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Message par Lulablu 25.11.21 15:21

Cette fois-ci, jouer la mignonne n’avait pas suffit. Le type à la diligence reste campé sur ses positions et son ton ne laisse aucune place à la négociation : un aller simple pour les Landes, c’est 200 kamas, point barre. Sinon, elle pouvait très bien contourner la Forêt Sombre jusqu’au Haut des Hurlements à pattes comme une grande fille, si ça lui chante. Mieux encore, qu’elle aille donc payer le triple à la ville pour un passage par le Zaap ! Ah !

Ses grands yeux verts et son visage de poupée n’y changeraient plus rien.

L’argent devenait une problématique de plus en plus ancrée dans le quotidien de la vagabonde et ces allers-retours entre Astrub et son chez-elle lui avaient valu de griller toutes ses cartes « aidez-moi, je suis perdue... », même auprès des plus charitables.

29ème jour d’abandon de ceux qui avaient constitué son univers pour un temps qu’elle ne saurait quantifier, mais qui, à l’échelle de sa mémoire, équivalait à « toujours ». Quand les portes qui ne s’étaient jamais ouvertes étaient restées béantes et que les tubes de lumières bleues à la place des gonds s’étaient éteints, elle ne s’était pas précipitée vers l’inconnu en sautant de joie.

Pétrifiée, Lulablu s’était immobilisée et interrogée quant à la possibilité d’avoir fait une bêtise.

Jamais elle n’avait regretté son quotidien entre ces murs, celui-là même rythmé par les visites de deux hommes habillés d’une éternelle robe bleue, l’écusson d’un œil cousu à l’épaule. Elle avait été fidèle et docile, remplissant ses tâches chaque jour sans broncher. Mieux encore, elle avait apprécié leur attention. Ils avaient veillé sur sa bonne santé, sur son hygiène, son alimentation… ils l’avaient armée. Entraînée.

Entraînée ?

Pourquoi ? Oh euh, et … Oui !


Ils lui avaient raconté des histoires fabuleuses sur l’extérieur et lui avaient demandé d’en restituer le récit d’une semaine à l’autre… C’est que, ils disaient qu’elle devait exercer sa mémoire. Mais pour la jeune captive bête et heureuse qu’elle était, ces moments étaient avant tout un coup d’œil enchanteur sur le monde, un moment passé à trois sur le tapis, des rires et des chamaille-… […]

Elle tombe à genoux et hurle en se prenant la tête, les yeux exorbités. Une dragodinde se cabre et le conducteur attrape sa sangle en panique pour rabattre ses pattes avant sur la terre ferme.

«  Allons, mais qu’est-ce qu’elle a cette fille ?! Oh ! Oh mademoiselle pourquoi que vous criez de la sorte ?! »

Pourquoi ?!

Et alors quoi, rien de tout ça n’avait compté ?! Où étaient-ils partis ! Où ! Pourquoi ?! N’avait-elle pas été irréprochable ?! N’avaient-ils pas répété qu’elle serait bientôt prête ?! Et maintenant … SEULE ! SEULE !


Son dos se secoue de spasmes et elle part dans un fou rire entrecoupé de sanglots effrayants. Quand elle parvient à reprendre sa respiration, sa voix est si plate, si épuisée.

« Je m’appelle Lulablu, s’il vous plaît je dois retourner sous terre, j’ai laissé un mot près du comptoir, peut-être qu’ils vont revenir me voir, maintenant... »

Mais cette hystérie soudaine avait vite fait de clôturer les négociations. L’apeuré, qui ne souhaitait pas avoir d’ennuis, était déjà monté à bord de son véhicule sans lui laisser le temps de terminer sa phrase. Un coup de fouet plus tard et les bêtes se mettaient au galop.

Lulablu serre les dents et ses ongles s’enfoncent douloureusement dans la paume de ses mains. Ses grands yeux embués restent fixés sur la carriole qui s’éloigne, imperturbable.

L'abandon...

Elle pourrait le tuer, elle le sait. Comme une intuition venue d’ailleurs, un écho d’une vie dont elle n’était déjà plus certaine. Elle le ferait, s’ils le lui demandaient. Elle n’hésiterait pas. Peut-être même qu’elle aimerait ça ?

Et des images reviennent sous forme de couleurs et de chuchotements, comme s'ils répondaient à l'appel.

Leurs mains sur son corps. Les sondes sur son crâne. Prise de sang, gant de toilette, caresses déplacées, documents brûlés. Essai 201 un jour, 233 l'instant d'après.

« T’inquiète pas, elle est partie au Lépreux Chauve, on a toute la journée tranquille devant nous. On commence. Bonjour Lulablu ! »


Des espérances et des ambitions, de la fierté sur leur visag-… Non, pas de visage.
Dans leurs voix ? Pourquoi n’en était-elle pas sûre ?! Disparus du jour au lendemain sans laisser de trace. Etait-il possible qu’elle ait tout inventé ?!

Toujours effondrée au sol, elle amène promptement ses mains au niveau de sa bottine gauche pour en tirer la page d’un livre arraché et sur laquelle elle avait tracé de petits bâtons tremblotants, jour après jour. Vingt-sept, vingt-huit, vingt-neuf...

Et les larmes montent de nouveau, des larmes de soulagement. Non, elle n’était pas folle. Et alors qu’elle replie délicatement ce bout de papier pour le ranger, d’autres symboles tremblotants attirent son attention. Lulablu retourne la page et compte… vingt-sept, vingt-huit, vingt-neuf, trente… ?

Quoi… ?

- Lulablu, c’est bien vous ?

La mignonne se relève et se hâte d’essuyer ses yeux d’un revers de la manche. Le calme revient aussi vite qu’il ne lui avait échappé et elle écarte ses doutes et ses peurs dans un coin de sa tête. Elle les y tasse sans vergogne, les presse contre son crâne, les oublie jusqu’à la prochaine fois et remet cet étrange masque spectrale sur son visage.

- Oh pardon, je… je suis désolée que vous me trouviez dans cet état, mais tout va bien… !

Une disciple de sram courtois qui se veut rassurant se hâte de lui répondre de sa voix la plus douce.

- Ce n’est rien. Vous souvenez-vous ? Nous nous sommes rencontrés à Brâkmar. Vous cherchiez vos amis et vous aviez pour piste une taverne dont j’ai oublié le nom. Votre discours décousu avait fait forte impression ce soir-là, mais j’espère que vos ennuis se sont arrangés.

Il rit, sans méchanceté aucune, et reprend avec toujours plus de légèreté.

- Iode Ragnio, pour vous servir.

- Lulablu… !

Mince, ça, il le savait déjà. Elle rougit de sa bêtise mais reprend, toujours très calme.

- Pour être honnête, pas tout à fait. Je n’ai encore retrouvé personne et le seul témoignage qui irait dans le sens de mes recherches est loin d’être encourageant.

Elle faisait référence à sa rencontre avec cet homme, Adellan, accompagné de son adorable singe. La jeune femme pouvait dire qu’elle avait passé un moment convivial, elle s’était sentie écoutée et il lui avait fait à manger quand elle avait évoqué ses ressources qui s’amenuisaient à vue d’oeil. Mais quand elle avait montré son mouchoir, celui qui était brodé du même œil que ses amis disparus portaient, il ne lui avait pas laissé grand espoir sur ses chances de les retrouver. Le disciple de Zobal était resté vague, de quoi avait-il parlé ? Un accident ? Des combats ? En tout cas, ces gens avaient disparu du jour au lendemain de manière brutale.

Elle s’accrochait à la possibilité, pourtant, que tout n’était que rumeur. Qu'il n'en savait rien. Il s'était montré si évasif. C'était probablement uniquement dans le but de l'aider à passer à autre chose. Et quand Adellan lui avait conseillé de tourner la page et de vivre sa vie comme elle l’entendait, elle n’avait pas osé lui répondre qu’elle s’en sentait parfaitement incapable.

Une page vierge laissée à l’abandon trop tôt sans même le titre d’un premier chapitre pour guider ses pas, voilà ce qu’elle était. Le vestige d’une histoire enterrée et avec elle, des promesses et des possibilités dont elle n’avait aucune conscience. La tête vide et le cœur brisé, lâchée dans un monde qu’elle ne connaît qu’à travers des récits.

- J’ai laissé un mot à la Taverne, peut-être qu’ils passeront. Mais ce n’est pas la porte à côté et le trajet coûte des kamas. Je dois trouver du travail.

Cette vérité, elle l’avait acquise après une conversation avec Lydda. La iop balafrée n’avait pas mâché ses mots, elle devait se bouger le cul avant de crever la dalle. Et plutôt que d’attendre comme une âme en peine qu’on vienne la chercher, elle pouvait laisser un mot et profiter du temps gagné pour faire de l’argent.

- Et que savez-vous faire ?

« [...] très bien Lulablu, montre nous ce que tu sais faire ! »


- Je n’en suis pas certaine. Allez savoir, je suis certainement une bonne à rien.

- Je gage que vous êtes seulement troublée, mais que vous êtes une jeune personne pleine de promesses.

Il avait l’air d’en savoir plus qu’il ne le disait. Lulablu tente de se rappeler de leur rencontre à la Sombre, de leurs échanges, tout ça était déjà flou. Elle devait impérativement reprendre ses exercices… Pourquoi fallait-il que tout soit toujours tout chamboulé ? Du calme et de la concentration…

- Vous cherchiez donc à rentrer à la Sombre ? Permettez-moi de vous raccompagner, nous prendrons le Zaap. Je n’ai pas été bien attentif lors de notre rencontre et j’ai laissé une enfant partir seule et désemparée sans bouger d’une phalange. Si je vous retrouve ici, c’est que le destin me laisse une chance de me racheter. Je vous offre le Zaap, et nous reprendrons à zéro comme si de rien n’était. Cela vous convient-il ?

Il lui tend son bras osseux, la mignonne s’en saisit. Peu importent sa suspicion et ses instincts....

Lulablu déteste la solitude.
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Message par Lulablu 26.11.21 12:34

Non, non, non ! Pourquoi tu as fait ça, idiote... ooh... Pardon, pardon, je suis désolée je ...

Il ne bougeait plus, même quand elle tapotait avec insistance sa main sur le crâne brisé. La poussière soulevée par l'éboulement d'une partie du tunnel continue d'emplir ses poumons. Finalement, elle tombe à quatre pattes le front sur les côtes du macchabé, suffocante.

Les portes qui ne se fermaient plus après ne s'être jamais ouvertes ... étaient maintenant ensevelies sous la caillasse à jamais. Lulablu reste immobile.

Pourquoi est-ce qu'il m'a suivie, pourquoi est-ce qu'il a voulu s'en prendre à moi ? Il fouillait dans mes affaires ? Mais, je n'ai aucun objet de valeur. Sale menteur, faux ami, profiteur ! Haha, petite merde dégueulasse !! Enfoiré, j'espère que tu as mal ! Que tu as mal encore ! Que... Hein ? C'est pas de ma faute tout ça ! Je ne voulais... pas...

Puis elle gémit de douleur, l'adrénaline chute et elle se rappelle de ce bruit métallique annonciateur de malheurs, celui qui avait précédé l'explosion quand elle avait marché où il ne fallait pas. Lulablu soulève son haut. Ses mains tremblent encore sous le coup de l'émotion. Il faut dire qu'elle a tant serré ses doigts sur le manche de son coutelas.

Son ventre est brûlé, ce n'est pas beau à voir.

Mais la demoiselle se désintéresse bien vite de ses blessures, puisque pour l'heure elle ne peut rien y changer.

Tout est allé tellement vite.

Elle se revoit lever et baisser sa botte, encore et encore, s'y prenant à plusieurs reprises, jusqu'à entendre l'os qui se fend. Toute cette agitation n'avait pas aidé à faire retomber la poussière, mais sur le coup, il lui avait paru évident qu'il fallait qu'elle casse un bout de son crâne.

Pourquoi ... ? Oh.

Et la mignonne relève la tête, ouvre grands ses yeux et ignore les attaques des particules qui viennent se coller sur sa rétine. De grosses larmes sales roulent sous son masque mais elle rit, tousse... et rit de plus belle.

La poussière !

" Huile du Spectre de Demain. Tu casses les morceaux d'os, tu affines... Une cuillère de dernière sève... épines de cactiflore... "


Ils reviennent ! Elle est si heureuse d'entendre leur voix. Douces consignes murmurées tandis que Lulablu s'applique. Le petit mortier métallique, son carnet de recettes d'huiles empoisonnées...

" Laisse macérer tes pointes toute la nuit ... "


A ces souvenirs elle se met à opiner du chef avec tout l'entrain et l'amour dont elle est capable. Que c'est bon de les retrouver, tant pis si ce n'est pas vrai, ça l'a été ! Au moins une fois ! Au moins un moment. Où est ce carnet, probablement au milieu des livres d'histoires ? Maintenant qu'elle ne peut plus sortir, elle aura tout son temps pour les relire et se remémorer. Ce temps passé avec eux, combien de temps ?

Toujours.

Et ses mains triturent le cadavre sans qu'elle ne s'en rende compte. Lulablu murmure toute seule, alterne entre le passé, les regrets, les insultes.

" Enfile tes gants Lulablu. C'est important, tu le sais. Tu ne voudrais pas nous faire du mal ? "


Elle quitte son état de transe et s'écrie en se bouchant les oreilles.

" Non ! Jamais !! "

Le silence s'installe, elle n'entend plus que sa respiration encombrée. Pourtant, on dirait que la poussière ne voltige plus chez elle. Elle peut de nouveau distinguer les portes condamnées, ses chaises brisées, la tâche de suie sur le plancher, le cadavre de Iode Ragnio.

" Le temps passe si vite, quand je suis toute seule dans mes pensées. "

Des morceaux qui flottent et qu'elle peine à rattacher. Comment est-il possible de perdre à ce point le fil ? Elle n'a pourtant pas l'impression d'oublier, maintenant qu'elle est sortie. Chaque instant avec Adellan, les nouvelles rencontres, le mot cloué sur la poutre de la Taverne, le goût de la bière et ses bulles qui remontent, tout est là. Mais ici, avec eux, tout demeure flou et loin.

Lulablu retire ses gants et observe ses mains. Le bout de ses ongles n'est pas blanc, mais du même bleu pétillant que ses cheveux. Comme si une couche de vernis translucide était fixée. Elle gratte, non rien ne part, c'est bien son ongle. Encore des questions pour l'heure sans réponse, mais la plus urgente c'est comment sortir d'ici. Alors, elle remet ses gants et laisse tout ça de côté.

" Je suis Lulablu. "

Elle fait les cent pas, enjambe le sram.

" Je ne me souviens pas avoir un jour été plus petite ici, mais je ne me souviens pas non plus d'être un jour sortie. Je n'ai pas notion de combien de temps a passé, assez en tout cas pour qu'ils me lisent toutes les histoires rapportées. "

Elle regarde sa bibliothèque, les étagères sont pleines à craquer, peut-être cinq-cents ouvrages, principalement des contes et des légendes, un peu d'histoire, beaucoup de romans.

" Ils m'ont beaucoup appris. "

Les armes accrochées au mur, les flacons, son carnet de recettes. Une empoisonneuse en devenir. Maniement de l'arc, des flèches aux formes extravagantes qu'elle se souvient faire voler dans les airs comme personne sous les applaudissements des deux hommes... et elle se souvient de coups échangés. Parfois, ça lui semblait injuste, mais elle ne saurait dire pourquoi.

" Ce que je sais, et ça j'en suis sûre, c'est que je ne sortais jamais ! "

Réserve limitée de nourriture. Ils la lavaient, la nourrissaient, l'étudiaient... ? Non, non ils surveillaient sa santé. Par terre dans la cuisine ouverte, la dernière boîte de conserve est toujours là. Est-ce qu'elle doit l'ouvrir maintenant ? Cubes de viandes assemblées, figés dans une gélatine jaune. Son goût, son aspect, son odeur, elle les connaît par cœur.

" Ils n'ont jamais ouvert les portes. Jamais. "

Elle s'arrête net. Les portes, c'était vrai ! Jamais elles n'avaient été ouvertes. Pas même... quand eux venaient la voir. Alors, comment ? Par où passaient-ils ?! La sortie vers la grotte des Landes n'était-elle qu'une issue de secours ? Lulablu se fait tornade. Elle ouvre les placards, soulève les tapis, fait racler ses doigts sur chaque planche au sol et quand son petit couteau vient s'insérer dans ce qui semble être les délimitations d'une trappe près de la grande table, elle pousse un cri de victoire.

Aïe... Ouille... beeh mon ventre...



Elle avait rampé dans le noir au travers d'un conduit métallisé et était ressortie... dans la ville de Brâkmar. Une maison délabrée qui sentait le sang séché. Elle s'était presque attendue à tous les trouver là, ceux qui portaient l'œil sur leur épaule. Mais non, c'était vide.

Abandonné, pour changer.

Pourquoi tant de cachoteries et de passages dérobés ? Franchement, c'était se casser la tête pour pas grand-chose. L'idée d'appartenir à un projet qui se devait de rester dans le noir lui traverse l'esprit. Peut-être bien que ses meilleurs amis n'en étaient pas ? Ou alors, ils faisaient des choses dans le dos de leurs propres amis et c'est pour ça qu'elle n'avait vu que eux deux, malgré le fait qu'ils affirmaient être beaucoup ?

Mais la seconde d'après, Lulablu danse sur le vieux plancher qui craque et lève les bras en l'air, tooooute ravie. Elle avait trouvé un autre passage, et il débouchait sur une maison dans la ville ! Maintenant, elle pourrait rentrer chez elle depuis Brâkmar ! C'était si excitant, toutes ces choses à découvrir. Vite, il fallait qu'elle raconte tout ça à Adellan !

... Oh non, et le sram, qu'est-ce que je vais dire... ?

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La maison abandonnée.
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Message par Lulablu 07.12.21 8:54

Résumé des événements joués en jeu

Les portes qui ne s'ouvraient jamais s’étaient ouvertes et son faux départ bien vite avorté laissait trois cadavres dans son sillage, suivis par le fumet de la trahison.

C'est vrai, Lulablu s’était trop rapidement entourée et les mensonges et coups montés n’avaient pas tardé à pointer le bout de leur nez. Avec du recul, peut-être qu'elle pourrait dire que tout ça avait été trop beau pour durer.

Thancred s’était présenté comme l’employeur idéal au moment où la jeune femme manifestait de francs désirs de s’offrir au plus offrant – ou au plus déterminé à l’employer. Elle ne s’était montrée regardante ni sur les missions, ni sur l’argent, ravie de voir les contrats affluer avec autant de facilité.

Devant le silence de Camille au Lépreux Chauve et malgré les inquiétudes de son ami Adellan, elle s’était jetée dans les bras du bel ecaflip et de son arrangement plus que juteux. Il faut dire que cet homme avait du contact et qu’il maniait les mots comme personne. Mais ce dernier avait été heureusement trahi à temps par sa propre femme, Akraelle, trop bavarde pour le filou mais admirablement juste et franche. La journaliste engagée portait l’enfant d’une crapule sans en avoir conscience, pauvre âme.

Grâce à son indélicate intervention, Lulablu comprit que son employeur, trop porté sur les relations et avantages, avait prévu de se faire du blé auprès de Bonta en vendant des informations… ou peut-être davantage, sur ce cas de « dernier vestige de l’Ordre du Renouveau », vestige qu'il avait embauché et donc il s'était assuré l'exclusivité.

Il faut dire que l’organisation sciento-magique s’était littéralement volatilisée avec l’entièreté de ses membres, armes, installations… ainsi que la fortune colossale de la dernière Irisda. Celle-là même qui faisait des envieux à la Cour. Que laissaient-t-ils derrière tout ça ? Lulablu. Une expérience ? Une arme ? Rien en tout cas qui ne vaille la peine d’être emmené avec eux il semblerait. Pourtant, il apparait que les puissants se jetteraient volontiers sur les restes, tant qu'ils apportent des réponses... ou au moins un défouloir.

En quoi était-ce de sa faute, tout ça ? N’avait-elle pas été jetée sur le trottoir ? Est-ce qu'il s’imaginaient avoir un quelconque droit sur elle ? Sa planque, son peu de possessions, son minuscule morceau d’intimité qu’elle avait eu tant de peine à se construire… ils allaient tout lui prendre sous prétexte de devoir « mener leur enquête » et retrouver la trace de l’Ordre du Renouveau.

Les rumeurs n’avaient déjà que trop galopé dans les ruelles de la cité Blanche et Akraelle lui parlait de « témoignages devant journalistes » et de convocation à la Cour. C'était imminent.

C’est le cœur lourd mais débarrassé de quelques brins de naïveté, que Lulablu, une fois encore, recommence tout.

Et quand le chantage odieux fut mis en place et que Thancred reçut un coup à l’arrière du crâne dans une ruelle de la Sombre, derrière la Taverne d’Atolmond, pour être traîné à l’abri des regards... la jolie demoiselle aux cheveux bleus pu lui exposer un nouvel arrangement juteux.

Elle n’avait pas manqué d’imagination et même derrière ses poils bruns, elle avait vu l’homme blêmir. Comme il avait été excitant de sentir toute sa superbe se décompenser sous l’étalage de ses menaces terriblement bien ficelées.

Capable du pire, elle l’était et lui n’en doutait pas.

Thancred se hâta d’acquiescer à chacune de ses exigences… avant de vite faire jouer ses contacts.
Elle ne manquera pas au passage de lui extorquer la quasi totalité de ses économies. C’est que, ce nouveau départ était entièrement de sa faute, il lui devait bien ça.


Le soir-même, le suicide de Lulablu était médiatisé, le corps autopsié et son ancienne planque mise à sac. Bonta ne trouva rien d’intéressant à se mettre sous la dent, les fouilles ne donnèrent qu’un peu plus de matière à plaindre cette fille et à comprendre son acte désespéré. Il faudrait explorer de nouvelles pistes et tirer un trait sur ces vestiges prometteurs.

Pendant ce temps… Blu s’échappe avec Nekium jusqu’à l'île natale du forgeur de cristaux, vêtue d’une jolie robe à la mode pandalaise et de quelques fleurs blanches piquées dans ses cheveux.

Son masque spectral resterait sur son ancien lit inconfortable, que Bonta le garde et s'en fasse un souvenir. Elle n'en voulait plus.


Blu était certaine que Thancred garderait précieusement son secret et quant à sa femme, elle espérait l’avoir assez remuée pour avoir fait flancher son amour de la vérité. Sinon, d'une manière ou d'une autre, il faudrait y remédier.

La jeune femme s’installe à Pandala en toute discrétion sous la protection de la Daimya Hikomi, loin de l’influence des Cités. Elle doit encore être présentée aux esprits en bonne et due forme avant d’obtenir le droit d’ouvrir un commerce, mais ça ne saurait tarder… et elle ne manquait pas d’idées pour se relancer dans la vie active.


Cher Adellan […] je vais même ouvrir une boutique de fleurs exotiques juste à côté de mon nouveau chez moi puisque, comme tu le sais, j’ai la main verte. Je pourrai toujours proposer d’autres « produits » à certains clients, dans l’arrière-boutique. […] je n’oublie pas mes vrais amis et je t’embrasse… Blu
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