[Quête mineure] À la sauce Ayorha

Après plusieurs semaines à s'installer en Astrub et réunir des combattants pour son opération, dame Orno avait repéré en Armand Dupin une opportunité de se faciliter grandement la tâche.  

La grande dame en noir, sur les conseils de Basilio, rencontra Olgah Zih, qui la redirigea vers un ingénieur avec de gros problèmes d'audition - c'est rien de le dire - pour fabriquer ses scaphandres pour l'opération. La manoeuvre lui couta une fortune mais c'était pour sûr un investissement à faire.

La plongée au fond des ruines de l'ancien quartier général fut périlleuse, et plus d'un incident a failli emporter l'un d'eux, mais les 4 membres de l'équipe réussirent à mener à bien la mission, malgré l'assaut de plusieurs automates, en dessous et au-dessus de la surface.



C'est avec cet évènement qu'Orno entrepris de mettre à jour son carnet :

"Nous nous permettons de vous contacter suite à votre collaboration sur les récentes fouilles sufokiennes. Un nouveau site a été réouvert et nous avons besoin d'aide immédiate. Pouvez-vous vous rendre disponible ce soir, à partir de vingt-et-une heures, à la place marchande de la cité ?"

Après avoir reçu le  message, Adellan s’était bien évidemment interrogé : tout cela manquait cruellement d’informations. La signature ne lui disait rien et aucun nom ne figurait. Après un instant de mûre réflexion, il décida finalement de s’y rendre. Il était disponible et, qui sait, peut-être que ça paierait bien.

Arrivé sur le lieu de rendez-vous –la place marchande de Sufokia, vide de tout commerçants à cette heure tardive-, le masqué s’installa sur le rebord de la fontaine, sans voir l’homme qui l’attendait plus loin. Ce fut donc ce dernier qui vint à sa rencontre. Les explications furent brèves : la municipalité voulait entreprendre des travaux à proximité d’un site de fouilles, stoppant les études qui y étaient menées. L’homme qui avait missionné Adellan souhaitait que ce dernier aille explorer le site, à la recherche d’une découverte qui arrêterait les travaux et permettrait aux archéologues de poursuivre leurs recherches.
Suivant l’homme, le masqué arriva en vue d’un bâtiment délabré qui s’enfonçait dans la mer d’Asse. Une petite échelle, fixée sur le rebord de la plateforme où ils étaient perchés, permettait d’y accéder. Après qu’Adellan ait longuement interrogé son missionnaire sur les dangers potentiels –automates Steamers qui rôdaient, mais n’étaient pas vraiment dangereux, et à priori aucun risque d’écroulements-, les deux hommes descendirent l’échelle.

Une grande salle s’ouvrait désormais devant le masqué. L’eau lui arrivait aux chevilles à l’étage où il était arrivé, et une passerelle permettait de descendre au niveau inférieur, lui totalement immergé. Voyant que son missionnaire lui tendait une combinaison de plongée, le Zobal fit rentrer son fidèle nomoon dans son havre-sac -apparemment, il n’y avait pas de scaphandres pour primates- et déposa ses affaires au sec, dont malheureusement son précieux carnet, avant d’enfiler la tenue aquatique. Il avait pour mission d’explorer les lieux, puis de faire un rapport écrit de ses investigations en espérant qu’il trouverait quelque chose d’intéressant.
Après quelques consignes de sécurité qu’il connaissait déjà, l’anthropologue s’enfonça dans l’eau glaciale.

La pièce où il était arrivé était dans un bazar monumental. Le capharnaüm de vieux bureaux, de machines hors-service et de rouages et autres boulons s’étendait à perte de vue devant le Zobal. Adellan commença alors son exploration. Il s’attarda devant un engin de reconnaissance à forme humanoïde, qu’il estimait à une bonne centaine d’années et qui servait probablement à sonder les fonds marins, puis reporta son attention sur un cadran qui servait à mesurer la force hydrostatique. Non loin de là, un automate vagabondait, se cognant bêtement aux murs.
Au fond de la pièce, une grande brèche s’ouvrait dans la baie vitrée, donnant sur la mer. Un très gros objet devait l’avoir percutée. Après l’avoir examinée, Adellan alla inspecter un tas de débris à l’autre bout de la grande salle.
Rien de bien notable là-dedans, songea l’explorateur en fouillant parmi les outils usagés. La plupart des artefacts sont trop abîmés, et on peut en trouver de plus intéressants sur d’autres sites de fouilles.
Soudain, il aperçut une grande cavité devant lui. Une sorte de tunnel rectangulaire, sûrement relié à un ancien élévateur, descendait dans les abysses sur environ une dizaine de mètres à vue d’œil –on pouvait, avec peine, en voir le fond. Le scientifique détermina qu’il s’agissait d’un système de câbles, alimentés par une turbine, et qu’on devait activer l’engin directement depuis la plateforme, aujourd’hui disparue.
Et si j’allais voir en bas ?
Il refit un tour rapide de la salle puis, ne trouvant toujours rien de notable, retourna en direction du gouffre. Il fouilla dans les débris et dégagea un long câble de cuivre, fixé sur une turbine. Puis il le fit lentement descendre jusqu’au fond du tunnel et testa sa solidité : à priori, il pourrait s’en servir pour remonter.
Après un temps d’hésitation, il se laissa couler. Advienne que pourra !

Un sombre couloir s’ouvrait devant lui. Après un dernier regard vers la surface, il s’y enfonça. Le tunnel débouchait sur… Attendez…
Ô stupeur, ô tremblements ! La salle qui s’ouvrait devant lui avait échappé à l’inondation. Stupéfait, il retira sa combinaison et la déposa soigneusement dans un coin sec, puis s’avança dans la vaste pièce. L’air était humide et le sol spongieux, mais on ne peut pas tout avoir. Le masqué se trouvait désormais dans une salle d’entraînement ; des armures étaient alignées contre un mur à sa droite, et dans un vaste espace étaient entreposés des épées, hallebardes et katanas. Aucunes des lames ne portait la moindre trace de rouille. Au fond de la pièce, une bibliothèque. Partout, un étrange symbole. Adellan était sûr de l’avoir déjà vu quelque part, mais où ?
Il se dirigea d’abord vers les armures. Elles n’étaient pas de facture Steamer, et ne semblaient pas non plus alimentées de Stasis… Le matériel, contrairement à celui de la pièce précédente, était vieux de peut-être une dizaine d’années à peine. Un grand bruit le fit sursauter : l’automate l’avait suivi, mais restait à l’entrée de la salle, encore immergée. Du temps qu’il restait à distance, le Zobal n’en avait que faire.
Il continua son exploration, s’approchant désormais de la bibliothèque. Des documents secs pourraient se révéler très intéressants.
Sur les étagères, les livres s’alignaient, savamment classés. Maîtrise de l’espadon, Télékinésie en suréquilibre, Katana avancé…

Seulement des techniques martiales ? constata-t-il, visiblement déçu.
Quelques parchemins étaient posés sur des tables. Des noms y figuraient, classés par aptitudes. Quelle ne fut pas la  surprise d’Adellan lorsque ses yeux se posèrent sur un prénom qu’il connaissait : Orno Toubie, catégorie deux.
-Orno ?! Ca ne peut pas être la même ! s’écria-t-il.
Son cri se répercuta en écho dans la vaste pièce. Etre la même, la même, même…
Il reconnut alors l’étrange signe qui se retrouvait dans toute la pièce : c'était clairement un symbole huppermagique, en un peu plus stylisé. Blanc sur fond noir, comme les habits de l’épéiste, et complété avec des lames. S’il s’y attendait !
Après une courte hésitation, le Zobal décida de remonter à la surface. Il prit –mentalement- note de ses observations et, après avoir réenfilé sa combinaison, commença à se hisser le long du câble.

Son missionnaire se jeta sur lui lorsqu’il refit finalement surface.
-J’ai cru que vous ne remonteriez plus ! Alors, avez trouvé quelque chose ?
Difficile à dire. Ce qu’il avait découvert ne relevait pas du domaine de l’archéologie. Néanmoins, il décida d’apporter une bonne nouvelle à son acolyte ; et ce dernier se permit un élan de joie, bien vite réfréné, lorsqu’Adellan acquiesça.
Le travail n’était pas encore fini, restait le rapport à rédiger et à envoyer à l’adresse que l’homme avait confié au Zobal. Mais Adellan était trop fatigué pour s’y atteler de suite, et monta directement dormir dans son havre-sac, d’un sommeil empli de machines à vapeur et d’inondations.


Rapport de l’exploration du site SU70-86°7’ 174°23’ :

Salle principale : Nombreux débris, pour la plupart trop abîmés pour être étudiés ; machines hors-service, dans un moins bon état que sur les autres sites de fouilles ; un automate encore en fonctionnement ; faille dans une baie vitrée et ouvrant sur l’océan, ouverte à la suite d’un impact avec un objet inconnu ; ancienne cage d’élévateur, plateforme aujourd’hui disparue. L’ascenseur, alimenté par une turbine et tracté via des câbles, emmenait vers un étage inférieur.

Sous-sol : Accès via l’ancien élévateur ; un couloir vide, conduisant à  une salle d’entraînement, émergée contrairement au reste de la structure, bien plus récente que la précédente pièce ; aucune trace d’équipements ou de machinerie Steamer, motif huppermagique reproduit dans toute la salle ; sol couvert de tatamis ; air ambiant très humide ;  bibliothèque recensant des ouvrages de techniques martiales et listes de combattants, classés par catégories ; stockage d’une importante quantité d’armes et d’armures de bonne facture et ayant été immunisées de la rouille ou de toute forme d’oxydation, évaluées à seulement une dizaine d’années. Chercher origine des objets et personne(s) ayant pu aménager la pièce.

Professeur A. Eumei.

Lorsque le Carreau frappa à la porte de la grande maison qui trônait à l'adresse qu'on lui avait indiquée, il tomba sur un vieil homme à la moustache finement entretenue.
L'air aigri, l'homme ne cacha pas l'agacement que lui inspirait cette visite inattendue. Sans un salut, il lança avec défiance :

<<Qui êtes-vous ?>>