Lilliana Félicia Rose : spiritisme et café âpre

Pour la lecture du récit, je vous conseille vivement le morceau suivant :

“Witches’ Lullaby” de Daemonia Nymphe

(qui est issu d’un album très sympathique qui est une création originale sur instruments d’époque pour une interprétation de MacBeth commissionnée par le  National Theater of Northern Greece)

Lien spotify :
https://open.spotify.com/track/7wNE8tetjGXCBx90gD9tpv?si=dGJCSP92R6egdbuW6qDwrA&context=spotify%3Aplaylist%3A1jJHwwubLe7qgQM8XFLFvm
Lien apple music :
https://music.apple.com/fr/album/witches-lullaby/1616343503?i=1616343505
Lien YouTube :
https://youtu.be/LGdL86qVco8?si=PplWETExpG29DCwz


Pour ceux qui le désirent (et qui seraient sur Spotify) j’ai aussi fait une playlist assez exhaustive autour du personnage accessible avec le lien suivant :
https://open.spotify.com/playlist/1jJHwwubLe7qgQM8XFLFvm?si=2TFXukDmQ4uaPc6ADqeofQ
Celà dit, je vous conseille vivement le morceau cité précédemment !


Sur ce, je vous souhaite une bonne écoute et une bonne lecture. Je vous retrouve juste après.

La caravane était étroite et sombre ; de son plafond pendaient une multitude de bibelots, de charmes, de pendules et de babioles qui cliquetaient une litanie sonore au rythme des pavés. Le tout s’accumulait en un ciel confus parsemé de demi-lunes et d’astres artificiels : des prisons de verre où se contorsionnaient des lucioles.
De chaque pan, s’érigeaient des étagères poussiéreuses croulant sous des collections de bocaux disparates, retenus par des fils de jute, aux contenus tantôt inquiétants, tantôt indiscernables. Au centre, une fine table recouverte d’une nappe sombre, aux extrémités rongées par les mites, qui faisait face à une banquette truffée de vieux coussins. Le sol était jonché de piles de livres et de grimoires couverts de symboles étranges répandant dans l’espace clos une odeur de renfermé qui s’enlaçait au parfum âpre de café froid.

Le loquet du lourd cadenas venait de rompre le silence, bientôt suivi du grincement des gonds de la porte et du grognement d'effort de la figure filiforme qui venait de s'y glisser. Elle referma la porte de la roulotte, la replongeant dans sa douce obscurité, avant d'y abandonner son sac sur le crochet d'acier.
Son visage, partiellement dissimulé par l'ombre de son large chapeau cornu laissait entrevoir des yeux vides qui trônaient nonchalamment sur de larges cernes violacés.

Ses joues creuses laissèrent s’échapper un long soupir : il en était enfin fini de cette journée. Posant sa coiffe sur l’une des piles de livres, elle s’écroula sur le futon, épuisée.
Les souvenirs flous de l’époque de ses premiers contacts lui semblaient dater d’une éternité. Était-ce vraiment le cas ? Qui sait… Le concept du temps lui échappait progressivement et son errance lui semblait sempiternelle.

A chaque traversée, elle y laissait une part d’elle : un souvenir, des jours, des mois, des années ; l’une après l’autre, comme un enfant qui arracherait les pétales d’une pâquerette, impatient de savoir son amour réciproque.
Chacun de ses voyage la raprochait de l’autre côté, jusqu’à même leur ressembler : de son regard creux, jusqu’à sa peau qu’elle portait comme un voile blanc sur ses vieux os.

Du temps, du temps… tout était question de temps. Il lui permettrait de trouver comment échapper à son funeste  sort, de trouver le pardon ou du moins d’avoir du temps à y consacrer.
Son temps, son temps… il lui manquait et son enveloppe charnelle le lui rappelait péniblement : sa peau s’effritait un peu plus chaque matin, sa face flétrissait un peu plus chaque soir, sa chair se putréfiait un peu plus chaque lune.
Le temps, le temps… temps d’un soir, temps d’un énième café noir, sec, amer. Temps qui finirait bien par payer son affront fait à la mort. Temps qui finirait par racheter ses erreurs.
Ce temps, ce temps… une monnaie d'échange pour les défunts qui n’en ont plus l’usage, un maigre bien à payer pour accomplir l’impossible. Après tout, ce n’était qu’une poignée de jours pour accéder à la sérénité : un service contre un autre.

Plus on demandait, plus il fallait être capable de donner. Ainsi les esprits ayant le plus à offrir étaient de loin les plus désireux… Il n’était plus question de révéler un amour dont le secret aurait été trop longuement gardé ou de faire parvenir un héritage… Il ne s’agissait que de vengeances, de malédictions, de meurtres.

Le sou se faisait rare, et acquérir des mains à salir pour combler l’incompétence des siennes avait eu raison de son or.
De l’or, des bras, de l’or et des bras, des mains, des doigts ; mais pas que, ce ne serait pas très pratique tout seul, quoique… où allait-elle bien trouver ça ?

Elle fut tirée de ses rêveries par une quinte de toux aiguisée qui vint lui percer le plexus. Après quelques efforts, elle parvient à se redresser contre le rebord de la banquette. Elle s’essuya à l’aide de son mouchoir, qui revient de ses lèvres, moucheté d’un sang épais et sombre à l’odeur nauséabonde.
Il fallait faire vite. Le temps était compté. Elle commençait à les revoir, à les entendre, et leurs murmures se muaient en cris.

Sa seule piste reposait non loin des cadavres pendus au vieux chêne de la place des supplices : une bâtisse au crépi délabré, théâtre d’étranges scènes impliquant un tenancier des plus inhabituel, un beau parleur à la patte folle, un masqué au bras de fer ainsi qu’une femme à l’épée sifflante.

Qu’avait-elle de plus à perdre ?

Elle ferma enfin l’œil, puisse-t-elle trouver le sommeil une heure ou deux avant que les esprits ne reviennent la tourmenter et qu’elle ne trouve le réconfort dans un énième café amer dont le marc lui contera bien des histoires.

Bonjour, bonsoir, comme on se retrouve  !

J’espère que ça vous a plu et que je ne vous ai pas trop manqué.

Quelques petits mots concernant  la madame derrière son clavier :
Certains ici m’ont connue il y a de cela quelques années avec le personnage d’Ambre de Shaelara, puis d’Armand Dupain. Je reviens à la charge après une ellipse de 2 ans (peut-être même un peu plus) et ce avec l’aide de Kucci et ses relances incessantes qui m’ont motivée à créer un nouveau personnage et entamer cette candidature (qui je l’avoue m’a prise un peu de temps).
Le rp outre le fait d’être une activité que j’apprécie tout particulièrement a été aussi pour moi un moyen de me découvrir, autant sur l’aspect psychologique que sur le plan du genre, et je suis aujourd’hui heureuse de porter le prénom d’ Ambre au quotidien comme dans le contexte professionnel (c’était la petite séquence émotion, merci).

Concernant le personnage de Liliana, je ne voulais pas plus rentrer dans les détails comme il ne s’agissait que d’une candidature. Les limites du personnage et de ses capacités sont cependant bien fixées et je compte spécifier tout ça à l’écrit à l’avenir (dans la fiche perso / en cours de rp etc).

Voilà voilà, je pense avoir fait le tour. Je reste à disposition pour vos retours et je vous souhaite une bonne soirée / journée !

Bonjour Ambre,

Il y a beaucoup de choses à dire sur ta candidature car comme tu le soulignes, c'est ta troisième tentative auprès de la Main du Valet Noir. Je vais découper ma réponse entre RP et HRP.

Ta candidature est sans conteste d'une très grande qualité. Le personnage est réellement réfléchi, on sent que tu as passé du temps et mis du coeur à le faire vivre. On sent que tu t'es penchée sur sa psychologie, les enjeux qui l'entourent et la raison qui le pousserait à rejoindre notre Main.

Je dois avouer avoir tiqué sur quelques erreurs de français, rien de rédhibitoire évidemment, mais je le signale pour la forme. Dans l'ensemble, c'est très agréable dans le style et le niveau de langue est élevé (pour peu que ça soit un critère important...).

J'attire l'attention sur la très très bonne initiative que tu prends de mettre ta candidature en musique. Le morceau choisie inclut même des éléments reprenant les sons censés provenir du récit (cliquetis dans la caravane). Je le mentionne aussi car tu m'en as parlé en privé : tu as pris le temps de créer une playlist pour planter le thème de ton personnage et c'est très appréciable, à titre personnel je l'ai beaucoup aimée. Tu aurais pu la proposer aussi ici (EDIT : tu l'as mis, my bad xd)

Un petit point me parait un peu dommage : nous avons réalisé en jeu une quête introduisant ton personnage, dans laquelle il est mis à l'épreuve par Kucci et où il y a des choses à raconter. J'aurais aimé que ça figure dans ta candidature et j'aimerais que, si tu veux nous rejoindre, tu rajoutes ne serait-ce que quelques lignes à ce sujet. Ça constituerait pour moi ton lien avec la Main, qui est déjà établi. Je chipote un peu car ton lien est bien sous-entendu dans la candidature : elle se dirige vers la place des supplices pour y trouver une potentielle aide quant à son problème : elle est mourante. En soi, ton texte remplit donc ce critère mais je trouve que ça aurait été encore mieux si tu avais été plus loin. C'est cependant un choix sûrement volontaire de ta part et qui peut se défendre.

Côté équilibrage, on ne risque pas de te reprocher que ton personnage soit trop fort. On sait qu'il a un potentiel pouvoir très très puissant, mais comme dit plus haut, elle est si faible que ça la rend très vulnérable. J'aurais presque tendance à dire que le personnage est trop faible en un sens, mais ça s'assume et ça se joue très bien, sans entraver le RP des autres joueurs, donc ce n'est pas problématique.

Reprenons. Tu as fait partie de la Main du Valet Noir par deux fois dans le passé. Tes deux personnages étaient très intéressants, très bien écrits (je dirais même mieux : du 1e au 3e, la qualité d'écriture et tes capacités d'immersion se sont grandement améliorées, et on ne partait pas de loin pourtant), donc on sait tous que tu as un très grand potentiel, et des vraies grandes qualités recherchées chez les rôlistes.

Tu en as, malheureusement, également un des plus grands défauts très commun. Je parle ici de ta motivation. Très grande de prime abord mais très aléatoire par la suite, et si tu as un goût indéniable pour les choses bien faites, on peut dire que tu as le fameux défaut redouté de tous les recruteurs : tu es perfectionniste. Ça, et une certaine démotivation dont tu as fait montre par le passé, t'ont rendue totalement inactive dans la guilde.

Maintenant que tout ça est posé, je vais expliquer pourquoi ma conclusion est opposée à celle que peut avoir Arlène.

Premièrement, je sais que tout rôliste (moi le premier, oh oui), a des périodes de démotivation et que c'est une activité, surtout sur Dofus, qui demande une implication très exigeante donc je suis assez à l'aise avec l'idée qu'un.e joueur.euse soit démuni.e par moments. C'est arrivé à chacun d'entre nous et ça ré-arrivera. C'est normal. On ajoute à ça d'éventuelles contraintes IRL, et ça fait des longues absences. Et c'est totalement OK pour moi, sûrement aussi pour ma VDD d'ailleurs.

Deuxièmement, je suis peu rancunier vis-à-vis de comportements passés qui ont pu être désagréables. Ça s'explique aussi avec ton IRL qui, tu le confesses, a connu des rebondissements. Je ne vais pas m'étendre là-dessus. Si tu reviens vers nous avec une volonté honnête de bien faire, ça me va. J'ai de vagues souvenirs de ton dernier départ et assez peu envie de me replonger dans d’éventuelles discordes sur Discord (lol) donc on va assumer le point d'Arlène : j'ai la mémoire courte, pour le meilleur et pour le pire !

Enfin, je ne suis pas catégorique sur la notion de "2e" chance. Tout dépend de toi, de ton envie, ton ambition, et de la tolérance que chacun a. C'est vrai que tu as quitté la Main par deux fois, donc c'est normal de se poser des questions quand tu te présentes à nouveau. Dans mon cas, je crois que les conditions sont réunies.

En résumé, ta candidature est de très bonne qualité. Il y a cependant un passif entre toi et la guilde, que je n'estime personnellement pas incompatible avec ton intégration. C'est en revanche à toi de le montrer. J'attends de toi que tu sois présente et motivée, et en cas d'absence ou de démotivation temporaire, j'attends que tu communiques clairement et sereinement sur le sujet.

Pour toutes ces raisons et parce que je crois que tu es capable de créer de nouvelles expériences dans la bonne humeur, je suis pour ta réintégration dans la guilde.