Ényo, Féca la protège !

- Je comptais embaucher quelqu'un en soutien, à la forge...

- Mais tu as déjà le frère de Var'.

- Je sais mais pour tout te dire, tu sais, comme toi avec le Mérul'Or tu sous-traites beaucoup pour te dégager du temps libre et faire des sous à côté je ... je me disais que je pouvais prendre exemple, maintenant que tu m'as bien enseigné le rôle de patronne et... et être moins présente pour plus superviser.

- Même pas une première année en tant que forgeronne et tu penses pouvoir te positionner sous la kaskwette de grande patronne présente à mi-temps ? T'as les sous pour embaucher une autre personne au moins ? Parce que ne crois pas que c'est le Mérul'Or qui va financer ton temps libre. Tu veux mon avis ? C'est trop tôt. Cette forge tu la voulais plus que tout et tu l'as. Si tu as des projets autres, double ton chiffre d'affaires avant de songer à embaucher, et utilise plus intelligemment ton temps libre.

La forgeronne affiche une moue désolée. Yenepha, intransigeante, n'avait pas tord. Peut-être qu'elle précipitait les choses. C'est qu'elle en avait fait du chemin depuis que Elvi était venue la sortir de sa triste situation d'un bon coup de pied aux fesses. [Pour en savoir plus : ici ]

La suite n'avait pas été simple mais tellement plus épanouissante. Des rencontres, des opportunités professionnelles, une maison, Ényo avait repris confiance en elle et retrouvé une raison de se battre. Et se battre réellement, pas juste cogner dans la charpente chez elle à la tombée de la nuit.

- Et c'est pour, cette subite envie ?

- Tu sais, je t'avais dit y'a un moment déjà que je me penchais sur le mercenariat...

- Tu prends pas déjà assez de coups comme ça à jouer les héroïnes du groupe ?

Le groupe, c'était ça, sa raison de se battre et là, elle parlait de Simettra, Elvi, Kaleilah, Kucci, Rhia... Elle parlait des Perles, d'Alecto, des pinces de crabes Yolonistes, de l'Ordre, des ennuis des uns et des autres, de toutes ces choses qui depuis cinq mois avaient rythmé ses semaines.

L'esprit d'équipe, la dévotion à un groupe, cette idée qu'il fallait toujours répondre à l'appel d'un membre de sa famille, tout donner pour servir une cause commune, toutes ces choses, purée que ça la faisait vibrer.

- Si... Mais c'est Camille ! Il m'a présentée ! À deux hommes balèzes, enfin... un homme et un champignon et ça m'a donné des envies furieuses de remettre ça !

- Arrête de soulever tes poutres ou tes haltères après le travail et rentabilise un peu ta musculature sur ce temps, que veux-tu que je te dise. T'as dit un champignon... ?

- C'est... une longue histoire.



L'histoire en question...


Simettra captive, des types voulaient la faire parler. Ényo n'avait pas les détails de cette histoire et elle n'en avait pas besoin. Les explications, c'était toujours après la baston. Une chose est sûre, Elvi avait réussi à lui laisser un message. Des hommes en avaient après elle et c'était en lien avec la capture de leur amie rousse commune.

Quand elle a découvert que des crapules comptaient utiliser Elvi pour forcer Sim' à avouer certains... détails compromettants ? elle s'est lancée à la rescousse de la sram aux cheveux verts, celle qui avait tant fait pour elle.

L'objectif : Empêcher que Elvi soit amenée à la prison, l'extraire, et faire parler l'un de de ses ravisseurs pour connaître la position de la-dite prison. Impossible de simplement suivre la charrette jusqu'à sa destination, si les deux femmes étaient réunies c'était un coup à voir l'intelligence de Sim se diviser par quatre et de plus, extraire deux personnes d'un lieu hautement gardé plutôt qu'une, c'était nettement plus casse-gueule.


Une première intervention en solitaire (Ényo est brave, mais pas très maligne), qui s'était soldée par un échec cuisant.
Quelle idée d'avoir songé à arrêter net un convoi gardé à l'aide seule d'une lance et d'une bonne volonté à toute épreuve. C'est frustrée et avec quelques ecchymoses qu'elle s'en était retournée au Lépreux Chauve pour boire son lailait.

Le calcium, c'est bon pour les os et les os, c'est un peu la base.

Un disciple d'Osamodas à chapeau bleu était présent. Elle l'avait reconnu, c'était celui-là même pour lequel elle s'était embarquée sur l'île de Vulkania. Une sombre affaire de caisse et de ... totem. Il avait eu la sympathie d'écouter ses malheurs et lui avait proposé de l'aide pour engager des renforts.


Plus tard, un gentilhomme à canne s'était présenté à sa forge.

Détourner un convoi, ça avait l'air d'être dans les cordes de ce Thomas, explos... artificier en chef ! Il avait su analyser avec attention sa problématique et proposer un plan d'action. C'est au Temple Énutrof qu'ils se donnèrent rendez-vous pour l'opération "Sauvetage de Elvi".

Il n'était pas venu seul, et avait appelé en renfort un manieur de sabres et de spores, le grand chapeauté Basilio, Bolet de son état.

Ils avaient fait connaissance, elle avait tenté de le convertir à l'adoration de Féca, ils lui avaient expliqué que non, on ne creuserait pas une tranchée à coups de tournevis et non, ils n'avaient pas de bastaing sous la main.

Puis ils s'étaient mis en place.


Le convoi devait passer par le défilé du Crokleur dans les montagnes des craqueleurs, à la tombée de la nuit. Thomas haut-perché sur sa corniche était prêt à faire feu, bien que le peu de clarté ne favorisait pas son travail. Basilio était en bas, paré à cueillir les quatre gardes de Elvi à leur sortie du charroi.

Et Ényo ? À plat ventre en plein milieu de la route, chargée de puiser dans la magie offerte par sa Déesse pour créer une barricade et voir le véhicule et ses dragodindes s'y fracasser - avec plus ou moins de dégâts.

Et ça avait fonctionné ! S'en était suivi un combat trois contre quatre grandiose même si, la forgeronne regrettait encore l'absence de chantignole.

Ényo hurlait son amour pour Féca tandis qu'elle brandissait son égide pour ... mieux l'abattre sur le premier preneur d'otage au sol. Elle avait cogné, chargé, détourné une dague qui fonçait sur Basilio d'un revers du bouclier et vu celui-ci lui rendre la pareille l'instant d'après, à l'aide de ses sabres croisés. Elle avait été mise au sol mais sauvée de peu par un coup de feu de l'artificier à la canne, pour mieux se relever et achever l'assaillant d'un coup de hâche !

Une véritable chorégraphie ! Comme s'ils avaient répété !

Elvi était sauvée.


Mais celui qui avait été choisi pour être épargné, avait préféré mettre fin à ses jours par le poison plutôt que de révéler quelconque secret.

La sram secourue lui révéla avoir entendu que l'archère devait être de toute façon libérée en échange de "quelque chose" qui ne saurait tarder à arriver. Au moins, ils avaient réussi à empêcher l'utilisation de Elvi, et probablement que la rousse ne serait pas forcée de "tout dire".


Néanmoins, elle savait qu'elle continuerait la lutte, jusqu'à ce que son amie soit sortie d'affaire. Qu'importe les risques, qu'importe les coups.
Avoir eu le privilège de croiser le fer aux côtés de ces deux hommes lui avait ouvert les yeux :

Elle avait encore beaucoup à apprendre, si elle souhaitait réellement être capable de défendre convenablement son groupe.

Féca l'avait mise sur le chemin de Yenepha et elle avait pu forger ses armes. Féca l'avait mise sur le chemin de Elvi et elle avait pu apprendre à se battre pour venir compléter ses entraînement de musculation quotidiens. Et Féca à présent l'avait mise sur le chemin de Basilio, de Thomas, de Kalirr, et c'était peut-être toujours pour service ce même objectif :

Devenir une putain de guerrière Féca.

Alors soit, elle continuerait de bosser tous les jours à la forge. Mais loin de craindre les heures supplémentaires, elle se rendit à nouveau au Lépreux Chauve et chuchota au comptoir :

- Camille.... Tu crois que je pourrais en devenir une moi aussi, de mercenaire ?

Eh ouais, mon pote Basilio et moi, on est « balèze ». 

Que dire sinon que je croyais la candidature déjà passée et Enyo en attente d'un 2 d'enseigne. Ma mémoire s'était laissée tromper par les textes de la section Récits. 

Je l'ai dit récemment pour Seikoh, je le redis ici, l'aspect religieux de jeu est extrêmement présent dans le BG et, étrangement, assez absent du quotidien de la Main. C'est quelque chose d'intéressant à développer ! Je trouve amusant, aussi, de voir la droiture morale du personnage s'effacer, petit-à-petit, avec les (mauvaises) rencontres qu'il fait.

Sinon, tu verras, dans le Carreau, on est bien. C'est une belle enseigne avec taaaaant de BG inexploité et qui attend de l'être !

Bref, j'écris pour combler le vide de mon commentaire mais c'est un POUR, bien sûr.