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[RP] Les maraudeurs

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Message par Dweryl 27.10.16 22:17



Le marché des maraudeurs






   Trois heures. Il était trois heures du matin lorsque les dernières torches s’éteignirent, du moins dans les quartiers au nord-est de Bonta. Les deux frères surgirent de l’ombre, silhouettes jumelles dans l’obscurité totale qui régnait dans la cité angélique. Dweryl appréciait particulièrement ces sorties nocturnes. Lorsque les rues, bercées par l’éclat de la lune, étaient dénuées de vie et de bruit... c’était là, selon lui, que Bonta dévoilait sa véritable beauté.

  Eaweh était un grand disciple de Féca, âgé d’à peine deux ans de plus que son frère. Son visage, habituellement calme et souriant, avait toujours réussi à dissimuler à autrui ses réelles pensées, sans cesse dirigées vers la réussite et la recherche de pouvoir. Car oui, l’ancien berger était, depuis longtemps, obnubilé par l’idée de devenir, chaque jour de plus en plus riche, et chaque seconde de plus en plus fort. Sans approuver une telle façon de vivre, Dweryl était dévoué à la réussite de son aîné, et c’est ainsi qu’ils se retrouvèrent, en ce 27 Octolliard, à quelques centaines de kamamètres de l’hôtel de vente des forgerons de Bonta.

   — Tu refuses de m’accompagner d’habitude, lança Eaweh tandis que les deux hommes se rapprochaient de leur objectif.
   — Tu risques de nous faire repérer, rétorqua aussitôt Dweryl.
   — Il n’y a personne, mon frère. Et puis, nul besoin de se dissimuler. Ce que nous faisons ici n’est pas interdit. Disons que c’est simplement... mal vu. Comment vas-tu ?
  — Bien, je te remercie.
  — Et la Main ? Comment va-t-elle ?
   — Pardon ?
   — Allons... tu pensais pouvoir rejoindre une telle organisation sans que je n'en sois au courant ? Mon frère ! Que tu es stupide.
   — En réalité, je n'ai plus de nouvelles. Cela fait plusieurs semaines que je ne suis plus entré en contact avec les autres membres. J’ai eu pas mal de problèmes avec la noblesse d’Amakna ces derniers temps.
   — J’ai ouï dire que le Valet n’appréciait guère ce genre de comportement, mon frère.
  — J’y retournerais bientôt.
  — Tant mieux. On est arrivé. (Le Féca se retourna, et fit mine à Dweryl de s’arrêter.) Laisse-moi parler, et ne te rapproche pas trop, veux-tu. Il pourrait prendre peur.
  — Pourquoi donc ? demanda ironiquement Dweryl. De quoi pourrait-il bien avoir peur ? De deux hommes dissimulés dans l’obscurité ?

  Eaweh ricana, en guise de réponse, mais son ricanement rauque et peu sincère réconforta guère le disciple d’Iop. L’aîné se rapprocha du vendeur de l’hôtel de vente, éclairé par une unique torche accrochée au-dessus de sa tête, et s’inclina lorsqu’il arriva à portée de bras.

   — Bonsoir ! tonna-t-il en déformant sa bouche de manière à imiter un sourire sincère. J’aimerais avoir des informations à propos de votre stock de Kwaklames, s’il vous plaît. Combien y en a-t-il ?
  — Bonsoir monsieur. (Le vendeur baissa les yeux sur une étrange fiche criblée de notes.) Une soixantaine, et plus de la moitié de celles-ci sont des lames de feu. (Il tendit son bras vers Eaweh, dévoilant au potentiel acheteur son catalogue de lames.) Laquelle vous plairait-elle ?
   — Je les achète toutes.
  Le sourire d’Eaweh disparut, et au même moment, un profond malaise gagna l’âme du vendeur.
  — Pardon ? balbutia-t-il, ébahi. Je n’ai pas bien compris ?
  — D’après votre catalogue, les lames sont estimées à, environ, une demi-centaine de milliers de kamas chacune. Les prix sont extrêmement bas, vous ne trouvez pas ? Donc cela nous fait trois millions de kamas, que vous pourrez récupérer dans cette bourse. (Eaweh sortit une énorme sacoche de son sac à dos.) Soixante-trois lames.
  — Très... très bien. (Le vendeur griffonna quelque chose sur sa fiche, puis il saisit la sacoche et la soupesa. Son visage regagna quelques couleurs lorsqu’il se rendit compte de la somme qui se trouvait à l’intérieur.) Je vais vous amener vos lames.

   Un gigantesque rictus apparut sur les lèvres du disciple de Féca.

   — Inutile, puisque je les remet en vente immédiatement, à soixante-dix mille kamas pour les plus usées, et trois cent mille pour les quelques chefs d’œuvre que l’on peut trouver dans votre stock ! (Eaweh sortit un papier de sa poche et commença à noter, à la lueur de la torche.) Tous les détails des prix sont ici, et je rajoute également ces trente Kwaklames de ma fabrication. Dweryl !

Sans ajouter un mot, le disciple d’Iop apporta les épées, qui étaient attachées entre elles à l’aide d’une corde enchantée. Il déposa le paquet, défit la corde et retourna dans l’obscurité sans jeter un regard au vendeur.

  — Elles sont également sur la liste. (Il leva soudainement les yeux.) Concernant le paiement, vous vous souvenez de mon nom, n’est ce pas ?
  — Mais vous... vous... bredouilla le vendeur.
   — Je ?
   — Vous détruisez le marché en procédant de la sorte, monsieur.
   — Ce n’est pas votre problème, cracha Eaweh, contentez-vous de faire votre travail. (Son visage redevint, l’espace d’un instant, souriant.) Nous verrons demain, si les quelques abrutis qui réclament leurs épées ici même remarqueront une différence. Je veux que l’argent soit viré à la banque à la seconde où ces épées sont vendues.
   — Mais !..
   — J’espère que vous connaissez mon nom, Alaghan, parce que je connais le vôtre. (Il sourit de nouveau.) Bonne soirée.

   Les deux frères partirent ensuite. Ils ne savaient pas que leurs activités, aussi profitables étaient-elles, leur attireraient de graves ennuis.
   Ils ne le savaient pas encore.


Dernière édition par Dweryl le 29.10.16 20:39, édité 2 fois (Raison : Remise en page.)
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Message par Dweryl 29.10.16 13:14



I - De sombres augures







  La grande porte en bois s’ouvrit de l’extérieur, dévoilant sur son seuil le disciple d’Iop à la peau ébène. Dweryl avait quitté sa demeure, à Bonta, plus tôt dans la matinée. Son départ avait été motivé par celui de son frère ; parti pour la récemment découverte île de Saharach, l’aîné de la famille n’avait pas attendu les premières aurores pour prendre les voiles. Cela n’étonnait guère le combattant. En revanche... cela le confrontait à un autre problème, d’autant plus épineux.

  Son retour à la Main.

  La porte s’ouvrit dans un grincement rauque, dévoilant, comme la première fois, un salon parfaitement bien rangé, au centre duquel trônait une table sur laquelle se trouvaient quelques dossiers et compte-rendus des autres membres de la Main. Dweryl s’approcha et se pencha légèrement des écrits. Des multiples feuilles qui se trouvaient sous ses yeux vairons, il ne remarqua réellement que son dossier, écrit de sa propre main, qui se trouvait au sommet de la pile. Il va falloir présenter des excuses, lui susurra une voix des tréfonds de son âme. Ils ont remarqué ton absence.

  Pour la première fois, Dweryl alla à l’étage de la bâtisse. Il retira son imposant manteau noir, qu’il posa à cheval sur la rambarde du lit, puis il s’allongea sur le matelas et s’autorisa à fermer les yeux. Malheureusement, le sommeil ne vint jamais. Une heure plus tard, ses pensées étaient toujours orientées vers Emyn, Arlène et les autres. Deux heures, et c’était le Château qui, cette fois-ci, envahissait son esprit. Puis trois... et à trois, finalement, ce fut le tour de Runaan.
  Runaan.

  Le guerrier Iop se redressa brusquement et redescendit. Aujourd’hui, ils ne viendraient pas. Peut-être étaient-ils tous impliqués dans une affaire importante ? Sûrement. Ils sont tous impliqués, sauf toi.
  Sauf toi.

  Il sortit, et s’adonna durant la majeure partie de la journée à la fabrication de bâtons, baguettes et d’arcs divers et variés. C’était l’une des rares activités – si on mettait de coté les combats et les balades nocturnes – qui parvenaient à apaiser quelque peu son âme tourmenté. Cloisonné entre les quatre murs de l’atelier, Dweryl n’était rien d’autre qu’un artiste, et bien que ce terme l’ait toujours fait rire, il lui arrivait d’admettre, de temps à autre... que cela lui faisait du bien. Il repartit au crépuscule, et se dirigea vers la taverne la plus proche.
  Au Clair du Moon, lit le Iop sur l’écriteau de la bâtisse. Il sourit et pénétra à l’intérieur.

  Immédiatement, l’atmosphère se réchauffa. Une odeur familière, mélange de sueur et de bière avait enivrée la grande pièce. Trois disciples de Sram était assis dans un coin, les orbites vides rivées vers la bourse qui était posée au milieu de la table, comme absorbés par ce qu’ils seraient capables de faire avec cette coquette somme.

  Dweryl s’approcha du bar et demanda, comme à son habitude, une bière à Balag, le gérant de l’enseigne. Ce dernier rit à la vue du Iop, et lui serra la main.

  — Dweryl ! Comment vas-tu ?
  — Bien, je te remercie.
  — Tant mieux. Ici, les affaires tournent, c’est tout ce que je peux espérer de mieux. (Il se pencha et saisit une chope dans un tiroir, sous le bar.) Ça fait longtemps qu’on ne t’a pas vu traîner tes bottes dans le coin.
   — J’ai rencontré quelques problèmes dans la châtellerie, mais j’ai réussi à m’en tirer.
   — Tu ne t’arrêtes donc jamais ?

   Balag remplit la chope d’une mixture dont l’odeur pouvait s’apparenter à de la bière, puis il la tendit à un disciple de Sadida qui était assis à coté du Iop.

   — Je n’ai rien d’autre à faire de mes journées, Balag.
   — Pourquoi ne pas retourner au Kolizéum ? s’enquit le barman en saisissant une autre chope, qu’il remplit cette fois-ci avec une boisson différente. Si mes souvenirs sont bons, tu gagnais honnêtement ta vie là-bas.
   — Avant de la perdre. (Dweryl but une grande gorgée de la bière secrète de Balag.) Ça ne m’intéresse plus tout ça.
   — Arrête tes conneries, mon vieux, tu ne vis que pour ça. Et puis, qu’espères-tu faire d’autre ? Tu as dévoué toute ton existence à Iop. Tu n’as connu que des batailles depuis que tu es en état de te tenir droit sur tes bottes. Tes futurs employeurs ne se baseront certainement pas sur tes capacités à sculpter de jolies baguettes, surtout... surtout avec la tronche que t’as.

   Dweryl passa sa main gantée sur son visage détruit, cherchant du coin des yeux une once de regret dans les traits de son ami. Mais Balag semblait assumer pleinement ses derniers mots. Le disciple d’Iop but une nouvelle gorgée de bière, puis il sourit.

   — Tu m’aurais reconnu, toi ? demanda-t-il doucement en posant sa chope. Si tu m’avais croisé dans les rues ?
   — Non.
   Dweryl soupira.
   — C’est bien ce qu’il me semblait.
   — Hé, cervelle d’Iop ! lança une voix stridente depuis l’autre coté de la taverne.
   — Que ?..
   — J’ai un message pour toi. Ça concerne Alaghan.

   Dweryl jeta un coup d’oeil au-dessus de son épaule. Deux disciples de Sacrieur accompagnaient un Xélor de petite taille, lui-même vêtu d’une Peruk, et ils se tenaient tous les trois devant la porte de la taverne. Tous les autres ivrognes, y compris les trois assassins Srams, avaient quitté  la pièce sans que l’Iop ne remarque quoi que ce soit.
   L’issue de la rencontre était évidente.

   — Je suis désolé pour tes meubles, fit Dweryl à Balag.
   — Fais ce que tu as à faire. (Bala se força à sourire.) Ils me rembourseront, crois-moi.
   — Tu m’écoutes ?! hurla le petit Xélor.
   Le traits de Dweryl se déformèrent soudainement, rendant son visage, d’ordinaire laid, terrifiant.
   — Ferme les yeux.

   L’aura d’Iop enveloppa Dweryl, puis tout se passa très vite. Il pivota d’un pied, et bondit à toute vitesse en direction du Xélor. Son genou percuta la mâchoire du petit homme de plein fouet. Ce dernier fracassa la porte en bois et termina sa course dans la rue, face à la taverne.
   Le Sacrieur de gauche se jeta sur Dweryl et tenta de le trancher en deux à l’aide de son hache, mais l’Âme Brisée évita le coup d’un simple pas de coté. Il frappa alors le poignet de son adversaire de toutes ses forces afin de le désarmer, puis il saisit son arme de l’autre main. Il infligea ensuite un coup de coude dans le thorax du Sacrieur et lui ouvrit complètement l’abdomen d’un coup vertical. Le guerrier agonisant tomba à la renverse, libérant de sa bouche un gargouillis que peu d’êtres seraient capables de décrire avec des mots.
   Dweryl s’approcha alors du troisième guerrier et se planta face à lui.

   — Alaghan, hein ?
   — Je ne parlerais pas, cracha le Sacrieur.
   — Je suis prêt à parier que ton ami le nain le fera, lui. (Dweryl contempla le Sacrieur de bas en haut.) Vous êtes jeunes. Je te donnerais au maximum vingt ans, et ton ami ne devait pas avoir connu plus de quinze hivers. Qu’est ce que des enfants dans votre genre viennent faire ici ? Vos employeurs ne savent-ils donc pas à qui ils ont affaire ?
   — Ça ne devait pas se passer comme ça.
   — On appelle ça une prise d’initiative, gamin. Il est généralement préférable d’attaquer en premier ; d’autant plus lorsqu’un Xélor fait partie du groupe adverse. (Sa main gantée saisit brusquement la gorge du Sacrieur, et il le souleva à quelques centimètres du sol.) Qui ?
   — Certains marchands apprécient guère... cracha douloureusement le jeune adulte, les méthodes de ton frère. Cela fait des semaines qu’il détruit d’importants secteurs de l’économie. Ils ne le laisseront pas... faire.
   D’où son insistance afin d’être accompagné, hier soir.
   — Alors pourquoi m’attaquer moi ? s’enquit Dweryl.
   Le Sacrieur éclata de rire.
   — Parce que là... en ce moment... tu n'es pas avec lui.
   — Raulebaque !

   Le temps se déchira violemment. Dweryl fut projeté en arrière, tandis que ses deux adversaires regagnèrent leur position initiale, à l’entrée de la taverne. L’Iop se redressa de nouveau et fit face aux deux hommes, son visage ne trahissant aucune émotion. Ses deux adversaires avaient vraisemblablement encore envie d’en découdre.
  Lui aussi.

   — La soirée est terminée, les enfants.


Dernière édition par Dweryl le 04.11.16 16:59, édité 8 fois (Raison : Fôtes et mise en page (laborieuse).)
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Message par Dweryl 04.11.16 20:26



II - Fraternité






   Eaweh était un homme fier, respectant des valeurs qu’il était, la plus grande partie du temps, le seul à connaître. Au cours des cinq dernières années, il n’avait cessé de parcourir les terres d’Amakna afin d’assouvir sa curiosité grandissante. Contrairement à Dweryl, et ce même s’ils étaient frères de sang, Eaweh était né et avait grandi sur le continent. Ils ne s’étaient rencontrés que bien plus tard, lorsque le petit frère, avide de découvrir de nouvelles terres, traversa l’océan afin de s’installer avec la famille qui avait pris soin du disciple de Féca.

   Lorsque son frère cadet eut son incident, Eaweh mobilisa d’énormes quantités de ressources afin de lui venir en aide. Dweryl avait refusé dans un premier temps, mais rapidement, il avait prit conscience de l’immense fortune que commençait à amasser son aîné. C’est pour cela qu’il l’avait rejoint dans sa quête. Le disciple de Féca était en train – volontairement ou non – de monter une sorte d’empire économique en Amakna, à la seule force de son cerveau et de ses mains. Et c’était dans ce but – et uniquement dans ce but –, qu’il se tenait aujourd’hui au port de Sarakech, accompagné de Johaiito et d’un archer Crâ que tous nommaient affectueusement Az.

   — Alors nous y voilà, fit Johaiito le Pandawa lorsqu'il posa ses tongues sur les quais de Sarakech. La fameuse Saharach.
   — Ça doit te changer de Pandala, fit Az en descendant du rafiot. Même moi, qui ai eu l'habitude de traîner mes bottes à Vulkania, je pense que j'aurais du mal à me faire à ce climat.
   — On ne restera pas longtemps de toute manière. (Eaweh s'approcha d'un disciple d'Eniripsa qui traînait ses bottes sur les quais.) Salut. Où peut-on trouver du travail, ici ?
   L'Eniripsa contempla le Féca de haut en bas, ne dévoilant aucune émotion.
  — Eaweh, je suppose. J'ai entendu parler de vous.
  — Vraiment ?
  L'Eniripsa hocha la tête.
  — Oui, mais rarement en bien. Je n'ai rien à vous proposer, mais vous pouvez toujours aller voir le Shériff.  Il a du mal, paraît-il, à gérer le flot d'aventuriers qui déferle sur l'île.
  — Très bien. (Eaweh fit volte-face.) Allons-y !
  — Je vous conseille de faire attention à vous, Eaweh. On vous veut du mal.
  Az éclata de rire, et Johaiito, faisant mine d'ignorer l'Eniripsa, récupéra un tonneau de bière et alla rejoindre le Féca.
   — Ça a toujours été le cas, rétorqua ce dernier. Adieu, guérisseur.

  Les trois hommes s'enfoncèrent aussitôt dans le petit village portuaire de Sarakech. Eaweh savait de source sûre que l'Eniripsa - le seul guérisseur qui avait été dépêché à Saharach pour soigner les aventuriers blessés - travaillait pour Otomaï. On lui avait déjà parlé de lui, et du fait qu'il était à la recherche d'éléments rares qui pouvaient agir au nom du grand alchimiste. Il s'avérait dommage qu'aucun des trois hommes n'ait été choisi. Ce qui était dérangeant, en revanche, c'était son avertissement. On lui voulait du mal, aussi loin du continent, alors qu'il n'avait jamais mis les pieds ici ?
   Quelque chose ne tournait pas rond dans cette histoire.

  Eaweh, Az et Johaiito atteignirent rapidement le bureau du Shériff, après avoir fait un rapide détour devant le Sabloon. Les ruelles du village portuaire étaient bondées d'aventuriers, à défaut d'autochtones, et seuls quelques membres d'une sorte de groupuscule appelé la Corporation Parafiole étaient encore visibles dans la foule, donnant des ordres et brandissant d'étranges outils à quiconque leur proposait de l'aide.  

   La ruelle qui longeait le bureau du Shériff, néanmoins, à l'exception de quelques inconscients qui se battaient en duel, était complètement déserte. Seul un représentant de la loi se tenait là, discutant avec d'autres personnes de vols récents qui seraient arrivés en ville.

  Eaweh attendit patiemment la fin de la conversation de l'officier, puis, curieux, il s'approcha du géant. Az l'accompagna, tandis que Johaiito profita du temps mort pour boire quelques gorgées de bière.
  — Salutations, lança Eaweh.
  — Du vent ! Rétorqua amèrement le représentant de la loi. Je suis occupé.
  — Je ne crois pas non, cracha Az.
  Le géant baissa les yeux sur l'archer qui maintenait son regard sans broncher. Il s'écoula une seconde avant que le Shériff ne prenne la parole.
  — Que me voulez-vous ?
  — Du travail, dit simplement le Féca. On cherche du travail.
  — Bien entendu ! Et pourquoi n'allez-vous pas voir Idarfen au lieu de me briser les noix ?
  — Parce qu'il croule sûrement déjà sous le nombre de volontaires qui se sont pointés aujourd'hui. On ne demande pas à aider. (Eaweh avait un ton plus solennel qu'auparavant, sans pour autant paraître insolent.) On cherche simplement du travail.
   — Quel genre ?
  Il parla également d'une manière différente, peinant à cacher l'intérêt qui venait de germer dans ses yeux fatigués.
   — J'ai entendu parler d'avis de recherche avant ma venue ici. Deux, je crois ?
   — Deux que j'ai accroché de ma main sur les murs du Sabloon, effectivement. Autrement... il y en a plus d'une dizaine, majoritairement composée de pillards originaires du continent. Des aventuriers qui ont sûrement, comme vous, demandé à avoir du travail après avoir foulé le sable chaud de cette île. (Le géant se pencha davantage sur le Féca.) Vous trouverez ces avis de recherches un peu partout sur les murs, mais j'éviterais le Sabloon si j'étais vous.
  — Pourquoi donc ?
   — Parce que votre tête me dit quelque chose, et vous avez de la chance que je n'ai pas le temps de vérifier mes soupçons. Hors de ma vue, maintenant.
  Il retourna dans son bureau après ces quelques mots. Az en profita pour prendre la parole.
  — Eaweh, j'ai un mauvais pressentiment.
  — Ouais, moi aussi. (Un morceau de papier, qui s'était sûrement détaché d'un panneau d'affichage, vint s'écraser sur le visage du Féca. Ce dernier se rendit alors compte qu'il s'agissait d'un avis de recherche, au nom de Tournado.) Eh bien. Johaiito ?
  — Hmm ?
  — Rassemble tes affaires. On part au nord.
  Az n'avait pas l'air emballé par la décision de son ami.
   — T'es sûr de vouloir te lancer là-dedans ?
   — Je pense qu'il serait plus sage de quitter le village pendant quelques instants, répondit doucement Eaweh afin de s'assurer que personne ne l'entende. On sera plus en sécurité loin d'ici.
  — Pourquoi ne pas simplement partir d'ici ? demanda Johaiito.
  — Parce que la fuite ne rapporte pas d'argent. Allons-y.
   Et les trois hommes disparurent dans le désert.


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   Dweryl n'atteignit le port de Sarakech que le 2 Novamaire, à l'aube. Le combattant avait pu bander les plaies que lui avaient infligé ses agresseurs à Astrub sans trop de mal, même si une vilaine balafre que le Xélor lui avait faite au niveau de la poitrine avait du mal à se refermer. Le plus laborieux, néanmoins, avait été le voyage en bateau. Dweryl avait horreur des navires, et ce depuis qu'il avait dû quitter l'île d'Otomaï dix-huit années auparavant.
  A son arrivée, et comme pour son frère, ce fut l'Eniripsa qui fut chargé de son accueil.

  — Dweryl ! fit ce dernier en voyant s'approcher son vieil ami. Cela fait longtemps.
   — Toi ? Désolé, j'ai pas le temps. Je dois trouver quelqu'un.
  — Ton frère est arrivé il y a deux jours.
  — Alors où est-il ?
  — Je l'ignore. Je ne l'ai pas revu depuis. (Il marqua une pause.) J'ai un service à te demander.
  — Pas maintenant. (Dweryl fit mine de partir mais son ami l'arrêta aussitôt.) Quoi ?
   — Tu penses pouvoir le retrouver sans piste alors que le temps presse ? Je peux t'aider, Dweryl.
   — Alors fais-le ! (Une colère noire, mêlée à de la terreur, perlait dans les yeux vairons du Iop.) Fais-le.
  — Ton frère est arrivé avec deux amis à lui. Un homme originaire de Pandala et un archer. J'avais déjà entendu parler d'Eaweh bien avant son arrivée. Des hommes au Sabloon discutaient à son propos le 30 Octolliard, à l'occasion d'une tournée d'un habitué. Je crois que ton frère a réussi à attirer la colère d'un marchand très influent.
  — Continue.
   — Je ne connais pas son nom, mais je connais un type qui a travaillé pour lui, autrefois. On l'appelle Jack Asse. Tu le trouveras sans mal au Sabloon, enfin, je m'égare... Otomaï m'a chargé, moi et quelques acolytes, de recruter des aventuriers ayant déjà travaillé avec nous pour surveiller les agissements de la Corporation Parafiole. Quand ton frère est arrivé, néanmoins, j'ai préféré ne pas l'impliquer.
  — La Corporation travaille pour le marchand en question ?
   — Non, mais la Corporation est installée à l'arrière du Sabloon. Et... (Il sortit un papier froissé de sa poche. Lorsqu'il l'ouvrit, Dweryl reconnut immédiatement le visage d'Eaweh sur l'avis de recherche, ainsi que celui des autres Maraudeurs. Son propre visage, par contre, n'était pas visible sur le papier.) Un type a placardé ces affiches partout en ville. Le Sabloon est rempli de mercenaires. Je ne te fais pas un dessin.
  — Qu'est-ce que tu attends de moi ?
   — Que tu m'aides, après avoir retrouvé ton frère. Otomaï se souvient des services que toi et ta famille lui avez rendus, dans le temps. Ta présence à nos cotés est plus que souhaitée, mon ami.
   Dweryl resta interdit pendant de longues secondes.
   — Jack Asse, c'est bien ça ?
   — Oui.
   — Merci. Je reviendrais.
   — Je t'attends.

  Dweryl pénétra ensuite dans le tristement célèbre Sabloon de Sakarech. Quelques aventuriers étaient éparpillés ça-et-là dans l'établissement, buvant de la bière à grande gorgée, se frappant à tour de rôle à l'aide de petits tabourets qu'il y avait à portée de main, et discutant tranquillement des exploits qu'ils avaient réalisé depuis leur arrivée. Dweryl se dirigea instinctivement vers l'apparente tenancière du Sabloon. Celle-ci le redirigea aussitôt vers un homme âgé assis dans un coin de la pièce, sirotant sa boisson à l'abri des regards. Le dénommé Jack Asse.

  — Bonjour, fit Dweryl en arrivant à portée de main de l'homme. Puis-je m'asseoir ?
   — Je ne veux pas vous parler... souffla Jack alors. Laissez-moi tranquille.
   — Je crains que ce ne soit impossible. (Dweryl s'assit face au vieil homme, et il sortit l'avis de recherche d'Eaweh de sa poche.) Ce visage vous dit-il quelque chose ?
  — Allez vous-en.
  — Non, écoutez-moi. Ce type est mon frère. Il est passé à Sarakech il y a deux jours, et un homme influent a fait imprimer ces saloperies. (Dweryl se pencha légèrement vers Jack.) Mon frère est en danger, et ma patience a ses limites, alors je préférerais que vous coopériez. Je dois connaître le nom du type qui en veut à sa vie, et on m'a dit que vous aviez bossé pour lui il y a longtemps. Alors ? Qui est-ce ?
  — Tu fais quoi toi ?
   La phrase de l'inconnu déstabilisa Dweryl. Le disciple d'Iop jeta alors un coup d'œil par-dessus son épaule, et il vit une bande de trois gaillards se tenir derrière lui, l'air menaçant.
   — Le bon Jack a pas l'air de vouloir être dérangé, fit la seule femme du groupe, vêtue d'un grand chapeau en cuir. Je te conseille de déguerpir avant que les autorités ne te tombent dessus.
  — C'est important, cracha froidement Dweryl. Il n'a qu'à me répondre et je m'en irais.
  — On n'aime pas trop les vauriens ici, rétorqua la femme.
   Dweryl se redressa brusquement et passa ses doigts fins sur son espadon.
   —Tu...
   — Cessez donc ! fit la tenancière, en s'interposant. Monsieur, je vais vous demander de partir.
  Le visage de Dweryl trahit sa haine, mais il ne répondit pas. Le Iop fit volte-face et quitta l'établissement, puis il se mit à ratisser la ville en long et en large afin de trouver le moindre indice. En vain.


   Il était vingt-deux heures lorsque Dweryl ratissa pour la troisième fois la ville de Sarakech. Cette fois-ci, et pour son plus grand déplaisir, les ombres nocturnes et le silence qui apparaissait après le crépuscule ne jouaient pas vraiment en sa faveur. On vint le chercher à deux reprises pendant ses recherches. A chaque fois, les habitants de la ville craignaient pour leur sécurité, et ils pensaient que le Iop leur voulait du mal.
  Lorsque Dweryl passa au niveau du bureau du Shériff, une silhouette surgit de l'obscurité devant ses yeux méfiants. Une silhouette qu'il semblait connaître.
  — Dweryl ! fit-elle d'une voix familière. Eaweh a besoin d'aide. Il a vraiment... vraiment, besoin d'aide.
  Le disciple d'Iop s'approcha légèrement et plaça sa torche devant le visage de l'inconnu.
   Ce visage, déformé par des coups et teinté de sang...
   — Az.


Dernière édition par Dweryl le 05.11.16 19:16, édité 4 fois (Raison : Encore la mise en page ! + Suppression des PNJs. Toute ressemblance fortuite avec des PNJs In-Game relèverait purement et simplement du hasard.)
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Message par Dweryl 06.11.16 21:52



III – Colère de Iop




   Az et Dweryl se tenaient droit au sommet d’une dune de sable fin, les yeux rivés vers l’étrange caverne en contrebas. Un souffle froid – presque apaisant – vint les accueillir en cette fin de soirée, rapidement accompagné des premières lueurs du soleil levant.
   — C’est ici ? s’enquit le guerrier.
   — Oui. C’est ici qu’ils m’ont emmené.
   — Je n’ai pas très bien compris. Ils vous ont eu comment ?
   — L’effet de surprise. Eaweh dormait en ville lorsqu’ils lui sont tombés dessus. Je n’ai pas eu cette chance. Trois abrutis m’ont agressé au détour du Sabloon, avant-hier, peu après avoir laissé Johaiito traîner sur les quais. Ils ne m’ont pas loupé.
   — Il n’y avait que toi là-dedans ?
   — Johaiito et Eaweh n’étaient pas avec moi.
   Dweryl dégringola la dune et pénétra dans l’antre creusée dans la roche.  De nombreuses carcasses gisaient au sol, enivrant l’endroit d’une effroyable odeur de pourriture. Quelques tas de squelette étaient visibles, ça-et-là, mais il n’y avait aucune trace qui pouvait mener Dweryl aux ravisseurs de son ami.
   — Il s’est passé quoi ici ?
   — Ils m’ont balancé là, près du mur. Au pied de l’énorme os. Ils voulaient qu’une Léolhyenne albinos s’occupe de mon cas mais, heureusement, trois aventuriers se sont pointés quelques minutes après leur départ. Ils chassaient la bête, et m’ont libéré. Ensuite je suis retourné en ville et je t’ai trouvé.
   — Le vent souffle jusqu’ici. Les traces ont été effacées y a longtemps. Foutons le c…
   — Shht !
  Dweryl se retourna et tendit l’oreille. A l’extérieur, deux voix distinctes étaient perceptibles, non-loin de l’antre. Les deux personnes à qui elles appartenaient semblaient se diriger par ici.
   — Dweryl, fit Az à voix basse. Cache-toi.
   L’Iop s’exécuta et se dissimula derrière l’os de mastodonte, qui trônait au centre de la grotte. Deux mercenaires pénétrèrent dans la cavité rocheuse à l’instant où Dweryl avait disparu. Ils virent Az accroupi devant eux, faisant semblant d’être attaché, et leur regard se fit immédiatement plus dur.
   — Toujours pas crevé toi ? fit l’un des deux.
   — L’Ombre Blanche a bel et bien disparu, commenta le second. La patronne a raison. Des types se sont occupés d’elle.
   — Alors que va-t-on bien pouvoir faire de toi ?
   — Surprise.
   Un morceau de métal froid s’enfonça profondément dans l’abdomen du premier mercenaire, déchiquetant les moindres parcelles d’organe qui se trouvaient sur son chemin. L’homme tomba en avant sous le regard horrifié de son acolyte, qui n’avait même pas trouvé la force d’hurler.
   Az se redressa alors et vint se poster derrière son ravisseur.
   — Où sont mes potes ? s’enquit-il froidement. T’as cinq secondes pour répondre.
   — Du calme ! Du ca…
   Une pointe de flèche extrêmement bien aiguisée s’enfonça dans les côtes du ravisseur. L’homme posa un genou à terre en poussant un cri semblable à celui d’un Mulou.
   — Réponds à la question, articula lentement Az, et on te laisse tranquille.
   — D’accord. D’accord ! Vous voyez le Phare Ouest ?.. C’est là qu’ils emmèneront le Féca.
   — Le phare ? Pourquoi ?
   — Laya arrivera du continent en bateau.  (Il marqua une pause.) Elle le veut. C’est elle qui nous a contacté une fois qu’on avait mis la main sur vous.
   — Et le Pandawa ? s’enquit Dweryl.
   — Je n’en ai aucune idée. Il n’était pas avec vous.
   Az eut comme un déclic.
   — Quoi ?! hurla-t-il. Vous vous foutez de moi ?!
   — Non ! fit aussitôt le mercenaire apeuré. Quelqu’un d’autre a sûrement mis la main sur lui. Lorsque vous êtes arrivés, tout le Sabloon était au courant ! Laya ne nous a même pas parlé de lui, pour tout dire.
   — C’est elle le patron ?
   — Je crois. (Dweryl leva la main.) Pitié ! J’ai tout dit !
   — Allons-nous-en, fit Az.
   — Tu vas le laisser partir ?
   — J’ai qu’une parole. C’est toi qui m’a appris ça.
   Dweryl acquiesça silencieusement et partit, avec le Crâ, en direction du Phare.
   — La flèche était empoisonnée, fit Dweryl, soudainement happé par une révélation. Je me disais aussi.
   — De ?
   — L’emploi des mots est important. Tu n’as pas dit qu’il vivrait, mais que tu le laisserais tranquille. Il mourra dans combien de temps ?
   — Une petite heure. (Az sourit.) Il y a encore un peu d’espoir pour les Iops.

   Les deux compères atteignirent rapidement le phare. Un coup d’œil rapide confirma les soupçons de Dweryl : Eaweh n’était pas encore dans le bâtiment en ruine. Les deux maraudeurs se dissimulèrent ensuite sur les roches flottantes sur l’eau au sud, à la pointe de la jetée, puis ils attendirent l’arrivée du Féca.
   Ils attendirent pendant quatre longues heures, jusqu’à ce qu’un navire, à l’allure marchande, apparaisse à l’horizon. Il semblait encore à bonne distance.
   — Je vais rester ici, fit le Crâ.
   — Pardon ?
   — Tu vas aller là-dedans t’occuper d’Eaweh, et je vais rester là à essayer de ralentir au maximum l’arrivée de la patronne.
   — On ne peut pas simplement tous les tuer ? s’enquit naïvement Dweryl.
   — On n’est pas invincible, mon vieux. Ce n’est pas parce qu’on est tombé sur du menu fretin jusqu’ici qu’on doit s’imaginer comme des êtres divins. Ces mercenaires n’étaient peut-être pas terribles, mais j’ai un mauvais pressentiment à propos de Laya. J’aimerais qu’on prenne le moins de risque possible.
   — Comme tu veux.
   Az se mit à rire nerveusement, comme pour évacuer son stress, lorsque Dweryl avait répondu.
   — Tu ressembles à un gamin, commenta-t-il.
   — Contente toi de foutre le feu à ce navire, rétorqua Dweryl sans cacher son agacement. Et fais gaffe à toi.
   — T’inquiètes.
   Dweryl se leva et rejoignit le phare. Il pénétra par le sommet de celui-ci, en bondissant dans un trou béant qui n’avait sûrement pas été prévu sur le plan initial du bâtiment.
   L’endroit avait, semble-t-il, été rasé par quelque chose d’extrêmement grand et puissant. Seules quelques bouteilles vides, feuilles et restes squelettes pouvaient encore témoigner de la présence d’un homme ici, autrefois.
   Et peut-être l’architecture du bâtiment, éventuellement.
   Le disciple d’Iop était en train de lire les rares notes qu’il restait à propos de l’endroit lorsque, soudainement, un bruit de clé retentit derrière lui. La porte s’ouvrit aussitôt sans qu’il ne réalise pleinement quoi que ce soit.
   — Amenez le là-dedans, qu’on en finisse.
   Dweryl se retourna, écarquillant les yeux, lorsqu’un homme de loi pénétra à l’intérieur du phare, son regard figé sur l’homme à la peau mate qui était aussi surpris que lui.
   — Que…
   — Az !!!
   La lame du combattant vola à travers la pièce et alla s’enfoncer dans le crâne du pauvre homme, qui tomba à la renverse. Dweryl courut alors à l’extérieur, récupérant son épée au passage, et fit face au petit groupe qui s’occupait de son frère.
   Des quatre personnes qui se trouvaient devant lui – Eaweh exclu -, seul une retint immédiatement son attention. Une grande femme blonde vêtue d’un Solomonk, dont les yeux semblaient lui lancer des éclairs. Elle était également – quel hasard – celle qui tenait son frère au bout d’une corde. Les tatouages qui parsemaient son corps dénudé en partie témoignaient également de sa croyance pour la déesse Sacrieur.
   — Dweryl ! hurla le Féca. C’est un piège. Ils savaient que tu allais venir !
   Le bateau était encore loin. Finalement, Dweryl et Az avaient largement le temps de se battre et de s’en aller.
   — T’inquiètes. (Dweryl prit une posture de combat, levant son épée devant lui.) Alors, vous faites quoi ? Vous venez ?
   — Je pensais que tu nous laisserais au moins le temps de souffler avant de débarquer, fit la femme aux cheveux d’Or, mais visiblement, les Iops sont sacrément suicidaires.
   — C’est ce que tu vas voir. Az !!!
   — C’est lui que tu cherches ?
   Un autre homme apparut dans le champ de vision du Iop, tenant du bout des doigts les cheveux blancs du Crâ. Ce dernier, encore plus mal en point que la veille, était vraisemblablement inconscient.
   — On l’a fait libérer parce que la patronne voulait vous voir tous les trois en même temps. Il semble que ce sera chose faite. (Elle ricana.) D’ailleurs, je crois que votre ami le Pandawa ne va pas tarder à nous rejoindre.
   — Salope.

    La femme aux cheveux d’or bondit aussitôt en direction du Iop, et lui infligea un puissant coup de pied au niveau du torse, lui déchirant ses vêtements au-delà de sa poitrine. Dweryl traversa la porte du phare et s’écrasa au milieu des ruines, balayé par la puissance du coup. Il se redressa immédiatement et repartit à l’assaut, mais à peine eût-il passé la porte que le coude de la Sacrieuse le cueilli en plein visage. Elle enchaîna ensuite avec une série de coup d’épées, que Dweryl esquiva tant bien que mal, puis tenta un uppercut. L’Iop, voyant le coup arriver, fit un bond rapide en avant et lui fit une profonde entaille au niveau de l’épaule droite avec son épée.
    La Sacrieuse, qui avait fait exprès de se laisser frapper, recula, lécha son propre sang, puis, après avoir ricané sombrement, elle saisit Dweryl à l’aide du sang dégoulinant de la plaie et lui infligea un puissant coup droit en plein visage, profitant de la vitesse du Iop pour tenter de l’abattre d’une attaque.
    La violence inouïe du coup fit trembler les ruines du phare. Dweryl finit dans les décombres, une fois de plus, sonné, et la vue floue. Une puissante douleur avait attaqué son dos, qui avait percuté de plein fouet un des murs encore debout de la bâtisse. Cette douleur, néanmoins, n’était rien par rapport à celle qui dévorait son âme.
   — C’est tout ce que t’as ? cracha la femme au Solomonk, en frappant de toute ses forces son frère qui se trouvait à terre. Vous allez tous crever ici ! Ordre de la patronne. Mais avant, vous allez souffrir.
   Dweryl se redressa, hagard, les yeux rivés sur son frère.
   — Comment oses-tu…
   Quelque chose céda en lui. Dweryl hurla, et une effroyable quantité d’énergie envahit chacun de ses muscles. Une aura d’éclairs blancs se forma autour de lui, et sa chevelure argentée, d’ordinaire coiffée comme l’illustre Goultard, se leva, et emprunta désormais l’apparence de celle du Iop traditionnel.
   Ses iris habituellement noire et verte disparurent, laissant place à des pupilles blanches et dénuées de vie. Le disciple d’Iop s’avança lentement, l’épée à la main, sans quitter du regard le Sacrieur qui venait d’humilier les siens.
   — Toi… murmura-t-il en approchant. Vous…
   — Dweryl… murmura Eaweh.
   — Je vais tous vous crever.






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Dweryl, en colère, après avoir été humilié. (Ne jugez pas mes talents de dessinateur !)
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Message par Dweryl 12.11.16 14:50



IV – Les Maraudeurs





   Une puissante onde de choc souffla sur le phare et ses environs, balayant les pauvres curieux qui s’étaient approché de trop près du champ de bataille. Le combat était difficile à suivre des yeux par les spectateurs. Dweryl et la Sacrieur faisaient désormais jeu égal, et chacune de leurs actions détruisait davantage les ruines du vieux phare.
   — Ce pouvoir est ridicule, cracha la femme en évitant de justesse un coup d’épée du Iop. Ton Dieu doit avoir honte de l’avoir mis à portée d’êtres comme toi !
   Dweryl répondit d’un puissant uppercut, puis il entailla profondément la poitrine de la femme d’un coup d’épée et, prenant appui sur la plaie béante, il bondit en arrière afin de se rapprocher de son frère. Sa colère commençait déjà à s’atténuer, et même s’il arrivait à tenir tête à son adversaire, il sentait petit à petit l’écart de niveau réapparaître. Il n’avait pas de temps à perdre.
    La disciple de Sacrieur tenta de rattraper le Iop en projetant son sang, mais il évita fluide de justesse. Il se réceptionna ensuite parfaitement à l’arrivée, puis il pivota d’un pied et enfonça son genou dans la mâchoire d’un des geôliers. L’homme n’eût pas le temps de réagir que son collègue, situé à sa droite, fut empalé sur la lame brisée du Iop.

   — Tu n’as pas d’honneur, Iop ?! hurla la Sacrieur. Je suis ton adversaire !
   — Ça va ? demanda Dweryl à Eaweh.
   — Oui.
   — Va sauver Az. Maintenant !

   La femme aux cheveux d’or chargea le Iop, et tous deux finirent leur course sur les roches qui longeaient la jetée du phare. Les deux ennemis s’échangeaient une rafale de coups de poing, ne cherchant même plus à éviter ou à encaisser de coups, mais uniquement à faire taire à jamais l’autre partie.  Dweryl sentait ses forces s’évaporer à chaque mouvement, tandis que le Sacrieur, satisfaite de la quantité d’hémoglobine qui teintait ses vêtements, se renforçait de seconde en seconde.

   — Tu n’es rien ! cracha la femme.
   — Mais tu vas la fermer !

   L’aura destructrice réapparut temporairement, faisant reculer légèrement le Sacrieur. Dweryl profita de cette bouffée soudaine de puissance pour frapper de toutes ses forces son ennemi à l’aide de sa lame : il bondit, dessina un arc de cercle dans les airs et enfonça son épée dans l’épaule droite de la belle blonde. Il entendit les os et les chairs rompre et se déchirer lors du passage de la lame froide, et, étrangement, ce bruit ne le rassurait pas autant qu’il aurait espéré.
   Visiblement invincible, le Sacrieur hurla, puis elle saisit le bras du Iop et le jeta dans l’océan d’un seul bras. Dweryl remonta mollement à la surface de l’eau, les muscles tétanisés à cause de l’énergie qu’ils venaient de dépenser.
    C’est alors qu’il vit trois autres silhouettes se profiler sur l’île, se dirigeant toutes trois vers le champ de bataille. Il reconnut sans trop de mal Johaiito, son compagnon d’infortune, et supposa donc que les deux hommes qui l’encadraient étaient, eux aussi, employés par les ravisseurs d’Eaweh.
   L’espoir qui avait pris naissance dans l’âme troublée du Iop mourut finalement, pour ne laisser place qu’à un profond sentiment de tristesse.
   — Trop nombreux, murmura-t-il doucement en se laissant flotter sur l’eau. Je ne suis pas… assez fort.
   — Meurs !
   Le Sacrieur bondit et menaça de s’abattre violemment sur Dweryl, lorsqu’une flèche noire transperça son dos et vint se ficher entre ses omoplates. Ni une, ni deux, le projectile d’Az détona, et le cadavre carbonisé du Sacrieur tomba dans l’eau à un mètre du Iop, le thorax ouvert en deux. Dweryl sourit, et, satisfait de savoir ses amis en sécurité, il s’autorisa enfin à s’évanouir.


-----------------------------------------------------------


   Sur la rive, Eaweh fit face aux deux ravisseurs de Johaiito, une expression sévère sculptée sur son visage, habituellement amical. Le Pandawa, comme les deux geôliers, reconnut immédiatement les quelques signes qu’il était en train de faire du bout des doigts, et il bondit soudainement en arrière. Le mercenaire qui se trouvait à sa droite eut moins de chance.
   La boule incandescente qui avait jailli de la main du Féca lui rongea le visage, faisant hurler son compère qui dégaina nerveusement son marteau. Il bondit sur Eaweh, bien décidé à en finir, mais une flèche de feu transperça son cœur en plein saut. Il finit sa course sur le sable chaud de Saharach, ne comprenant pas, encore, ce qui venait de se passer ici.
   Eaweh et Az regardèrent aussitôt en direction du navire de Laya, réfléchissant sans traîner au moyen le plus sûr qui leur permettrait de quitter l’île. Mais ils ne virent rien. Le vaisseau avait disparu de leur champ de vision, et avec lui, la joie toute relative qu’avait ressenti Eaweh au moment où le dernier geôlier était tombé s’évapora. Laya reviendra. Cette histoire ne s’arrêterait pas là.

   Le Féca baissa les yeux sur son frère, qui flottait, inconscient à la surface de l’eau. Il retira alors son haut, ses bottes, et confia son bâton à Az, puis il se tourna vers Johaiito.
   — Trouve-moi le Zaap. On part immédiatement.
   — Où allons-nous ? demanda le Pandawa, s’éloignant.
   — Loin d’ici.

   Il courut ensuite et plongea dans l’eau calme qui ceinturait l’île de Saharach, puis il partit récupérer son frère.
   Il allait falloir se faire discret pendant un moment. Et ensuite…
   Ensuite, elle paiera.
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