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Histoire d'Emyn Muil

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Message par Emyn Muil 21.01.17 1:49

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PROLOGUE : LA CHUTE D'HEOLIN


Les cors raisonnaient fièrement contre les murs blancs de la citadelle, accueillant l'astre solaire qui se levait à l'est. Et les gens de la forteresse commençaient à s'affairer, comme chaque jour, là-haut dans les montagnes. Car là, disait-on, était sise la dernière place forte avant le désert à l'ouest, celle qui voyait la forêt des Abraknydes s'étendre au nord, les plaines de Cania s'étaler au couchant, et la province d'Amakna vivoter au levant. C'était le refuge caché dans les sommets - que l'on ne pouvait trouver sans en connaître l'accès secret - de ceux que les serments prêtés avaient conduits en exil. Là ils bâtirent de pierres blanches ce modeste château, qu'un art raffiné embellit à l'occasion de multiples travaux effectués au fil des années. Ici vivait l'ordre de chevaliers noirs que le temps ternit de gris, puis de blanc. Une race vouée à l'exil, qui élut demeure dans ces hauts lieux hostiles. Ils y cultivaient encore leur noblesse, leur savoir et leur sagesse que des siècles d'une vie âpre avaient nourri lentement. Ils se gouvernaient en frères et œuvraient aux multiples affaires qui les intéressaient, dans ce havre de paix qu'Argheimar établit au mépris du Destin.

Les orphelins d'Heolin se rappellent encore le son de la musique et des rires dans la grande halle. Le goût suave du vin et des mets qui étaient servis. Le faste et la richesse des tapisseries sur les murs, et des lustres au plafond qui éclairaient la pièce d'une chaleureuse et douce lumière lors des rudes nuits d'hiver. Mais ils se souviennent encore également de l'ombre et du feu qui, un jour, vint, car les siècles ne suffisaient pas à faire oublier ce qui avait été juré.

Alors la dernière nuit vint pour Heolin, lorsqu'un ver terrible surgit des profondeurs de la terre, et que les clans des Bworks assiégèrent à ses côtés la forteresse. Les épées furent tirées, et Emegeld Muil, fidèle à sa lignée, défendit jusqu'au dernier souffle les murs assiégés. Mais il périt, lui et ses frères, dans la dernière lutte d'une race maudite. Et tandis que la citadelle succombait aux flammes, les passages sous la montagne déglutirent de misérables, hagards, qui retrouvèrent subitement la dure condition d'errance et d'abandon de ceux qui les avaient, il y a longtemps, précédés.


De ceux-ci était Ilwyn Muil, désormais veuve, qui conduisait son jeune fils Emyn loin du désastre. Et les voici, en maigre compagnie, jettés aux bords des routes cruelles, rejoignant ceux qui communiaient dans la misère du genre humain. Chacun pleurait ses morts et professait des malédictions, et l'automne venant, ils se dispersèrent en quête d'un toit pour les jours durs à venir. Alors Ilwyn se sépara de ce qui lui restait, et put entrer au temple de Xélor, obtenant ainsi un logis et un couvert pour elle et son fils. C'est ainsi que débutait misérablement une jeune destinée à laquelle la fortune allait encore jouer bien des tours...


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Où la Main s'engage dans un bras de fer.
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Où la Main fait peau neuve.
Alchimie III
Le dernier niveau d’alchimie permet de confectionner les meilleures potions pour le cœur, ainsi que des potions utiles pour les autres enseignes : explosifs, transformations, invisibilité, etc.
Comédie I
Le premier niveau de comédie permet d’adopter une posture en face d’un interlocuteur, d’avoir déjà quelques bottes secrètes pour éviter les questions désavantageuses, et utiliser des techniques d’interrogatoire pour obtenir des renseignements.
Réseau
Cette compétence fait état de la constitution d’un réseau d’information et/ou d'influence au sein d’une certaine communauté, faction, cité, caste, guilde, etc. Le membre pourra ainsi en tirer des renseignements ou des services utiles, de temps à autr
Érudit
Le membre passe régulièrement du temps dans les bibliothèques du monde des Douze, et dispose d’une connaissance avancée de son environnement, son histoire, ses cultures.
Furtivité I
A pas de velours. Le premier niveau de furtivité permet de se mouvoir sans bruit, d’avoir déjà quelques facilités à surprendre quelqu'un par derrière, et de limiter toute déconvenue sonore susceptible de compromettre une infiltration.
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Message par Emyn Muil 22.01.17 4:08

PREMIÈRE PARTIE

I — UN VISITEUR INATTENDU




Le pays était légèrement vallonné. Peu de gens y vivaient, à part quelques bergers qui faisaient paître leurs bêtes dans les collines. Il y avait une vaste forêt qui s'étendait à l'ouest, et une unique route de terre qui traversait les terres incultes. Au bord de cette route, tout près de la forêt, se dressaient soudainement quelques modestes bâtisses de pierre, organisées autour d'un long bâtiment central. Écuries, dortoirs, réfectoire, cellier, atelier, appartements privés et une grande salle de culte ornée d'un autel : il s'agissait d'un temple dédié à Xélor — une maigre succursale, en fait, de celui du village d'Amakna. Les disciples de Xélor avaient trouvé ici un Désert âpre et silencieux, où ils pouvaient s'adonner au mieux à leur culte, comme le préconisait leur patron gardien du Feu Noir.

C'est ici que purent trouver refuge Ilwyn Muil et son fils Emyn, il y a cinq années de cela. En échange de ses derniers biens, Ilwyn put rejoindre le temple, et obtenir logis et couvert pour elle et son fils. Elle menait une vie monotone, dans une rigueur dévote qui devait l'aider à oublier la mort d'Emegeld. Les fastes d'Heolin semblaient si loin à celle qui ne vivait plus que pour la survie de son fils ! Lequel, Emyn, avait désormais douze hivers. De nature timide, calme et réservée, la vie au temple ne semblait guère lui déplaire. Il étudiait assidument ce que les maîtres voulaient bien lui enseigner, et aidait aux diverses tâches qui incombaient à la survie de la petite communauté. Emyn venait d'adopter, naturellement, le culte de Xélor. Peut-être aurait-il envisagé d'endosser la prêtrise à son tour, si la fortune ne lui avait pas réservé un autre destin.

Un jour de printemps, en effet, passa au temple un drôle de voyageur. Il n'y en avait habituellement guère, par-ici. Mais il arrivait que le temple offre le logis à l'un d'entre eux y faisant simplement étape. Or, notre voyageur n'était pas venu ici pour simplement profiter de l'hospitalité des clercs : il était ici en affaires. Tout vêtu de noir, montant une dragodinde sobrement ébène, élégant et discret, il se présenta au nom d'Ogier Danemarche. Il avait un juteux marché à proposer aux Xélors, qu'il présenta longuement, à grand renforts de formules détournées et évasives : chacun comprenait petit à petit que le mystérieux voyageur entendait profiter de l'éloignement des lieux pour faire quelques sensibles écarts à la loi du roi. Certes, toute cette affaire émut beaucoup les habitants du temple, mais ici n'est guère le lieu de s'y attarder.

Après un souper en compagnie des Xélors, Ogier Danemarche avait rejoint les appartements qu'on lui avait attribué, laissant à ses hôtes une longue nuit pour réfléchir à ses propositions. Or, quelle ne fut sa surprise lorsqu'au matin, il s'aperçut que sa montre en argent avait disparu ! Gardant son calme, il fit part de la disparition de l'objet aux maîtres du temple, lesquels ne pouvant tolérer qu'un si grave soupçon pèse sur l'honneur de l'établissement mobilisèrent toutes leurs forces pour le retrouver. Finalement, à la surprise générale, on trouva la montre dans les affaires d'Emyn, qui avoua non sans mal l'avoir dérobée ! Lorsque le visiteur l'apprit, il demanda à voir l'enfant.

« Excusez-moi monsieur, bafouilla honteusement le jeune Xélor lorsqu'on le présenta, devant toute l'assemblée courroucée, à Ogier Danemarche. Vous savez, nous vivons pauvrement et ma mère est si triste... »

Le voyageur, peut-être compatissant, interrompit les pénibles aveux du jeune Emyn : « Qu'importe ! Ce n'est rien. Mais dis-moi petit, comment t'y es-tu pris ? J'avais ma montre dans la poche de mon manteau lorsque je me suis couché, et j'avais pris soin de verrouiller à clé la chambre, alors que les fenêtres en étaient fermées. »

Gêné, le Xélor hésitait à répondre. Mais le maître Vilgard le somma : « Alors ? Qu'attends-tu ? Vas-tu t'expliquer à notre cher visiteur, crapule ? » Alors Emyn répondit franchement : « J'avais remarqué votre montre à votre arrivée monsieur. Aussi, j'avais bu une potion de tabouflage pour me transformer en tabouret dans la chambre qu'on allait vous assigner, pendant que vous dîniez. J'ai profité que vous vous étiez absenté aux latrines durant la nuit pour retourner dans mes appartements. »

« Une potion de tabouflage ? La perplexité se lisait dans le visage de Vilgard. Où as-tu trouvé ça ? » « C'est moi qui l'ait fabriquée, maître » répondit Emyn. D'un coup d'un seul, l'assemblée se tenait coite, visiblement surprise. Alors Ogier prit la parole : « Tu as fabriquée une potion de tabouflage, à ton âge ? Enseigne-t-on l'alchimie aux jeunes disciples, ici ? » « Non guère » répondit Vilgard, dont la perplexité allait croissant. Le voyageur réfléchissait longuement en dévisageant le petit Xélor. « Intéressant..., dit-il finalement. Dis-moi, comment t'appelles-tu petit ? » « Je suis Emyn Muil. » répondit avec une certaine fierté l'intéressé.

Le silence envahit à nouveau la salle. Après avoir longuement pesé ses mots, Ogier le brisa en annonçant ce qui devait finir de surprendre la petite communauté : « Hé bien, Emyn Muil... Que dirais-tu de devenir apprenti alchimiste ? »


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Message par Emyn Muil 31.07.17 2:42

II — NILREM L'ALCHIMISTE


La séparation fut aussi brusque que douloureuse. Mais malgré son chagrin, la mère d'Emyn Muil savait quelle opportunité inattendue s'ouvrait pour son fils. Apprendre l'alchimie auprès d'un maître en l'art : voici une perspective d'avenir plus joyeuse que celle de rester ad vitam æternam cloîtré dans ce temple perdu et à peine prestigieux... Aussi, Ogier Danemarche eut la bonté de retarder son départ de deux jours pour permettre à la mère et au fils une séparation moins rude. Puis ce délai passé, toutes ses maigres affaires tassées dans un sac en toile, le petit Xélor fit ses adieux à sa mère et aux habitants du temple qui l'avait tant d'années accueilli, puis il grimpa sur la dragodinde de son heureux protecteur et fila à grande vitesse vers le Nord.

La chevauchée dura plusieurs semaines. Les deux voyageurs logèrent en maintes auberges, et chez les curieux et moins curieux amis de sire Danemarche qui se firent, pour lui, un temps hôtes — et lesquels profitant visiblement de l'occasion pour régler quelques affaires secrètes lors d'interminables conciliabules auxquels Emyn n'était pas tenu d'assister. Puis finalement, les deux compères passèrent les Montagnes des Craqueleurs et arrivèrent dans la province d'Astrub. Là, au pied des monts, ils quittèrent la grand-route et se rendirent à un minuscule village où se tassaient quelques coquettes chaumières entre les champs de citrouilles, les basses-cours à tofus et les enclos à bouftous. Sans s'arrêter, ils traversèrent la localité puis s'engouffrèrent dans un chemin tortueux à travers-bois qui grimpait une colline. Arrivés au sommet, les visiteurs purent contempler une élégante tour aux vieilles pierres prises d'assaut par les plantes grimpantes, sise au milieu d'un jardin délaissé aux plantes sauvages et au centre duquel trônait un puits peuplé d'araknes.

On aurait pu avoir de la peine à imaginer les lieux habités. Pourtant, à peine les voyageurs mirent-ils pied à terre qu'un grand et maigre personnage sortit de la tour. Il ne fallait qu'un simple coup d’œil pour supputer avoir rencontré là un drôle de bonhomme : un bonnet pointu pourpre orné d'étoiles stylisées dorées sur la tête, une robe de la même couleur en guise d'habit, et une longue barbe blanche terminée en pointe tombant d'un visage mince où siégeait un long nez pointu en étaient les principales caractéristiques physiques. L'homme, d'une voix toute musicale, s'exclama : « Oh, sire Danemarche ! Quelle curieuse surprise ! Que me vaut donc cette visite inattendue ? Ah, mais vous êtes accompagné ! Attendez, donnez-moi cette cape... Entrez donc, entrez donc ! Installez-vous dans le salon, je vais faire chauffer du thé... Ah, laissez votre dragodinde par-ici ! Elle tondra la pelouse, elle en a bien besoin... »

Emyn venait de rencontrer Nilrem l'alchimiste. C'était, de ce qu'il comprit, un vieil ami d'Ogier Danemarche auquel celui-ci devait beaucoup (et c'était visiblement réciproque). L'homme, plutôt âgé, vivait seul depuis un moment, et Ogier lui proposa de prendre Emyn comme nouvel apprenti. Nilrem, surpris par l'étrange nouvelle, en était toutefois enchanté. Il fit donc visiter les lieux au Xélor et lui désigna la chambre où il logerait (« il faudra juste faire un peu de ménage »). Il en profita pour raconter l'histoire de la tour : « elle avait été édifiée il y a bien longtemps, alors qu'Astrub était inquiète de ses relations incertaines avec le Sud et des évènements étranges qui se tramaient dans la forêt des Abrkanydes (en fait, l'avènement du célèbre Chêne Mou) ; la tour faisait partie d'un vaste dispositif défensif, mais faute d'argent et d'utilité, il a été abandonné : la plupart des bâtiments sont tombés en ruines, mais celui-ci est resté peu ou prou habité jusqu'à aujourd'hui... admirez donc ce bel art ! on faisait de belles choses à l'époque... ». Au sommet de l'édifice, on pouvait contempler une vaste région : au Nord-Est, la populeuse cité d'Astrub (à moins d'une heure à dos de dragodinde de la tour), au Sud, les Montagnes des Craqueleurs, et à l'Ouest, l'inquiétante forêt des Abraknydes... et bien sûr, entre la tour et ces destinations fameuses, l'anonyme et paisible campagne astrubéenne, avec ses champs, ses pâturages, ses bosquets, ses citrouilles, ses bouftous, ses paysans...

Ogier ne put rester guère longtemps chez l'alchimiste : c'était visiblement un homme fort affairé, et sa venue à Astrub était un contre-temps qui n'était pas prévu (mais qu'il comptait bien rentabiliser un jour pensait-il secrètement). Il en profita toutefois pour tenir avec son hôte le même genre de conciliabules mystérieux dont Emyn commençait à être habitué. Puis, finalement, il partit. Le Xélor se sentait un peu mélancolique, car il avait appris à apprécier la bonté et la simple élégance de sire Danemarche (était-il d'ascendance noble ?). Mais celui-ci le quitta toutefois sur ces mots : « Mon cher Emyn, nous aurons maintes fois l'occasion de nous revoir ! En attendant, je compte sur toi pour apprendre tout ce que le bon Nilrem a à t'enseigner. Et gare à toi, je le saurai si tu te comportes en ingrat apprenti ! Sur-ce, adieu ! ». Dès lors, sans plus attendre les leçons avec le maître alchimiste commencèrent, et le petit Xélor avait dans ses yeux les mêmes étoiles que celles cousues sur le chapeau de son nouveau protecteur.

Il se souvenait tout particulièrement de la toute première leçon, qui avait débuté approximativement ainsi :

« L'alchimie, voici un des nobles arts de notre monde ! Son objet d'étude n'est autre que la matière : il s'agit d'en comprendre l'essence, les propriétés, les mécanismes, et, surtout, les façons de les combiner pour obtenir des résultats divers et variés, et parfois proprement merveilleux. Longtemps, les alchimistes se sont surtout intéressés aux métaux. Mais nous avons depuis largement dépassé leurs maigres spéculations et étendu les domaines de l'alchimie à un panel infini de matière. »

« Il y a une première chose fondamentale à savoir : la matière est universelle, mais la nature l'a doté de caractéristiques aussi variées qu'elle s'exprime sous différentes formes. Aussi, chaque métal a ses propres propriétés, mais également chaque plante, chaque organe de chaque animal, chaque minéral et j'en passe... A peu près tout peut donc servir à faire de l'alchimie. »

« Il s'agit de savoir manipuler tous ces ingrédients, de comprendre la substance magique qu'ils recèlent, et qui resta bien longtemps inconnue aux observateurs. C'est un savoir colossal, complexe, dont la transmission est longue et passe, certes par l'apprentissage auprès d'un maître, mais aussi par la propre expérience de la matière. Aussi, il y a tant un savoir théorique à maîtriser qu'un savoir technique : apprendre à utiliser les instruments (alambics, fours, fioles...), connaître les espèces végétales, manipuler les ingrédients... »
« Chaque ingrédient est doté de propriétés propres, et qui sont dues à sa place au sein du Krosmoz. Les quatre éléments, naturellement, les imprègnent et confèrent à leur matière des propriétés particulières — ce qui nous rapproche de la forgemagie, dont il faudra connaître au moins les bases théoriques. Mais les astres jouent également leur rôle : chacun d'eux a ses significations particulières, et toute substance minérale ou organique est imprégné de leur influence selon des dispositions infinies. Pour faire simple, c'est comme si nous pouvions lire une carte du ciel dans la matière terrestre : celle-ci se décline en autant de représentations miniatures de l'ordre Krosmique céleste — le monde terrestre n'étant rien d'autre que cela. »

« Pour les métaux, c'est très simple puisqu'ils représentent tous un seul et unique astre : le soleil pour l'or, Mars pour le fer, Vénus pour le  cuivre etc... Pour les espèces organiques, c'est plus complexe. Il faut ici également tenir compte des signes du Doziak (ce qui rapproche également notre discipline de l'astrologie), qui sont tous patrons d'un type plus ou moins précis d'organes : le Bouftou pour les organes de la tête, la Bworkette pour les organes du ventre par exemple... Or, comme chacun sait, chaque signe est étroitement lié à un astre. Aussi, le Bouftou étant associé à Mars, les organes de la tête le sont également. »
« Tout ceci permet de "cartographier", si je puis dire, différentes combinaisons symboliques qui, pour chaque substance, lui confèrent des caractéristiques particulières. Pour la suite, il suffira pour l'alchimiste de connaître toutes les propriétés de chaque ingrédient et de savoir comment les manipuler pour fabriquer des essences nouvelles aux propriétés nouvelles — des potions, la plupart du temps, mais pas que ! »

« L'alchimie poursuit des buts concrets extrêmement variés : les potions peuvent servir à bien des choses ! Il faudra avant tout s'armer d'une connaissance solide des plantes, car celles-ci sont, pour des raisons que les alchimistes ignorent encore, dotées d'une essence spécifique qui les rendent particulièrement puissantes. Il ne s'agit sans doute de rien d'autre que l'essence de vie qui parcourt chaque fleur, chaque feuille... Quant à savoir quelle est la nature exacte de l'essence vitale, c'est un mystère encore entier ! »

Emyn Muil buvait ses paroles. En vérité, comme n'allait pas tarder à l'apprendre son maître, il savait déjà à peu près tout ça : il était depuis peu le nouvel apprenti de l'alchimiste d'Heolin lorsque le château brûla, et il avait donc pu acquérir quelques connaissances qu'il avait, en secret, tenté d'approfondir comme il le pouvait au temple.

C'est donc ainsi que commença pour le petit Xélor un long apprentissage, et avec lui, un temps heureux.


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Message par Emyn Muil 29.08.17 0:57

III — L'APPRENTI ALCHIMISTE


Pendant plusieurs années, Emyn Muil dut ainsi se conformer à sa nouvelle routine qui était celle de son apprentissage auprès de maître Nilrem. Celui-ci lui transmit tout ce qu'il savait, et autant qu'il en avait le temps. Emyn Muil apprit ainsi l'étude des minéraux et des plantes, et les multiples propriétés des grands ingrédients de l'alchimie, ainsi que de nombreuses recettes de potions. Il étudia également l'astrologie et l'astronomie, ainsi qu'un peu de médecine et même du jardinage : le maître alchimiste détenait, dans une cour attenant à sa tour, un riche jardin où maintes plantes aux utilités aussi nombreuses que variées poussaient, et qui requéraient une attention de tous les jours. Maître Nilrem était bon avec Emyn, mais rigoureux et sévère (mais n'était-ce pas là un signe de bonté ?). Il l'emmenait souvent en vagabondage dans les environs, pour étudier les plantes et les animaux sauvages. Il l'employait également à maintes tâches domestiques, et l'on peut dire que le terrain laissé tant d'années à l'abandon par l'alchimiste ainsi que la tour à quelques endroits délabrée reprirent un nouvel air ! « On voit que ça faisait bien longtemps que je n'avais pas eu d'apprenti ! » aimait commenter Nilrem. Emyn Muil travaillait donc dur, mais il le faisait avec enthousiasme et ferveur.

N'allez cela dit pas croire que le quotidien de notre petit Xélor était du constant et morne labeur : on l'ignore souvent, mais la vie d'un alchimiste est généralement animée ! Déjà, il faudrait parler des habitants du petit village sis au pied de la tour de Nilrem : ils invitaient toujours l'alchimiste, qu'ils traitaient avec grande fierté, par une curieuse imitation des mœurs amaknéennes, pour leur propre « seigneur », à toutes leurs fêtes et à tous leurs mariages et à tous leurs enterrements. Parfois même, lorsqu'ils n'arrivaient pas à se mettre d'accord sur une affaire, ils demandaient à leur éminent voisin de les conseiller ou d'arbitrer leurs querelles, se fiant à sa sagesse : il faut dire que Nilrem avait toujours entretenu de bonnes relations avec les villageois, qu'il connaissait tous personnellement.

Il faudrait aussi parler de tous les voyages et de toutes les visites que passait régulièrement Nilrem : un alchimiste est toujours sur les routes, par monts et par vaux ! Il était souvent invité à telle ou telle conférence organisée quelque part en Amakna par une guilde d'alchimistes, où les alchimistes exposaient leurs découvertes, discutaient sur des sujets qui suscitaient parfois des disputes passionnées, et renouaient simplement les uns les autres, se présentant fièrement leurs apprentis, recommandant tel herboriste ou tel fabriquant de fioles, ou simplement s'échangeant nouvelles et amitiés... Nilrem emmenait toujours Emyn avec lui, et celui-ci put ainsi voir maints pays et rencontrer maintes personnes. Il arrivait aussi que Nilrem soit demandé à la cour de tel comte ou tel marquis pour une affaire qui concernait sa spécialité propre (les champignons, en l'occurrence) : et c'était là l'occasion pour Emyn Muil de fréquenter les plus belles cours d'Amakna, et d'y rencontrer tout le beau monde qui y gravitait autour. Parfois encore, la cité d'Astrub demandait service ou conseil à Nilrem pour quelque affaire qui concernait le gouvernement et la gestion de la cité, et Emyn venait toujours pour l'épauler : voici qu'il découvrait maintenant la sérieuse administration d'Astrub, ses magistrats, et son univers fonctionnel si loin des fastes amaknéens ! Et là, je ne cite guère encore les nombreuses simples visites que Nilrem faisait à ses amis et collègues, parfois pour échanger sur les recherches de l'un et des autres, parfois par simple et sincère amitié, parfois encore pour donner un cours tout particulier sur les champignons à un autre apprenti alchimiste.

Et Nilrem recevait lui-même beaucoup : en fait, il ne se passait pas une saison sans que la tour accueillait un invité, ou sans que Nilrem soit lui-même invité selon les circonstances dont j'ai parlé plus haut. Emyn Muil put apprendre beaucoup des invités de Nilrem, qui tâchaient toujours, par cette tacite politesse qui unit les gens d'une même profession, de lui enseigner quelque chose. Parmi ceux-ci, il y avait de rares fois ce curieux Ogier Danemarche, qui discutait en secret avec Nilrem, et qui prenait toujours soin de converser avec Emyn, se faisant conter par lui ses progrès et ses nouvelles. Enfin, Emyn prenait en occasions rares et savourées le temps de rendre visite à sa mère, au temple où elle vivait toujours. Si, donc, l'idée d'une vie recluse aurait pu vous venir à l'esprit, sachez qu'il n'en était guère ainsi : notre petit Emyn eut droit à de belles années riches en apprentissages et en rencontres variés. Il apprécia ces années qui lui profitèrent beaucoup par la suite.

Mais un jour de fin d'hiver, peu de temps après son dix-huitième anniversaire, alors que plusieurs années s'étaient écoulées depuis qu'Emyn Muil avait été confié à Nilrem, le maître alchimiste lui tint de graves propos : « Emyn, j'ai appris par courrier que ta mère ne se portait guère bien depuis quelque temps au temple. Sa santé déclinant de façon inquiétante, tu es invité à lui rendre visite expressément. » La nouvelle prit bien entendu d'effroi le Xélor, mais avant qu'il put demander quoi que ce soit, Nilrem poursuivit ainsi : « Je me suis dit que l'occasion serait aussi pour toi d'entamer un voyage qui clôtura ton apprentissage : je t'ai appris tout ce que j'ai pu t'apprendre, et tu fus un bon apprenti. Comme moi-même me fit faire mon propre maître, et celui-ci le sien, il sera temps que tu partes faire ta propre expérience du monde, et apprendre par le voyage tout ce qu'un alchimiste doit apprendre des pays étrangers : comme tu le sais, il n'y a guère qu'au contact de la matière qu'on tire véritable enseignement, et notre douce Astrub est loin d'abriter tous les animaux et tous les végétaux qui peuplent le Monde des Douze. Tu partiras donc d'ici une quinzaine, quand les beaux jours reviendront. » Et ainsi fut-il convenu.


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Message par Emyn Muil 15.09.17 22:09

IV - LE CHOIX DES DIEUX


Alors vint le jour où Emyn Muil devait quitter la tour de Nilrem : « Va, lui dit ce dernier, va découvrir le monde. Et ne t'avise pas de revenir avant au moins une année pleine ! Si tu devais dépasser ce délai, par contre, préviens-moi, que je ne m'inquiète de trop ! Puissent les dieux te garder Emyn Muil. Bonne route ! » Et le Xélor de s'en aller, soigneusement équipé, sur les routes. Le temps était beau et doux : le soleil venait de revenir, les arbres bourgeonnaient, les fleurs aux couleurs et aux senteurs multiples perçaient la terre. La tour de l'alchimiste disparut rapidement dans le dos d'Emyn Muil, ainsi que le petit hameau qu'il ne verrait pas avant longtemps. Il rejoignait la grande route qui, d'Astrub, allait jusqu'en Amakna : ce faisant, vers midi, il arriva à un carrefour où la route principale se scindait en deux. Pour le plus grand embarras du Xélor, la pancarte qui devait indiquer la direction à prendre était arrachée. Alors qu'il méditait la situation, un Ecaflip qui déjeunait sous un châtaigner le héla ainsi :

« Salut, maître Xélor ! Je lis à votre visage l'embarras qui est aussi le mien : le panneau qui devait indiquer notre route à l'un et à l'autre a été arraché. Comment lors savoir où aller ? Hélas, la route est si peu fréquentée que longtemps nous pourrions attendre avant de rencontrer quelque voyageur qui pourrait nous aider. Aussi, je vous invite volontiers à partager avec moi pain et vin pendant que nous essayions de trouver une solution à cette inconfortable situation. Il fait beau et doux, et l'ombre de ce châtaigner vous ferait sans doute grand bien. Vous semblez en outre avoir déjà beaucoup marché aujourd'hui, venez donc prendre un peu de repos !
— Maître Ecaflip, bonjour ! J'accepte avec joie votre aimable invitation, merci ! Vous avez raison : je marche depuis déjà quatre heures au moins. Je n'entendais pas mon ventre crier famine, mais le voilà qui s'y met ! Votre invitation, cher Monsieur, vient à point, je crois bien. »

Alors Emyn Muil partagea avec l'Ecaflip son déjeuner : ils buvaient un vin vermeil de piètre qualité et mangeaient du fromage d'Astrub un peu trop fait avec du pain un peu trop vieux, mais le plaisir du partage suffit à pleinement les contenter. Tous deux essayaient de savoir quelle direction prendre. Par chance, l'Ecaflip prenait la même route que lui. Mais ni l'un ni l'autre n'arrivait à s'accorder sur leur orientation. Alors comme ils avaient fini de manger, l'Ecaflip fit :

« Ami, je crois que nous n'arriverons tout seul à connaître la direction qui est la nôtre. Voici ce que je vous propose donc : laissons les dieux décider. Ils sont bons et sages, ils sauront au mieux nous guider.
— Demander aux dieux ? Mais, s'il n'est bête question, comment nous y prendrions-nous ?
— Pardi ! Nous tirerons au sort ! Prenons cette pièce et jetons-la : si c'est face, nous irons à droite, si c'est pile, nous irons à gauche.
— Le procédé me semble bien hasardeux ! Qu'ont-ils les dieux avoir avec tout ceci ?
— Cher ami, voici ce que nous enseigne Ecaflip : ce que nous laissons au hasard, nous le laissons en vérité à la décision des dieux. Il est sage de parfois les laisser nous guider à notre place, parce qu'ils ont toujours de bons et sages desseins pour nous, même s'il est parfois difficile d'en discerner le sens. Si nous ne savons que faire, eux sauront.
— Soit ! Mais que ferions-nous s'ils nous indiquaient le mauvais chemin ?
— Alors l'humilité voudra que nous nous conformions à leur volonté. Peut-être voulaient-ils que nous prenions un chemin autre que celui que nous voulions prendre d'abord ? Peut-être en fin de compte ce choix nous serait-il profitable ? Peut-être comprendrions-nous bien plus tard qu'il en était mieux ainsi, car, par exemple, des maraudeurs embusqués se cachaient au bord de l'autre route ? Qui sait, après tout ? Les doctes du temple Ecaflip nous enseignent ceci : le hasard ne fait jamais rien tout à fait par hasard.
— Voici qui me semble bien sage. Soit ! Je pense que nous n'avons guère de meilleure solution : tirons donc au sort ! »

Alors l'Ecaflip jeta sa pièce qui tomba sur face :

« Hé bien, voilà qui est décidé : nous irons à droite. Puisque nous ferons un bout de chemin ensemble, permettez-moi de me présenter : je suis Maraut. Et vous, cher ami, quel est votre nom ? Vers où, s'il n'est trop indiscret, vous guident vos pas ?
— Enchanté ! Je suis Emyn Muil. Je m'en vais au Sud, en Amakna, retrouver le temple où vit ma mère qui est souffrante. Et vous, où allez-vous ?
— Voici qui semble être une triste histoire ! Peut-être aurez-vous le temps de me la conter plus tard ? Quant à moi, je vais également en Amakna, mais sans autre destination précise. Voyager est en fait mon métier : je suis joueur itinérant, je vais de taverne en auberge montrer aux honnêtes gens tous les jeux que je connais — et tenter de gagner mon pain au bon vouloir des dés et des cartes. »

Tandis qu'ils devisaient ainsi, la végétation se faisait de plus en plus touffue autour des voyageurs. Bientôt, l'ombre des arbres allait entièrement baigner la route qui était de moins en moins bien entretenue sous les pieds du Xélor et de l'Ecaflip...


Dernière édition par Emyn Muil le 16.06.18 15:47, édité 1 fois
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Alchimie III
Le dernier niveau d’alchimie permet de confectionner les meilleures potions pour le cœur, ainsi que des potions utiles pour les autres enseignes : explosifs, transformations, invisibilité, etc.
Comédie I
Le premier niveau de comédie permet d’adopter une posture en face d’un interlocuteur, d’avoir déjà quelques bottes secrètes pour éviter les questions désavantageuses, et utiliser des techniques d’interrogatoire pour obtenir des renseignements.
Réseau
Cette compétence fait état de la constitution d’un réseau d’information et/ou d'influence au sein d’une certaine communauté, faction, cité, caste, guilde, etc. Le membre pourra ainsi en tirer des renseignements ou des services utiles, de temps à autr
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Message par Emyn Muil 12.01.18 16:30



V - LA FORÊT DES ABRAKNYDES




Voici plusieurs heures, depuis le déjeuner, qu'Emyn Muil et Maraut marchaient. Ils pénétraient une belle forêt, dont les arbres se faisaient de plus en plus grands. Bientôt la route devint un chemin étroit bordé de fougères. « Ah ! Que je n'aime les forêts ! commenta Maraut. Elles sont sombres, inquiétantes, remplies de monstres dangereux et peuplées de brigands sans scrupules ! Si vous voulez mon avis, les forêts sont par trop pudiques : il s'y cache trop de choses mauvaises et sournoises, qu'on ne peut même pas voir sous les feuilles et dans les fourrés.
— Bah ! N'ayez crainte ! Nature n'est jamais mauvaise : elle est même généreuse pour ceux qui savent en profiter avec sagesse et modération — les dieux y veillent. Et, après tout, ajouta-t-il, le philosophe ne disait-il pas qu'il fallait connaître la nature pour être heureux, et non pas la craindre ?
— Peut-être bien, mais je préfère rester sur mes gardes ! »

Ils arrivaient maintenant à une petite clairière, aux abords d'un ruisseau. Ils en profitèrent pour faire halte. « J'en suis maintenant certain, fit Emyn, nous sommes dans la Forêt des Abraknydes. Je reconnais les lieux : mon maître m'y emmena souvent étudier les plantes et les champignons.
— Alors nous ne sommes définitivement pas sur la bonne route : nous étions sensés passer à l'est de la forêt, sans y entrer. Mais il y a une route qui la traverse en direction du sud et qui arrive aux pieds des Montagnes des Craqueleurs, puis grimpe par une passe et rejoint un chemin de montagne. Il suffira ensuite de traverser les montagnes pour redescendre au nord-ouest d'Amakna. Je pense qu'en tournant toujours au sud aux croisements nous devrions trouvent la bonne route.
— Vous avez raison. Nous devrions arriver aux montagnes d'ici deux jours, je suppose. En attendant, il commence à faire sombre et l'endroit me semble tout trouvé pour camper ! Si vous êtes d'accord, nous allons dîner avec mon propre vin et mon propre pain puisque c'est avec les vôtres que nous avons tous les deux mangé ce midi. Je tiens à vous offrir le repas, ce me semble être un juste retour des choses.
— Voici une aimable attention, Emyn ! J'accepte avec plaisir, mais à seule condition que nous partagions désormais nourriture et boisson jusqu'à ce que nos chemins doivent se séparer. Ainsi, ni l'un ni l'autre ne sera redevable de l'un ou de l'autre. »

Ainsi fut-il convenu, et nos deux compagnons entreprirent d'allumer un feu autour duquel ils savourèrent le dîner avant de dormir. La nuit fut difficile pour Emyn qui n'était pas habitué à dormir dehors. Au matin, il avait les yeux encore plein de fatigue et il bâillait sans cesse. Quant à Maraut, il n'était guère dans un meilleur état, quoique pour d'autres raisons : l'Ecaflip était inquiet, et il finit par en faire part à son compagnon : « Vous savez Emyn, on raconte souvent en Amakna de terribles histoires sur la Forêt des Abraknydes... On dit que maints hommes y ont disparu mystérieusement, et que personne ne les revit jamais. On dit que les abraknydes que l'on voit des fois à l'ombre du sous-bois ne sont autre chose que ces malheureux égarés, métamorphosés ainsi par on ne sait quelle sorcellerie...
— Oui, j'en ai entendu parler aussi, fit Emyn. Je suppose que si nous ne faisons aucun  mal à quoi que ce soit dans cette forêt, tout ira bien. On dit souvent, du côté d'Astrub, que seul le centre de la forêt, où les arbres sont immenses et couvrent le monde d'obscurité, est réellement dangereux, et que seul à cet endroit les abraknydes sont agressifs... Bah ! Jusque-là tout va bien après tout, non ? Allons, soyez rassuré ! Mangeons un bout et ne tardons pas à partir. »

Maraut ne répondit rien. Il tâcha de se changer les idées avec le fromage et le pain qu'il partageait avec Emyn. Ils avalaient avec hâte le petit-déjeuner, car l'air était frais, et ils voulaient vite se mettre en route pour se réchauffer. Alors quand le repas fut terminé et leurs affaires rassemblées, Maraut s'asseya sur une souche pour resserer les lacets de ses bottes, et, soudain, se retrouva les deux pattes en l'air ! La souche sur laquelle il s'était assis s'était en effet ingratement enfuie dans les fourrés, poussant un grand cri plaintif. Emyn riait aux éclats, et Maraut, outré, s'écriait : « Vous voyez ! Je vous le disais ! Maudite forêt ! Il y vit de méchantes choses ! » Mais à l'hilarité succéda rapidement l'inquiétude, quand de l'ombre du bois sortirent plusieurs abraknydes menaçants, visiblement mécontents de la frousse causée par les voyageurs à leur petit tronknyde. Ils crissaient sombrement, comme se parlant les uns les autres dans une langue bizarre : une langue de bois. Emyn et Maraut échangeaient des regards inquiets. Celui-ci avait dégainé la dague qu'il gardait toujours avec lui. L'autre faisait appel au peu de magie xélor qu'il avait apprise lorsqu'il vivait au temple pour invoquer un rayon noir qu'il envoya, dans une détonation sinistre, contre l'un des abraknydes. Ceux-ci devinrent furieux, et le Xélor se demanda s'il avait bien fait. Il réitéra quand même plusieurs fois l'opération, puis, voyant que les monstres n'arrêtaient pas pour autant leur assaut, tourna les talons et prit les jambes à son cou ; Maraut ne fut que trop heureux de l'imiter.

Ils couraient à toute allure, droit devant eux, évitant arbres et racines. Derrière eux, les abraknydes faisaient de même. Quelques uns d'entre eux s'arrêtaient parfois et plongeaient leurs racines dans le sol pour les faire ressurgir, par quelque magie, un peu plus loin devant eux, tentant de frapper le Xélor ou l'Ecaflip avec. Ceux-ci guettaient avec inquiètude le prochain coup, espérant qu'il frapperait encore à côté. Puis d'un coup, sur leur droite déboula un autre groupe d'abraknydes, qui avait été ameuté par le bruit. Ils changèrent brusquement de direction et, soudain, sentirent le sol se dérober sous leurs pieds, avant de tomber sur quelque chose de mou. Ils se relevaient, hébétés, échangeant des regards stupéfaits. Il n'y avait plus aucun bruit. Il faisait humide, et il y avait un air frais qui venait chatouiller leur peau bouillonante et couverte de sueur, de feuilles et de poussière. Autour d'eux régnait une obscurité faiblement éclairée par quelques sortes de cristaux jaunes  encastrés dans la roche et, de façon plus ou moins régulière, par d'étranges boules lumineuses vertes qui s'échappaient de certaines touffes d'herbes, avant de s'éteindre dans le noir. Le Xélor et l'Ecaflip se relevaient péniblement, en scrutant le tunnel où ils avaient échu. Ils constatèrent être tombés sur de grands champignons verts. Emyn s'écriait : « Oh, Maraut ! Regardez ces champignons ! C'est incroyable ! Ils sont gigantesques ! De quelle variété doit-il s'agir à votre avis ? Vite, mon sac : je vais en prélever un échantillon. »

Disant cela, il constata avoir laissé son sac dans la clairière, et Maraut aussi. Celui-ci semblait bien malheureux : « Ah ! Maudite forêt vous disais-je ! Et nous voici échapper à une longue vie passée à accueillir nid d'oiseaux, araknes et autres mousses pour tomber dans quelque lieu sombre, froid et humide ! Et sans boire, ni manger, ni rien, avec toutes nos affaires et tout notre argent disparus. Quelle infortune !
— Hé bien, ce sont après tout les dieux qui en ont décidé ainsi, non ? Ne disiez-vous pas devoir faire confiance à leur arbitrage, lorsque nous le demandons ? répondit Emyn, lui-même peu convaincu.
— Maudits soient-ils, alors ! lâcha sombrement l'Ecaflip. Ah non, je dois me calmer : me voilà dire des impiétés, c'est indigne. » Il inspira et expira profondément, puis examina le plafond au-dessus de lui. « Visiblement, il sera impossible de remonter. Mais regardez, le tunnel se poursuit dans cette direction. Il doit bien y avoir une sortie au bout. Allons, puisque nous n'avons rien de cassé, ne restons pas là. En route, mon bon Emyn ! »
Le Xélor lui emboita le pas sans mot dire, en contemplant avec de grands yeux curieux l'étrange faune et flore souterraine qui s'épanouissait tout autour de lui.
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Message par Emyn Muil 10.06.18 2:44

VI — LA TAVERNE, DANS LA MONTAGNE


Emyn Muil et Maraut continuèrent ainsi dans le tunnel silencieux pendant de nombreuses heures, quand, vers la fin de la journée, ils en trouvèrent une sortie. Ils s'orientèrent à l'aide du soleil déclinant et s'en allèrent vers le sud, dans l'idée de rejoindre les Montagnes des Craqueleurs que l'on voyait déjà au loin surplomber la sylve. Après environ deux heures de marche, l'obscurité avait trop gagné les bois pour que l'on puisse encore marcher : alors les deux compagnons s'arrêtèrent dans une petite clairière pour bivouaquer, et allumèrent un feu. Les ventres criaient famine, et pour maigre consolation, puisqu'ils avaient perdu dans leur fuite leurs provisions, Emyn Muil trouva dans les environs quelques racines et quelques champignons à manger. C'est ainsi qu'à peine rassasiés, l'Ecaflip et le Xélor trouvèrent le sommeil à-même le sol, par une nuit printanière encore fraîche.

C'était une fois de plus dans un piteux état qu'ils se réveillèrent le lendemain. Ils grignotèrent encore ce qu'ils purent, puis reprirent leur route : ils marchèrent ainsi pendant toute la journée, sans s'arrêter, car ils avaient hâte de trouver quelque endroit où dormir et manger. Vers midi, ils avaient retrouvé la route qu'ils souhaitaient au départ emprunter. Dans le milieu de l'après-midi, ils étaient au pied des Montagnes des Craqueleurs dont ils entamaient l'ascension à l'entrée d'une passe qui permettait de rejoindre la province d'Amakna, de l'autre côté. A la nuit tombante, ils arrivaient enfin devant une coquette auberge sise au sommet de la passe, judicieusement placée là pour héberger les voyageurs de passage. Chez l'Ecaflip et le Xélor, la joie était grande !
« Ah ! Emyn ! Nous voici à la fin de nos peines : un endroit chaleureux où dîner, et un toit sous lequel dormir ! » Dit Maraut. Puis, affichant d'un coup une sombre mine, il ajouta : « Mais avec quoi payerons-nous cependant ? Nous avons perdu tous nos kamas dans la forêt...
— Pas tout à fait ! Répondit Emyn. J'ai perdu la plupart d'entre eux avec ma sacoche, mais j'ai encore sur moi quelques pièces. Pas grand-chose, mais de quoi manger un peu et payer une chambre...
— Vous nous sauvez, Emyn ! Dans ce cas, entrons sans plus tarder : j'ai faim ! »

Nos deux compagnons passèrent donc le pas de la porte. Ils entrèrent dans une vaste salle rectangulaire parsemée de solides poteaux et parcourue, au plafond, par d'épaisses poutres qui soutenaient l'unique étage (accessible par un escalier en colimaçon dans un angle). Au centre de la salle, il y avait une grande cheminée — de quoi réchauffer convenablement la pièce lors des durs hivers de montagne. A droite se tenait le comptoir, avec ses étagères rebordant de liqueurs et vins divers aux étiquettes colorées. Dans le reste de la pièce étaient éparpillées les tables des différents clients. L'endroit, baigné dans la lumière orangée du feu, était silencieux. A leur entrée, Emyn et Maraut se virent gratifiés de quelques froids regards des différents groupes de personnes installées de-ci de-là dans la pièce. Il y en avaient qui jouaient silencieusement aux cartes dans un coin, d'autres attablés autour d'un kwak rôti, quelques solitaires fumant la pipe ou sirotant une absinthe, et, enfin, un groupe d'aventuriers spéculant à mi-voix sur les trésors qu'ils remporteraient de leur expédition du lendemain dans l'antre du Craqueleur Légendaire...
Avec les quelques kamas d'Emyn, lui et Maraut purent tout juste louer une chambre et payer une soupe. Ils s'installèrent donc à une table, et avalèrent l'épais liquide qui réconfortait agréablement leurs ventres vides.
« Ah, c'était bien bon ! Fit finalement Maraut. C'est dommage de ne pas pouvoir accompagner ça d'une bonne bière, ça me remonterait bien le moral après toutes ces mésaventures... Et je crois que ce n'est pas forcément hors de notre portée. Vous avez encore un peu d'argent ?
— Oui, une vingtaine de kamas... Pourquoi ? Que comptez-vous en faire ?
— Regardez les gens là-bas : ils jouent à un jeu bien de chez moi, un cul de chouette. Si je ne me trompe pas, ils font des paris... Avec un peu de chance, je pourrais remporter la mise, de quoi nous payer un petit réconfort ! Qu'en dites-vous ?
— Hé bien, pourquoi pas... De toutes façons, que ferait-on de vingt kamas ? »

Le Xélor n'était pas très convaincu, mais il donna quand même à Maraut les quelques dernières pièces. Celui-ci partit en direction des joueurs et put entamer une partie avec eux. Emyn, qui ne connaissait pas grand-chose aux jeux de cartes, resta à l'écart, songeant aux évènements des derniers jours. Puis, un quart d'heure après, il fut distrait de ses pensées par un cri triomphant qui rompit le calme des lieux : « Tavernier ! Une bière pour moi et mon ami Xélor là-bas s'il te plaît ! » Quelques instants après, le tavernier vint poser devant lui une chope débordant d'une épaisse mousse : Maraut venait de remporter une première partie, et en avait déjà entamé une autre ! Intrigué, Emyn Muil ne pipa mot mais observa, sans trop guère la comprendre, la partie qui se jouait, en appréciant le liquide blond. Puis Maraut gagna la seconde partie de cartes, et une deuxième chope vint se poser devant le Xélor ébahi. Et puis une troisième, et une quatrième encore ! Puis Maraut de commander une tournée pour tous les joueurs à la cinquième partie, puis pour toute la taverne à la sixième !
Imaginez, cher lecteur, dans quel état étaient nos compagnons : il faut bien le dire, la salle quelques heures plus tôt silencieuse, débordait maintenant de joie et de cris ! Tous les clients — sauf ceux qui s'étaient déjà couchés — étaient agglutinés autour des joueurs de cartes. On avait rassemblé les tables, on commentait la partie, on louait le talent de l'Ecaflip qui gagnait encore et encore, et arrosait toute la salle à chacune de ses victoires. Puis bientôt, il commanda à manger pour tout le monde (la soupe l'avait laissé sur sa faim) : fromages, charcuteries, et, spécialité locale, viandes de kwak se déversaient de la cuisine, et venaient garnir la grande table qu'on avait assemblé. Les jeux cessèrent donc, et on ripaillait joyeusement, arrosant de litres et de litres de bière le chaleureux repas. Quelqu'un partit chercher sa vielle à roue dans sa chambre, et entama une chanson que tout le monde reprit en chœur. Et on dansait, et on riait, et on criait fort ! Et on but à la santé de Maraut, et d'Emyn, et du joueur de vielle, et du roi Allister, et des dieux !

Je crois qu'Emyn Muil n'avait encore jamais bu autant. D'ailleurs, ce que je sais de la fin de la soirée, je doute qu'il s'en souvienne lui-même tout à fait... Encore que rien de très particulier ne se produisit : on continuait à boire, à manger, à chanter, à rire, jusqu'à très tard le soir. Puis on finit par se coucher, le ventre rempli et l'esprit vagabond, terrassé par la fatigue accumulée au cours d'une journée qui trouvait là une fort heureuse conclusion...
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Message par Emyn Muil 17.06.18 2:44

VII — D'UNE AUBERGE A L'AUTRE


Lorsqu'Emyn se réveilla le lendemain, il se sentait en pleine forme : les deux nuits passées dans la forêt étaient bien compensées. Il ouvrit grand les yeux et se rendit compte qu'il était déjà tard : « Par Xélor ! Quelle heure est-il ? Jusqu'à quand avons-nous festoyé hier soir ? » Personne dans la pièce ne lui répondit : pas de traces de Maraut, pas même ses affaires. Il s'habilla donc et descendit au rez-de-chaussée, le ventre criant famine. Là, il trouva l'Ecaflip déjà tout prêt,  attendant nonchalamment en sirotant un thé : « Ah ! Emyn ! Vous voici enfin réveillé. Je vous ai déjà commandé un déjeuner — des œufs de kwak, puisque c'est ici la spécialité —, venez donc, avant que ça refroidisse ! Je crains que tous les autres clients ne soient déjà partis... » Le Xélor s'assit donc en face de son compagnon et dévora son repas. Peu après, un garde arrivé en dragodinde se présenta dans la pièce et parla au tavernier puis aux deux clients : des maraudeurs en embuscade avaient été signalés la veille sur l'autre route partant d'Astrub pour aller en Amakna ; il demanda donc si l'on avait remarqué quelque chose, et invita les voyageurs à rester vigilant sur leur route. A l'annonce de la nouvelle, l'Ecaflip et le Xélor échangèrent des regards étonnés.

Une fois le repas terminé et une toilette brièvement faite, Emyn et Maraut saluèrent le tavernier et se remirent en route : ils redescendaient la passe de l'autre côté, ayant face à eux une vue dégagée sur le nord de la province d'Amakna, avec ses multiples chaumières, ses prairies, ses champs, ses bosquets... A pas meilleur moment l'on pouvait saisir la quiétude de cette riche province agricole, bien  protégée de tous les côtés par les montagnes et la mer, que des centaines de générations d'hommes avaient appris à apprivoiser, à domestiquer, et à exploiter. En ce temps, le royaume d'Allister était parfaitement paisible, car aucune guerre ne le troublait encore, comme c'est le cas en notre triste époque... Tout le monde louait encore le vieux roi, tous ses sujets plaçaient en lui une confiance aveugle, car son règne n'avait été jusque-là qu'une longue paix en tous points féconde. Les chaumières étaient riches d'enfants, les greniers débordaient de grain, les prés abondaient de bouftous, les forêts étaient giboyeuses et les rivières intarissables de poissons ; les temples regorgeaient de disciples savants, les bibliothèques de livres et d'érudits, et les églises de fidèles confiants en l'avenir ; les voyageurs ne craignaient rien sur les routes, les marchands menaient moult entreprises, et les seigneurs veillaient paisiblement sur leurs paysans bienheureux. Notre lecteur d'aujourd'hui pourrait peut-être avoir bien du mal à s'imaginer tout cela, tant les temps sont maintenant troublés par les guerres, la maraude et les iniquités...

C'est cependant tout ceci que virent Emyn Muil et Maraut en descendant la montagne. Ils pouvaient déjà imaginer dans le paysage la route qu'ils prendraient les jours suivants — et qu'ils prirent en effet. Grâce à l'argent gagné par Maraut la veille, ils purent loger dans une autre auberge ce soir-là. L'Ecaflip trouva encore des joueurs avec qui concourir, et remporta encore de nombreuses fois la mise, ce qui permit aux voyageurs de dormir dans une troisième auberge le soir suivant, et recommencer encore.  Les soirs étaient donc joyeux et festifs, quand l'on passait les journées à marcher par un temps globalement assez beau, mais parfois incertain. Aux jeux, Maraut brillait chaque soir — ou presque, puisqu'une fois il fut si peu chanceux que lui et Emyn durent se contenter d'une simple soupe. Une autre fois, cependant, il remportait si bien chaque partie que ses compétiteurs l'accusèrent de tricher, et voulurent en venir aux mains : les deux compagnons durent passer la nuit à fuir leurs agresseurs dans les ruelles et à se cacher là où ils pouvaient. Ces incidents exclus le voyage se déroulait cependant sans encombre, et dans une grande gaieté, si bien qu'ils finirent presque par s'en lasser. Au bout d'environ un mois depuis qu'ils s'étaient rencontrés (nous étions au 22 aperirel), Emyn Muil et Maraut durent finalement se séparer : ils laissaient derrière eux la partie nord de la province, et maintenant une vaste forêt s'étendait au sud devant eux, tandis qu'à l'est l'on devinait les champs des Ingalsses. Arrivé au zaap dit « du Coin des Bouftous », nos deux amis firent leurs adieux :

« Maraut, je crois que nos chemins vont se séparer ici, puisque tu vas vers Sufokia tandis que je m'en vais à l'ouest, dans les plaines isolées que surplombent les montagnes où vivent les bworks et, plus loin encore, les koalaks. C'est là que je vais rejoindre le temple où je grandis étant enfant, et où vit ma mère qui est souffrante : je dois me hâter désormais, car je m'inquiète de son état. Je te remercie pour ce mois passé en ta compagnie, et les dieux de m'avoir mis sur ton chemin ! Tu as fait beaucoup pour moi, et je me sens honteux de ne pas pouvoir te rendre la pareille. J'espère qu'un jour nous nous reverrons et que je pourrais rembourser ma dette.
— Emyn, je suis triste également de devoir te quitter aujourd'hui. Donne-moi ton adresse, dis-moi où tu habites, qu'un jour je puisse t'envoyer une lettre ou venir te voir ! J'espère aussi que nous nous reverrons un jour, mais pour l'instant, je dois aller au sud, à Sufokia, tandis que tu vas à l'ouest. Alors adieu, mon ami, et puisse ton voyage trouver une heureuse conclusion ! »

Ils se séparèrent ainsi et chacun partit dans la direction qui était la sienne. Emyn s'engageait maintenant en des terres moins accueillantes, et il devinait que les jours qui suivraient seraient moins joyeux que les précédents. Il avait toutefois pour y faire face quelques réserves que lui avait donné Maraut, ainsi qu'un nouveau sac (certes, de piètre qualité) pour les y ranger. Il se hâtait maintenant, marchant seul, sur des routes abandonnées, dans un silence ininterrompu.
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Alchimie III
Le dernier niveau d’alchimie permet de confectionner les meilleures potions pour le cœur, ainsi que des potions utiles pour les autres enseignes : explosifs, transformations, invisibilité, etc.
Comédie I
Le premier niveau de comédie permet d’adopter une posture en face d’un interlocuteur, d’avoir déjà quelques bottes secrètes pour éviter les questions désavantageuses, et utiliser des techniques d’interrogatoire pour obtenir des renseignements.
Réseau
Cette compétence fait état de la constitution d’un réseau d’information et/ou d'influence au sein d’une certaine communauté, faction, cité, caste, guilde, etc. Le membre pourra ainsi en tirer des renseignements ou des services utiles, de temps à autr
Érudit
Le membre passe régulièrement du temps dans les bibliothèques du monde des Douze, et dispose d’une connaissance avancée de son environnement, son histoire, ses cultures.
Furtivité I
A pas de velours. Le premier niveau de furtivité permet de se mouvoir sans bruit, d’avoir déjà quelques facilités à surprendre quelqu'un par derrière, et de limiter toute déconvenue sonore susceptible de compromettre une infiltration.
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Message par Emyn Muil 21.10.18 18:59

VIII — LANDES ET COLLINES

Au fur et à mesure qu'Emyn Muil progressait sur sa route, les chaumières se faisaient de plus en plus rares, jusqu'à disparaître complètement. Il arrivait maintenant dans une vaste plaine déserte, qu'occupaient de-ci de-là quelques rares bois obscurs. Il n'avait rencontré âme qui vive depuis plusieurs heures, et la plaine se transformait en une lande lugubre et boueuse qu'alimentaient une multitude de ruisseaux. Le silence n'était interrompu que par le bruit occasionnel de grenouilles sautant dans l'eau à l'approche du Xélor, invisibles dans la végétation basse. La journée tirait vers sa fin, l'obscurité enveloppait la lande, et le seul chemin sinueux qui était au sec ne permettait pas à Emyn  de bivouaquer. Il était donc forcé de continuer dans le noir, et tandis que les ténèbres grandissaient, des centaines de lumières s'élevaient depuis la tourbe, éclairant de-ci de-là le tapis mêlé de rose, rouge, brun, vert et jaune des fleurs, mousses et herbes de la lande : les feux follets s'envolaient vers les airs, tournaient, virevoltaient de-ci de-là, et venaient parfois passer tout près d'Emyn Muil. Le Xélor, quoique fasciné par le spectacle, frissonnait d'inquiétude : il espérait que les esprits des lieux ne lui voudraient pas de mal ! Mais il semblait que les feux follets prenaient un malin plaisir à tourmenter le voyageur, et venaient encore et encore vers lui, tourner autour de lui, puis repartir et revenir encore. Enveloppé dans sa cape, Emyn Muil pressait le pas : il percevait maintenant une crête rocheuse qui se détachait de la plaine, baignée par la froide clarté lunaire. Arrivé au sommet, et ayant trouvé un espace plat où camper sous un arbre solitaire, il s'empressa d'allumer un feu, et avant de préparer à manger, fit à la hâte un sacrifice en marmonnant quelques formules qu'il connaissait, dans l'espoir d'apaiser le génie de la lande. Et si les feux follets ne l'avaient pas suivi jusqu'en haut de son perchoir, tandis qu'il mangeait, il se mit à entendre comme des dizaines de dragodindes courir ensemble aux alentours, et le cliquetis d'armes et d'armures entrechoquées dans la course, et de temps à autres, un cor retentir comme sonnant une chasse invisible : il avait beau épier la lande, il ne vit rien troubler la quiétude des ombres, pas même une chouette ou un crapaud. Terrifié, le Xélor se blottit près du feu, et se remémora tant d'histoires effrayantes qu'il avait lues et entendues de-ci de-là, en ayant la sensation que le temps ne passait pas. Après une vingtaine de minutes cependant, le phénomène prit fin lentement, et Emyn put enfin essayer de dormir.

Il n'avait pas beaucoup dormi quand le soleil se leva le lendemain, venant balayer définitivement les craintes de la nuit passée. Emyn Muil prit tout de même le temps d'inspecter les lieux, et dans la tourbe, il ne vit aucune trace de dragodinde, ni de quoi que ce soit : il devait en rester là, avec ses interrogations laissées intactes. Il se remit alors en route, puis au milieu de la matinée, traversa grâce à un petit pont de pierres la rivière qui creusait la cuvette où s'était épanouie la lande gorgée d'eau. Il grimpait maintenant un léger dénivelé du haut duquel il put voir le relief changer : la route cheminait maintenant entre une multitude de collines à la végétation éparse, qu'elle grimpaient puis descendaient, et grimpaient encore... Les lieux n'étaient guère moins sinistres, et toujours aussi désertiques. A quelques détails près : le temps passant, des petites parcelles cultivées se faisaient jour dans les rares espaces plats puis, au fur et à mesure que la route s'aventurait dans le pays, s'étendaient aux pentes des collines. Visiblement, la culture du navet régnait en maître sur la région. Arrivé au sommet d'une énième colline, Emyn Muil aperçut un village en contre-bas, et des paysans dans les champs alentours. Assurément, les lieux ne bénéficiaient pas d'une faveur exceptionnelle des dieux : l'allure misérable des chaumières et les piètres habits de leurs habitants laissaient imaginer quelle vie dure devaient mener le peuple de cette contrée pauvre et isolée, à s'arc-bouter leur vie durant contre la glaise stérile qui ne leur rapportait qu'un bien maigre fruit, tout juste une consolation pour le travail fourni... Mais voyant le voyageur descendre par la route, quelques uns de ces rudes paysans vinrent à sa rencontre, étonnés qu'ils sont à chaque fois de voir une âme s'aventurer en des lieux si reculés :

— Oh-là, voyageur ! Bien le bonjour !
— Bonjour, villageois ! Ah ! je suis bien heureux d'enfin rencontrer âme qui vive dans ce pays désert... Dites-moi : où suis-je ? Qui est le seigneur de ces terres ?
— Vous êtes sur les terres du seigneur Vilgard, le maître du temple Xélor des Marches de l'ouest. Vous êtes-vous donc égaré ? Ces routes ne sont guère fréquentées...
— Certes, non ! C'est bien au temple que je souhaitais me rendre. Mais c'est vrai, je m'inquiétais d'être perdu : je n'ai vu de chaumière depuis hier midi au moins, et j'ai dû passer la nuit dans la lande...
— Ah, malheureux ! Ainsi est le sort des voyageurs mal renseignés : dormir dans les terres hostiles, hantées par les esprits égarés d'anciens nobles chevaliers... C'est une chance que vous soyez revenus sain et sauf. Mais n'ayez crainte : pour ce soir, nous vous offrons l'hospitalité.

Emyn Muil fut donc accueilli avec les égards dûs aux voyageurs – autant, tout du moins, que le pouvaient les villageois. Après avoir mangé un plat bien copieux (mais peu goûtu) de navets, le chef du village lui montra la chambre qu'il lui donnerait pour la nuit. Ce soir, le Xélor ne veilla pas tard : il avait du sommeil à rattraper ! Il repartit du village le lendemain matin, assez tôt, et s'engagea sur la route que les villageois lui indiquaient pour atteindre le temple : il devrait y être avant la tombée de la nuit. Cette fois-ci, le relief s’aplanit quelque peu, quoi qu'étant toujours légèrement vallonné : il retrouvait les paysages de son enfance passée au temple Xélor, avec ces petites collines gastes émaillées de quelques cabanons de bergers, où paissaient paisiblement de maigres troupeaux de bouftous... Vers midi, sur la route, il rencontra une troupe de Xélors allant dans l'autre sens. Celui qui la menait reconnut Emyn Muil : c'était Nokter, le brave bras-droit de maître Vilgard. Il salua chaleureusement le Xélor :

— Oh, Emyn ! Ca alors, quelle surprise ! Tu as dû recevoir la lettre de maître Vilgard ? Enfin, bonjour ! Nous sommes heureux de te revoir ! Comment se passe la vie à Astrub ?
— Bonjour Nokter ! Je suis heureux également de vous revoir ! Oui, j'ai reçu la lettre de Vilgard : je suis venu rendre visite à ma mère. A Astrub, tout va bien, j'ai presque terminé mon apprentissage avec maître Nilrem. Où allez-vous donc comme ça ?
— Fort bien ! Tu devrais arriver au temple dans quelques heures. Tiens Algabest, tu feras demi-tour et tu accompagneras Emyn Muil jusqu'au temple. Nous, nous nous rendons au Trou-du-Coude : nous avons entendu parler d'un agitateur, d'une sorte de prophète qui répand des idées hérétiques chez nos paysans... Il faut que nous enquêtons là-dessus, et la route est encore longue jusqu'au village. Nous ne pouvons traîner, mais nous aurons sans doute l'occasion de parler plus longuement au temple... A bientôt !

La troupe repartit donc en direction du village d'où venait Emyn, et lui faisait connaissance avec Algabest, un disciple qui n'était pas encore arrivé au temple lorsqu'Emyn en était parti. Quelques heures plus tard, les grands bâtiments du temple se dressaient dans l'horizon désert...
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Message par Emyn Muil 25.07.19 2:46

IX — AUTOMNE


Plusieurs mois ont passé ; l'air était devenu froid, les jours avaient raccourci et la forêt au loin s'était teinte d'or. La mère d'Emyn Muil, après une longue et pénible maladie, venait de mourir. Le xélor avait passé de longues heures à son chevet ; pour tenter de penser à autre chose, il avait  profité d'être au temple pour parfaire son bref apprentissage des arcanes du Chronomaître. Maintenant, plus rien ne le retenait ici, sinon la mauvaise saison. Emyn Muil, pourtant, aurait bien préféré quitter ce lieu qu'il trouvait désormais bien sinistre. Tout y était trop silencieux ; les paysages alentours étaient sombres, plats, sans aspérité, sans vie. Des années auprès de Maître Nilrem, il faut dire, l'avaient habitué à autre chose. Ce jour-là, il restait silencieusement à lire — tout du moins essayait-il — un livre de la bibliothèque, dans la cour du temple dont les tilleuls perdaient leurs feuilles.

— Que lis-tu, Emyn ?
— Oh... Hé bien, Le trésor des trésors des alchimistes.
— Ah oui, un classique, je crois !
— Il paraît, oui...

Vilgard, le maître du temple, s'était assis discrètement aux côtés d'Emyn Muil. Il resta silencieux un moment, regardant les feuilles tomber.

— Je crois qu'on n'y pouvait pas grand-chose. C'est le temps qui l'a tuée ; et sans doute le chagrin et les renoncements aussi. Ainsi le Chronomaître a-t-il rendu son arrêt.
— Sa destinée ne fut pas aisée, il est vrai...
— Elle y a fait face avec courage.

Le maître xélor sourit avec douceur. Il chercha ses mots un instant.

— Ainsi se succèdent les générations d'hommes : les unes s'évanouissent pour que les suivantes puissent mûrir à nouveau, comme les feuilles de ces arbres. Tel est le sort qui, pour nous, a été décidé. Tout ce qui est bref est entrelacé dans une boucle sans fin.

Emyn Muil ne répondit rien. Jamais, jusqu'à ce jour, il n'avait autant appréhendé la venue de l'hiver. Plus que tout, il souhaitait le soleil...

*

Fin de la première partie.
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Message par Emyn Muil 05.04.21 5:59

DEUXIEME PARTIE

I — UN VOYAGEUR DANS LE SUD



Quelque part dans le Sud d'Amakna, par une belle journée d'aperirel, Emyn Muil cheminait dans la campagne paisible. Au début de l'après-midi, il était endormi à l'ombre d'un beau verger quand, soudain, une voix le surprit.

« Hé, regardez ! Ce doit être lui, là-bas, ce xélor endormi sous un figuier ! »

Celui-ci s'éveilla. Il vit une troupe colorée s'élancer à sa rencontre.

« Un jeune xélor avec une robe bleue, un voyageur sillonnant les routes, c'est bien lui me semble-t-il ! commenta quelqu'un. »

Emyn Muil se mit d'aplomb, s'épousseta légèrement et accueillit les visiteurs inopinés.

« C'est une description qui me correspond, en effet ! fit-il. Bonjour ! Pour quelle raison si belle compagnie me cherche-t-elle en ce lieu tranquille, l'air si pressée ?
— Beau seigneur, la rumeur sur vous court plus vite que vous ne marchiez. D'un homme tel que vous, de toute urgence en notre logis avons besoin. »

Emyn Muil était surpris. C'était une jeune femme qui venait de parler, guidant la troupe. Elle était mince et élancée, avec la peau claire et de longs cheveux bruns.

« Un homme tel que moi ? Demoiselle, vous semblez inquiète. Que se passe-t-il ? Que puis-je faire pour vous aider ?
— Messire, le comte mon père souffre de grandes douleurs depuis plusieurs jours déjà. Nous ne savons quel mal l'accable. Nous avons ouï dire que vous connaissez l'art de la guérison, si c'est bien de vous que les rumeurs parlent.
— Certes ! Je connais bien quelques remèdes. Je peux consulter votre père le comte mais je ne peux rien vous promettre, hélas. Guidez-moi donc, demoiselle, ne perdons pas de temps ! »

Emyn Muil rassembla ses affaires et suivit la troupe. Au détour d'une colline, il aperçut un château se dresser au loin, fièrement fiché sur son rocher au-dessus des coteaux plantés de vignes. C'est là que la compagnie se dirigeait. Les paysans alentour, curieux des affaires de leur seigneur, voyaient passer avec intérêt la belle troupe qui avançait à grandes enjambées. Alors qu'il entrait dans la chambre du seigneur, Emyn Muil fut introduit par un héraut en livrée :

« Messire le comte, voici un guérisseur que demoiselle Estela, votre fille, est allée quérir sur la route. »

Du grand lit au fond de la pièce, aucune réponse ne vint. Emyn Muil fut alors invité à s'approcher du convalescent. Celui-ci était prostré de douleur, gémissant, les yeux mi-clos, gisant piteusement dans les draps et les couvertures souillées par la transpiration. Avec des gestes hésitants, le xélor l'examina longuement. On le regardait faire avec inquiétude, sans mot dire, attendant son verdict.

« N'y a-t-il donc pas de médecin en cette demeure ? demanda-t-il, finalement.
— Non, messire. Voilà une semaine qu'il a pris congé de nous pour rendre visite à sa famille endeuillée, le pauvre homme, expliqua-t-on.
— Eh bien ! Dans l'art médical, je suis peu versé, mais suffisamment pour reconnaître le mal qui accable votre seigneur... »

Il se pencha vers le malade et pointa un index sur sa panse rebondie.

« Monseigneur, puis-je ? demanda-t-il. Puis, n'espérant pas de réponse, il appuya sur le ventre du comte.
— Crénom de bons dieux ! s'écria ce dernier dans un brusque sursaut, rouge de douleur et de colère.
— Voyez donc ! Le verdict est sans appel : monseigneur le comte souffre d'une bête indigestion. Fort heureusement, le remède est simple : il suffira d'une bonne diète pour, disons, deux à trois semaines. Du pain, du vin clair, des fruits ; pas de viandes et peu de fromages, ou rien de lourd et de gras, et il devrait s'en sortir. Je vais tout de même lui préparer une potion pour l'aider à se remettre d'aplomb et apaiser ses douleurs. »

Curieusement, la nouvelle ne rassura que très modérément l'assemblée. L'hôte fut néanmoins traité avec les meilleurs égards de l'hospitalité amaknéenne. On lui prépara une chambre pour la nuit et il put prendre un bain chaud. Au moment du dîner, auquel le comte, toujours souffrant, était absent, sa fille vint voir Emyn Muil et lui dit :

« Messire, merci encore pour votre aide. Je vous imagine pressé de reprendre votre route et, bien que, comme vous l'assurez, mon père n'aura plus besoin de vous pour guérir, je vous demande de bien vouloir rester quelques jours encore parmi nous, si la chose pouvait vous plaire. Monseigneur mon père voudra vous remercier lorsqu'il ira mieux, expliqua-t-elle. Et le premier jour de maisial est bientôt. Or, ici, dans le Sud, nous avons coutume d'organiser des réjouissances en l'honneur du mois verdoyant. Nous pensons qu'il vous plairait d'y être présent ; et nous sommes certains, en outre, que messire le comte voudrait vous compter parmi ses invités. »

À l'ombre de la nuit, remarqua Emyn Muil, la fille resplendissait d'un curieux charme, comme retenu dans une discrète réserve — élégance timide rayonnant dans la profondeur de son secret.
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