[Quête mineure] En la forêt d'ennuyeuse tristesse

En quête de nouvelles voies d'acheminement pour le Vinaigre des Quatre Voleurs après l'incendie de l'entrepôt de Madrestam, le Trèfle avait trouvé un contact susceptible d'assurer le convoyage de la marchandise directement jusqu'à Astrub, en passant par la plaine de Cania. Celui-ci avait donné rendez-vous « dans une ancienne auberge, au bord de la Voie Empierrée, l'antique route qui fut construite au temps jadis par les rois qui régnaient sur ce pays désolé. Vous ne pourrez pas louper. » Et de fait, la route qu'ils suivaient était bel et bien pavée de pierres, bien que l'herbe l'envahissait peu à peu. Puisque le voyage était long, et potentiellement périlleux à cause des brigands qui attaquaient parfois les voyageurs, un groupe assez nombreux de Doigts était parti d'Astrub.

Voilà plus d'une journée que les agents de la Main du Valet Noir avaient quitté la cité des mercenaires. Ils cheminaient lentement le long de la route qui filait droit, parfaitement rectiligne, dans le paysage monotone. Ils avaient dépassé depuis longtemps les derniers champs cultivés, les dernières fermes et les dernières prairies à Porkass quand, se détachant à l'horizon, une forêt commençait à se dessiner devant eux. Comme la route y conduisait, ils pénétrèrent peu à peu dans le sous-bois. Progressivement, la forêt s'épaississait autour d'eux, tandis que la route devenait incertaine. Rapidement, elle ne devint qu'un chemin envahi par les herbes folles où quelques pavés, de proche en proche, dépassaient de la végétation. Puis le chemin s'évanouit complètement, bien qu'il était encore possible de suivre une sente continuant tout droit.

Après un certain temps, le groupe déboucha dans une clairière. La forêt était devenue sombre et épaisse. Les arbres, entortillés dans des courbes étranges, formaient un rideau opaque. Quatre vieux chênes à l'écorce noueuse délimitaient la clairière et, piliers immenses, soutenaient la frondaison d'où ne filtrait que de faibles rais de lumière. Leurs racines épaisses filaient de tous côtés dans le sol, dessinant un entrelacs de formes inconnues. Des champignons en nombre s'étalaient partout à leurs pieds. Blancs, bruns, parfois verts sombres, certains avaient une taille prodigieuse, atteignant trois ou quatre pieds de haut, sinon plus. Alors que la journée tirait à sa fin et que l'air devenait gris, la forêt n'offrait de tout côté qu'un inquiétant voile d'ombre que ne perçait aucun chemin. Et même lorsque les voyageurs se retournaient derrière eux, ils ne voyaient plus qu'un insondable entrelacs de chênes et de frênes, d'épines et d'aubépines, et de ronces et de racines. L'air devenait dense. Les arbres paraissaient se pencher de toute leur hauteur sur le petit groupe, comme examinant, d'un air inquiétant, les intrus qui avaient troublé la solitude des lieux.

Isolés dans la pénombre, les aventuriers ne savaient plus où aller. Du fond des bois, depuis les profondeurs de la terre, se glissait un air menaçant, une présence silencieuse. Pas un oiseau ne chantait, pas une feuille ne frissonnait. Au milieu de la clairière, agrippée de racines, une stèle se dressait, recouverte de mousse.




L'aventure qui suit se déroulera sur le forum, à la suite de ce message. Chacun est permis d'y participer à son gré !

 
 
 
 
 
 
 

Lorsqu'avait été évoquée la possibilité de subir une attaque de brigands dans les plaines de Cania après que le rappel des troupes ait été battu pour escorter un convoi vital, Basilio le Bolet ne s'était pas fait prier. Sans doute espérait-il, au fond de lui, qu'ils tomberaient sur d'anciennes connaissances et que, la fortune aidant, les ennemis du jour deviendrait les alliés du lendemain.

Le petit chapeauté en avait été pour ses frais, au grand soulagement de ses coéquipiers, et il avait dû poursuivre le voyage en redoublant de vigilance, une fois l'orée de la forêt dépassée.

L'endroit ne lui disait rien qui vaille. A vrai dire, peu d'endroits pouvaient se targuer d'avoir tapé dans l'oeil du sabreur, et le Champote comptait garder les deux siens ouverts. Lorsqu'il fut proposé de dresser le camp pour la nuit, Basilio s'acquitta de sa tâche avec soin : c'était lui qui avait été désigné pour délimiter un périmètre de sécurité censé dégager a minima la portée des regards.

« Bonvillage et Siennaroth ? »

Non, de telles appellations ne lui disaient rien.

« Ça ne m'évoque rien, Monsieur Kucci ! » répondit-il à l'Ecaflip en achevant sa corvée.

Le bolet désigna les buissons qu'il avait entrepris de ratiboiser puis les ramures des arbres voisins :

« Si quelqu'un ou quelque chose devait s'approcher de notre camp par le plancher des Moogrrs, on devrait un peu mieux l'apercevoir avec ces cachettes potentielles en moins. De quoi donner le temps aux sentinelles de sonner l'alarme, guère plus. En revanche, la proximité des branches les unes par rapport aux autres rendrait facile une attaque venue des hauteurs et, ça, ça ne me plaît guère... »

- Siennaroth, village de paysans de Cania, soixante-six habitants au dernier recensement de 650. Bonvillage, ça ne me parle pas, peut-être un de ces patelins qui ont été détruits par des attaques de bworks.

Un homme masqué aux épais cheveux bouclés et cramoisis saute avec agilité de sa monture, une fière dragodinde poivre et sel du doux nom de Mascarade. Emmené pour sa connaissance du monde et venu pour son amour des voyages, Adellan avait saoulé de paroles ses compagnons tout le long du trajet, avant de finalement se taire en entrant dans la forêt noire.
Un petit singe qu'on ne présente plus fonce dans les buissons, avant de revenir la queue dressée et enroulée autour d'un petit fagot de brindilles. La petite boule de poils vient les déposer aux pieds de Thomas, ravie.

- Quelqu'un a de quoi faire un feu ? Sinon je peux tenter un peu de magie, propose le Zobal.

Le Champote renifle à cette dernière mention.

« Préservez vos forces, Monsieur Eumei. Ne les gaspillez donc pas en une tâche aussi élémentaire. La magie... Peuh ! »

D'un paquetage est bien vite extrait un briquet amadou, modèle Émariam, et, une fois le foyer construit, c'est une jolie flambée qui ne tarde pas à prendre.

Les bêtes de bât délestées de leur charge et pansées, c'est au tour des convoyeurs de s'octroyer un repos bien mérité.

L'écaflip ne se fit pas prier pour s'installer au coin du feu. Une fois sa jambe calée, inutile de lui demander de bouger.
Il resta un instant à fixer les flammes dansantes, pensif, laissant les valides s'occuper du reste.

Après un temps, il questionna son ami masqué :

- Et les petits villages comme Siennaroth, c'est sûr ? En proie aux pillages ? Accueillant, peut-être ?

Adellan aussi s'est installé, ravi de ne pas avoir à montrer ses lacunes en matière de magie. Les flammes se reflètent un instant dans ses yeux couleur de sang avant qu'il ne tourne son masque vers Kucci.

- Ces villages n’abritent pas de richesses, mais sont la proie quelquefois de bandits ou des tribus Bworks du nord. Au-dessus d'une centaine d'habitants, on peut trouver facilement des auberges, mais rarement plus. Je sais que Siennaroth n'en a pas, en tout cas.

Un grognement sourd vient interrompre le scientifique du groupe. Nullement une créature hostile, c'est bien l'estomac du gourmand gourmet qui vient réclamer son dû.

- Hum... On se partage les vivres ?

- Dommage, on aurait eu une solution pour les prochains soirs.

Alors que le vent se levait, le félidé remuait les oreilles. La pénombre lui paraissait anormalement prenante. Il se mit à fixer la cime des arbres, un peu inquiet. Dans l'optique d'une attaque, il serait parmi les premiers au tapis. Pire encore, il ne serait d'aucune utilité. Il jeta un oeil vers sa monture. Même si le groupe envisageait la suite, il les ralentirait.

- Dites, je crois que quelque chose ne va pas. Il y a quelque chose dans l'air. Je ne saurais dire quoi.

Le minet fouilla dans ses maigres affaires et en tira une dague. Celle qu'il avait depuis bientôt deux ans empruntée à une armurerie du carreau, et qu'il avait eu la chance de ne jamais utiliser.

À ce moment précis, une silhouette surgit de l'obscurité et, brandissant un bâton dans une main, roua l'Ecaflip de coups furieux.



« PAS. TOUCHE. A. MES. CHAM-PI-GNONS » répétait avec énervement le petit homme, bastonnant cruellement sa victime prostrée dans un geste de défense.

Puis, après quelques secondes comme ça, le bonhomme se redressa tout à fait et jeta un regard circulaire sur la clairière. Son regard passa brièvement sur chacun des visages des Doigts avant de s'arrêter sur le feu.

« FOUS ! » s'écria-t-il avant de s'élancer dans un bond sur le feu qu'il entreprit d'écraser frénétiquement avec ses bottes. « FOUS ! FOUS ! FOUS ! » répétait-il sans accorder la moindre attention aux voyageurs.

De petite taille, l'étrange personnage arborait une barbe hirsute, des sourcils broussailleux, un chapeau à plume jaune délavé et des habits en mauvais état qui devaient avoir des couleurs chatoyantes autrefois.

Un temps stupéfait par l'apparition de l'énergumène, le Champote entreprit de se jeter sur ce dernier, après que son comparse du Coeur ait été vigoureusement pris à partie.

Le ceinturer, le plaquer au sol, l'empêcher de nuire au groupe : tels étaient les objectifs immédiats du Bolet.

Adellan saute directement sur Kucci, affolé.

- Tu vas bien ? Il t'a fait quoi ?!

Le masqué ne se soucie plus du vieux et s'affaire à aider son acolyte félin, le redressant alors qu'il reprend à peine ses esprits et lui pansant ses blessures.

- Basilio, ne l'assomme pas, il serait bien de pouvoir l'interroger.

Le félidé n'eut pas le temps de réagir. A peine l'abruti à la longue barbe avait surgi qu'il l'avait déjà allègrement cogné. Une seconde plus tard, il s'en prenait au feu, et Kucci n'avait  rien pu faire, tout de suite aidé par son ami masqué.

- Ça va, ça va, occupons-nous de lui plutôt, râlait le minet, dont l'amour-propre avait été piqué à vif par l'altercation . Il suivait l'affolé avec des yeux plissés. Ses talents d'acteur n'avaient pas se manifester dans cette scène d'improvisation surprise, aussi il cachait mal sa colère.

Alors que le bolet s'affairait à le maîtriser, il alpaga le vieillard :

- Qu'est-ce qu'il veut, et d'où il vient ?

Le maître bolet n'eut aucun mal à maîtriser le bonhomme, qui se débattait comme il pouvait pour tenter de se libérer de son emprise. « Lâchez-moi ! Mais lâchez-moi ! répétait-il, sans répondre aux questions de Kucci. Brutes ! Brigands ! Lâchez-moi ! Bandits ! Voleurs ! Bouteurs de feux ! »

Comprenant qu'on ne tirerait rien de lui ainsi, et estimant que le vieil homme ne représentait pas une réelle menace, Basilio relâcha sa prise, tout en le surveillant avec méfiance.

L'homme se remit d'aplomb, épousseta son manteau et retira son chapeau, qu'il tapota pour lui redonner sa forme d'origine. Puis il scruta la scène, les visages qui le regardaient et, finalement, semblant s'être tout à fait calmé, déclara :

« Pardonnez-moi. Il semble que j'ai fait méprise. »

Il remit son chapeau sur sa tête nue.

« Il n'est toutefois guère sage d'allumer un feu par ici... »

Il scruta d'un air inquiet les frondaisons au-dessus d'eux, qui paraissaient tout de même moins menaçantes que quelques minutes auparavant. Puis, prenant à nouveau conscience de la présence des Doigts, il estima bon de se présenter :

« Je suis maître Courbépine, habitant de ce bois, pour vous servir. » fit-il, dans une révérence bien bas, chapeau dans une main, canne dans l'autre.

- Enchanté.

Adellan croise les bras, venant se planter devant le vieillard et le toisant du haut de son kamètre quatre-vingt-cinq. Une flamme furieuse embrase son regard, mais il entreprend de se calmer.

- Nous pourrions avoir des informations concernant cette forêt ? Et pourquoi ne pas faire de feu ?

Nanab lance son regard le plus menaçant possible à Courbépine (mais c'est peine perdue, le primate est vraiment trop mignon).

La question semblait amener une longue réponse. Après avoir réfléchi quelques instants en se tortillant la barbe, l'homme des bois débita d'une traite :

« Des informations sur cette forêt ? Il y aurait beaucoup à en dire, bien plus que nous serions sans doute en mesure de savoir, en tout cas de façon raisonnable. Probablement, voyageurs, vaudra-t-il mieux que son nom vous reste celé. Moi-même, d'ailleurs, je ne l'appelle guère par son vrai nom ; je me contente de dire « le Bois aux Champignons ». N'est-ce pas ce que c'est, après tout, un bois aux champignons ? Il n'y en a pas d'autres des lieues à la ronde, de toutes façons, et je ne m'éloigne guère d'ici, moins fréquemment encore que des étrangers ne s'y aventurent — ce qui n'arrive à peu près jamais (sauf, étrangement, ces derniers temps, ajouta-t-il à voix basse comme pour lui-même). Je peux au moins vous dire que la forêt est vieille — très vieille—, irascible et dangereuse, et que c'est la raison pour laquelle il ne faut pas y allumer de feu. Je soupçonne que votre seule présence l'agace déjà. Mais quelque chose semblait déjà la troubler depuis quelques temps... »

Il sonda à nouveau les frondaisons des arbres, comme pour vérifier son sentiment, en fronçant les sourcils d'un air préoccupé. Puis il revint aux aventuriers et son visage se rasséréna.

« Puis-je, ô nobles voyageurs, demander votre nom ? Et, si ma curiosité n'allait trop loin, connaître la raison de votre venue ici ? Je suis, après tout, l'habitant du lieu — encore ne pourrai-je prétendre que ce lieu m'appartienne ni être la seule créature vivante à y résider —, aussi pourriez-vous bien me faire cette politesse. »

Et il répéta sa révérence, comme pour inviter les étrangers à faire de même.

Le masqué jette un coup d’œil à ses camarades, mais aucun d'entre eux ne semblait disposé à prendre la parole.

- Pas la peine ne faire des manières. Je me nomme Adellan.

Point de révérence. Il tait le nom de ses collègues et son regard fait le tour de la clairière, avant de venir se fixer sur le vieillard.

- Je veux bien croire que faire du feu dérange la forêt, mais les nuits sont fraîches. Avez-vous un toit ? Nous serions mieux à faire la conversation à l'abri plutôt qu'ici. Vous pourrez nous dire plus en détail en quoi cette forêt est dangereuse.

« Les manières, maître Zobal, c'est tout de même... »

Courbépine s'interrompit soudainement. Quelque chose semblait avoir attiré son attention. Il tendit l'oreille et glapit : « Encore lui ! » Au même moment, un souffle froid, imperceptible, traversa la clairière et, en une angoisse atone, une indicible mélancolie fendit douloureusement le cœur des aventuriers. Une voix portée par le vent se glissa dans l'air, triste et spectrale, paraissant indécise, comme résorbée dans une réverbération incertaine, tandis que les mots, usés par le temps, s'écoulaient distinctement dans les esprits.




Et pourtant, c'était à peine si, une fois la parole passée, les auditeurs pouvaient se convaincre de l'avoir entendue, tant elle paraissait lointaine, voilée dans un repli du temps ou dans l'ombre du sous-bois. Cependant, la parole avait assurément produit quelque chose qui troublait ceux qui l'avaient entendue. Et puis, la sensation passa et l'air de la sylve reprit sa densité lourde et oppressante. Sans autre mot, Courbépine se tourna vers les Doigts et indiqua simplement :

« Je vais vous conduire chez moi. »

Puis, sans autre marque d'attention, il attrapa une lanterne qu'il avait laissée par terre, l'alluma et s'engouffra dans un layon, laissant à peine le temps aux voyageurs de rassembler leurs affaires. La compagnie marcha ainsi un certain temps dans l'obscurité à peine troublée par la lanterne du guide, en conservant un silence méditatif. Puis l'on déboucha dans une autre clairière, plus grande cette fois-ci, et recouverte d'une herbe tendre et généreuse. L'atmosphère paraissait d'un coup plus légère. Le chemin montait en haut d'une petite colline au sommet de laquelle se dressait un champignon gigantesque. Il s'avéra que celui-ci était percé de petites fenêtres rondes bardées de carreaux bleus, rouges et jaunes ainsi que d'une grosse porte en bois, et qu'il était doté d'une cheminée s'élançant dans les airs. Courbépine poussa la porte de son logis et, d'un geste, invita ses hôtes à y pénétrer. L'habitat était équipé du tout confort qu'un modeste fermier d'Amakna, quoi que tout de même assez aisé, ou, en tout cas, peu inquiété à compter ses sous, pouvait espérer détenir.

« Je vous en prie, installez-vous. Oh, vous pouvez suspendre vos manteaux ici... »

Rompant le silence, le maître des lieux indiquait ainsi une grande table qui trônait au milieu du séjour. Tandis que ses invités prenaient place autour de cette dernière, Courbépine s'attela à allumer un feu dans la cheminée. Faisant cela, il commenta :

« Il me semble, honorés visiteurs, que vous ne m'avez pas encore indiqué les raisons pour lesquelles vous vous êtes aventurés dans ce bois... »

L'air était bercé par le bruit d'une rivière en contrebas, du chant d'un hibou au fond des bois et du crépitement du feu dans l'âtre. L'hôte ayant terminé sa tâche, il se dirigea vers un buffet et attrapa quelques verres qu'il disposa sur un plateau.

« Bière ? Vin ? J'ai un très bon Sufokia 572 à la cave, un rouge très doux et très fruité. Ou bien, une liqueur ? Je la prépare moi-même, avec des plantes du coin... »

Si la nature de la demeure n'était pas pour déplaire au Bolet sabreur, ce dernier ne goûtait guère à la curiosité de leur hôte.

« Il ne nous appartient pas de vous révéler les raisons de notre voyage. Sachez seulement que nous nous sommes égarés en cherchant à gagner la Voie dite « Empierrée ». Sauriez-vous nous en indiquer la direction ? La localisation, peut-être ? Ou bien, au moins, comment gagner les deux localités dont nous avons lu les noms un peu plus tôt ? Comment était-ce, déjà ? Bonvillage et Sienne... Siennaroth ? »

Adellan, au sortir de la clairière, avait griffonné les paroles dont il se souvenait dans son carnet n°64 en se disant que ça lui resservirait.

- Allons-y pour la liqueur ! En vous remerciant.

Adellan avait changé de masque en entrant dans la demeure, et désormais son regard était caché alors qu'il observait le champignon géant dans tous ses coins. Nanab, lui, avait déjà couru vers la cheminée ; le singe avait bien du mal à s'habituer au climat tempéré voire glacial du continent.

- Chouette logis. se tournant vers Basilio Siennaroth, c'est bien ça. Pourriez-vous également nous parler de ce qui est venu nous souffler une chanson à l'oreille, tout à l'heure ? Visiblement, vous le connaissiez.

Le vieux avait peut-être quelque chose de précieux, aussi le Pique inspectait discrètement le mobilier plus luxueux qu'on pourrait s'y attendre du propriétaire.

 
 

 
 
 

À vrai dire, le scientifique était très curieux. Il croisa le regard de Thomas, semblant comprendre ses doutes, puis répondit à Courbépine.

- Nous devons être à notre destination le plus rapidement possible, mais je crois comprendre qu'on perdra moins de temps à vous aider qu'à chercher la sortie par nos propres moyens.

Il marqua une pause, fixant les flammes. Nabab s'était assoupi, il était vraiment adorable.
Pour finir, il conclut :

- Nous acceptons de vous aider avec cet esprit. J'ai noté ce qu'il nous a dit, on devrait commencer par chercher un sens à ces paroles pour comprendre ce qu'il attend de nous.

Il fixa ensuite Basilio, Thomas et Kucci, attendant leur accord.