Nowel : une fête qui profite à tous

Nowel, pour certains une fête magique dont le simple nom suffit à mettre des étoiles dans les yeux, pour d’autre un énième calvaire ou l’on doit supporter les blagues salaces d’un tonton michel imbibé jusqu’à l’os. Pour moi pas de fête en famille, de toute façon ce n’est pas comme si j’avais envie de revoir mon père, et le connaissant ça doit être réciproque. Mais franchement, pour ce que je tire de cette nuit, qu’est-ce que je pourrais en avoir à foutre ?

— Quel temps de merde...
— J’te jure, j’me caille les bourses bwehehe.
— Toujours aussi classe toi.
— Bah quoi ?

Pour moi cette nuit c’est l’occasion rêvée de m’en mettre plein les fouilles. Les conditions étaient vraiment parfaites : des gardes au chaud chez eux, des citadins en visite chez la famille en campagne, une nuit si froide que personne ne mettrait le pied dehors, des voisins trop occupés à se bâfrer pour regarder aux fenêtres et pour couronner le tout, pas le moindre flocon en vue. C’est donc dans cette optique que je m’suis tapé d’effectué des repérages dans toute la citée depuis le début de la semaine. Pour l’instant, j’ai trouvé quatre baraques à mon goût dont les proprios se tirent pour les fêtes de plus la déco de la baraque laisse à penser qu’ils sont bien friqués. Mon objectif principal : rafler tout ce qui ce qui peut bien se revendre, avec une préférence pour les bijoux ; premièrement car c’est facile à refourguer aux receleurs mais aussi parce que j’dois nourrir l’autre estomac à pattes.

quelques paroles se perdent dans la maison alors que les deux complices s’adonnent aux préparatifs

— Tu d’vrais essayer chez ces richous de Noblemont ! La bonne femme est toujours fringuée avec des parures de batard. Rien qu’d’en parler ça m’donne faim.
— J’ai entendu qu’il resteraient chez eux, en plus ils se sont fait installer un coffre par Ben y’a pas si longtemps, et franchement, j’ai pas spécialement envie de m’y coller.
— D’puis quand les coffres de Ben te font peur, toi ? J’croyais que t’avais les paluches les plus dégourdies de la région.
— Un modèle comme ça m’prendras vingt bonne minutes à forcer. S’ils sont dans la maison, ça passera pas inaperçu.
— T’as qu’à leur foutre un bon coup d’batte pour les assommer ces bourges de mer…
— Tu sais très bien que j’bosse pas comme ça.
— Tu t’dégonfles mon vieux, y’avait un temps où t’y s’rais allé les yeux fermés.
— Tu sais quoi gros tas ?
—J’t’écoute pépère.
— On va se la faire cette baraque.
— Ahhh bah là j’te reconnaît mon beau !
— Bon, faut qu’on s’active, la nuit va être longue.