Ashitaka Igan
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Ashitaka Igan
Chapitre I
Mon beau-père menaçait souvent me battre si je renversais le sceau d’eau, ou si je feignais l’entendre me crier dessus à travers le village, lorsque le soleil laissait lentement sa place à la lune, et que le chant des grillons se faisait plus clair chaque minute qui passait. Pourtant, chaque fois que je rentrais, sale et plein de boue, il était le premier à venir m’étreindre dans ses bras. Il m’envoyait tout de suite au bain pour que je me décrasse, puis m’entraînait à sa suite, prier le Dieu Iop au crépuscule. Chaque fois que je me glissais dans l’ombre, hors du temple, parcourir le Champ des Inglasses en frôlant de mes mains les épis de blés et lacérer mes jambes des autres ronces et orties dans la terre, j’entendais sa voix enrouée de colère résonner à travers les sillons de la terre :
- Où est encore passé ce maudit gamin ? Je le mettrai en pièces quand il reviendra !
Au sixième mois de l’année, le temps était bon et chaud, même le soleil couché. Chaque fois, encore, je revenais quelques trente minutes plus tard, crotté d’avoir glissé, roulé et couru dans le champs et ses alentours. Couvert de bleus à force de m’être bagarré contre les tofus qu’élevaient les paysans, ou même une fois, le bras lacéré d’être tombé sur une pierre aiguisée. Mais rien ne m’attendait, autre que la soupe chaude, le feu dans la cheminée et les bras de mes parents qui s’efforçaient de me tenir en place afin de me nettoyer tant bien que mal, alors que je me tortillais comme un campagnoll pour m’enfuir à nouveau.
Leurs dure vie de paysans les avaient rendus forts, et ils n’étaient pas vieux lorsqu’ils m’avaient enfantés. Mon père avait vingt-et-un été, et ma mère dix-sept printemps. Quand ma mère me portait, je voyais que nous avions la même couleur de peau, mais les ressemblances s’arrêtaient là. Elle était svelte, à l’instar de mon parâtre. Elle avait un visage large et accommodant. Lorsque je me regardai, dans les flaques d’eau - car nous n’avions pas de miroir -, je voyais bien que je ne possédais pas ces traits-là. Habituellement, notre “combat” se terminait par la victoire de mon beau-père, qui me prenait alors sur ses genoux, et récitait des bénédictions Iop à mon oreille en me serrant contre son cœur. Notre mère observait la scène, attendrie, et mes demi-sœurs bondissaient autour de nous, réclamant leur part d’embrassades et de bénédictions.
J’avais maintenant quinze hivers passés, et mon beau-père commençait à avoir le dessous lors de nos luttes. Du moins, il me le faisait croire ! Je grandissais vite, si vite que bientôt, ma seizième année passée, j’étais plus grand que mon beau-père. Ma mère marmonnait de plus en plus souvent que, bientôt, il allait falloir m’établir, ou du moins partir et cesser de gambader dans la campagne environnante. Huit ans auparavant, mon père m’avait un jour pressé au temple, et présenté aux Dieux dans une cérémonie qui resterai secrète. Là, investi d’un quelconque pouvoir, j’ai choisi ma divinité. Non qu’elles soient descendues dans le Monde des Douzes pour me parler… il était autre chose. J’étais né Iop, je resterai Iop.
C’était une belle époque.
Orgostafu- 6♥
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