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[Quête mineure] La Pierre du Roi

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Message par Xerona 11.06.18 19:58

Ici est la trame complète de la quête mineure La Pierre du Roi. Elle en recense tous les détails (presque). Je la poste ici pour avoir votre retours sur des commentaires/critiques, positifs comme négatifs, et pour donner un premier aperçut de la quête aux intéressés.
(Note : l'étape 1 de la trame a déjà été réalisée)

Quête mineure : La Pierre du Roi

Lié par serment et par magie à son ancienne Caste sur Srambad, Orgostafu est appelé à ses devoirs : prendre place au conseil des Anciens en tant que Prince, avant de succéder au Roi. Des devoirs qu’il n’envie que peu, puisqu’ils l’obligent à quitter Xerona. Des devoirs qui ne plaisent peut-être pas à la Main, qui perd ici un élément. Mais voilà, la sentence pour la non obéissance à cette règle, c’est la mort.
Appelé à Srambad pour prendre son poste, Orgostafu cherche désespérément à s’en sortir, mais voilà que l’un des anciens du conseil lui fait une proposition alléchante… La Pierre du Roi, un ancien artefact de la Caste, perdu depuis des siècles, intéresse depuis peu le conseil. Si Orgostafu réussissait à mettre la main dessus, il obtiendrait peut être la faveur du conseil, lui permettant d’échapper à ses obligation. Mais pour cela, il faudrait déjà la trouver…


Personnages (n’intervenant pas nécessairement tous physiquement dans l’histoire) :


Laudel, membre du conseil des Anciens. Un Enutrof sans vergogne, malin et rusé.
Fraë, un Sram habile, homme de main de Laudel.
Jorim, Roi actuel de la Caste du Kounshil.
Butcheure, Princesse actuelle de la Caste du Kounshil.
Kröel, l’un des premiers rois de la Caste du Kounshil, mort depuis longtemps.
Eziekel, forgeron de talent ayant transmis, par un contrat magique, sa connaissance de la forge, de la bijouterie, et de la magie à ses descendants : les Forgerons de la Caste.
[Personnage à découvrir (suspense !)]
Orgostafu, lié à la Caste par l’entrainement qu’il y a reçut

Trame :

1:


2:

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4:


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6:


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Message par Xerona 11.06.18 19:59

Les songes du roi:


Dernière édition par Xerona le 11.06.18 20:08, édité 1 fois
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Message par Xerona 11.06.18 20:00

Billet au Roi:


Dernière édition par Xerona le 11.06.18 20:10, édité 1 fois
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Message par Xerona 11.06.18 20:01

Contrat:


Dernière édition par Xerona le 16.06.18 19:29, édité 2 fois
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[Quête mineure] La Pierre du Roi Empty Re: [Quête mineure] La Pierre du Roi

Message par Xerona 11.06.18 20:03

Journal intime:


Dernière édition par Xerona le 13.06.18 22:59, édité 1 fois
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[Quête mineure] La Pierre du Roi Empty Re: [Quête mineure] La Pierre du Roi

Message par Xerona 13.06.18 3:10

Etape 1 de la trame réalisée
Etape 2 de la trame réalisée : [Les Songe du Roi] ainsi que [Billet au Roi] sont désormais disponibles à la lecture
Etape 3 de la trame réalisée : le [contrat] est désormais disponible à la lecture
Etape 4 de la trame réalisée : le [journal intime] est désormais disponible à la lecture
Etape 5 de la trame non entamée
Etape 6 de la trame non entamée


Dernière édition par Xerona le 17.06.18 0:23, édité 5 fois
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Message par Xerona 26.08.18 10:39

Salle du Krosmoglob
 
« Srambad, vous êtes bien sure ? »

La conseillère toisa Xerona, regardant de bas en haut son petit mètre soixante et ses cinquante kilos.

« Vous… savez que c’est risqué au moins ?
- J’ai bien dit Srambad. Où avez-vous un portail ? »

Soupirant devant l’insistance de la jeune femme, la conseillère se rapprocha de l’un des globes, se concentra quelques secondes.

« Au sud d’Amakna. Orée de la foret. »

Puis, après quelques secondes d’hésitation.

« Et nous déclinons toute responsabilité en cas de…
-Oui oui, je sais, merci, la coupa-t-elle. »
 
Srambad
 
    Un flash, un léger tournis et un sévère mal de crâne plus tard, Xerona tomba, plus qu’elle ne s’assit, sur l’une des pierres qui bordait l’entrée de Srambad. Elle profita de cette petite pause pour jauger l’endroit du regard.
Dalles sales et déchaussées, façades ternes, fenêtres aux volets clos, parfois renforcées de barreaux de fer, maisons qui s’enchevêtraient les unes sur les autres, grimpant en empilements biscornus. Le tout couvert d’un voile d’encre épais et impénétrable.
    Une cité qui sentait l’urine et les égouts mal entretenus, relents ponctués par quelques fragrances plus discrètes : sueur, métal rouillé et vielle hémoglobine formaient un mélange digne du parfum d’un bwork. 
    Pour sûr, il fallait être un tordu pour venir par ici. Un tordu avec des affaires tordues à réaliser.
    Satisfaite de cet état de fait, Xerona resserra sa cape de plumes noires autours de son cou, ajusta son sac et se glissa à l’intérieur de la ville. Il ne lui fallut pas longtemps avant de rencontrer quelques individus qui patientaient sous une lucarne, ne cherchant pas à se cacher.

    L’un d’eux s’avança. Contrairement aux idées reçues, il était propre sur lui, vêtu d’un manteau de fourrure ajusté, et d’un pantalon de soie. De sa ceinture pendait une rapière qui semblait de bonne facture. Il se plaça en travers de la route, l’air sur de lui.
 
« Madame ? Que vous prends-il de marcher ainsi seule en cette rue déserte ? Vous savez, Srambad n’a rien à voir avec la paisibilité de vos petites villes du continent. »
 
    S’arrêtant à quelques mètres, Xerona dévisagea son interlocuteur, puis jeta un regard sur le côté. Trois hommes, chacun armés de sabres, et de petits boucliers. Une milice ? Leur attitude sereine laissait entendre qu’ils tenaient ce territoire. Les différents groupes de bandits devaient s’écharper régulièrement pour le contrôle de la ville.

« Souhaitez-vous que nous vous accompagnions pour un petit tour ? »

    La voix mielleuse agaça Xerona. Elle répliqua sèchement.

« Je veux le passage. »

    L’homme la dévisagea quelques secondes. L’assurance que dégageait la Xelor le troublait. Il soupira, semblant céder à un dilemme intérieur, puis sur un ton tout aussi sec :

    « Mille cinq cent kamas. »

Xerona haussa un sourcil.

« Je ne les ai pas. »

    Le bandit s’approcha doucement, caressa la cape de la Xelor entre son pouce et son majeur.

« De vraies plumes de corbac ! Vous avez dû payer ça une sacrée somme. Quant au sac, voyons voir ce qu’il y a… »
    
    Xerona rejeta la main indiscrète d’un coup sec de l’avant-bras, toisant le bandit avec hargne.

« Faites attention à vos doigts, ça tombe vite, il paraît. »

    Le gredin recula, portant instinctivement la main sur sa rapière. Xerona se mordit les lèvres, les choses ne tournaient pas vraiment à son avantage. Changeant d'avis, avança une offre.

« Cinq fois le prix pour le passage ainsi que pour votre indiscrétion. Et cinq autres fois si j’en retourne entière.»

    Portant la main à sa barbe taillée, le chef réfléchit.

« On pourrais tout aussi bien vous secouer tête en bas et ramasser ce qui tombe. Vous m’avez l’air d’un vrai trésor.
-Vous êtes quatre. Je ferais en sorte qu’il n’y en ait plus que trois avant que cela ne se produise. »
 
    Il avait finalement cédé devant l’assurance inébranlable qu’affichait la Xélor. Au fond, elle n’en avait pas mené si large. Elle savait qu’elle avait dansé sur un fil, un tout petit fil…
    Mais l’affaire était résolue. Contre les sept mille cinq cent kamas, l’homme avait accepté de la renseigner sur les différentes castes de la guilde. Il lui avait parlé d’une maison. Puis d’un homme. Puis il s’était écarté du chemin, et avait souhaité bonne route à Xerona, non sans marquer l’ironie qu’il y mettait. Elle passa le guet, méfiante, jetant de nombreux coups d’œil derrière-elle, ainsi qu’aux bâtiments voisins. Mais les hommes ne bougèrent pas.
 
    La foule sembla surgir au coin d’une rue. D’une ruelle déserte, Xerona était passée à une rue large et fréquentée, ou s’animaient divers marchands, divers acheteurs, et divers autres personnages à l’allure douteuse. Objets volés, artefacts issus de trésors anciens, animaux exotiques et… êtres humains. Tout un panel de marchandises diverses dont la plupart ne devaient être que des contrefaçons et escroqueries, mais qui devaient tout de même cacher quelques pépites.
Elle inclina le regard vers certains articles mystérieux, mais n’écouta pas les dires des marchands auxquels elle ne se fiait nullement.
    Le bâtiment qu’elle cherchait hissa péniblement sa petite pancarte jusqu’à son regard. La foule était si compacte qu’elle peinait à voir les façades, et elle faillit manquer l’inscription du « Gai Rilleur ». Elle entra dans la taverne, passant du monde des relents d’égouts et de vielles chicots à celle des vapeurs et fumées diverses et de l’alcool.
    Elle s’était attendue à entendre des rires gras, des voix fortes, et des rumeurs de querelles. Rien.    
    Un silence complet. Lourd.
    Pas un mouvement.
    Seuls quelques murmures.
    Des hommes et femmes, principalement des Srams, penchés sur leurs tables, s’échangeant on ne sait quelques informations.
    Et un barman solide, occupé à lustrer le bois de son comptoir, impeccable.

« Vous voulez quoi ?
-Firmin ? si je ne me trompe pas. »

    Le colosse fronça légèrement les sourcils.

« Qui vous a dit mon nom ?
-Un homme qui gardait la porte de la ville. »

    Le barman gloussa.

« Vous êtes passée par la porte principale ?
-Oui, pourquoi ?
-Z’êtes bien naïve. Ou téméraire. Ou folle. Ou les trois. »

    Puis il s’expliqua, devant le froncement de sourcils de la jeune femme.

« Personne ne passe par la porte principale ma d’moiselle. Les habitués l’évitent : trop d’yeux indiscrets par là-bas. »
    
    Il reprit plus bas.

« M’enfin, si ce vaurien de Jhill vous a laissé passer, c’est que vous lui avez fait un joli cadeau. J’supose que j’ai quelque-chose à gagner dans cette histoire. »

    Il brailla.

« Joël ! Ramène toi au bar, faut qu’j’discute avec un client ! »

    N’attendant même pas la venue du garçon, il invita Xerona d’un geste de la main. Ils passèrent un épais rideau, puis une porte, avant d’arriver dans un petit salon. L’homme offrit le canapé à Xerona, et s’assit sur un tabouret en bois, allumant un cigare.

« Alors, qu’est-ce que vous voulez ?
- Vous connaissez la caste du Kounshil ? Je veux les nouvelles récentes qui circulent à leurs propos, ainsi qu’un moyen de les touver.
- Vous cherchez quelqu’un ? »

    Elle répondit avec méfiance :

« La caste suffira.
- Bien bien, j’fouine pas dans vos affaires si ça vous embête. Savez, je fais dans l’accueil des nouveaux par ici. Jhill les détrousse. Moi je les détrousse encore un peu plus. Puis ils sont contents, ils ont compris les premiers rudiments de la vie à Srambad. »

    Il fit tomber la cendre de son cigare dans une petite coupelle.

« Bref, vous avez compris. Vous voulez des infos. Mais ça s’obtiens pas comme ça les infos. Jhill est une grande gueule, mais il ne sait rien. Moi je sais beaucoup, parce que je parle peu. Z’êtes nouvelle, j’ai jamais entendu parler de vous. Je pourrais à la limite vous filler quelques tuyaux, mais de là à vous parler de quoique ce soit concernant les castes de Srambad… »

    Excédée, Xerona finit par céder. Elle devait faire jouer les maigres relations qu’elle avait ici. Elle se redressa sur son siège.

« Vous connaissez pas mal de monde. Butcheure, ça vous dit quelque chose ? »

    Le visage du barman s’étira en un rictus qui ressemblait à un sourire.
 
La Caste du Kounshil

    Butcheure dévisageait la Xelor avec un sourire. Ils marchaient au travers des rues en dédale. Ils se faufilaient avec aisance à Srambad. Ils ne rencontraient personne. Xerona cru une bonne dizaine de fois tomber dans un coupe-gorge. Sa vision lui jouait des tours dans la ville mal éclairée, quelques illusions éphémères. Mais Butcheure se faufilait au travers des traquenards comme une anguille entre des doigts engourdis.

     Ils s’arrêtèrent. C’était une porte comme les autres : petites et verrouillée de l’intérieur. Butcheure frappa. Un petit judas coulissa. La sram quitta sa capuche pour laisser apparaitre son visage dans la pénombre. On ouvrit.
    Il sembla que la porte s’ouvrait sur un mur. Un colosse de chair et de cuir, hissé sur deux solides jambes, muni de paluche si grandes qu’elles pouvaient venir saisir le visage de la Xelor sans difficulté, un buste large et musclé, et au-dessus, atteignant sans doutes les deux kamètres vingt, un visage à la barbe courte et au crâne rasé, durci et rougi par le fourneau. Sa voix grave était douce, et chaleureuse.

« C’est toi la ‘tite dont Butch’ m’a parlée ? »

    Acquiescant du chef, Xerona, lui tendit la main.

« Xerona, enchantée.
- Udyr, Maître des Forgerons. »

    Le colosse approcha la sienne, et la jeune femme cru un instant devoir dire adieu à sa main. Cependant, si la poigne était ferme et calleuse, elle était aussi douce et attentionée.

« Tu nous sors d’un sacré pétrin tu sais ? Le conseil est en furie. Les divers groupes de la caste se déssoudent. On ne sait pas trop quand ça vas éclater, mais c’est pour bientôt. Laudel est en train d’essayer de se faire une place dans tout ce chaos, mais tout ce qu’il va réussir, c’est à se faire trouer la peau. Nous, on veut juste partir d’ici, mais le sortilège nous en empêche.
-Je sais je sais. Vous avez besoin du caillou. »

    Xerona étendit un petit sourire, qui fit grogner le forgeron.

« Ah, je vois, tu n’entends pas la donner comme ça. Je comprends, remarque, ça n’a pas dû être facile de dégoter la Pierre. Tu voudrais quelque chose en échange ? » 
La Xelor acquiesça, assez surprise de voir le forgeron aussi ouvert. Peut-être était-ce dû à la présence de Butcheure à ses côtés.
- Deux choses. Je voudrais m’assurer qu’un de mes amis n’aie plus jamais à répondre aux demandes de la guilde *elle tapota son œil, là où la caste implantait une rune hupermage permettant d’assassiner facilement les membres réticents de la caste*.
- Ca c’est possible. Il n’y a même pas d’avoir le garçon sous la main, la Pierre suffit pour cela. »

    Xerona acquiesça, toutefois méfiante à ce propos.

« Et… il parait que vous confectionnez d’étranges armes. Cela m’intéresse beaucoup. » 
Un rire puissant accueilli la demande. Rire qui mit la Xélor sur ses gardes.
« Détends toi petite, elles sont ici, je vais te les montrer. »
 
    C’était au sous-sol, dans un coffre solidement fixé au sol, et verouillé par plusieurs lourds cadenas. Au fond du coffre, emballés dans du feutre épais, de longs objets arrondis qui devaient faire un mètre. Le forgeron en sorti une.
    Cela ressemblait à un long tube, recouvert d’un émail blanc et d’un magnifique fil d’or qui dessinait un dragon crachant des flammes. Il était creux qu’un coté, et terminé de l’autre par un manche en bois surmonté d’un étrange mécanisme en une sorte d’argent.

« Vous voulez la porter ? »

    Xerona acquiesça, la saisit, elle était beaucoup plus légère qu’elle ne l’imaginait. Elle la posa à son épaule à la manière d’une arbalète, un peu désemparée par l’arme nouvelle.

« La crosse viens se poser ici, au-dessus de l’épaule, et il y a un ensemble de tiges métalliques sur le côté qui servent à viser »

    Le forgeron réajustait l’arme au fur et à mesure qu’il donnait ses explications, continuant avec fierté.

« On insère de la poudre, puis un projectile en métal dans le tuyau. Puis on active le mécanisme du dessus en pressant avec les doigts, pour libérer la petite pièce, ici *il désigna le chien*, qui vas frapper une pierre et produire des étincelles, allumant la poudre. L’explosion fait partir la munition. Ca perce toute sorte de carapace et d’armure. »

    Il continuait sa description, parlant des avantages de l’arme, ainsi que ces métaux utilisés, alliage que la Xelor ne connaissait pas. Elle hochait la tête, sans rien montrer de son émerveillement intérieur, et prenant garde à ne pas trop se laisser porter par ce discours marchant.
    Alors le forgeron posa l’arme, referma le coffre et s’assit dessus, et, après un long soupir, il ficha ses yeux dans ceux de la Xelor, et parla, sur le ton de la confidence.
 
« J’ai une demande à te faire. Avec l’état actuel de la caste, nous ne pouvons pas rester sur srambad. Il nous faut nous installer ailleurs. Pour avoir trouvé cette pierre, je me doute que tu ne t’en es pas sortie seule. Tu dois faire partie d’un groupe avec des moyens déjà honorables. Nous avons besoin d’un logis et d’un atelier pour nous réinstaller ailleurs. Ainsi que de quelques moyens pour nous relancer. Ces arquebuses ne suffiraient malheureusement pas à acheter les métaux rares et le matériel que nous ne pourrons pas emmener avec nous. Aidez-nous, et nous vous le rendrons. Notre magie nous permet de réaliser des créations inégalées, comme vous le voyez pour ces armes. Le bénéfice est certain pour vous. »

    La Xelor fit mine de réfléchir.

« Combien êtes-vous ?
- Six, moi inclut. »

    Elle acquiesça.

« Je vous amènerais à Astrub. Pour le logis, il vous faudra payer. Le chargement d’arquebuses dès l’arrivée. Puis la moitié de vos bénéfices jusqu’à ce que cela atteigne le triple de nos dons.
- Le triple ? »

    Le colosse grommela intérieurement puis acquiesça. Un peu trop rapidement pour la Xelor. La proposition était bien trop exigeante, elle le savait. Leur position précaire justifiait-elle d’accepter de telles conditions ?
    Le colosse reprit, redevenu calme.
 
« Alors il nous reste plus qu’à rompre l’enchantement, qu’à préparer nos affaires et qu’à charger la charrette. Nous partirons dès ce soir. »

    Il tendit la main, presque avec avidité.

« Vous avez la pierre ?
- Chargez les affaires et préparez-vous. Vous aurez la pierre au moment voulu. »

    Un éclair de colère traversa ses yeux pendant quelques secondes, et mourut dès que le colosse croisa le regard de Butcheure, qui était restée en retrait. C’était bien ce qu’il semblait à la Xelor. Ils avaient Butcheure en respect, et ils devaient en avoir assez peur. Tant qu’elle resterait avec elle, elle était à peu près sûre qu’ils suivraient leurs engagements.      Aussi profita-t-elle d’un moment ou le forgeron s’éclipsa pour parler à la sram.

« Tu m’accompagnes jusqu’où ?
-Jusqu’à la porte, j’ai quelques affaires à régler dans la caste avant de partir d’ici. Mais ne t’en fais pas, j’attends une lettre de ta main à ton retours. Si je ne la reçois pas dans deux semaines, les forgerons connaissent très bien le sort qui leur sera réservé. »

    La Xelor acquiesça, légèrement rassurée.
 
Départ


    Les affaires étaient prêtes, la charrette était chargée avec les dernières confections des forgerons, et six hommes et femmes, tous solides et trapus étaient sur le qui-vive.
    Udyr s’avança, tendit la main pour récupérer la pierre. Xerona dénicha une bourse de sous ses bandelettes. Elle la défit, faisant tomber dans le creux de sa main une pierre cristalline. Elle semblait avoir perdu de son éclat originel, mais provoquait toujours une sorte d’émerveillement lorsque l’on la regardait.
    L’homme la saisit, et la posa sur l’une des tables. Il s’équipa d’une bague, ornée d’une pierre similaire, et fit se toucher les deux joyeux. Il marmonna dans sa barbe. Il y eut un flash, semblable à certains foudroiements des magiciens. La pierre luit quelques secondes et s’éteint. Puis l’homme la repris, et la glissa avec soin dans la poche de son veston.

« C’est tout ? demanda Xerona. »

    Le forgeron acquiesça. Elle était étonnée, elle s’était attendue à quelque chose de plus spectaculaire. Elle haussa les épaules.

« Alors en route ! »

    Udyr grommela quelque chose entre ses dents à l’ordre de Xerona, puis dit d’un ton ferme.

« Aller, on y vas ! »

    La compagnie se mit alors en mouvement.
 
Le voyage du retour
 
Ils quittèrent Srambad sans trop de difficultés.

Ils quittèrent également Butcheure.

    Les relations entre les forgerons et Xerona étaient froides. Elles semblaient se détériorer lentement. Elle préférait manger à l’écart, et ne parlait qu’en cas de nécessité. Udyr prenait toutes ses paroles avec un grincement de dents, comme si seule la menace de Butcheure le retenait de ne pas abandonner ici la Xelor et partir se faire une nouvelle vie de lui-même.
     Le portail les avait fait atterrir à la tour des voyageurs dimensionnels, au beau milieu du massif de Cania. Il leur fallait encore prendre la route vers Astrub, quelques jours de marche avec la charrette derrière eux. Bordés par les deux immenses falaises, ils avançaient. Avançaient-ils vraiment ? Le paysage, lui, ne bougeait pas d’un pouce. Une lande herbeuse hérissée de pics de pierre. Un vent constant, balayant la poussière du chemin. Un soleil d’été trop chaud, qui rendait la marche difficile, et des nuits froides, ou il faisait bon se réunir autour du feu. 
    Xerona, toujours en froid avec les Forgerons, préférait rester à l’écart, dans l’ombre. Elle regardait les étoiles, la lune, ne dormait pas vraiment, mais se reposait. Parfois, elle méditait. Le jour, elle partait en avant, voir si aucun obstacle ne se présentait. On craignait les cochons de lait, ils erraient par bandes par ici, et pillaient sans hésitation.
Au milieu du troisième jour, ils arrivèrent enfin au croisement de la route qui longeait le massif par le nord-est et de celle qui le traversait en son centre. Ils bifurquèrent vers l’est. Ils avaient fait le tiers du voyage ! Ils firent leur campement un peu plus loin, autorisant à leurs jambes épuisées quelques heures de repos supplémentaires.
    Au matin, ce ne fut pas le soleil qui les réveilla, mais le son strident d’une flèche, suivi du gargouillis sanglant et terrifié d’un des forgerons, qui montait la garde. Le malheureux s’effondra sous les yeux encore à demi ouverts de ses compagnons, une flèche en travers de la gorge.


    La lune s’était dégagée, elle était pleine, ronde, claire, elle diffusa une lumière spectrale sur le macabre spectacle qui suivit. Deux forgerons qui eurent la mauvaise idée de bondir sur leurs pieds furent cueillis par les flèches meurtrières. Ils s’écroulèrent entre leurs trois derniers camarades. Alors, Udyr se saisit de deux petites haches, qu’il gardait sous sa couchette, et, rampant vers ses compagnons, il leur intima de s’équiper. Il s’empara d’un large bouclier, et se leva. Deux flèches se fichèrent dans le bois de l’arme. Une autre vint de l’arrière. Elle se ficha dans son épaule. C’était une brindille dans le corps musculeux du colosse. Après un grognement de rage, il brisa la brindille et se remit à couvert.

« Les chiens, ils nous entourent.
- Des cochons de laits ? *s’enquit un des survivants, les yeux mêlés de peur et de courage*
- Non, des bandits de grand chemin. Ce qui n’est pas mieux. »

    Xerona était restée en retrait. Son froid avec les forgerons lui avait servi. Elle dormait à l’abri d’un pic rocheux à une trentaine me mètres de la charrette. Elle jaugea la situation : trois forgerons en état de se battre. Cinq bandits entourant la charrette. Elle se dirigea vers les deux archers les plus proches. Deux dagues fusèrent, un seul cri : l’autre était mort sur le coup. Elle revint sur ses pas à l’aide de sa magie temporelle, de nouveau à couvert, derrière le promontoire rocheux.
    L’attention des bandits s’était détournée quelques instants. Il n’en fallut pas plus aux forgerons. Deux hommes et une femme sortirent à découvert, arquebuse à la main. Trois claquements secs retentirent. Deux firent mouche. Le dernier bandit décocha le carreau de son arbalète puis s’enfuit, laissant son arme au sol.
    Xerona se rapprocha de la charrette. Elle vérifia l’état des forgerons à terre. Trois étaient morts. Un quatrième était adossé au rebord de la charrette, un carreau entre l’épaule et la nuque. Elle vérifia alors l’état des bandits, récupérant leur bourse, ainsi qu’un petit bijou qui semblait avoir de la valeur. Une main épaisse et calleuse se posa sur sa nuque, et l’attrapa en serrant. L’autre main tendit les deux dagues qu’avait lancées la Xelor.

« C’est l’ouvrage de Paude ça. Non ? Je reconnais bien le travail des miens. Surtout celui de ceux qui sont morts. Alors ? »

    Un frisson parcourus son échine. Paude, la Forgeronne de la caste qui lui avait confectionné ses armes. Cela s’était terminé plutôt mal entre elles. Un duel à mort. Udyr avait l’air de lui en vouloir. Ce dernier serra un peu plus.

« Un dernier mot à dire ? Un dieu à prier ? Tu veux mentionner Butcheure ? Vas-y ! Elle a ses principes, mais moi aussi j’ai les miens, et je souffrirais volontiers de m’en faire une ennemie si c’est pour venger les miens… »


    La poigne se serra un peu plus. La Xelor sentait sa nuque qui menaçait d’éclater. Elle s’enflamma.
Grognant de surprise et de douleur, le forgeron la relâcha, serrant de son autre main sa poigne brûlée. Il releva un regard noir de haine, mais trop lentement : une dague le cueillait déjà en plein estomac.
    Xerona recula de quelque pas, se mettant hors de portée. Mais le colosse marchait toujours, la dague enfoncée dans le ventre. Il s’élançait même, avec le cri rauque d’un ours décidé à en découdre. Il encaissa une volée d’aiguilles dans le torse sans arrêter sa course, frappa… la Xelor n’était plus là, mais derrière lui. Elle envoya de nouvelles volées qui se fichèrent dans son dos. Puis elle s’embrasa, elle, et ses armes.


    Les aiguilles prirent feu, les flammes léchèrent le dos et le ventre du géant qui se débattait, chargeant de nouveau la jeune femme. Elle ne se laissa pas toucher, laissant le feu consumer la chair de l’ancien Maitre des Forgerons, implacable.       Une détonation tonna, un projectile heure le sol à ses pieds, faisant éclater un morceau de roche qui lui griffa sévèrement le visage. Elle se retourna, et chargea la remorque d’où l’on avait tiré, toujours embrasée.
    Son adversaire ne fut pas assez rapide pour éviter les aiguilles meurtrières, et la pauvre femme s’effondra, touchée à l’épaule, dans une série de cris aigus. Derrière, le monstre était enfin tombé à terre, délivrant un fumet de chair grillée. Il bougeait encore. Les flammes se turent autours de la Xelor. Elle s’approcha d’Udyr, et elle le regarda fixement, et longtemps. Il respirait encore.
    Son souffle sifflant soulevait avec peine sa poitrine noircie par les brûlures. Elle n’attendait qu’un mot, qu’une supplication pour mettre fin à ses souffrances. Mais il lui semblait que l’homme la toisait encore d’un regard mauvais. Elle attendit quelques secondes ici, immobile. Elle récupéra ses aiguilles et sa dague, puis elle haussa les épaules, et se détourna du spectacle. Les cochons de lait s’en occuperaient.
    
    Retournant à la charrette, elle entreprit de calmer la dragodinde qui tirait encore sur sa corde avec acharnement, accrochée à un piquet à quelques mètres de là. Il fallut un bon quart d’heure pour que le souffle de la bête devienne à nouveau régulier, et qu’elle accepte de se faire tenir par les rennes. Xerona l’attela, puis, à ses côtés, fit avancer l’animal.        Elle la ménagerait aujourd’hui, mais elle préférait ne pas rester ici trop longtemps.
    Un souffle faible attira son attention derrière elle. Elle arrêta la charrette.
    Le jeune homme blessé par le carreau était devenu blême. Il tremblait, et suait. Le sang autours de la blessure avait coagulé, mais la flèche y était encore. Il la tenait de sa main gauche. Ses yeux se posèrent un instant sur ceux de la Xelor. Il y avait quelque chose d’effrayant dans ce regard. Une peur profonde, une terreur de la mort. Elle rodait autours de ces petits yeux brillants, obscure. Elle le cernait, l’enfermait dans ses vapeurs étranges. Elle l’étouffait dans une nuit sans fond. Elle le serrait entre ses petites mains.
     L’homme tendit une main suppliante, arrachant la jeune femme à sa rêverie. Elle la prit, s’approcha, et la tira de sorte à le faire tomber hors du chariot. Puis elle reprit Le mourant rapetissa peu à peu, ne devenant bientôt plus qu’un point noir sur le chemin de pierres blanches.

    Xerona pris alors une profonde inspiration, huma le parfum d’herbes sèches et de poussière de la lande. Il lui semblait qu’elle avait un poids un peu lourds sous la poitrine. Comme un peu de culpabilité. Cela la gênait…
Xerona
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