[Quête initiatique - Simettra] Joyaux anniversaires, Madame la Marquise

Voici la quête initiatique à l'issue de laquelle Simettra pourrait obtenir son Sept de Pique. Celle ci se déroulera sur forum dans son intégralité. Les têtes et compagnons seront les maitres du jeu de cette quête.


L’échelle descendue, Simettra se retrouva dans le petit troquet des champs. Ah, quel endroit… C'était celui où elle avait reçu son deux, et là que le Choipo lui avait conseillé l'enseigne pointue ! Ses premiers instants au sein de la Main…

Mais l’ambiance n’était pas à la nostalgie. Les quelques Doigts qui étaient réunis dans la cave poussiéreuse bouillonnaient, et les tintinnabulements qui s'y faisaient entendre n’était pas là pour apaiser les moeurs. Un chapeauté connu pour ses excès de colère se trouvait dans le fond de la salle, dos à l’entrée. Trois demoiselles étaient installées à l'une des tables. La première — une musicienne — arborait un air grave, mais elle salua Simettra d’un sourire discret. La deuxième —celle aux yeux vitreux — semblait ronchonner en s’agrippant à sa canne.
Ce fut la troisième femme — celle aux grelots — qui accueillit Simettra avec son habituel entrain. Elle se redressa et manqua de choir du siège sur lequel elle se tenait en équilibre. D’un bond acrobatique, elle alla se planter devant l’archère au regard émeraud et lui lança : 
 
« On poireautait l’arsouille, mais te v’là enfin. Prends donc un tas bourré.»

La dame au teint blafard montra une place et retrouva la sienne en adoptant une position improbable.

Le grand argentier — qui se trouvait juste à côté de la rousse Simettra — étranglait un journal comme on tord le cou à un tofu, seul signe extérieur de colère si l'on faisait abstraction de sa mine rougeaude. Il finit par lâcher :

« Bon, on n'va pas y passer la nuit. Une bande de chiures de pious n'a rien trouvé d'autre à foutre que d'nous voler dans les plumes. Cent-vingt-trois-mille-deux-cent-quarante-sept kamas nous ont été dérobés par une bande de faces de pets. CENT-VINGT-TROIS-MILLE-DEUX-CENT-QUARANTE-SEPT ! C'est une somme qui ne peut pas rester entre les mains de ces fesses de moumoules, de ces flaques de pus, de... »

Coupant court à un troisième juron, la violoniste ajouta :
 
« C’est pour ça que nous t’avons appelée, Simettra. Nous voulons que tu retrouves ce qui a disparu.
— D'la caillasse, du clinquant, d'l'épatant ! Plein de joyeux joyaux ! » acquiesça avec enthousiasme l’arlequine à clochettes. 
— Effectivement. Le convoi de pierres précieuses est parti de Brâkmar, mais il a disparu au milieu des landes de Sidimote. Une source fiable m’a assuré qu’il avait bien franchi la porte nord de la cité rouge. » confirma leur camarade aveugle, ancienne milicienne de son état.


Le jour pointait ses premiers rayons sur les pins des Landes tandis que les corbacs poussaient leurs croassements matinaux. L’air putride et chaud oppressait déjà la région et s’écrasait contre les grands arbres. Rien ne semblait pouvoir briser cette quiétude. Pourtant, à quelques kilokamamètres du zaap, à l’orée de la forêt, le sol révélait les traces d'un affrontement récent.




Simettra, penchée sur le champ de bataille, observait avec attention les traces. Elle y reconnaissait les marques d'un combat, et même des signes de panique, dans l'embrouillamini des empreintes. Il lui fallait désormais déterminer une direction à suivre, un cap à se fixer. Allait-elle prendre au nord, au sud, à l’est ou à l’ouest ? Seule une observation fine des indices pourrait lui apporter la réponse.

Un genou ployé dans la boue, la Crâtte examine les traces avec minutie. Bien vite, un scénario sur les événements s'étant déroulé ici se dessine dans son esprit.
Les empreintes de bottes devait surement appartenir à celui qui transportait les joyaux. Deviner que les autres étaient celles d'Ouginak était plus simple et plusieurs choses venait à confirmer cela. En premier lieu leur forme, typique, ensuite la localisation de celles-ci, dans les Landes. La rousse se souvenait être déjà venu en aide à une tribu d'Ouginak vivant dans cette région, ayant été capturé par des marchants d'esclaves. Enfin, les traces plus petites provenaient sans aucun doute d'un rouquet, fidèle compagnon des adeptes du Molosse Noir.

Cependant, plusieurs éléments lui paraissait étrange. Tout d'abord envoyer un seul homme pour transporter près de cent vingt milles Kamas était simplement stupide, et elle se souvint que l'Eniripsa aux cicatrices avait précisé que c'était un convois qui avait quitté la sombre, pas un seul homme. Ensuite, si l'attaque avait été faite par des Ouginaks, pourquoi aucune trace de sang ne se trouvait au sol ? Il n'y aurait eu aucun échange de coup ? Enfin, les traces de pas s'en allaient chacunes de leur côté, donc ils auraient simplement laissé repartir le transporteur, voilà qui était plus qu'imprudent.

L'autre possibilité à laquelle elle pensa était une inversion des rôles couplé à une trahison. La 6 de Pique savait que des Ouginaks servait à la Main à l'export de l'absinthe Fontaine en provenance du Temple éponyme, dirigé par cet affreux Ponte Arlier.

Plutôt que d'agiter ses Doigts, elle aurait donc missionnés quelques Ouginaks en escorte, leur force étant rassurante, mais ceux-ci aurait joué un double-jeu. Ils se seraient donné rendez-vous avec un homme mystérieux ici même et aurait procédés à un échange, avant de chacun repartir dans leur coin.
Ceci expliquerait l'absence de véritable trace d'une bataille, tel que la non présence de sang ou autres doigts coupé au sol. Ceci expliquerait aussi qu'aucun otage n'ai était fait et que les empreintes repartent dans leur propres direction chacune, et confirmerait enfin les dires que la marchandise était transporté par un convois.

L'élément qui aurait facilité sa décision ne lui avait pas malheureusement pas été communiqué. Qui leur avait appris pour le vol, et comment cette personne savait que le convois s'était fait attaqué au milieux des Landes à moins d'y être elle même. Connaître l'identité du convoi lui aurait aussi permis de tout de suite savoir par où partir et ne pas perdre plus de temps à spéculer, mais elle s'était à force habituée au manque d'informations vraiment fiable qu'elle pouvait obtenir avant de partir en mission.

Quoi qu'il en soit, il fallait prendre une décision rapidement. Chaque seconde passée ici était une seconde que la cible passait à s'éloigner.
C'est donc en suivant simplement son instinct à défaut de sa réflexion, qu'elle partie vers le Nord. Ce qui la décida fut les traces de Dragodindes allant dans cette direction. Dur, dur de transporter une telle charge sans bête à ses côtés.

Les empreintes continuaient sur quelques kilokamamètres. Malgré la terre brûlée des landes, il était facile pour l’archère de distinguer un passage récent de plusieurs dragodindes puisque leurs longues pattes avaient laissé des empreintes bien visibles dans la poussière. Simettra pouvait compter six pattes au total. La jeune femme arriva jusqu’à une taverne miteuse, toute violette qui ne semblait pas très entretenue.

Le paysage entourant l’auberge était vide. Les terres arides au nord, au sud et à l’ouest et un bois qui semblait presque infini à l’est. Personne ne semblait vouloir fouler ces terres et encore moins entrer dans cette vieille taverne. Avec la peinture écaillée et la porte trouée, la bâtisse avait tout d'un endroit abandonné.

Le bâtiment se trouvait approximativement à la fin de la forêt que le 6 de pique n’avait jamais cessé de longer. Cependant, autour de la taverne, il n’y avait aucune des dragodindes. L’abreuvoir, devant lequel les traces de pattes s’arrêtaient, semblait vide. Et les bêtes avaient visiblement disparu en même temps que leurs empreintes.

Un tour rapide de la battisse permis à l'archère de constater que les fenêtres, maladroitement occultés par un vieux bout de tissu en guise de rideau, laissait passer de la lumière. L'endroit n'était donc pas vide.
Faisant attention à faire le moins de bruit possible, elle se dirigea devant le trou qui avait creusé la porte, afin d'y observer l'intérieur, sa main droite venant caresser l'une de ses fidèles dagues, prête à dégainer en cas de pépins.

À travers la petite brèche, la taverne semblait chaleureuse, de nombreuses lumières étaient éparpillées dans toute la pièce et donnaient une impression réconfortante.

Au fond de la salle, derrière un comptoir se trouvait une femme avec un fort embonpoint. Elle semblait affairée à nettoyer une tache de graisse qui était restée sur l'une de ses assiettes. Derrière elle étaient installés de nombreuses bouteilles de toute taille. Fillette, Jéroboam, Mathusalem... Une collection de liqueur à faire pâlir un Pandawa !

Quelques tables, sur lesquels étaient disposées différents éléments de décoration liées à la région, étaient dispersées dans la salle, mais personne ne semblait y siéger. Un magnifique escalier en sapik se trouvait à quelques pas du comptoir et renforçait le côté agréable de la pièce.

Même si la fente de la porte était trop petite pour que la femme aux yeux jade puisse voir tous les murs de la maison, la quiétude de la bâtisse et la concentration de la grosse dame envers son assiette laissaient imaginer qu'aucuns clients n'était présent. Ou alors, les bougres étaient de vrai as de pique...

Ne laissant que son instinct s'exprimer, la rouquine se redresse. Elle ébouriffe quelque peu ses cheveux, cache soigneusement ses deux dagues dans leur fourreau dorsale, garde son arc en main, et pousse la porte de la taverne.

- Bonjour, bonjour... est-ce que vous êtes ouvert ?...

Sa voix est douce, et son regard parcours très rapidement les lieux, faisant mine de les découvrir. Cette inspection ayant pour simple but de localiser un endroit où les voleurs aurait pu se cacher, telle une cave ou autre renfoncement souterrain.

L'archère ne trouva rien en observant la pièce. Pas un malandrin, pas une seule âme, hormis la tavernière. Les murs, tous éclairés par la lumière matinale étaient habillés de tableaux de mauvais gout qui surchargeant encore un petit peu plus l'ambiance chaleureuse de l'auberge.

« Entrez, entrez ma chère ! Nous sommes bien sûr ouverts à tous ! J'ai beaucoup de chose à vous proposer. »La matrone désigne les bouteilles de toutes tailles. « Bien que ce soit un petit peu fort pour commencer la journée. Je dois avoir du lailait sinon. »

Sans attendre la réponse de Simettra, la tenancière sort un énorme bol pour chienchien qu'elle pose sur un plateau, à côté, elle ajoute une brique de lailait.
« Attendez, attendez, je dois bien avoir quelque chose à vous faire grignoter. »
La femme se précipite vers une salle à l'arrière de la taverne dans une boucan terrible.

Vide... Faisait-elle une erreur en s'arrêtant ici ?

Son instinct lui dictait que non, alors elle creuserait. Deux pistes s'offraient à elle : L'étage et l'arrière boutique.
L'un des deux étant absolument inenvisageable pour le moment, son choix se porte donc sur l'étage. Le temps lui est compté, mais la tenancière lui fourni une aide précieuse. Elle laisse la porte ouverte et avance naturellement vers l'escalier.
Profitant du vacarme produit dans l'arrière boutique, elle monte les marches unes à unes en prenant soin de mesurer le poids qu'elle met sur chacune d'entre elle afin de ne pas les faire craquer. Elle se contente de glisser un œil furtif afin de vérifier qu'aucune mauvaise surprise ne l'attend là-haut.

L'étage était un simple couloir éclairé par des bougies. À gauche, trois portes et à droite, deux seulement. Aucun bruit ne semblait sortir de ces pièces. La rousse redescendit dans le silence.

Quelques instants plus tard, la grosse dame revint avec un gros gâteau cremeux. Elle en servit une quantité astronomique de lailait dans la gamelle et posa une part de gâteau tellement grosse qu'elle aurait pu remplir l'estomac d'un Bwork à elle toute de seule.

La grosse dame s'autorisa de son côté un petit verre de vinasse et s'accouda juste en face de Simettra.
« Alors, qu'est ce qui amène une chasseuse comme vous dans le coin ? Je n'ai pas trop l'habitude, pour tout vous dire, je vois souvent des gros bonhommes faisant l'aller retour entre les deux cités. Vous chassez quoi, le mulou ? Si vous attrapez une mergranlou et que vous me la ramenez, je vous la prendrais à un bon prix. Il paraît que les ingrédients de son panier sont de-li-cieux !  »

« Oui, j'ai passé la nuit dehors sur les traces de Mergranlous qui se seraient ameutés... Une drôle d'histoire... » répondit la rouquine.

Les yeux de la bonne femme s'exorbitèrent devant la réponse de la chasseuse  : « Oh une meute toute entière ! Ça fait frémir mes papilles ! Vous les avez trouvé ? J'aurai aimé voir ça... Moi j'étais bloquée ici avec deux trois gus, ils sont même pas rester dormir les ingrats. Mais bon, ils ont bien consommé !
— Deux trois gus ? Vous savez si eux aussi étaient sur les traces des Mergranlou ? » répondit l'archer en ignorant totalement la question de l'imposante matronne.
« Eux ? » La femme opulente éclata de rire.
«  De vrais bras cassés ils se lamantaient d'avoir perdu leur cargaison à cause d'une ombre. Par Rushu, il paraît qu'ils n'ont remarqué la disparition de leur magot qu'une fois que l'ombre se soit moqué d'eux. Ils étaient pas fiers, je vous le dit. Ils cherchaient un stratagème pour faire croire à leur employeur qu'ils ne l'avaient pas perdu.
— Leur magot ? Ils transportaient des trucs précieux ?
— C'est le genre de question à pas poser à trois bougres en rogne. Mais je suppose que ça devait valoir quelques kamas, parce qu'ils avaient vraiment le moral dans les sandales.
— Quelle idée d'avoir une cargaison précieuse dans les Landes aussi...
— Ce n'est pas très étonnant, certes le chemin entre Bonta et Brakmar est long, mais il est rare de croiser du monde. Alors qu'en ville, il doit y avoir un chapardeur à chaque coin de rue.
— Surtout à Brakmar, oui... » ajouta le six de pique. Alors que la grosse dame se réservaient un troisième verre, Simettra s'enquit : « Tout de même une ombre moqueuse... c'est pas courant. Ils ont pas essayé de la rattraper ?
— Elle a fuit dans la forêt ! Z'avaient pas envie de prendre le risque de foncer la dedans la nuit.
— Par Crâ.. ça suit la piste des Mergranlou.. j'espère ne pas tomber dessus... Ils vous ont dit autre chose sur elle..?
— Peut être que l'ombre et les Mergranlous sont de mèche, cela ne m'étonnerait pas cela dit. En tout cas, non rien de plus sur cette ombre.

La rouquine fait craquer chacune de ses articulations en se relevant.

- Merci beaucoup de m'avoir prévenu, je serais sur mes gardes !

Elle se relève, adresse un franc sourire à la tenancière, et quitte les lieux. Son regard se tourne désormais vers la forêt à l'Est, connaissant désormais sa cible : "l'ombre moqueuse". Elle retourne sur ses pas jusqu'à arriver au lieu de bataille, prenant cette fois-ci la direction qu'elle n'avait pas suivit précédemment, à savoir les empruntes qui partent seules.

Le soleil avait déjà bien entamé sa montée dans le ciel, lorsque Simettra passa les premiers arbres de la forêt. Les empruntes de bottes s'étaient atténuées en entrant dans la forêt, si bien qu'au bout de quelques kilokamamètres, la jeune femme se retrouva au milieu de la forêt, sans aucune indication.
Sa cible avait pu tourner directement vers la gauche, ou la droite, l'achère ne l'aurait pas su. Tout se ressemblait autour d'elle, enfin, presque tout. La seule chose qui lui assurait qu'elle ne tournait pas en rond, c'était la petite rivière bruyante qu'elle longeait depuis le début.
Devant la disparition des traces, la chauve rouquine se laissa quelques instants de répit pour observer le paysage.
De plus, le confluent, qui semblait être le repère de sa cible, se séparait en deux. Une partie partait vers le Nord et s'enfonçait encore plus profondément dans le bois, et l'autre vers l'Est.
Où est ce que la disciple de Divad allait-elle se rendre ?

Il n'était plus question de patienter encore un peu. Elle était bien consciente d'être en train de perdre sa cible, et cette simple idée était impensable et impossible. Aucun petit branchage n'aura pu laisser paraître un passage impromptu de cette "ombre" et les rares traces aux sols n'étaient guère plus que celle de vulgaire sanglier. Mais un détail vient titiller son attention. Ce qui ressemble à une trace, mais non animal. Elle s'accroupit devant celle-ci pour l'examiner de plus près. Taille, forme, profondeur, direction, elle ne laisse rien de côté.

Bien en prend à la pisteuse ! Voilà qu'elle retrouve la trace de sa proie. S'engouffrant dans un dédale végétal, scrutant la mousse et les pierres glissantes, l'archère chauve parvient à trouver d'autres preuves du passage d'un explorateur. Des brindilles fraîchement cassées, de l'humus tassé... Tout indice est bon à prendre ! Au bout d'une heure de poursuite à retardement, Simettra émerge de la forêt et distingue, non loin de l'orée du bois, les murailles maudites des ruines du village de Gisgoul.
La piste y mène tout droit, son auteur n'estimant plus important de masquer ses intentions, persuadé qu'il doit être d'avoir semé d'éventuels poursuivants...

Elle ne l'aurait pas avouée, mais la disciple de la Grande Chasseresse est plus que soulagée d'avoir pu remonter sa piste. Elle n'avait jamais posé un pied au village de Gisgoul aussi, elle suit les traces de sa proie jusqu'à pénétrer dans les ruines, restant tout de même sur ses gardes au cas où une quelconque menace viendrait à pointer le bout de son nez.
La présence de Bworks se faisait sentir dans les ruelles jonchées de débris. Littéralement. Les remugles des Peaux-Vertes faisaient grimacer l'archère au crâne lisse. Certains borborygmes des locaux lui permettaient d'éviter de petits groupes armés jusqu'aux dents, mais le danger était présent, et il était difficile de continuer à suivre la piste tout en prêtant attention aux occupants actuels des lieux. Faire un choix revenait à résoudre un dilemme inconfortable. Pister au risque de se faire attaquer ? Surveiller ses arrières au risque de perdre la trace de sa cible mystérieuse ?

Le dilemme n'en fut pas un tant le choix coulait de source. En se faisant attaquer, les pas des Bworks s'emmêleraient à ceux qu'elle suivait et la piste se ferait purement effacer. En les surveillant, le risque d'agression était moindre, et perdre la piste était préférable à l'effacer, car elle pourrait toujours tenter de la retrouver. Elle passa donc les minutes qui suivirent à surveiller les Bworks.

Simettra passa donc les minutes qui suivirent à surveiller les Bworks. Rapidement, elle passa ses yeux des traces aux groupes un peu trop près d'elle, continuant doucement, mais sûrement, sa progression à travers le village maudit.

Arriva ce qui devait advenir : un moment d'inattention, fugace, vit débouler un duo de Bworks depuis l'intérieur d'une maison délabrée. Les Peaux-Vertes franchirent le seuil pour se retrouver face à une Simettra occupée à tenter d'apercevoir un reliquat des traces de sa cible. Les deux créatures se regardèrent, désignèrent l'archère, hochèrent la tête, et beuglèrent à l'unisson en chargeant la malheureuse. Il leur faudrait une dizaine d'enjambées avant de la rejoindre, peut-être que...

Il fallait être rapide et précis, pas le droit à l'erreur. Elle se saisit de son arc et laissa filer plusieurs flèches en direction du coeurs des deux Bwork. Si le premier fut atteint en plein coeur, le second parvint à éviter les traits décochés par l'archère.
Le Bwork se mit à psalmodier dans une langue inconnue et une colonne de flammes se dirigea bientôt droit vers Simettra. De la magie ! La gerbe de flamme s'approche à grande vitesse, la Crâtte réussissant à l'esquiver au dernier moment, sentant la chaleur la frôler. Aussitôt elle bande son arc de trois nouvelles flèches, une pour la jambe droite, la deuxième pour le coeur et la dernière pour son crâne.

Dix kamètres, c'est beaucoup et pas grand-chose à la fois. Assez pour laisser le temps de tirer une première série de flèches, suffisant pour éviter une langue de flammes, mais certainement pas assez pour décocher trois nouvelles flèches sans que le Bwork ne parvienne au contact.
Boum. Le choc est brutal, déséquilibre Simettra, et annonciateur d'un corps à corps musclé.

Plus agile que le gros bourrin, l'archère se remet rapidement de son déséquilibre et l'esquive avant qu'il ne réussisse à prendre l'ascendant sur elle. Le Bwork fini au sol dans son élan, la brune en profitant pour remettre de la distance entre eux et décocher une nouvelle salve de flèche.
Certains projectiles atteignent la cible, d'autres non. Le Bwork se redresse, furieux, et son beuglement vient vriller les oreilles de l'archère. Les mains du Peau-Verte luisent avant de prendre feu et des pognes tendues vers l'avant — vers cette cible qui ne cesse de bouger — jaillit un torrent igné qui fond sur Simettra. Le Bwork Elémental, tout feu tout flamme, ne reste pas immobile. Ça, non ! Il se précipite vers la chauve, précédé par son brasier.
La brune parvient à esquiver de peu, de très peu, la gerbe de flamme, qui lui crame la cheville. Un râle de douleur résonne avant que le Bwork n'arrive à porté. Plus le choix, elle abandonne son arc pour ses deux dagues, tentant de rester debout malgré la douleur.
Une lueur fugace de surprise — bien vite remplacée par celle d'une joie sauvage — brille dans le regard du Bwork. La petite a cessé de courir ; il va enfin pouvoir lui avoiner le museau bien comme il faut ! La créature massive lève ses deux poings fumants vers le ciel avant de les abattre en direction du crâne de sa victime. « WAAAAAAAAAGH »


Être imprévisible.
L'archère n'a que très peu de temps pour réagir, alors d'instinct, elle lève ses dagues vers les mains se dirigeant vers son crâne en espérant que l'élan qu'à pris le Bwork sera suffisant pour qu'il s'auto-mutile sur ses dernières. L'opération est risquée, mais payante. Les pointes se fichent dans les poings de la bête qui, dans son élan, est grièvement lacérée. L'impact est tel qu'une des deux dagues échappe à sa propriétaire. Le Bwork hurle derechef — mais de douleur, cette fois-ci — avant de laisser la rage le consumer, littéralement. Une lueur jaunâtre émane du fond de sa gorge et le Peau-Verte se jette sur Simettra, tentant davantage de la ceinturer que de lui porter de nouveaux coups. Ses bras musculeux s'apprêtent à se refermer autour de la surineuse.

En réponse à sa tentative d'étreinte, Simettra lève un genoux pour venir cogner en plein dans les parties intimes du Bwork, avec force.
Déjà saturé par les signaux de douleurs, le système nerveux du Bwork n'en est plus à une agonie près. Simettra se retrouve donc entravé contre le torse musculeux, puant et brûlant de son adversaire. Adversaire dont ce n'est plus seulement la bouche qui émet une lueur inquiétante, mais bien la plupart de ses orifices. Ses yeux se mettent à laisser filtrer quelques rayons étranges et sa poitrine, malgré l'épaisseur de ses habits et de ses organes et muscles, commence à luire elle aussi.
« BWORKZAAAAAAAAAÏ ! »

Imprévisible... Le temps lui est compté et aucune échappatoire ne semble possible. Alors, du peu de mouvement qu'elle est capable de faire, Simettra se met à chatouiller le gros Bwork dans un ultime espoir.
La température augmente. De plus en plus rapidement, le contact du corps du Bwork, son étreinte embrasée, commence sérieusement à inquiéter l'archère. La chaleur est telle que l'air se met à miroiter et des larmes perlent au coin des yeux de Simettra. Le Peau-Verte enfle au fur et à mesure que la situation devient de plus en plus problématique. Le Bwork n'a visiblement pas l'intention de laisser sa proie s'échapper après ce qu'elle lui a infligé, quitte à se sacrifier dans une attaque-suicide.

Bon. Plus le choix. Mourir ici était hors de question, alors elle s'en sortirait. Elle enroule ses pieds autour de ceux du monstre et donne un coup franc dans l'espoir de lui faire perdre l'équilibre.
Son attention focalisée ailleurs, le Bwork choit, entraînant l'archère dans sa chute. La surprise trouble la bête et son emprise se desserre pas vraiment franchement, mais suffisamment pour permettre à la chauve — hahaha, la chauuuuuuve ! — de se dégager. Profitera-t-elle de l'occasion avant que le Bwork ne se transforme en bombe incendiaire ?

Celle avec une magnifique perruque brune réagit directement. Elle appuis de ses deux mains sur le torse brulant pour se relever dans un bond en arrière. La manœuvre est un succès, et c'est sans doute cela qui sauve, in extremis, la vie de la porteuse de postiche. La déflagration est toutefois suffisamment forte pour projeter Simettra en arrière, la sonner et lui brûler le visage. Heureusement qu'elle a protégé ce dernier de ses mains gantées, mais il lui faudra une bonne dose d'onguent pour apaiser ses brûlures aux avants-bras. Du Bwork, il ne reste plus rien. La tête de l'archère lui tourne, ses oreilles sifflent, la voilà désorientée et passablement amochée, en plein territoire ennemi. Les rixes sont monnaie courante à Gisgoul, mais un tel raffut risque d'attirer de la compagnie...

Il faut plusieurs longues, et précieuse, secondes à l'archère pour se remettre de l'explosion. Sachant très bien que les Bworks n'allait pas tarder à rappliquer, elle se relève encore un peu sonnée et se dirige vers la maison d'où venait ses précédents adversaires, le temps de se remettre de ses émotions sans rester exposée.

L'intérieur de la bâtisse est aussi délabré que l'extérieur. Le parquet — ou ce qu'il en reste — est passablement défoncé, les murs sont lézardés au possible, une odeur d'humidité et de moisissure imprègne les lieux et des empreintes de pas — certainement celles des deux Bworks — constellent le sol couvert de poussière. De fréquents vertiges compliquent la progression de Simettra, son équilibre en a pris un coup. Dans la rue, des bruits attestent de l'arrivée récente de curieux dont les borborygmes trahissent les origines peaux-vertes.
Un deuxième affrontement dans la foulée était impensable, aussi, elle concentre tout ses efforts à chercher un endroit pour se dissimuler ici.
Les cachettes ne manquaient pas. Entre pans de murs à demi-écroulés, tas de gravats omniprésents et poutres effondrées, Simettra avait l'embarras du choix. Se choix se porta sur le coin le plus sombre qu'elle put trouver, sa nouvelle tunique étant bien plus pratique pour disparaitre dans des endroits peut éclairée que le précédente.

Du remue-ménage au niveau de l'entrée se fit entendre, tendant l'archère au possible, mais aucun importun ne prit la peine de pénétrer dans le bâtiment et, au bout d'un quart d'heure qui parut une éternité, la plupart des bruits inquiétants disparurent.
Prudence étant mère de sureté, la brune attend cinq minutes de plus avant d'enfin sortir de sa cachette de fortune, et repasser une tête dehors. Elle n'avait pas oubliée la raison de sa présence ici, et se remis aussitôt à chercher les traces de pas.
Dans la rue désertée, Simettra fut bien en peine de retrouver les traces qu'elle suivait avant de se faire alpaguer par les Bworks en maraude. L'échauffourée, les flammes et le passage des autres Peaux-Vertes avait souillé la scène. Comment allait-elle s'y prendre pour tenter de se remettre sur le bon chemin ?

Elle fit un rapide tour sur elle même dans le but d'identifier la direction par laquelle elle était arrivé, et celle dans laquelle elle se dirigeait. Une fois ses deux là identifiés, elle avança tourné vers la deuxième scrutant le sol. L'homme avait laissé derrière lui des traces de chaussures reconnaissable et facilement différenciable de celle de gros Bworks, retrouver sa trace ne serait pas un soucis en soit, il lui suffisait simplement de trouver une marque dans la terre et le tour serait joué.

Retrouver son chemin ne fut pas difficile, la direction qu'elle avait suivie non plus. En revanche, les empreintes furent plus difficiles à identifier sur le sol inégal... Une première piste la mena droit dans un cul-de-sac. Frustrée, Simettra fit demi-tour, reprit ses recherches, et celles-ci l'amenèrent en plein milieu d'un carrefour sans pour autant qu'elle ne trouve d'autre indices. Agacée, la pisteuse revint une énième fois sur ses pas. Que devait-elle faire ?

Simettra décida de prendre de la hauteur sur sa situation. Littéralement. Elle se mis à la recherche d'un endroit pouvant lui servir de tour de guet et commença son ascension. Au sommet, elle mit à profit son regard d'adepte de Crâ, à la recherche de signe de vie humaine.
Le dédale irrégulier des rues et avenues de Gisgoul dessinait une toile d'arakne sous le regard acéré de la fervente de Crâ. Aussi loin qu'il lui était possible de porter, il ne distingua que des groupes éparses de Peaux-Vertes, rarement de gobelins et, à deux reprises, d'aventuriers en maraude. Du moins, l'un des deux groupes — un Ecaflip et un Eniripsa — y ressemble assurément, l'autre n'étant constitué que de trois silhouettes drapées et encagoulées.
La largeur des rues rend compliqué tout batifolage de toit en toit. Il y a bien quelques anciennes venelles qui permettrait de sauter d'un rare surplomb sur une terrasse bienvenue, mais l'état de délabrement de la cité maudite rendrait cette opération aussi périlleuse qu'incertaine.

Elle décide de concentrer son regard sur les cagoulés, intriguée par ceux ci, tentant de déduire la direction qu'ils prenaient et si ils se rendaient quelque part en particulier. A en juger par leur allure décidée et leur direction, ils se rendaient droit vers l'épicentre de la cité : l'aiguille sombre de la tour de Gisgoul.
Seul piste plausible, et pouvant tout à fait passer pour "une ombre" au milieux de la nuit par leur accoutrement, Simettra se décide à descendre de son nichoir et rejoindre la grande tour, prudemment et faisant attention à ne pas attirer l'attention.

Encore plus prudente qu'auparavant, l'archère parvient à rejoindre l'édifice rushuiste sans se faire surprendre par les occupants verdâtres de Gisgoul. Parvenue au pied de la tour, il lui faut se rendre à l'évidence : les lieux servent encore. Les Douze seuls savent ce qu'elle trouvera à l'intérieur.
Les rushuistes, elle connaissait. Son rapide passage parmi certains d'entre eux pourrait sûrement lui être profitable - qui l'aurait cru...
Avançant à pas de Mulou, Simettra pénètre dans le bâtiment, prenant évidemment bien soin de vérifier que la voie est libre avant de s'engager.

L'entrée, haute et lugubre, était déserte. Seule une statue monumentale, aussi sinistre que dérangeante dardait un regard de pierre sur la nouvelle venue. Depuis ce hall titanesque, il était possible de rejoindre différentes parties de la tour séculaire. Des entrailles au sommet.
À tâtons, Simettra se met à évoluer en direction du sommet de la tour, veillant toujours rester au maximum dans des endroits sombres et peu éclairés pour ne pas se faire repérer. Les ombres se mouvaient et l'impression d'être épiée tenailla la Crâ jusqu'à ce qu'elle parvienne au faîte de la tour. Elle ne croisa aucun présence douzienne, mais eut la sensation oppressante de se tenir là où elle n'aurait pas dû.

Cette zone de la tour fouillée, elle se reporte sur les entrailles de la tour, faisant le chemin de son ascension en sens inverse, ignorant du mieux qu'elle peut cette drôle d'impression. Dans une salle devant laquelle elle aurait pu passer cent fois sans en déceler l'existence, Simettra surprit les trois encagoulés en pleine session de dévotion à leur Saigneur et Maître, Rushu. Leurs imprécations avaient trahi leur présence. D'une oreille discrètement indiscrète, la Crâtte tente d'identifier des bribes de conversations.
Tout s'articule autour du meilleur moyen de faire venir Rushu sur ce plan d'existence. Certains sont partisans d'un sacrifice, un autre propose de corrompre un Eliotrope, tous sont d'accord pour écarter de leur projets le génocide des disciples des Douze.

Visiblement, elle ne tirerait rien d'eux. Dans le doute, l'archère termine son exploration des profondeurs de la Tour, afin de s'assurer de ne passer à côté de rien. Au cours de ses pérégrinations souterraines, Simettra se rendit compte que la tour communiquait avec un vaste réseau d'évacuation des eaux usées qui devait courir sous l'entièreté de l'ancienne cité.

- Hm.

Insatisfaite, elle remonte les étages de la tour pour arriver à l'entrée de celle-ci. Elle en remonte tout les étages pour arriver à son sommet afin d'obtenir une vue imprenable sur la cité détruite. De son regard, elle cherche un endroit propice aux coups fourrées. Discret, isolé, probablement là où les peaux-vertes ne sont pas en nombre pour éviter tout désagrément.

Depuis son perchoir, l'observatrice finit par trouver trois endroits qui pourraient faire l'affaire. Un au nord, peu éloigné de la tour, un deuxième à l'est, à proximité de la muraille et un dernier au sud-est, dans le quartier où elle avait affronté les deux Bworks.

Son choix premier se porte vers le quartiers duquel elle vient, gardant un plan mental grossier de l'emplacement des deux autres lieux.
Elle redescend la tour, veillant à ne pas déranger les Rushuistes, et se met en route vers le lieu de l'attaque, surveillant les Bworks de près afin de ne pas se faire surprendre de nouveau. Les Peaux-Vertes avaient déserté l'endroit, aussi loin que le regard et l'ouïe de l'archère portaient.
Un peu plus détendu mais toujours vigilante, elle continue son avancé dans le quartier jusqu'à trouver le lieu qu'elle avait aperçus de loin. Les lieux étaient déserts, exigus, et parfaitement appropriés pour quiconque aurait souhaité suriner quelqu'un sans se faire repérer.
Les façades de deux bâtiments délabrés ne permettaient pas d'emprunter le passage à plus d'une personne à la fois.

La brune se faufile dans l'excavation, avançant à tâtons, dans l'optique de découvrir si quelque chose, ou quelqu'un, se cache par là. Les débris qui jonchent le sol et encombrent le passage attestent du peu de fréquentation de ce passage réduit. Le passage ne menant, visiblement, à rien, l'archère fait demi-tour, se rendant vers sa seconde destination : le coin près des murailles.

Le temps qu'elle parvienne sur les lieux, un attroupement s'était formé dans les environs. Une poignée de Bworks, dont certains élémentalistes, affrontait un groupe d'aventuriers.
Simettra parvint à gagner le coupe-gorge sans se faire remarquer. Parvenue dans ce dernier, elle eut la confirmation que lui aussi pourrait servir à un ou deux coups fourrés. Ce qu'elle comptait faire de cette information, elle seule le savait.
Elle avance en direction du fameux coupe-gorge, silencieusement. Répétant la même opération que précédemment, l'archère cherche des traces de passage plus ou moins récent avant de s'aventurer plus avant. Hélas, aucune trace ne vint récompenser ses investigations.

La Crâtte fini par se diriger vers le troisième et derniers lieux aperçu plus tôt depuis son perchoir, celui au nord, peu éloigné de la tour. Les environs étaient déserts, le passage également, quiconque aurait souhaité y fomenter un sale coup aurait été ravi, mais personne ne s'y trouvait.

Les rues tentaculaires vinrent troubler l'adepte qui ne cesser de déambuler dans celles-ci. De toute évidences, elle avait péché quelque part.
Les cibles aussi complexe à rattraper n'était pas légion, et elle en particulière lui donnait du fil à retordre comme rarement auparavant. Alors, elle retourna sur ses pas, à l'embranchement des traces de pas. Selon ses souvenirs, l'un menait à un cul de sac, l'autre à un carrefour.
C'est vers la première direction qu'elle se mit en route.

Parvenue dans le cul-de-sac, assurée de l'éloignement des Peaux-Vertes, Simettra se prépara. Qu'allait-elle faire ? Détailler les environs semblait être un bon début pour pouvoir savoir quoi faire. Elle observa donc ceux-ci avec attention.

Les vagues reliquats d'empreintes n'allaient pas jusqu'au fond de l'impasse, autant que la Crâ était capable de le voir. Le sol dallé ne l'aidait pas dans sa tâche, en tout cas. Les façades avaient été abîmées par le temps, les intempéries et quelques visiteurs successifs et indélicats, mais tenaient debout, vaille que vaille.
Les volets étaient tous cloués, de façon à ce que les bâtiments ne soient pas indûment occupés, mais il y avait fort à parier qu'une telle mesure de précaution ne revêtait que peu de sens dans la cité maudite... Certaines portes, vétustes, ne résisteraient pas à la pression d'un coup de talon bien placé. L'archère avait-elle vu tout ce qu'elle voulait ou souhaitait-elle s'appesantir sur quelque chose en particulier ?

Simettra s'avança jusqu'à l'endroit précis où les traces disparaissait dans l'impasse. Un genoux au sol, elle balade son regard entre celles-ci et la suite de la route, cherchant une possible trahison de passage mieux dissimulé.
Cela lui prit du temps, et elle pensa avoir la berlue, mais l'une des dalles dans le voisinage proche de la disparition des empreintes, en bordure d'un des bâtiments, s'avéra un tantinet différentes de ses voisines. La pierre, sombre malgré tout, ne lui sembla pas taillée dans la même roche que les autres. La jointure entre la fameuse dalle et l'angle du mur était suffisamment large pour y enfoncer une main relativement fine. Le mortier n'avait jamais été posé, en apparence, à cet endroit, et une timide touffe de végétation sèche et blafarde poussait dans cet interstice.

Un petit sourire en coin de lèvres, elle marque la pierre dans son esprit pour être certaines de la retrouver rapidement. Pierre sombre, roche différente, collé au mur, avec de la végétation autour.
Elle se relève et retourne sur ses pas, avançant jusqu'à l'intersection entre les traces, suivant la seconde piste.

Cette seconde piste mena l'investigatrice au beau milieu d'un carrefour. Ici, les empreintes s'agglutinaient, notamment celles de bottes de facture bwork, de dragodindes et autres volkornes. Bref, c'était un sacré foutoir !
Une petite moue de frustration se dessine brièvement sur son visage, avant qu'elle fasse demi-tour, de retour à la fameuse intersection. De nouveau, elle ploie le genoux dans la poussière pour les examiner de près, en particulier ce moment où les traces uniques deviennent double.
Quelqu'un devait avoir patienté ici la venue de la première personne, il n'y avait pas d'autre explication. A moins qu'il ne s'agisse d'un sortilège de dédoublement ? Simettra avait déjà entendu parler d'une telle magie, attribuée au culte de Sram, selon ses souvenirs.

Et c'est la deuxième option, à laquelle elle commençait déjà à songer, qui vint doucement se confirmer. Elle se relève et retourne pour la troisième fois au cul de sac.

Pierre sombre, roche différente, collé au mur, avec de la végétation autour.

Elle retrouve assez rapidement la précédente pierre, venant glisser sa main dans l'interstice entre celle-ci et le mur, avant de tenter de la soulever.

Les doigts de la rouquine... de la chauve... de la porteuse de postiche MAGNIFIQUE BRUNETTE s'insèrent dans l'orifice, mais son gant — car elle porte bien des gants, n'est-ce pas ? — rend l'opération malaisée. Simettra retire ses doigts, enlève son gant, réitère l'opération et sent par tâtonnements qu'il lui est possible, une fois sa main enfoncée au maximum, de saisir la face inférieure de la dalle de manière à pouvoir la soulever.

L'archère réussit à saisir l'intérieur de la dalle après avoir retiré ses gants - oui, oui, elle porte bien des gants, ça évite des blessures aux doigts avec l'arc - et à la soulever, si tant est que rien ne bloque la dalle.
La pierre se soulève sans à-coup, plus légère qu'elle ne semblait l'être — sans doute en aurait-il été autrement avec l'une de ses voisines. Elle révèle une cavité obscure, sorte de tunnel dans lequel ne pourrait pas se faufiler un être de la carrure d'un Bwork. Simettra pourrait tenter d'y ramper, avec peine, malgré sa TAILLE DE GUÊPE À FAIRE FANTASMER LE PLUS SUPERFICIEL DES MONTEURS DE REVUES BONTARIENS, mais elle aurait bien du mal à s'y dandiner, d'autant plus dans son accoutrement actuel.

Elle se relève. Elle ne pourrait décemment pas descendre simplement comme ça, alors elle se dirige vers l'une des maison barricadé proche d'ici, jaugeant la porte et sa résistance. Son but ? Savoir si elle pourrait la défoncer sans se péter une rotule. Après quelques vérifications, elle estime la chose possible, il lui faudra seulement faire attention au bruit produit. Bien évidemment, pas de brutalité dans son geste. Elle s'empare de ses dagues et commence à creuser le bois prêt de la serrure pour la faire céder sans trop attirer l'attention.

Crrrr... Crrrr... Crrrrr... Après un quart d'heure de ce traitement, Simettra touche au but. La porte cède à ses envies et lui ouvre un accès aussi attendu qu'espéré. A l'intérieur, contre toute attente... Il fait noir comme dans un four. A ceci près que les volets troués laissent entrer, çà et là, quelques rais de lumière bienvenus mais bien trop rares. L'escalier menant aux étages n'a pas résisté aux avanies du temps et s'est effondré sur lui-même depuis belle lurette, restreignant l'accès au reste de la maisonnée. L'archère trouve un coin qui fera office de cache pour ses affaires : ce qui devait avoir été un four, un jour lointain.

Elle dépose sa besace dans un coin sombre, la dissimulant sous son manteau noir. Elle ne garde avec elle que ses dagues, son arc, et ses petites lames de lancées. Le reste patientera sagement ici.
Elle ressort - quel dommage qu'Insty ne puisse pas voir sa tenue moulante, la bave lui en coulerait - et retourne au niveau du trou, dans lequel elle commence sa descente

C'est tête la première que Simettra s'introduit dans l'étroit boyau. A plusieurs reprises, l'oppressante sensation d'écrasement manque de la faire paniquer et il lui faut de longues minutes, à chaque fois, pour se calmer et se dire que s'énerver, ici plus qu'ailleurs, n'aboutira qu'au pire. Elle risquerait de se coincer et de mourir de faim et d'épuisement — si ce n'est pire — sous cette terre qui l'a avalée toute entière. Pourtant, pourtant, après ce qui lui paraît une éternité passée à tirer sur ses avant-bras, ses doigts et ses épaules, Simettra sent que le passage souterrain s'élargit devant elle en une sorte de goulot. Oui, ça y est, elle peut prendre appui sur les parois d'une anfractuosité dans ce qui est devenu de la roche. Quel dommage qu'elle n'ait rien pour s'éclairer ! Néanmoins, à force de tractions, de gémissements et de suppliques, l'agent du Pique parvient à s'extraire du boyau et à se hisser hors de cet enfer pour claustrophobes. Elle se trouve, manifestement, dans un espace plus vaste dans lequel elle parvient à se relever doucem... Aïe ! Bon, peut-être pas totalement, mais toujours est-il qu'elle peut déplier ses membres et se tenir, si ce n'est droite, au moins un peu voûtée. Difficile de connaître les dimensions des environs, dans ce noir complet. S'éloigner du trou risquerait de l'amener à se perdre ou pire encore... de tomber les Douze seuls savent où.

Fort heureusement pour elle, son arc est à porté de main. Elle le saisit et, prenant soin de bien faire attention à ne pas l'abimer dans cette espace étroit, le déplie pour le bander d'une flèche au bout enflammer. La lueur n'est pas immense, mais suffisante pour voir où elle pose les pieds. Ainsi, elle se met à progresser à tâtons dans les souterrains.

La petite salle où elle a débouchée se traverse en une dizaine d'enjambées. Globalement ellipsoïde, il s'agit d'une crevasse qui se poursuit, en se rétrécissant seulement en largeur — de manière à ne pouvoir progresser que de profil. La mince anfractuosité louvoie et serpente sur une trentaine de kamètres — plus ou moins — et aboutit sur un espace angulaire, manifestement taillé par des mains douziennes.

A bien y regarder — et surtout y palper — l'endroit est de forme plus ou moins carrée et directement construit sur les reliefs naturels d'un plus vaste ensemble souterrain. Simettra vient de déboucher dans une espèce de fosse, de puits... Quoique... Vu d'ici... Oui, c'est ça ! Une oubliette ! Elle se trouve au fond d'une oubliette abandonnée !

L'archère commence par laisser filer sa flèche en direction du plafond. De souvenir, les oubliettes étaient assez profonde, alors elle souhaitait juger si c'était aussi le cas de celle-ci. Le projectile magique monta, monta, monta, et disparut une trentaine de kamètres plus haut, en heurtant une voûte rocheuse. L'oubliette ne devait mesure qu'une douzaine de kamètres de profondeur et, autant qu'elle avait pu en juger, un escalier à paliers grimpait au niveau de son ouverture pour se perdre bien plus haut. Il faudrait donc que Simettra gravisse les parois lézardées de l'oubliette pour parvenir au bas de l'escalier et explorer le reste de l'endroit.

vant toute chose, elle rallume une nouvelle flèche, faisant le tour de la pièce pour juger si les hauteurs sont sa seule porte de sortie. Les prisonnier devaient être descendus via un système de harnais et de poulie, aujourd'hui disparu. La seule façon de sortir de cette geôle serait l'escalade. Alors ce serait l'escalade. Malheureusement pour elle, sa corde était resté dans sa besace, la tâche serait donc moins aisée sans. Elle s'approche de la parois la plus proche de l'escalier, jaugeant les murs pour se faire une idée de la tâche.

Les premiers kamètres seraient, de toute évidence, les plus faciles. D'une part parce que le revêtement et le mortier joignant les pierres au fond de la fosse s'émiettaient facilement, faute d'entretien, et, d'autre part, parce que l'exploratrice serait encore en « pleine forme ». En revanche, plus elle gravirait la paroi, relativement sèche, moins cette dernière présenterait d'aspérités propices à faciliter son escalade. Et c'était sans compter sur la fatigue qui allait, à un moment ou un autre, venir prélever son tribut.

Pour s'assurer une certaine marge de manœuvre, Simettra prend du recul et vient tirer une volée de flèches enflammé tout le long du mur. Certaines se plantent dans les interstices et autres fissures, d'autres ricochent et retombent au sol. Son objectifs n'était autre que celui de baliser son passage, afin de savoir vers où avancer. De plus, les petites flammes vacillantes des flèches lui offriraient une vision un peu plus efficace que le noir complet pour savoir où prendre ses appuis de manière plus efficace.
Ceci fait, elle commence, prudemment, son ascension.

Les marches aux flambeaux avaient définitivement fait leur temps, surfaites, place aux escalades aux flambeaux ! Le début de l'ascension, aidé, se déroula sans encombres, à l'exception d'une mauvaise prise, vite rattrapée, mais assez surprenante, quatre kamètres au-dessus du sol. L'adrénaline s'empare de son corps. Elle prend une petite seconde pour souffler, avant de continuer. Accroche, test, montée. Accroche test, montée. Accroche, test, échec, recherche d'une nouvelle accroche. Son ascension est lente, se faisant en prenant le moins de risque possible.

Désormais, les prises se font de plus en plus rares, l'acide lactique commence à s'accumuler dans les avant-bras, gourds, de la brunette, et la pression qui pèse sur ses musculeuses épaules devient de plus en plus écrasante, mais elle tient bon. Le sommet n'est plus qu'à... Cinq ? Six kamètres ? Ce n'est pas le moment de flanch... Héééééééééé ! La main droite de Simettra ripe, l'entraînant à sa suite. Vite, par pur réflexe, l'agent du Pique crochète la prise la plus proche, s'arc-boute et fait contrepoids. Son souffle s'accélère, son coeur tambourine dans sa poitrine et vient résonner jusque dans son crâne. Elle a bien failli s'écraser et, à une telle hauteur, pareille chute lui aurait été fatale !
Le choc la surprend et il lui faut quelque secondes pour comprendre que la mort à failli l'embrasser de son doux baiser. Mais cette mauvaise chute lui confirme qu'elle ne doit pas s'attarder sur ces parois. Elle reprend son souffle avant de reprendre sa progression sur le mur. Les derniers Kamètres sont les plus éprouvants, et ses bras ont du mal à supporter son propre poids. Dans un dernier élan, elle bondit en direction du rebord qu'elle agrippe du bout des doigts. Elle se hisse autant que ses forces lui permettent avant d'enfin arriver sur celui-ci.

Le sommet. La délivrance. L'ultime effort. Et l'inquiétude, aussitôt. Il fait noir, ici aussi, nulle flèche n'est là pour illuminer quoi que ce soit. Les lieux sont-ils encore occupés ? A-t-elle été repérée ?
Elle se relève sur ses jambes. Ses bras sont encore engourdi, et toute confrontation serait perdu d'avance, elle le savait. Le noir désormais omniprésent la rassure plus que cela l'inquiète. Elle se sait quasi-invisible dans l'obscurité, ce qui est une bonne chose dans ce lieu qu'elle ne connait pas. L'archère se met à avancer, à tatons, dans les hauteurs de l'oubliette.

Progresser dans les degrés de pierre ne revêt aucune difficulté. Simettra place ses mains sur les marches, avançant lentement, et finit par atteindre une zone surélevée à partir de laquelle elle sent un souffle d'air qui vient lui caresser le visage. Sur la droite, oui, c'est ça ! A l'opposé de ce qu'elle sait être le vide. Il n'y a plus de marches, ça y est, elle se trouve au sommet de l'escalier !
Avant d'envisager toute progression, Simettra tend l'oreille afin de s'assurer qu'elle est toujours seule en ses lieux.

Dans l'obscurité, du haut de sa plateforme, à proximité de ce qu'elle suppose être un nouveau couloir, Simettra ne perçoit rien d'autre que les battements lents et réguliers de son coeur. Ah, et, de temps à autre, l'impact d'une goutte d'eau sur la roche.

Elle reste ainsi un petit moment sur place. Jusqu'ici, sa progression s'était faites à la lueur d'une flèche, mais en rallumer une à présent serait trop risqué. Après tout les traces menait ici, et elle s'attendait à rencontrer de la vie sous peu.
Aussi, elle ajusta son masque en forme de Grand Duc - ou animal qui s'en approche le plus dans ce monde - et enclencha un petit mécanisme dissimulé à l'intérieur de celui-ci. L'espace pour y voir passa du blanc au bleu nuit, et la Crâtte pu y voir comme si l'endroit était parfaitement éclairé. Elle progresse alors dans le couloir, espérant de tout coeur ne pas tomber sur un endroit à la luminosité trop élevé d'un coup.

Le couloir poursuivait sur deux kamètres avant de céder la place à une volée de marches en colimaçon qui se perdaient les Douze savaient où, plus haut. Le courant d'air, bien que discret, se faisait toujours sentir et provenait de l'escalier au bas duquel l'archère s'était arrêtée.
D'un tour sur elle même, elle vérifie que cet escalier est le seul chemin qui s'offre à elle.

Derrière elle, le court couloir et le palier menant au vide et aux marches qui conduisent à l'oubliette. Devant elle, des degrés de pierre taillée menant à un endroit inconnu. C'est donc naturellement qu'elle emprunte les escaliers, direction cet endroit inconnu.

Grâce à ses fameuses lunettes, Simettra ne manqua pas une seule marche et, au fur et à mesure que son ascension se déroulait, l'intérieur de l'escalier changea. Progressivement, le spectre lumineux passa du bleu nuit au bleu ciel puis au bleu pâle avant de devenir franchement blanc voire carrément éblouissant. Et pour cause, une torchère avait été installée sur le mur de gauche, trois volées de marches plus haut.
Plissant les yeux face à l'éclat, l'archère retire rapidement son masque pour ne pas se faire plus aveugler que ça. Elle défait le mécanisme qui lui permettait d'y voir dans la nuit avant de repositionner ce dernier sur son nez. Le temps que ses yeux se réhabitue à la lumière, elle observe les alentours.

Simettra se trouve toujours dans les escaliers en colimaçon. La présence d'un tel système d'éclairage indique une présence intelligente. Enfin elle avait la certitude de ne pas avancer dans le vide. Restait encore à savoir si cette avancée se faisait vers celui qu'elle souhaitait rattraper.
Se faisant plus discrète qu'auparavant, vérifiant bien de ne pas heurter une petite pierre ou tout autre chose pouvant faire du bruit, elle monte les marches.

Les marches se faisaient de plus en plus humides, à mesure que Simettra s'approchait de la torchère. Elle finit par dépasser cette dernière, sans pour autant produire de bruit susceptible de trahir sa présence illégitime en ces lieux inconnus. Plus qu'une poignée de marches et... Oui, elle aperçut la fin de l'escalier.

Elle s'arrête, tendant l'oreille. Difficile de dire si elle parvient à capter le moindre br... Ah, quelques légères éclaboussures, peut-être ? La brune fini donc son ascension des escaliers pour découvrir ce qui se cache au bout.

Simettra passe une tête par dessus la marche, pour s'assurer que la voie est libre. Des cellules dont les issues sont barrées par de hautes grilles métalliques s'offrent à son regard, alors que le bruit d'éclaboussures continue de s'entendre, en provenance d'une cellule sur la droite. Elle avance, doucement, à tatons, mais à l'exception de quelques goules râlant dans une salle de torture voisine, les lieux semblent dépourvue de toute présence Douzienne.

- Hector ? C'est toi, mon petit ? Pardon, pardon, Sergent Massilla ! Tu m'as apporté quelque chose ?

L'archère se fait petite dans un coin d'ombre, coupant sa propre respiration pour tenter de disparaitre des sens de la vieille femme. Une vieillard maigrichonne, pour ne pas dire famélique, se traîne jusqu'à la grille de la cellule. Vêtue d'une tenue rayée noir et blanc, elle a tout l'air d'une prisonnière.

- Hector ?... Perds la boule... Gnihihi. Descendront pas aujourd'hui... Gnihihi...

Les bruits d'ablutions reprennent et Simettra se rapproche de la cellule pour observer la petite vieille. Cette dernière semble uniquement vaquer à ses occupations, quoi qu'ils puissent être. La cellule est assez sommaire, un lit, un gros chaudron d'où provient le bruit d'éclaboussure et une maquette de volcan sont les seuls luxe de la pièce fermé à clé.

- Psst.... Pssst...

- Hein ? Hector ? C'est toi, mon petit ? Hector ?

- Nan, c'est pas Hector.

- Qui c'est-y qu'est là ?

- Mon nom est pas important. Peut-être celle qui vous fera sortir d'ici si vous trouvez la cellule étroite.

- Gni ? Vous êtes une nouvelle ? D'habitude, les nouveaux n'ont pas le droit de descendre ici. Pas sans Hector ou l'adjudant. C'est déjà l'heure de la séance de chatouilles ?

- Vous êtes qui vous ?

- Qui j'essuie ? Mais je n'essuie personne, moi ! Et vous ? Vous êtes qui, vous ? Approchez voir, Vous êtes trop loin, j'vois rien d'ici, moi.

Simettra sort de l'ombre dans laquelle elle se cachait, son masque au point. La vieillarde-famelique a un petit mouvement de surprise.

- Oh ! Vous, vous n'êtes pas une nouvelle. Qu'est-ce que vous faites ici ? Si vous voulez vous faire la belle, vous êtes au mauvais étage ! 'Faut passer par le haut, pas ici.

- Je suis où là ?

- Où ça ?

- Où ça.

- Au pénitencier de haute sécurité n°51 des Landes de Sidimote, pardi ! Vous êtes sûre d'être en état de vous faire la belle ?

- Disons que je suis plus en train de m'introduire que de m'enfuir pour le moment.

- S'introduire ? Gnihihihihi ! On cherche à faire évader son petit copain, c'est ça ? Ah, jeunesse !

- Je suis pas là pour sauver quelqu'un, nan. Et vous, pourquoi vous etes là ?

- Moi ? Gnihihihihi... Ça fait si longtemps... Hector dit que c'est pour une sombre histoire de vols. L'adjudant pour autre chose encore...

- Et vous, vous dites que c'est pour quoi ?

- Moi ? Oh, moi... J'ai commencé à oublier depuis quelques temps déjà... Gnihihi !

- Hm. J'savais pas qu'il y avait un pénitencier dans les Landes.

- Personne ne sait, gnihi. C'est là qu'on garde ceux qui ne doivent pas sortir. Jamais.

- Ca fait combien de temps que vous êtes ici ?

- J'ai arrêté de compter... Vous avez quel âge ?

- 22 ans.

- Vingt-deux ans ? Voyons voir... Oh, vous n'étiez pas encore née que j'étais déjà derrière ces barreaux ou ceux d'une autre cellule.

Simettra regarde autour d'elle, elle venait d'en bas et la vieille femme avait mentionné un étage plus haut. Il devait logiquement y avoir un moyen d'accès.

- Y aura personne ici avant plusieurs heures... Ou jours, gnihihihi !

- Quelqu'un est passé recemment ?

- J'ai ma petite intimité comme ç... Récemment ?

L'archère pointe les escaliers d'où elle arrive.

- En arrivant par là.

- Hector est passé avec un p'tit gars. Hier, je crois. Ou avant-hier ?

La petite vieille regarde dans la direction pointé.

- Par là ? Ah, ça, non ! Personne n'va en bas, et on n'utilise plus ces oubliettes depuis belle lurette d'ailleurs.

Simettra avance jusqu'à l'escalier, perplexe.

- Hm.. C'est pas logique.

- Ah ?

- Nan.

- Qu'est-ce qui vous chagrine ?

- J'suis pas arrivé ici par la grande porte. Un passage dérobé, dans une ruelle. Il menait aux oubliettes, puis ici. Et je suis arrivée en suivant des traces. Donc quelqu'un a forcément du arriver par là.

- Tiens... Tiens donc ?

- C'est pas logique.

- Personne n'est passé par là, sinon je l'aurais vu !

- Vous m'avez pas vu arriver cela dit.

- Mais maintenant je vous vois, gnihihi !

- Parce que j'ai bien voulu me montrer. J'aurais pu repartir sans meme que vous sachiez que j'étais là. Vous êtes certaines de rien avoir remarqué ? Pas même de petit bruit qui fait penser à un passage de Hector sans qu'il soit là. Comme ça a été le cas à l'instant.

La prisonnière marmonne quelques mots dans sa barbe, avant de reprendre plus haut.

- Hector fait toujours un barouf du tonnerre en descendant ici. Et il râlait toujours du temps où il devait descendre aux oubliettes... Mais, là, je vous parle d'une époque lointaine. Vous deviez vous promener en culotte courte, en ce temps-là, gnihihi !
Vous visitez le coin, alors ?

- Si on veut.

- Mieux vaut ne pas vous faire prendre, ce serait dommage d'avoir à rejoindre une cellule du pénitencier, gnihi !

- Le p'tit gars dont vous avez parlé, pourquoi il était avec Hector ?

- C'est un nouveau. Parfois, ils les font descendre jusqu'ici. Pour changer mon seau et vérifier que je suis encore de ce monde. Et sans doute pour se rappeler que je les enterrerai tous, gnihihihi !

- Alors vous avez vu à quoi il ressemblait ?

- Mal dégrossi. Tout fier dans son armure clinquante. Bien droit. On lui aurait enfoncé un balai dans le troufion qu'il aurait pas été plus raide !

- C'est pas lui...

- Lui ? Vous cherchez quelqu'un, alors ?

- Oui. Mais pas un prisonnier. Enfin j'en doute.

- Le fameux petit copain, gnihihi ? Oh, c'est de votre âge !

L'archère balaie la remarque d'un haussement de sourcils.

- Personne qu'on puisse qualifier "d'ombre" alors ?

- Une ombre ? Quelle ombre ?

- C'est celui que je recherche. On l'a qualifié "d'ombre".

- Ah oui ? Pourquoi ça ? Il vous a fait quelque chose ? Ici, il paraît qu'on a tous fait quelque chose à quelqu'un, vous savez...

- Je pensais pas que notre relatoin était déjà arrivé au point où on se confie nos plus grands secrets.

- Gnihihi ! Ça n'peut pas faire de mal, les occasions d'avoir à discuter sont si rares, ici...

Je veux bien vous croire. Mais qui me dit que vous me balancerez pas lors de vos séances de chatouilles ?

- Vous avez visité cet étage ?

- Simplement un regard aux cellules des goules.

- C'est ça, les chatouilles. Y a bien longtemps qu'ils ont compris que ça m'faisait plus rien.

La Vieillarde tend une main fripée à travers les barreaux. Les doigts ont été brisés, et se sont resoudés il y a longtemps. Les ongles ont certainement été arrachés.Elle tremblote, sans doute à cause de l'âge. La peau est couverte de taches de vieillesse et, dans l'intérieur du poignet, ont été tatoués quelques chiffres au-dessus de cinq petits piques stylisés.

- Maintenant, ils m'y emmènent pour la forme, une fois par mois, si l'adjudant le leur demande. J'en veux pas à Hector, il fait son boulot.

- Sortir d'ici, ça vous intéresse ?

- Sortir d'ici ? Oh, j'imagine que j'en rêve... Mais vous m'imaginez, moi, crapahutant là-dessous, dans l'obscurité et de petits boyaux inconfortables ? A escalader et désescalader des parois qui s'effrondrent ?

- Je suppose que l'entrée est gardée ?

- L'entrée ? Ah ! Tout le pénitencier ! Gnihihi !

- Pas cet étage.

- Ça, c'est parce que l'on veut m'oublier... On veut qu'elle crève, la vieille Doris. Mais non, je les enterrerai tous, je vous dis. Tous.

Simettra a un petit sourire en coin.

- J'en doute pas.
Vous voyez personne ici qiu pourait etre cette fameuse ombre que je cherche ?

- Oh, des gens qu'on a mis à l'ombre, ça ne manque pas. Vous lui voulez quoi à votre ombre ?

- Oh, tout dépendra de comment ça se passe. Dans l'idéal, récupéré ce qui a été volé et repartir sans faire de vague.  Mais ça se passe rarement "dans l'idéal".

- Récupérer ce qui a été volé ?

- Ouais, c'est pour ça que je suis là.

- Et... Que vous a-t-on volé ?

- J'ai plus la somme exact, mais un gros convois de joyaux.

- Des... Des joyaux, hein ?

La prisonnière se racle la gorge.

- Quelque chose comme cent-vingt-mille Kamas. J'ai souvenir d'une somme plus précise, mais moi et les chiffres...

- Les landes de Sidimote ont toujours été dangereuses...

- Oh, c'est pas moi qui est chargé le convois de passer par là, j'trouve que c'est une bonne idée à la con. Surtout si mal protégé.

- Oui, hein ? Si peu de surveillants, c'est une invitation au crime ! Enfin, je... Gnihihi. J'imagine qu'ils étaient peu nombreux.

- Oui, quelque chose comme...

Simettra marque une petite pause, semblant chercher le nombre, tout en fixant la dame derrière son masque d'un regard inquisiteur, avant de mentir :

- Sept ?

- J'aurais dit moins que ça, mais ils étaient si mauv... Ah. Vous êtes une petite maligne, vous, hein ?

L'archère laisse apparaitre un sourire satisfait. Elle venait à l'instant de retrouver l'ombre qu'elle pourchassait.

- Vous savez peut-être mieux que moi combien ils étaient, je me trompe ?

- Peut-être bien, mais qu'est-ce que ça changera, au final ? Gnihihi ! Je ne pensais pas que quelqu'un d'autre trouverait le passage en bas.

Simettra penche légérement la tête sur le côté.

- Ma proposition de liberté vous intéresse pas parce que vous en avez pas besoin ?

- Gnihihi !

La porte de sa cellule se fait ouvrir par Doris sans aucun mal.

- Bienvenue dans mon petit chez-moi !

- Vous êtes impressionnante... Alors vous avez aussi escaladé ?

- Dans un sens comme dans l'autre.

- Doris donc ?

- Je fais ça lorsque ça me chante et que certaines nouvelles me sont... C'est moi ! Oh, entrez, entrez, je ne mords pas.

Simettra avance d'un pas prudent.

- Vous avez quand même défait les transporteurs.

- Mais non, mais non, c'est plus de mon âge, ça... Disons juste qu'ils ne m'ont... pas vue. Et vous savez ce qu'on dit, hein ?

- Pas vue, pas pris.

- Gnihihihiii !

- Pourtant je suis là. Vous avez commencer à reprendre un peu trop confiance au niveau de Gisgoul, ça vous a trahi.  Mais j'ai eu du mal à vous suivre dans les bois, bien joué, c'est assez rare.

- Il faut croire que je n'ai pas trop perdu la main, gnihi.

- Oui. Bon j'ai été ralenti par quelques Bworks qui ont un peu effacé vos traces. Mais disparaitre comme ça dans un cul de sac...

- Ah, ceux-là, je ne les aime pas.

- Enfin Doris, on a toujours un p'tit problème. Moi j'dois rapporter les joyaux. J'aurais bien puni le voleur mais bon, je vous aime bien, et vous avez déjà suffisament de marques sur vous pour que j'ose en rajouter de nouvelles.

- Ah, j'imagine bien. Mais si je ne les ai pas ?

- C'est pourtant vous qui les avez pris. Vous les avez mis où ?

La vieillarde-famelique se redresse et tend ses mains, paumes visibles.

- Rien dans les mains...

Puis elle tire sur ses manches, d'un côté puis de l'autre. Ce faisant, elle révèle son second poignet, sur l'intérieur duquel figurent également cinq autres piques tatoués. Le regard de la Brune s'attarde sur ses derniers, intriguée.

- Rien dans les manches.

- Beaux tatouages...

- Gni ? Ah, merci. Celui-là, je le dois aux gardes-chiourmes.

- Et les Piques ?

- Les piques ? Ah, c'est une longue histoire... Vous n'étiez pas née... Comment que vous avez dit que vous vous appelez, déjà ?

- Je ne l'ai pas dit.

- C'est bien dommage !

- Sim'.

- Vous n'étiez pas née, Sim'. J'étais connue, dans le temps, vous savez ? Demandez un peu aux anciens, aux vieux de la vieille, de vous parler de Doris « Diamant » Ladragazza ! Ça, j'en faisais tourner des têtes !

- Je connais très peu d'ancien, mais j'y songerais. Vous savez, j'aime beaucoup ce symbole là. Le Pique... Certains sont plus Trèfle, Coeur ou encore Carreau.

Doris plisse les yeux.

- Mmh ?

- Mais moi je suis plus Pique.

Simettra sort de sa poche une carte joué marqué d'un 6 de Pique qu'elle tient à deux doigts, avant de la tendre à la vieille femme, qui approche son visage de la carte et marque un temps d'arrêt avant de ricaner.

- Gnihihihi ! Ça, dis donc !: Si je m'attendais !

- J'ai une petite question si vous me le permettez, Doris.

- Tout ce que tu voudras, chère Sim' !

- Vous êtes su genre à aimer travailler Main dans la Main ?

- Gnihihihi ! Oh, tu sais, ça fait bien longtemps que je n'ai plus de nouvelles des nôtres...avec ce qui s'est passé en 624...  Tu sais, j'ai essayé, hein...

- Elle n'est pas morte vous savez. Elle est encore en vie, et en activité.

- Je n'y reconnaîtrai plus personne, Sim'.

- En êtes-vous certaine ? Si vous êtes encore là, c'est que vous n'êtes pas la dernière.

- J'ai survécu jusqu'ici, mais les autres ? Il y a peu de chances.

- Comment se serait-elle relevé sans ses autres ?

L'ancienne agente de Divad monte sur un tabouret et se penche au-dessus du cratère du volcan miniature, puis plonge une main arthrosée dans la lave factice et en ressort un lot de joyaux dégoulinants, le raportant à l'entrée de sa cellule.

- Je n'y avais pas réfléchi, c'est vrai.

- Personnellement. Je ne peux que vous conseiller de revenir parmi nous. Quand bien même vous ne retrouveriez personne, votre expérience ne pourrait que nous être bénéfique. Et vous seriez toujours mieux qu'ici.
- Ah, détrompe-toi, Sim', détrompe-toi. Ici, on aura beau dire ce qu'on veut, je suis nourrie, logée, et plus ou moins blanchie. On ne vient pas me chercher des noises, et je sors quand m'en vient l'envie.

- Le choix est votre. Mais sachez que l'offre est présente et tiens, si jamais un jour cette cellule n'est plus à votre gout.

- Peut-être, nous verrons bien.

- Je peux parler de vous aux autres ? Ou est-ce que vous souhaitez rester dans l'ombre ?

- Qu'est' que t'as dit que t'étais ? Six, c'est ça ?

- C'est ça.

- Tu dois connaître du monde, j'imagine. Ecoute, parles-en autour de toi si tu veux, chez nous de préférence. Mais je ne veux aucune opération de sauvetage ou d'évasion, tu m'entends ?

- Compris.

- En revanche...  Si... Si toi ou l'un des nôtres, des nôtres à toi et et moi, hein... Si vous pouviez passer causer, de temps en temps, moi, je ne serai pas contre.

Simettra lui offre un grand sourire.

-Je viendrais vous passer le bonjour avec grand plaisir.

- En échange, je pourrai vous donner quelques tuyaux... Des renseignements sur les coups à faire. Tu serais étonnée de savoir à quel point ça bavarde, même ici. Sans ça, j'aurais jamais su pour tes bijoux, là.

- Et si jamais vous voulez obtenir quelque chose de l'extérieur qui serait trop compliqué à aller cher pour vous, on se fera une joie de vous le livrer en mains propres.

Simettra accroche le lot de joyaux à sa ceinture.

- Et bien Doris, ce fut un plaisir !

- Ça m'a aussi fait plaisir d'avoir ta visite, Sim'. Attention en bas, en repartant. Il y a une arakne géante. C'est aussi pour ça que les gardes ne veulent plus y descendre, gnihihihihi.

-Oh.. J'y penserais... merci...

- Allez, va, c'est gentil d'être passé ! J'attends de tes nouvelles, de toi ou d'un autre !

Après avoir descendu les escaliers, l'archère ressort dans la salle de l'oubliette. Aucune trace de l'arakne géante, mais certains bruits venus des hauteurs mettent les sens de l'agent du Pique en alerte. Elle ne s'attarde pas ici, et ne cherche pas non plus à savoir si ces bruits sont bel et bien produit par le monstre. Elle redescend jusqu'au niveau de la torche, avant de repasser son masque sur le nez pour y voir dans le noir. Elle emprunte le même chemin qu'en arrivant, mais en sens inverse, jusqu'à la faille, se préparant à descendre.
La désescalade est plus dangereuse et minutieuse que l'ascension. Ce sont cette fois ci ses jambes et pieds qui doivent faire le gros du travail pour ne pas lui faire faire une mauvaise chutent, alors elle s'attarde d'avantage sur ses appuis que sur ses prises, veillant tout de même à ce que ses dernières ne soit pas trop dangereuse.

Hélas, c'est quatre kamètres au-dessus du fond de l'oubliette que Simettra dévisse et choit. La grimpeuse se reçoit comme elle peut, c'est à dire tant bien que mal, plus mal que bien. Sa cheville en prend pour son grade et un éclair de douleur parcourt son corps au moment du choc. Une entorse, il ne manquait plus que ça ! C'est donc claudiquante, brûlée et éreintée que Simettra parvient, tout de même, à s'extirper du boyau secret menant à l'air libre, mais empuanti, de la cité maudite de Gisgoul. D'ici, elle connaît la route jusqu'à son prochain objectif.

Mais avant de s'y rendre, elle repasse à la maison où l'attendent toutes ses affaires, qu'elle récupère, puis se met en route pour Astrub, non sans emprunté le Zaap le plus proche, quand bien même elle déteste ça.