant de pirouetter en saluant irrévérencieusement son hôte. Arlène Kwinzel, enchantééééée ! »

L’armure vivante éructa ce qui aurait pu passer pour un éclat de rire, dans le cas où l’on aurait appris à glousser à un aspirateur asthmatique.

D’une main de bois et de métal aux articulations surnuméraires, l’hôte de l’arlequine dévissa la valve d’une bonbonne installée à côté de son lit et qui était reliée par un tuyau à l’avant de ce qui lui servait de casque intégral. Le gaz contenu à l’intérieur de l’objet siffla à l’intérieur de la gangue élastique qui se cabra et, après quelques inspirations douloureuses, son consommateur parvint à articuler plus facilement. Il se redressa contre la tête de son lit et invita Arlène à s’installer confortablement.

« Bonsoir. Si j’avais su que la maison employait d’aussi charmantes demoiselles, j’y aurais emménagé bien plus tôt ! »

Il toussa.

« Pardonnez-moi, je dois faire peine à voir… L’homme-machine reprenait des forces et de l’assurance au fil de ses inhalations du mélange gazeux. Je m’appelle Sly. Sly Bjorg. Vous me connaissez peut-être sous le nom du Primalchanceux ? » demanda-t-il avec un soupçon d’espoir dans la voix.

L’acrobate du Pique secoua la tête — et ses grelots métalliques — en signe de dénégation, une moue de regret sur le visage.

« C’est le sobriquet que l’on m’a donné après que j’ai été victime d’une tentative d’assassinat dans les années 590. J’étais un Mercemer — et un fameux — aussi terrible qu’ingénieux. Ce que je porte sur moi, je l’ai conçu moi-même. Cette armure, dans ma jeunesse, m’a donné un avantage incroyable, décuplant ma force, mais elle n’a pas su me protéger de mes amis et elle seule assure ma survie, désormais. Elle est devenue ma prison et ma meilleure alliée, mais, en vieillissant, c’est revenu à devoir trimballer deux-cents kilopods de boudin d’Oni. 
- Ah oui ?
l’encouragea son invitée.
- Savez-vous ce qu’est un Primarche ? » l’interrogea le vieux décati.

Arlène fit mine de réfléchir.

« Mmmh, pas vraiment ! C’est une sorte de moskito ? »

Sly rit, reprit quelques bouffées depuis sa bonbonne, et répondit d’un ton amer :

« C’est un titre honorifique, dérivé de celui de « Marcheur des Grands Fonds », que l’on donne à un Mercemer d’exception qui est parvenu à réaliser la Première Marche sous-marine de l’un des cent-sept océans du Monde des Douze.
- La première marche sous narine ?
- Sous-marine, mon enfant, sous-marine. Une randonnée pédestre dans les abysses, reliant les deux points les plus éloignés d’une même mer ou d’un même océan, à laquelle seuls les plus braves des Mercemers s’attaquent et survivent ! Le tout, sans aide extérieure, à la seule force de la volonté et de l’ingéniosité. Les Mercemers souhaitant devenir Primarches doivent réaliser la traversée d’une mer encore vierge de tout exploit du même type, dans un scaphandre de leur conception sur le plancher des Tilamproies. Et je fus l’un de ceux-là ! »


Arlène ne cacha pas son admiration, sifflant et applaudissant après pareille révélation.

« Vous devez vous demander pourquoi je vous dis tout ça ? s’interrompit le bavard.
- Un peu, voui ! admit son interlocutrice.
- J’ai une proposition à vous faire, et ça n’a rien à voir avec votre jolie paire de fesses.
- Vous trouvez z’aussi
, se réjouit Arlène ? Merci ! ajouta-t-elle en s’agitant sur sa chaise.
- Je vous ai dit que j’ai été la cible d’une tentative d’assassinat.
- Tout juste
, tintinnabula l’acrobate du Pique !
- Et que c’est depuis cette époque que je suis obligé de vivre dans cette armure qui a remplacé bon nombre de parties de mon corps
, rappela le vieillard caparaçonné.
- C’est ça !
- Ce que je ne vous ai pas raconté, c’est comment les choses se sont déroulées pour en arriver là.
- J’ouvre grand mes esgourdes, Sly !
Affirma sérieusement Arlène.
- Pour devenir le huitième Primarche de l’histoire des Mercemers, je m’étais lancé dans la traversée de la Mer Veyeuz. Cela n’avait jamais été tenté et j’avais toutes mes chances car mon scaphandre était solide et me permettait de recycler mes réserves d’air. J’avais même prévu un système d’isolation thermique et de couches absorbantes. J’étais paré, autonome et inarrêtable ! Enfin, ça, c’est ce que je croyais…
- Ah oui ? »


La blonde était pendue aux lèvres vitrées du vieil homme.

« J’avais réalisé mon périple abyssal aux trois quarts, ma réussite ne faisait plus aucun doute, quand le Sang d’Acier s’est porté à ma rencontre et…
- Le Sang d’Acier ?
- Chaque Primarche a le privilège et l’honneur de recevoir l’autorisation de commander une véritable forteresse sous-marine ambulante de sa conception
, précisa Sly Bjorg. Le Sang d’Acier était l’une d’entre elles et appartenait à Prosper Meraimée, l’un des sept Primarches. Le Mercemer le plus ingénieux de notre génération, disait-on…
- Et ensuite ?
- J’ai été happé à bord. La manœuvre m’a terrifié car elle signifiait l’invalidation immédiate de ma Première Marche, du fait qu’elle représentait une aide apportée à mon entreprise, même si je ne l’avais pas sollicitée.
- Oh, coup dur
, compatit sincèrement Arlène
- Ah, les coups… Ça… Ils ont rapidement plu, une fois que je suis arrivé sur le pont principal ! Tous les Primarches m’y attendaient, en tenue d’exploration pour certains, en tenue de combat pour d’autres. Tous, ils étaient tous là ! Les sept d’entre eux... »


Sly bouillait de rage.

« Olga, Prosper, Oscar, Lash, Arty, Bigorniot et même Bachir ! Ils m’ont tendu ce traquenard quand ils se sont rendu compte que j’étais sur le point d’accomplir un exploit… Mon exploit ! Ces traîtres… Ils se sont moqué de moi, m’ont menacé, injurié, mais je ne m’attendais pas au pire…
- Ils vous ont volé vos couches ?
S‘offusqua la glousseuse.
- Non, mon enfant. Non… Ils ont fait bien pire. Ils m’ont révélé qu’aucun d’entre eux n’avait jamais réussi la moindre Première Marche. Tous, du plus aimé à la plus détestable, avaient triché à un moment ou un autre et chacun d’entre eux était le complice de ces impostures. Ils pensaient que j’allais échouer, comme eux, et comptaient m’offrir une place à leurs côtés, moyennant retour sur investissement, et en échange de mon silence coupable, comme ils en avaient jadis fait le choix, mais ils ont changé d’avis lorsque ma victoire était devenue évidente. Alors, ils m’ont battu et m’ont rejeté à l’eau, me laissant pour mort, dérivant dans les abysses.
- Et vous avez ressuscité dans un déluge de moumoules et de gambafs ?
S’enthousiasma l’empoudrée.
- J’ai flotté entre deux-cents eaux, la détrompa l’ancien Mercemer. Mon scaphandre, bien qu’endommagé, m’a maintenu en vie, mais mon état et mon séjour prolongé sous l’océan ont meurtri mon corps de manière irrémédiable.
- D’aaaaaccord.
- C’est pour cela qu’aujourd’hui je fais appel à vous, ma chère. J’ai suffisamment économisé pour me permettre de louer vos services, et le matériel que vous avez apporté représente une composante essentielle de ma revanche. Ces Raul Mops malfaisants se la coulent douce depuis cinquante ans en pensant que leur crime a payé.
- Alors, on fait quoi ?
S’enquit l’alerte Arlène.
- Je vais vous le dire… Vous… Vous allez m’aider… à débarrasser le monde de ces pourritures. Je ne peux pas le faire seul… J’ai besoin que vous m’aidiez… L’excitation avait gagné le vieux Sly. Que tu m’aides à servir ma vengeance ! Qu’en dis-tu, gamine ? »

Arlène se leva de sa chaise, se délestant du sac qu’elle n’avait pas quitté jusqu’à présent, et mit ses poings sur ses hanches avant de bomber la poitrine et de relever le menton, un air furibard sur son visage empoudré.

« Eh bien, Monsieur Bjorg… Faisons donc ça ! »

*
*      *

« C’est bien compris, petite mademoiselle ? Tu te laisses couler, le scaphandre te permettra de respirer sous l’eau. Là, et là, il te suffit de placer tes mains pour enclencher le mécanisme permettant aux pales dorsales de tourner et de te propulser. Pour t’arrêter, il faudra les lâcher. Repère-toi aux lueurs du Sang d’Acier et de l’Esprit Vengeur. En toute logique, les deux sous-marins devraient croiser à proximité l’un de l’autre.
- Parce que vos aminches se sont réunis comme ils le font une fois par mois, c’est ça ?
- Correct, jeune fille. Tu pénétreras par l’un des sas. Tu te souviens du plan et de la maquette ?
- Voui, j’m’en rappelle ! Vous avez passé une semaine à tout bien m’expliquer comme il faut. Le scaphandre, la plongée, le moyen d’entrer, les effectifs et... »


*
*      *

La salle des machines.

Pas aussi imposante qu’on aurait pu s’y attendre, mais, dans un endroit où le moindre interstice se devait d’être exploité à sa juste valeur, il aurait été compliqué ou totalement aberrant d’ériger des piliers monumentaux ou autres grandes roues articulées. Alors, oui, la salle des machines était bruyante, exiguë et sombre. Des rouages tournaient sur des axes huilés, des engrenages cliquetaient, quelques rivets renvoyaient la pâle lueur d’une loupiotte de sécurité et de volumineux pistons tournoyaient. Le tout, en laissant peu de place pour circuler.

Personne ne hantait le coin, hormis les deux gus que venait d’envoyer au tapis…

*
*      *

« Clarabelle ! Avec elle, on ne tombe jamais à court de munitions !
- Un marteau, vraiment ? Je ne m’attendais pas à ça lorsque je te demandais ce que tu emporterais comme arme, mais soit, petite ! Pas dit que ce soit très pratique dans un milieu confiné, cela étant…
- Ça, c’est nous qu’ça regarde, huhuhu ! »
avait rétorqué Arlène en embrassant la tête de son outil du moment.

*
*      *

« Les petits cadeaux, maintenant... »

L’arlequine des tréfonds déversa le contenu d’une vingtaine de fioles qui se mit à fumer au contact des pièces et rouages de métal. Ceux-ci se couvrirent bien vite d’une épaisse couche de rouille. Non, il serait plus juste de dire que ces dernières rouillèrent bien vite, en dépit de leur nature inoxydable. Très vite, d’ailleurs. Beaucoup trop vite.

« Ah, oui… Quand même ! Bon, la suite, la suite, la suite… » glapit l’écrobate tout en se carapatant aussi rapidement que le lui permettait son scaphandre.

*
*      *

« Les contenants que tu dois transporter dans ce sac, chère Arlène, sont emplis d’un liquide que l’on appelle l’Eau Ronge-Mécanique.
- Voui, on m’en a un peu causé
, gloussa la livreuse à la tenue bigarrée en songeant au cours magistral qu’un Roi de Coeur de sa connaissance lui avait fait avant de lui remettre le précieux paquetage.
- Très bien. Tu dois donc savoir que cette eau, ce liquide, attaque à très grande vitesse les aciers les plus résistants, mais laisse les tissus vivants intacts.
- Ouais, y a une histoire de coeur aux z’ions… Même si ça m’fait tout drôle d’imaginer des draps taper la causette.
- De corrosion, c’est cela, oui. La première étape de ta visite à bord du Sang d’Acier consistera en un arrêt au coeur de sa salle des machines. En voici le plan. Il te faudra asperger différentes pièces vitales au bon fonctionnement bâtiment à l’aide de l’Eau. Tu les trouveras ici, ici, là, et ici. Pour celle-ci, veille à bien insister sur l’arbre de propulsion.
- Y a des arbres sous l’eau ? Noooon ?
S’étonna Arlène.
- Non, non-non, la détrompa patiemment son commanditaire. Je vais te dessiner tout ça. Regarde ça, c’est… »

*
*      *

Les Mercemers en patrouille ne se soucièrent guère d’une scaphandrière qui déambulait dans les couloirs. D’autant plus que celle-ci donnait l’impression de savoir où elle allait et qu’elle portait les couleurs du bâtiment ami, qui avait été amarré au Sang d’Acier.

La masse dans son dos, en revanche, en fit tiquer plus d’un, mais qui étaient-ils pour juger les lubies guerrières de leurs alliés ?

Les plantons de faction devant le sas de la salle de conférence — un harpo et un eskoglyphe — n’eurent pas le loisir de réfléchir aux tenants et aboutissants d’un tel équipement car ils rejoignirent bien rapidement leurs camarades de la salle des machines aux pays des rêves abyssaux — souhaitons-leur de ne pas finir sous l’emprise de Koutoulou.

Le sas fut déverrouillé et la scaphandrière du Pique, Mercemer d’opérette, pénétra dans la salle de réunion des Primarches.

L’endroit, contrairement à la salle des machines qui aurait fait le désespoir des claustrophobes, était circulaire et conçu pour mettre en avant la verrière hémisphérique qui constituait le plafond. A travers elle, il était possible d’admirer les fonds marins, d’un noir d’encre à cette heure-ci. Une table reliée de cuir, circulaire elle également, accueillait sept personnages confortablement installés dans de hauts fauteuils aux dossiers ouvragés. Chacun de ces derniers avait été gravé de l’emblème des bâtiments de leurs occupants respectifs. Il y avait le Leknefar, la Conque Errante, l’Esprit Vengeur, bien sûr, mais aussi le Ranowam, l’Abysse, l’Honneur et, dos à l’épaisse porte métallique, le Sang d’Acier.

Premiers Marcheurs étaient leurs occupants, en théorie, mais de première fraîcheur ils n’étaient plus. Cinq décennies s’étaient écoulées depuis le forfait qui leur avait valu la haine, mortelle, de Sly Bjorg et le Grand Chronomaître n’avait pas été tendre lorsqu’il s’était agi de prélever son tribut physique.

Sept vieillards dévisagèrent la nouvelle venue. Certains étaient infirmes, d’autres aussi impotents qu’importants, quelques-uns ne marcheraient plus jamais — pour le peu de temps qu’il leur restait à vivre, cela comptait-il vraiment ? — mais tous étaient engoncés dans des armures similaires à celle du commanditaire revanchard d’Arlène.

« Prosper Meraimée ? »
lança l’intruse à la cantonade après avoir refermé l’huis, désormais verrouillé de l’intérieur.

Un Mercemer aux cheveux ras — d’un blanc-blond pas folichon du tout — se leva aussi prestement qu’il le put, l’air suspicieux.

« Qui êtes-v…
- SPROTCH. »
fit son nez lorsque Clarabelle s’y écrasa.

L’homme n’était pas mort, mais sacrément amoché. Cette agression choqua autant qu’elle réveilla les moins alertes des six autres Primarches et tous se retranchèrent dans leurs armures de combat donc les cliquetis n’annonçaient rien de bon. Quelques lames barbelées jaillirent, des canons aussi, à la vitesse du désespoir que l’on est en droit d’attendre chez des personnes du troisième âge.

« Prosper Meraimée, capitaine du Sang d’Acier, devenu Primarche de la Mer Captide en échange du partage des plans de quelques-unes de ses inventions révolutionnaires ? s’informa Arlène, Clarabelle à la main. T’as l’bonjour de Sly Bjorg, quasi-Primarche de la Mer Veyeuz. »

La tête du marteau rencontra celle du vieil homme. La première tint vaillamment le coup, la seconde pas du tout.

« Sly Bjorg ? s’écria une femme. Il est mort depuis des années !
- Ah, non, du tout, du tout ! »
la détrompa Arlène en évitant, de justesse, un harpon destiné à l’embrocher.

Une balle perdue ricocha sur différentes parois avant de terminer sa course folle contre le plastron d’un des Primarches emprisonnés.

« Hé, regarde où tu tires, Bachir !
- Il a raison, le coco, ‘faudrait pas vous asticoter les uns les autres. Et surtout pas v’nir endommager la verrière au plafond
, assura sérieusement Arlène. C’est bien beau d’vouloir étaler son bon goût, mais si c’est pour prendre une douche vingt-mille lieux sous les jupons d’vos mères, ce s’ra sans moi ! »

Bigorniot Trireine et Arty Buse se ruèrent sur l’arlequine aussi vite que le leur permettaient leurs lourdes tenues. Le Valet de Pique parvint à éviter le premier homme, mais un coup de coude du second la propulsa contre le mur circulaire.

Arlène faillit en perdre son sac, jura et projeta une pleine poignée de fioles sur les scaphandres de ses deux agresseurs. Lorsqu’elles s’écrasèrent sur leurs cibles, la substance corrosive qu’elles contenaient agit avec la rapidité que l’énergumène à la peau maquillée lui connaissait désormais et l’effet de surprise permit à la frappadingue de se concentrer sur l’une de ses adversaires qui semblait déterminée à déverrouiller l’issue de secours.
Bousculant la fuyarde en devenir, l’hilare personnage éclata prestement une paire de flacons supplémentaire sur le mécanisme d’ouverture avant d’écraser son sac, véritable toupie humaine, sur le crâne d’un des Primarches.

Le tout se fit — cela ne vous surprendra guère — dans un bruit de verre brisé.

« Aïe, z’allez pas aimer c’qui va suivre... » hoqueta, faussement compatissante, l’insupportable clown passée maîtresse dans l'art de faire tourner en bourrique son public involontaire.

Des gouttelettes d’Eau Ronge-Mécanique se mirent à suinter du sac et furent projetées à travers la pièce, en direction des armures des maîtres Mercemers, épargnant l’essoreuse à salade manuelle qu’était devenue Arlène.

L’un des Primarches saisit la gibecière de cuir huilé dans son épais gantelet métallique et l’arracha à sa propriétaire qu’il expédia au sol d’un uppercut bien senti.

Arlène en eut le souffle coupé et Oscar Charodon — car tel était le nom du bélître — l’attrapa par la cheville et, mû par les fantastiques renforts de son scaphandre amélioré, la propulsa contre une paroi murale avant de pester lorsqu’il remarqua qu’il ne restait presque rien de son gantelet inoxydable.

Arlène se releva, tant bien que mal, manquant d’être écrabouillée par une jambe métallique qui avait pris une teinte rougeâtre et une texture pulvérulente. Elle renversa les lourds fauteuils, évita un dernier tir de harpon, et grimpa sur la table avant que celle-ci ne subisse partiellement l’ire de Charodon et d’un de ses camarades.

Clarabelle en main, l’un des harpons dans l’autre, l’assaillante solitaire s’en prit à sa voisine de droite — son voisin de gauche étant trop occupé à recharger son fusil sous-marin.

« Olga Valam, capitaine de l’Abysse devenue Primarche en ayant pris la place du Premier Marcheur de la Mer Iléfou ? Avec les compliments de Monsieur Bjorg, presque Primarche de la Mer Veyeuz. »

La pointe barbelée du harpon d’Arlène pénétra sous le menton de la septuagénaire, emportant une bonne partie du visage de cette dernière.

« Crevure ! » hurla l’un des anciens, avant de recevoir une bise sonore — et compacte — de Clarabelle qui lui arracha la mâchoire.

Les Primarches combattaient presque tous sans leur casque, effet de surprise oblige, il était donc tout indiqué pour Arlène de viser leurs visages ridés, tachés de vieillesse et emperlés de sueur. Les uns se gênaient tandis que l’autre en profitait.

Ici, Clarabelle s’abattait.

« Placide O’Flack, cap’taine de la Conque Errante, dev’nu — ahan ! — Primarche de la Mer Kurokrom en corrompant tes p’tits amis, l’vieux Sly, pas tout à fait Primarche de la Mer Veyeuz, t’passe le — hé, reste là ! — bon… JOUR ! »

Là, Arlène énucléait.

« Bigorniot Trireine, commandant du Rawonam et devenu Primarche de l’Océan Cestral en utilisant un submersible de poche ? T’as le bon souv’nir de Sly Bjorg, celui qu’a failli dev’nir Primarche de la Mer Veyeuz ! »

Il fut question de feintes, d'esquives.

« Oscar Charodon ! Brute épaisse, capitaine sans mérite de l’Honneur et intronisé Primarche de la Mer du Chant d’Aïzinn en ayant fait usage d’un scaphandre auto-propulsé… T’es résistant, mon gros… Mais es-tu seulement assez rapide ? Le Primarche raté de la Mer Veyeuz se rappelle à ton bon souvenir ! »

Mais également de perte d’appuis.

« Arty Buse, tu mérites bien ton nom, tiens ! J’sais pas trop à quoi j’m’attendais venant d’un type de ton âge, mais — oulah, doucement, grand-père — c’est limite risible, tu n’trouves pas ? C’est toi le maître de l’Esprit Vengeur ? J’porte bien ton uniforme, hein ? Dev’nu Primarche de l’Océan d’Alousie en t’faisant aider par des Trithons, c’est bien ça ? C’est pas joli-joli, mon tout beau… Clarabelle est d’accord avec moi. Pas vrai, Clara ? Comment ? Tu as un message à lui transmettre ? De la part de Sly Bjorg, le Mercemer qui aurait dû devenir Primarche de la Mer Veyeuz ? Elle ponctua les quatre syllabes qui allaient suivre d’autant de coups de marteau vengeurs. BON. JOUR. AR. TY. »

Tout ne se fit pas sans mal, loin de là, et Arlène se demanda si elle parviendrait à rejoindre la surface après tous les coups qui lui avaient été administrés.

Les sept Primarches gisaient, qui à terre, qui contre un mur, qui, encore, avachi sur la table. Certains étaient conscients, d’autres n’étaient déjà plus. Il en restait un qui était recroquevillé sur une pierre luisant d’un halo verdâtre, imperméable au massacre qui venait de s’opérer autour de lui, ahanant d’obscures formules et jetant, de temps à autre, des regards incrédules en direction des murs de la salle. Le vieil homme avait été éjecté de son fauteuil déambulatoire — version tout-terrain d’un fauteuil roulant — et les pattes articulées de celui-ci cliquetaient pathétiquement en l’air.

« Coco, chéri, chaton, loulou… Bachir, c’est ça ? Sourit Arlène, moqueuse. Bachir Bouzouk ? Capitaine et principal serviteur du Leknefar ? Tu peux ranger ta caillasse, tu n’pourras pas t’en servir ici. Regarde ! L’apostropha-t-elle. Regarde ! Y a pas un seul coin ! Y a aucun angle ! Comment veux-tu t’servir de tes pouvoirs ? Monsieur Sly m’a bien expliqué que vous vous méfiiez les uns des autres et que c’était pour cette raison que l’Prosper avait donné cette forme à cette salle de son vaisseau… Ç’aurait été criminel de ne pas s’en servir pour se débarrasser d’toi, tu n’crois pas ? »

Le souci des monologues de victoire, c’est qu’il y a toujours environ une chance sur… une, à peu près, pour qu’ils se muent en monologues pré-raclée. La pièce n’était pas angulaire, certes, mais la pierre, elle, l’était. Et de ses bords effilés, de ses arêtes maudites, se mit à sourdre une vapeur qui n’avait rien à envier à l’Ombre du Grand Sournois.

L’éclairage faiblit, dans la cabine-salle de réunion. Arlène chancela, sa vision se faisait trouble. Elle voyait double, et elle en était plus troublée que visionnaire. Il y avait du monde, dans la pièce, et il ne s’agissait pas de ses précédents occupants. D’inquiétantes silhouettes se mouvaient dans l’angle mort de son regard.
Puis ce fut terminé. L’équilibre revint, l’impression de flou ambiant disparut. Et une voix se fit entendre. Elle lui murmurait des choses — à elle, rien qu’à elle — dans une langue étrangère, mélopée entêtante qui prenait peu à peu possession de son esprit, s’insinuant de plus en plus en elle, caressant les parois de sa raison avant de s’y infiltrer, vorace, sournoise, et de la faire voler en éclats. Arlène tomba à genoux, lourdement. Bachir Bouzouk ricanait, manifestement ravi et soulagé.

Avant que Clarabelle ne vienne broyer ses doigts et la Pierre Angulaire qu’ils enserraient raidement.

Arlène soupira sous son casque et leva un sourcil interrogateur.

« C’était bien tenté, j’dis pas… Mais parier sur la folie ? Vraiment ? »

L’idée la fit glousser et rouler des yeux, puis elle repoussa d’un coup de pied en plein plexus solaire le pauvre serviteur de l’Indicible.

« C’comme ça que t’as été fait Primarche de la Mer Seuner, Bachir ? En t’servant d’ton caillou ? T’inquiète, t’en auras pas b’soin là où j’t’emmène, c’est M’sieur Sly Bjorg qui l’a dit. Tu sais bien, le type qu’était destiné à devenir le Primarche de la Mer Veyeuz. Celui qui vous a tous ridiculisés, que vous avez condamné à mort et qui a décidé de vous le faire payer… Eh bien c’est parti, mon Bachir. C’est parti ! Passe à la caisse ! »

L’Arlène, précautionneuse, vérifia l’état des scaphandres de ses victimes. Aucun n’était intact et tous étaient suffisamment endommagés, même chez les morts, pour être inutilisables sous l’eau.

Le Valet de Pique empila les fauteuils sur ce qui restait de la table. Une fois que la pyramide fut stabilisée, elle se jucha à son sommet et, munie de Clarabelle, entreprit de s’en prendre à la verrière.
Les coups portés à l’épaisse paroi ne fragilisèrent pas cette dernière comme elle l’aurait souhaité, aussi l’acrobate engoncée dans son scaphandre redescendit-elle de l’échafaudage pour s’intéresser aux lance-projectiles des défunts et agonisants Primarches.

Il restait à certains de quoi tirer quelques projectiles, Arlène en fit bon usage, visant toujours la même zone d’impact sur la verrière et finit par l’entamer légèrement. De retour sur l’empilement, Arlène reprit son martelage, percluse de douleur et suant à grosses gouttes, se servant d’un harpon en guise de burin. On commençait à tambouriner contre la porte, mais il faudrait abattre celle-ci pour pénétrer dans la pièce. Et cela prendrait du temps aux renforts des Mercemers. Bien assez pour ce qu’elle avait en tête.

Lorsqu’enfin le verre commença à se fendre, Arlène eut à peine l’occasion de sauter à bas de la pile de meubles et de se plaquer contre la paroi murale. L’eau s’engouffra à toute allure dans la brèche, élargissant immédiatement les fissures dans le verre renforcé, qui finit par voler en éclats sous la pression, et inondant l’entièreté de la salle en quelques battements de coeur.

Les Primarches agonisants furent noyés, privés de leur scaphandre comme ils avaient tenté de le faire, cinquante ans plus tôt, en s’en prenant à Sly Bjorg.

*
*      *

« J’aurais aimé être là.
- Désolée, m’sieur Bjorg.
- Sly…
la reprit le Mercemer à la retraite. Bah, laisse tomber. Avant que tu ne partes, on ne pourrait pas regarder le soleil se lever depuis la jetée ? Tenta-t-il presque timidement.
- Pourquoi pas ? »

*
*      *

Cinq heures venaient d’être sonnées, depuis un lointain clocher. L’astre solaire dardait timidement ses rayons au-dessus de l’horizon, se préparant à embraser le ciel marin.

Arlène et son client était assis sur un banc, la tête et le bras de l’une étaient respectivement posée et passé sur et autour de l’épaule de l’autre.

« C’est magnifique, souffla le vieil homme, ému. Ça ne m’arrive pas souvent.
- Je croyais qu’à votre âge on était debout à cinq heures du matin
, persifla l’Arlène.
- Non
, expliqua l’ancien, voir le lever du soleil avec une belle fille à mes côtés. La concernée cernée gloussa. Parce qu’à mon âge, vois-tu, on se réveille en vérifiant quelles douleurs on ressent et on prie qu’aucune d’entre elles ne s’avère fatale, geignit Sly. J’ai bien une centaine de problèmes de santé. Des douleurs que tu n’imagines même pas.
- Ohlala…
lâcha pensivement l’arlequine en se massant la nuque et en se remémorant les événements des dernières heures.
- Mais cette nuit passée à t’écouter me raconter ce que tu leur as fait, ça m’a fait tout oublier, hoqueta son client ! Je me suis senti vraiment vivant pour la première fois depuis des années. Il soupira dans un gargouillis strident. Ce qu’il y a de plus horrible, quand on vieillit, c’est d’avoir son cerveau de vingt-quatre ans qui essaie de communiquer avec son corps cabossé. Mais pas cette nuit, se reprit-il, et c’est grâce à toi, gamine. Il hésita puis se jeta métaphoriquement à l’eau. J’espère que nous resterons amis.
- Vous savez comment distraire une dame, Sly, lui répondit la porteuse de grelots en plaquant un bécot sonore sur la joue de métal de l'être composite. Appelez-moi quand vous voulez. »

Elle laissa se prolonger cet instant jusqu’à ce que le soleil de l’est vienne illuminer la jetée toute entière.

« Maintenant, rentrons. J’ai une prime à toucher ! »

[RP] Méfaits de la Main du Valet Noir 3yBAJb-Primarches
Arlène Kwinzel
Arlène Kwinzel
V♠
V♠
Millésime 646
Où la Main redéploie ses Doigts.
Millésime 647
Où la Main recommence à faire parler d'elle.
Millésime 648
Où la Main fait respecter son Code.
Millésime 649
Où la Main se pique de noblesse.
Millésime 650
Où la Main s'engage dans un bras de fer.
Millésime 651
Où la Main fait peau neuve.
Escaladeur
Le membre sait s'envoyer en l'air comme personne.
Crocheteur
Cette compétence permet de venir à bout des serrures récalcitrantes. Le membre pourra ainsi pénétrer de l'autre côté des portes interdites.
Furtivité II
Bah dis donc... On t'voit plus aux soirées ! Le deuxième niveau de furtivité permet au membre de se placer dans l'angle-mort de sa cible, en exploitant son environnement, les tiers présents, et les failles dans la vigilance des personnes suscept
Style de combat III
Le dernier niveau du style de combat permet de déceler le point faible chez l'adversaire, mais
Mystérieux Papa Nowel
Pour survivre à Nowel, il faut devenir Nowel.
Désincarné
Au-delà du Seuil, certains restent à demeure.

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Message par Arlène Kwinzel 29.03.20 1:32

• ART DE LA NIAQUE ET SUEUR RANCE •

[RP] Méfaits de la Main du Valet Noir 1585477969-76036

« Que feras-tu dans trois semaines, Arlène ?

— Mmmh ?

— Qu’as-tu de prévu ?

— Prévu ? Sacré gros mot !

— Parfait. J’ai ici une liste...

— Ah, oui, j’en ai déjà vu des comme ça ! Tu fais une collec’ ?

— Disons que je te propose d’aller faire quelques emplettes…

— Oh ? Et… Ça, là, c’sont les noms des boutiques ?

— Exactement. Note bien qu’il faudra que tu te débrouilles toute seule pour le paiement.

— Je saurai rester « nature », huhuhu !

— Nous nous sommes compris. 

— Hé… C’lui-ci, d’nom, il me dit que’que chose… »


*
*     *


Bonta, quartier des bijoutiers, trois semaines plus tard, de nuit.

La Rue de la Paix était déserte, nonobstant la patrouille de miliciens qui tournait à son angle, se dirigeant vers une autre partie de ce quartier cossu aux demeures luxueuses.
Cela arrangeait les affaire de la silhouette qui bondissait de toit en toit. Son objectif était en vue, manifestement plus sous le regard inquisiteur des plantons de la cité blanche, et définitivement prêt à l’accueillir.

La maison Racriet avait été fondée en 477, rue de l’Orgueil. Ce joaillier horloger de luxe, dont le chagouar était l’un des animaux fétiches, devint vite le fournisseur de têtes couronnées. Il déménagea en 529 rue de la Paix, où se dressait aujourd’hui sa boutique-mère. L'entreprise était particulièrement renommée. Racriet étant notamment célèbre pour ses montres d’un style classique, parfois déclinées en modèles plus élégants. La maison avait réalisé la bague de fiançailles de Grace Qui-lit, l’épée coupe-papier de Jeanjean Coquetier et de nombreux bijoux portés par l’actrice frigostienne Gloria Soisson. Une maison prestigieuse. Une proie de choix.

Le descendant Racriet vivait à l’étage, avec son épouse. Ils ne se sentirent pas tirés du lit et ne se réveillèrent qu’une fois dûment bâillonnés et ligotés. Un gloussement moqueur ponctué de quelques tintements de clefs — celles qui déverrouillaient les vitrines du rez-de-chaussée — les firent frissonner alors qu’ils écarquillaient désespérément les yeux en se fixant dans la pénombre.

Les vendeurs retrouvèrent le couple au petit matin, peu après avoir constaté le cambriolage dont avait été victime la joaillerie.


La nuit suivante, ce fut l’établissement Moumoucheron qui fit les frais de la noctambule rigolarde.

La première boutique de ce joaillier bontarien avait été ouverte en 588 sous les arcades du Jardin du Palais Royal. Un nouveau magasin ouvrit ses portes en 623, Place du Dôme à Vent, à l’endroit même où avait vécu la Comtesse d’Astraglico, une célèbre aristocrate à la réputation sulfureuse. C’est dans cette bâtisse que sévit l’oiseau de nuit de la Main.

Il faut dire que la visite valait le coup ! Les créations de Fred Moumoucheron avaient été récompensées lors des Expositions Interrégionales, de 597 et 608 notamment, ce qui avait permis à sa maison de gagner en notoriété. Ses bijoux étaient réputés pour leur travail de la matière et des pierres « extraordinaires », originales par leurs formes ou leurs couleurs. Moumoucheron, dont le serpète étai l’animal fétiche, avait notamment collaboré avec le dessinateur Alexandre Maquereine. L’une de ses pièces emblématique était le collier « en point d’interrogation ». Collier dont plusieurs exemplaires finirent dans l’escarcelle de l’intruse qui avait déjoué le retors mécanisme de protection de la chambre-forte et les trois sortilèges destinés aux indésirables.

Le responsable des lieux en fit une attaque, au petit matin, lorsqu’il découvrit le forfait.


C’est ce qui déclencha le branle-bas de combat général. Qu’un confrère se fasse cambrioler, cela pouvait se comprendre tant que l’événement demeurait isolé, ponctuel, et rare. Mais deux ? D’aussi bonne réputation, qui plus est ? Là, c’en était trop !
D’autant plus que les victimes étaient à jour de leurs cotisations et autres respectueux versements aux syndicats du crime locaux ainsi qu’aux représentants des cultes de Sram et de Dralbour !

La surveillance des boutiques indemnes fut renforcée, des mesures de sécurité supplémentaires mises en place, le nombre de patrouilles diurnes et nocturnes doublé et un vent de panique mêlé de suspicion commença à planer le long des artères passantes.


La troisième nuit de cette semaine éprouvante, malgré les précautions des riches locaux, l’infatigable peste frappa à nouveau en dévalisant la maison Sarpel.

Cette joaillerie bontarienne appartenait au groupe Enutrof Richemontagne. Créée en 526, elle avait ouvert sa première boutique Place du Dôme à Vent en 536, devenant ainsi l’une des premières à investir cet espace aujourd’hui presque entièrement consacré à la joaillerie. Parmi les marques de fabrique de la maison, on retenait le « Serti mystérieux », sans griffes apparentes pour tenir les pierres, et le collier « Passe-Partout », pièce ingénieuse dont il était possible de modifier la taille et l’usage. On attribuait à Sarpel la création de la minaudière, une pièce de joaillerie devenue un véritable accessoire de mode féminin : une poche compartimentée pouvant contenir du maquillage, des clés et un nécessaire à fumer. La nature, la danse et les voyages inspirèrent particulièrement les stylistes de cette maison dont on retenait, parmi les clients célèbres, Marylène de Latriche ou Line de Moncoco.

Le double vitrage renforcé ralentit à peine l’acrobate aux grelots discrets lorsqu’elle entreprit de dévaliser les vitrines. Plus pénibles à gérer furent les deux employés armés dissimulés derrière le comptoir, mais l’insolente cambrioleuse parvint à les expédier au royaume des rêves. Le cauchemar deviendrait réalité à leur réveil, aussi leur sourit-elle affectueusement lorsqu’ils perdirent connaissance.


L’annonce de cette troisième effraction fit l’effet d’un séisme. Le quartier des bijoutiers entra dans ce qui s’apparentait tout bonnement à un état de siège.
Aux officiels s’allièrent les officieux : celles et ceux qui, dans l’ombre, ne toléraient pas que l’on s’en prenne à leur gagne-pain et à leurs cibles habituelles.

Le mode opératoire était apparemment toujours le même : nocturne. Aussi les patrouilles diminueraient-elles en journée afin d’être une nouvelle fois doubléeS au coucher du soleil. Ce serait un flot quasi-ininterrompu de surveillants qui remonterait les rues, scrutant l'intérieur des établissements à travers leurs vitrines si celles-ci n'étaient tout bonnement pas obstruées par de lourds panneaux de bois.

La vente de bijoux n’avait jamais été aussi bonne. Chacun désirait se procurer une pièce chez un grand nom de la joaillerie avant qu’il ne se fasse dévaliser, mais les petits nouveaux n’étaient pas boudés pour autant par la clientèle. Bien au contraire !

Le Merul’Or profitait de l’occasion comme les autres. Sa tenancière s’inquiétait tout de même, là encore comme les autres. Situé en périphérie de la Place du Dôme à Vent, non loin de la taverne de la Bagrutte, son établissement n’était pas à proximité immédiate de ceux de ses confrères lésés, mais tel était également le cas de la maison Racriet.


La quatrième nuit de cette semaine mouvementée ne dérogea pas à la règle et, comme ç’avait été le cas trois fois auparavant, une nouvelle joaillerie fit les frais de la liste remise à l’agent du Pique en vadrouille.
Cette fois-ci, le vol n’eut pas lieu sur la Place du Dôme à Vent, mais en périphérie de celle-ci, non loin de la taverne de la Bagrutte.

En début de matinée, parvenue devant la porte de son établissement, la responsable du Merul’Or — une jeune femme à la chevelure décolorée — comprit immédiatement que la serrure avait été forcée. Elle la poussa du bout des doigts, très calme, et pénétra dans la pièce d’accueil pour s'arrêter en son centre. Après un coup d'œil circulaire lui permettant de constater l’ampleur du préjudice, sans aucune expression faciale, elle hésita sur la marche à suivre, demeurant immobile une bonne dizaine de minutes. Finalement, c’est un collègue de travail basané et à la chevelure rougeoyante qui, arrivé après elle, prévint la propriétaire du vol.


Lorsque la nouvelle atteignit les oreilles des jeunes créateurs et des plus modestes joailliers, tous poussèrent de hauts cris : nul n’était à l’abri ! A moins que la ou les personnes derrière pareilles exactions — et ce fut là le coup de génie d’une des victimes — ne s’en soient pris qu’aux meilleurs artisans des environs , La cote des victimes — déjà grande pour certaines d’entre elles — battit des records sur le marché concerné.


Durant la dernière nuit, l’arlequine eut fort à faire. Elle passa plus de temps à esquiver les gardiens prévus et improvisés qu’à mettre à sac le dernier nom de sa liste : la bijouterie Maupioussin.

Cette maison de joaillerie amaknéenne, fondée en 457, avait ouvert sa boutique de la Place du Dôme à Vent en 585. Maupioussin avait gagné en renom dans les années 530 pour son travail des pierres de couleur. Elle proposait — et propose toujours — des pièces dans un style classique aux formes abstraites. On comptait d'ailleurs l’actrice bontarienne Zaza Pissargent parmi les égéries de l’enseigne.

Le duo d'adeptes de Sram en planque à l’intérieur de la bâtisse fondit sur l’acrobate du Pique — fichu sortilège d’invisibilité — mais finit par mordre la poussière. Ou rayer le parquet de leurs jolies petites quenottes. Non pas que les deux embusqués aient été particulièrement ambitieux, mais ils étaient meilleurs à cache-cache qu'en réception faciale.
Fort heureusement, les adorateurs de la Grande Ombre au Tableau n’eurent pas le temps de prévenir leurs petits copains. Leur présence indiquait toutefois que le temps manquerait certainement à l’intruse qui se remettait sur pied et grimaçait à l'idée de découvrir de jolies ecchymoses sur son corps au lever du jour.

Aussi le casse fut-il expédié sommairement et, afin de clore cette folle semaine en beauté, l’alerte Arlène déroula-t-elle le papelard scellé qui lui avait été remis près d’un mois plus tôt. Elle leva les yeux au plafond, tentant de se remémorer de lointaines consignes, puis récita ces dernières entre ses dents en joignant les gestes à la parole :


« Gnagna… Se tenir près d’une issue dégagée… »


Elle jeta un regard en coin aux deux corps inanimés qui gisaient sur le parquet ciré et ouvrit une fenêtre donnant sur une petite cour intérieure. Franchissant le rebord, elle sortit à l’air libre, inspirant à pleins poumons et reprenant le fil de ses souvenirs :


« Dos au bâtiment, prononcer les mots magiques et jeter le parchemin par-dessus son épaule. »


Quelques vocalises et échauffements déchirèrent la gangue de silence qui enveloppait la courette puis l’arlequine prononça distinctement les mots de pouvoir idoines :



Balançant prestement, mais scrupuleusement, le parchemin par-dessus son épaule, l’agent du Pique s’éloigna de la fenêtre. Le morceau de peau commença à luire, puis à s’enflammer, alors que la formule inscrite à sa surface brillait de plus en plus intensément.

Lorsque le papelard atterrit à l’intérieur de la maison Maupioussin, Arlène était déjà en train d’escalader la façade située à l’extrémité de la cour.

Quand l’objet ensorcelé fut entièrement consumé, une déflagration tonitruante souffla toutes les vitres du rez-de-chaussée du bâtiment. La détonation attira la plupart des patrouilles et, lorsqu’elles parvinrent sur les lieux, des langues de flammes léchaient déjà les murs, poutres et autres solives. Hélas, le Valet de Pique s’était fondu dans la nuit bontarienne.


*
*     *


Trois semaines plus tôt.

« Hé… C’lui-ci, d’nom, il me dit que’que chose…

— Le Merul’Or ? Oui, c’est l’établissement de l’un de nos membres, Yenepha…

— C’est ça ! Elle n’a pas été sage ?

— Au contraire, bien au contraire. Elle a suivi nos recommandations et son établissement est désormais assuré.

— Mmh ?

— Dis-moi, Arlène, as-tu déjà entendu parler d’arnaque…

— A l’assurance, huhuhu ?

— Héhéhé !

— Elle est dans l'coup ?

— Certainement pas : il faut que sa surprise et sa bonne foi soient crédibles, en cas d'enquête... Et enquête il y aura. »

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Arlène Kwinzel
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V♠
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Millésime 646
Où la Main redéploie ses Doigts.
Millésime 647
Où la Main recommence à faire parler d'elle.
Millésime 648
Où la Main fait respecter son Code.
Millésime 649
Où la Main se pique de noblesse.
Millésime 650
Où la Main s'engage dans un bras de fer.
Millésime 651
Où la Main fait peau neuve.
Escaladeur
Le membre sait s'envoyer en l'air comme personne.
Crocheteur
Cette compétence permet de venir à bout des serrures récalcitrantes. Le membre pourra ainsi pénétrer de l'autre côté des portes interdites.
Furtivité II
Bah dis donc... On t'voit plus aux soirées ! Le deuxième niveau de furtivité permet au membre de se placer dans l'angle-mort de sa cible, en exploitant son environnement, les tiers présents, et les failles dans la vigilance des personnes suscept
Style de combat III
Le dernier niveau du style de combat permet de déceler le point faible chez l'adversaire, mais
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Message par Arlène Kwinzel 19.07.20 0:32

• L'AFFAIRE DU RUBIS FERTILE •

[RP] Méfaits de la Main du Valet Noir ItVWJb-50722

La messe n’était pas encore dite, là, sous terre, dans la cathédrale des racines, celle qu’on nommait l’Arbre à l’Envers. Un lieu hors du monde où perçaient, à travers de fines ouvertures savamment creusées dans le lointain plafond, quelques rais de lumière réverbérés par d’antiques miroir de bronze — seul alliage métallique à jamais avoir pénétré en ces lieux — polis par les dévots depuis que l’humus était… humus.

Un antique réseau racinaire et décoloré serpentait sur la paroi murale située derrière l’autel surélevé vers lequel convergeaient tous les regards. Du plafond obscur pendaient, stalactites vivantes, les broyeuses de siècles, les faufileuses aveugles, les reflets des houppiers.

De part et d’autre de la nef, s’alignaient de vétustes bancs de bois à dossier dont les prie-dieux, patinés par des générations de genoux, accueillaient une dizaine de fidèles encapuchonnés.

Le prêtre avait débuté son sermon depuis quelques bâillements et exhortait les croyants « revenus à la terre » — celle qu’entretenait la secte de la Racine — à réfléchir à la question qu’ils poseraient durant cette cérémonie dans l’enceinte de l’Arbre sous le Monde. Une question — et une seule, pas davantage ! — à laquelle ils obtiendraient peut-être une réponse par l’entremise de la relique du temple racinaire : un Rubis Fertile enchâssé dans un ceps de vigne votif, lui même placé en évidence au centre de l’autel.

La babiole était indécelable, quoique… Seuls ses contours miroitaient dans la semi-pénombre, mais la pierre, elle, demeurait impalpable, quasi-évanescente. Elle appartenait au temps du rêve, à l’Ether, psalmodiait le prêtre, et c’était dans l’Ether que tous la rejoindraient pour lui faire part de leurs interrogations.

L’homme de foi se munit d’un grand bol de bois, sculpté dans une ronce de noyer, et fit signe aux fidèles de le rejoindre devant l’autel. Un liquide sombre clapotait dans le creux du récipient : le rituel du rêve partagé allait pouvoir commencer.

Un par un, les adeptes de la Racine portèrent le bol à leurs lèvres et lampèrent une gorgée de la mystérieuse mixture.

« Je vous connais et je connais vos noms, ânonna le prêtre, vous vous rêv'eillerez dans l’Arbre Sous le Monde et entre Ses Racines je vous accueillerai. »

*
*     *

Les effets de la boisson psychotrope ne tardèrent pas à se faire sentir et chacun finit par se retrouver, ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre, dans un lieu similaire à celui qu’il venait de quitter, à ceci près que l'endroit était baigné de lumière.
La plus forte source lumineuse irradiait depuis l’autel éthéré derrière lequel se plaça une version immatérielle de l’officiant à capuche : il s’agissait du Rubis Fertile, bien discernable cette fois-ci. Ses couleur chatoyantes se répercutaient, kaléidoscope hypnotique, sur les toges et les visages transportés des fidèles. Les habits se mirent à fondre et les mines à resplendir.


Le prêtre présenta la pierre à la foule.

« Les vérités enfouies ne demandent qu’à s’échapper dans cet état de subconscience qui est le vôtre.  C’est ce qui vous permettra d’apprendre à vous connaître mieux vous-mêmes. Rappelez-vous : une et une seule question. Quant à moi, je tenterai d’interroger le Rubis pour y entrevoir un message du Danseur aux Semelles de Vent. Tel est mon rôle, telle est ma voie. Loué soit Sadida, le dieu aux mille amulettes !

— Loué soit Sadida, le dieu aux mille amulettes ! » reprirent en choeur les adorateurs.

La pierre éthérée passa de main en main, et des questions furent bafouillées ou énoncées plus ou moins distinctement. Il fut question d’arbres gardiens, de poupées ensorcelées, de main verte, et même, à une reprise, de tisane apaisante.

Le prêtre de la Racine s’apprêtait à scruter les tréfonds du Rubis lorsqu’un dernier fidèle s’avança et tendit ses mains immatérielles en direction de la précieuse relique. Le sectateur s’inclina et le lui remit en lui rappelant la règle :

« Une et une seule question, ma sœur. »

C’était, effectivement, une femme qui se tenait devant lui, un grand sourire vissé aux lèvres. Elle dévorait le joyau du regard et, de ses deux mains qui se couvrirent soudainement de gants, elle enserra le joyau avant de glousser :

« Donc, si j’le tiens et que j’me réveille, là, maint’nant, je l’aurai encore entre mes mains à mon retour de… l’autre côté ? »

Le prêtre bomba le torse velu qui était le sien, un voile d’indignation peint sur la face dévorée par une épaisse barbe qui était la sienne.

« Ma sœur, votre question est… Cela ne se fait pas, que faites-vous du respect dû à l’oeuvre du Père Feuillu ? »

L’impudente reporta son attention sur le sectateur et lui lança, moqueuse :

« Je l’embarque, pardi ! »

Sur ces entrefaites, malgré les cris et les protestations, la rêveuse se couvrit de frusques aussi bigarrées que rapiécées et, fuyant le rêve commun, se lança à l’assaut des racines qui serpentaient le long des murs éthérés.

Les fidèles s’agitèrent, certains se lançant même à la poursuite de l'aigrefin, tentant, tant bien que mal, de l’empêcher de prendre de la hauteur. En vain. Les prises étaient légion — l’escalade rêvée ! — et l’arlequine atteignit rapidement le faîte de la structure racinaire. Avec un dernier regard pour celles et ceux qui la maudissaient depuis le sol immatériel, l'acrobate se plaqua, face contre les racines, et imprima une forte poussée contre la paroi subéreuse. Elle se jeta en arrière, basculant vers les sectateurs de la Racine et riant aux éclats à l’idée du bon tour qu’elle venait de leur jouer.

Elle eut tout juste le temps d’entendre la voix du prêtre tonner, avant que la sensation de chute n’entraîne son réveil :

« QUEL EST TON NOM, VOLEUSE ? »

Les mots fusèrent, accompagnant le rire de la blonde colorée, sans que cette dernière ne puisse rien y faire.

*
*     *

« Arlène Kwinzel ! »
répondit l’Arlène lorsqu’elle ouvrit les yeux au pied de l’autel de l’obscure cathédrale de l’Arbre à l’Envers.

Les silhouettes encagoulées autour d’elle commençaient à remuer et certaines entamaient même leur phase de réveil.
Fort heureusement pour elle, l’arlequine avait pris soin de ligoter tout ce petit monde avant de consommer la boisson rituelle — pour de bon, cette fois-ci — et de rejoindre les adorateurs de la Racine dans leur rêve partagé. Elle fila sans demander son reste, fière d’elle, le Rubis Fertile en poche.
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