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L'accompagnatrice

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Message par Yenepha 12.01.20 12:18

Et ici, tu as la salle d'eau. Tu fais comme chez toi ma grande mais demain, je vérifierai qu'il ne manque rien, hihi ! Ton ami est venu déposer des affaires à toi sur le canapé. Il est beau garçon, c'est avec lui ton rendez-vous amoureux ce soir ?

Une petite dame ailée pleine de gentillesse, un coup de chance pour Yenepha de rencontrer une cliente à elle. La retraitée n'avait pas hésité à lui laisser - le temps d'une nuit - l'étage de sa demeure, trop spacieuse aujourd'hui pour elle-seule. C'est aussi ça, le temps qui passe, des maisons vides et des cœurs brisés.

La rousse lui sourit chaleureusement mais n'offre aucune réponse à son hôte, les dames ont toutes leurs secrets. C'est en acquiesçant d'un air entendu que cette dernière se retire.

Non, elle ne sortait pas voir Kiosh ce soir.

Ce rendez-vous, c'était une routine, bien que cette fois-ci elle avait été obligée de jouer la fanfaronne avec un fantôme pour l'obtenir... ce qui était une première il faut l'admettre. Non pas que l'exercice fut désagréable, elle reconnaît même volontiers la sympathie du tenancier. Disons qu'elle avait espéré plus.

Toujours plus ...

Dehors un chacha miaule et le soir s'installe, une chorégraphie répétée, accompagnée d'un vent frais. Quelques étoiles, du noir dans les arbres et un lac silencieux. La Crâ n'est pas frileuse et elle ouvre la double-fenêtre en grand pour profiter de ce tableau d'obscurité. Elle défait les lacets de son haut avant de le laisser tomber sur le parquet refait à neuf. Quelques mouvements de hanches, sa jupe glisse et elle l'écarte du bout du pied. Finalement nue devant Astrub elle s'interroge, que trouvent-ils donc à cette Cité si paisible ?




♥ ♥ ♥



Elle passe la paume de sa main sur une bûche robuste qui se met à rougir, puis à fumer. Un feu dans la cheminée, seule source de clarté dans la chambre à coucher. Accroupie elle pose sa joue entre ses bras et s'offre un instant pour admirer les flammes. Il n'y a rien de plus beau.

Dommage, elle n'a pas tout son temps. Une douche brûlante et un coup de peigne, elle s'installe ensuite devant le grand miroir.

Yenepha est une femme tout en longueur. Un kamamètre soixante-douze, une poitrine discrète, la taille fine et des jambes interminables. Elle tresse ses longs cheveux raides et maquille d'une nuance plus sombre ses lèvres pulpeuses.

Rien sur ses yeux verts, c'est au naturel qu'ils ressortent le mieux. À peine un léger coup de mascara. Elle choisit une robe longue, décolleté profond : Aucune vulgarité pour autant, l'avantage des petits seins, ça.

Pas de talons aiguilles ce soir, monsieur n'est pas si grand. En route...



♥ ♥ ♥



- Je vous attendais, Néolyse …

Ponctuel et tiré à quatre épingles.. Son Prince Charmant, pour lequel cette nuit elle sera toute ouïe, doit avoir la cinquantaine. Quelques cheveux gris mais un regard qui ne manque pas d'éclat, à moins que ce ne soit la vue que lui offre Yenepha qui le mette dans tous ses états.

Elle prend son bras et sourit, comme s'ils se connaissaient depuis toujours. Elle est ravie de le voir, fière d'être à ses côtés, belle à faire taire les ivrognes et leur complicité est une évidence. Voilà les signes que le client doit recevoir de plein fouet. Il lui offre une rose, elle dépose un baiser au coin de ses lèvres avec le soupçon de pudeur nécessaire en guise de remerciement.


- Allons-y.
- Je vous suis Leyo.

Bien sûr, il ne regrette pas son achat onéreux.



Ce soir ils dînent tous chez Alek Sandre afin de discuter de la construction d'une auberge sur le rivage sufokien. 6 protagonistes autour d'une table trop grande où de toute évidence, on a cherché à étaler le plus d’argenterie possible sur une nappe criarde d'un goût douteux.

Leyo en gentilhomme ne manque pas de présenter la rousse à son bras... comme étant sa compagne.

- Je suis ravie d'être la bienvenue ce soir à votre table messieurs. Leyo m'a parlé de vous en des termes louangeurs. Alek Sandre, votre maison est un ravissement pour les yeux et l'âme, votre femme sera t-elle des nôtres ce soir ? Il faut que je la complimente sur le choix des tapisseries.

Il faut réviser, avant d'entrer en soirée.


Trapu, brun. Ce n'était pas une barbe qu'il avait mais une véritable fourbasse. Yenepha aurait volontiers pris le pari de trouver des poils longs comme ses doigts sur les épaules de cet homme.

- Leyo, quelle sublime créature, tu ne vas pas me faire croire que celle-ci tu as réussir à la séduire seul comme un grand !

Il attrape la main de la Crâ et y dépose un baiser gras dans un quasi bruit de succion. Elle peut sentir ses poils se hérisser sur ses bras mais en professionnelle, elle ne laisse rien paraître et semble même rougir, détournant le visage.

- Malheureusement Néolyse... Mon épouse est souffrante et a préféré se mettre tôt au lit. Bien ! Passons aux choses sérieuses ! Elle va pas se faire toute seule cette auberge !

Son moment préféré, quand elle peut se faire oublier.


Le repas est bon mais elle fait la fine bouche tandis qu'autour d'elle ça s'esclaffe, ça boit, ça mange bruyamment et surtout, ça refait le Monde de long en large. Qu'il est difficile de ne pas admirer l'engouement des bougres pour une pauvre auberge aux relents de déjà-vu. Bien entendu, elle se garde de donner son avis et vaque à ses pensées.

Quel dommage qu'ils ne dînent pas chez son client. Il est plus simple de passer le premier rendez-vous directement chez la personne si l'on souhaite se faire une réelle idée de sa fortune. S'ils ont préféré venir ici, Yenepha part du principe que cela signifie que c'est ce Alek le plus riche de la bande, mais Leyo est aussi le plus timide et n'a pas l'âme d'un hôte très divertissant. Il est encore possible qu'il cache de belles surprises.

Passer du statut d'accompagnatrice à épouse est une manœuvre qu'elle maîtrise, si toutefois le jeu en vaut la chandelle. Un second rendez-vous sera donc de mise et prions pour que cette histoire vaille le coup de s'investir.

À tout moment, elle se tient prête à reprendre le fil de la conversation en plein vol. Elle ne rate aucun regard attendri de son client et ne manque pas de les lui rendre, plus mielleux encore. Une main sur sa cuisse, une caresse sur sa main, parfois un doux baiser à la manière d'un couple qui s'aime. Les petites attentions se multiplient, il s'agit de s'assurer le second tour.


♥ ♥ ♥


Les convives ivres s'éclipsent. Dehors, Yenepha resserre son manteau de fourrure sur elle avant de souffler un fin filet de fumée. Leyo passe tendrement un bras autour de ses épaules et demande, soucieux :

- Voulez-vous que je vous raccompagne ... ?

Elle tourne son visage et plonge ses yeux dans les siens. Le froid apporte un peu de rouge à son teint de nacre et à se faire bécoter, sa bouche en est toute démaquillée. Il la trouve plus belle encore. L'esquisse d'un petit sourire aux lèvres, l'accompagnatrice hoche la tête de droit à gauche.

- Cette soirée était agréable, je regrette simplement de ne pas avoir eu le loisir de davantage apprendre à vous connaître.

- Oui .. Les affaires laissent peu de place au bon temps, il est vrai. J'ai été ravi de votre compagnie, mes amis n'ont pas manqué de vous dévorer du regard les canailles.

Oui, rien de tel qu'une belle femme à ses côtés pour remonter l'estime que peuvent nous porter nos "amis".

- J'ai eu beaucoup de chance de vous trouver à la Taverne du Lépreux Chauve ce jour-là. Que diriez-vous de ... Enfin, si cela vous convient, de passer un soir à la maison afin de prendre ... Davantage notre temps.

Il est gêné, pas Yenepha.

- Je n'osais vous le proposer... Chez vous, peut-être ?


Un dernier baiser et, la promesse d'une autre fois.
Repue, généreusement payée, il est l'heure pour la Crâ de rentrer.




Dernière édition par Yenepha le 12.02.20 17:31, édité 1 fois
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Message par Yenepha 13.01.20 13:18

Premier nom.


Que c'est bon de retrouver un chez-soi, aussi modeste soit-il. Le Havre-Sac est certes plus étroit que sa demeure ne l'était, mais ses bijoux, son or et sa garde-robe devront s'en contenter. Minutieuse, elle a rangé à sa nouvelle place jusqu'à la dernière perle de sa panoplie de bijoutière. Assise en culotte au centre d'un tapis à poils longs, des croquis éparpillés autour d'elle, Yenepha travaille sur un modèle de bijou pour bonnet inspiré par Kaleilah. Reprendre le travail est un délice.

Elle mordille le bout de sa plume, trace une courbe, épaissit le trait en fin de chemin. Elle recherche un résultat élégant, délicat. Il s'agit d'éviter d'en faire trop pour ne pas tomber dans le bijou grossier, qui serait de toute façon trop lourd à porter. La pièce doit être un plus tout en finesse apporté à la coiffe, et non une structure à part entière superposée. Le charme réside dans le détail.

Il semblerait que les choses finissent enfin par rentrer dans l'ordre.

Les nouvelles de ses hommes sont bonnes et elle a réussi à se réconcilier avec Kiosh. Les affaires peuvent reprendre, bien qu'elle ne soit toujours pas décidée à retourner s'installer à la Cité Sombre. Par prudence oui, mais il y avait aussi ce carton retrouvé mystérieusement à sa place au cours d'une visite à la Taverne du Lépreux Chauve.

Mon 2 de Cœur...


C'est sa curiosité naturelle et une recherche insatiable de nouveautés qui poussent la Crâ à ne plus se séparer de sa carte à jouer. Yenepha ne manque pas d'imagination, et s'il s'agissait d'une invitation ? Ou le salut d'un personnage mystérieux qui l'observe depuis les ombres ? Peut-être une clé qui ouvre une cave chargée de rubis ? Quoi que cela puisse être, quatre clients potentiels sont inscrits et jamais elle ne louperait l'occasion d'empocher un peu d'or.

Ce n'est pas tant le travail d'accompagnatrice qui la fait vibrer, mais plutôt la facilité de l'exercice et les possibilités – surprenantes - sur lesquelles il peut déboucher. Régulièrement mariée, Yenepha sait qu'un homme bien placé et sous contrôle peut tout autant servir au succès de son commerce qu'une bande de mercenaires gracieusement payés. Et côté rentabilité, n'en parlons pas. Un mariage est aussi une porte ouverte vers un flot de rencontres mondaines, et donc d'éventuels clients.

Il est grand temps de te bouger les fesses ma fille ...


♥ ♥ ♥


- Bonjour. Voilà l'argent.

Elle laisse ses yeux se promener sur son client peu bavard et empoche la coquette somme. Disciple d'Osamodas maigrelet, le regard fuyant et le bout des ongles rongé. Elle devine aisément qu'ils ne vont pas aller chez lui, et qu'elle ne recevra pas la moindre petite fleur.

Il me regarde à peine …

Cependant elle affiche un énième sourire, rabat une mèche rousse derrière son oreille et ouvre le dialogue d'un ton posé.

- Bonjour, souhaitez-vous que nous allions boire un verre chez Tek ? Vous me semblez un peu tendu, on peut commencer par tranquillement converser autour d'un bon vin. Apprendre à se connaître...

- Non, non ce n'est pas la peine. Prenez mon bras, on va se promener dans Astrub.

Une balade en amoureux, et pourquoi pas. La soirée est douce, le temps clément. Elle passe donc son bras au sien.

- Une idée charmante, je vous suis.



La Taverne, le fleuriste, les hotels de vente, encore la place du Zaap, de nouveau la Taverne...
Le petit tour en amoureux se change bien vite en véritable parcours du combattant et Yenepha commence à regretter le choix de ses talons hauts. Comble de la situation, son client ne lui adresse pas un mot, encore moins de l'affection. Aux aguets, il scrute chaque ruelle et ne cesse de corriger sa trajectoire. Ce petit manège ne l'amuse plus du tout.

- Vous comptez m'expliquer ?

Il grommelle, mais bien conscient que sa partenaire perd patience il se décide à parler.

- C'est ma femme. Je SAIS qu'elle me trompe, cette salope ! Elle doit être en train de se faire farcir par un pauv' type, elle va finir par sortir de sa cachette et je compte bien qu'elle me trouve en ville à votre bras. Qu'elle réalise que moi aussi, j'ai des besoins et que rien ne m'empêche de me trouver une belle fille.

Puis il accélère la cadence. Voilà un beau plan foireux et Yenepha se retient de plaisanter sur les cornes de son client – qui au passage vient de perdre à ses yeux tout intérêt. Manque de chance, voilà qu'à présent il se lance dans un monologue, la voix tremblotante.

- Je lui ai tout offert, je cède à tous ses caprices de bourgeoise, vous croyez que c'est une manière de me remercier ? Moi je crois pas, non ! Liah doit le regretter !

Crâ que ça va être long …

Il semble que sa Déesse fut prise de compassion, l'Osamodas se fige.

- Là .. Là elle est là, ils viennent vers nous ! Quoi ? C'est avec cet imbécile de Gorgio qu'elle traîne ?! Vite, embrassons-nous.


Il se plante au milieu de la rue et tend ses lèvres très peu avenantes vers la belle, dans une mimique exagérée qui n'aurait pas convaincu un idiot.

Effectivement, un couple se rapproche. Yenepha plisse les yeux et joue de sa perception d'archère pour détailler l'épouse fautive. Six rangées de fines mailles argentées à son cou, sur la dernière un beau saphyr incrusté dans un médaillon. La pierre bleutée est déclinée en cascade à ses oreilles, mise en valeur par la coupe au carré sombre de la femme.

J'imagine très bien quel beau bracelet pourrait venir compléter cette parure...

Maintenant à quelques pas, le duo s'arrête en reconnaissant le pitre figé, bouche en cul de poolay.

- Augustus... ? Mais qu'est-ce que tu fiches ici, et qui est cette femme ?!

Changement de plan. Yenepha éclate d'un rire méprisant à souhait et recule d'un pas face à son client qui bien vite est pris par la honte, décomposé. Avant qu'il ne lui rappelle son travail, l'accompagnatrice s'éloigne de son rendez-vous et se présente à Liah.

- Vous connaissez cet énergumène ? Je ne vous recommande par sa compagnie. Cet homme me donne rendez-vous pour que je lui présente mes plus belles œuvres en matière de bijoux, puis déclare que ces derniers sont finalement trop beaux et trop coûteux pour sa compagne. Et sur ce, il ose m'insulter davantage et tente de me voler un baiser en plus de mon précieux temps.

- N'importe quoi Liah ! ! Ce .. C'est qu'une prostituée ! Puis et toi d'abord qu'est-ce que tu fiches ici hein ?!

Yenepha est outrée et en reste bouche ouverte. Elle porte sa main à son cœur et en profite pour laisser en évidence une bague sublime, véritable dentelle d'or, qu'elle porte à son index.

- Comment osez-vous me traîner avec vous dans votre humiliation, je suis bijoutière monsieur... et de renommée qui plus est.

L'épouse a le regard noir. Elle ne prend pas la peine de rajouter quoique ce soit et attrape le bras de Yenepha avant de faire demi-tour et d'abandonner sur place le pauvre Augustus, ignorant ses protestations.

- Venez Madame. Mon ami à mes côtés lui n'a pas peur d'offrir ce qu'il y a de plus beau à celle qu'il convoite. Allons parler bijoux si vous le voulez bien, ce serait dommage que vous ayez perdu vous aussi votre temps par la faute de ce pingre.


Flairer la bonne opportunité et ne pas hésiter à s'engager sur de nouveaux chemins, quitte à abandonner l'ancien. C'est au bras d'une future cliente qu'elle repart, bien mieux lotie qu'elle ne l'était aux côtés de cette « affaire » sans lendemain.
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Message par Yenepha 13.01.20 17:32

Second nom.



- Comment aurais-je pu prévoir que je tomberais fou amoureux de cette Raie de Farle ?! Je fus leur risée à tous et mon travail, dénigré ! Moi ! Un illustre homme de sciences ! Est-ce que je vous ai raconté comment j'ai assemblé la queue d'un Bar Ithon à la tête d'un Bar Rikhain ?

Debout sur la table le doigt pointé en l'air, un vieillard en robe de chambre disserte d'une voix forte sur sa gloire passée, au milieu d'un salon littéralement englouti par le désordre.

Étrangement, le client avait souhaité non pas passer une soirée en sa compagnie mais bien toute la journée. Après avoir négocié son prix à la hausse, Yenepha s'était rendue dans une charmante maisonnette située non loin de la bibliothèque. Elle avait été reçue par un petit monsieur au dos courbé et aux traits sévèrement marqués par le temps. Ému aux larmes, Edgard l'avait invitée et poliment débarrassée de son manteau pour le jeter … Sur une pile monstrueuse de bouquins poussiéreux.

- Oh je ne suis pas un vieux pervers ne vous en faites pas madame, comme précisé lors de ma demande, je recherche avant tout la tendresse d'une bonne âme prête à écouter les aventures d'un vieil homme seul, depuis trop longtemps … Si longtemps.

Elle avait presque été attendrie … Jusqu'à ce qu'il commence à délirer. Des heures et des heures, la moitié d'une fesse posée sur un canapé dégoûtant, à acquiescer machinalement ou à feindre l'étonnement. Il déblatérait sur une gloire passée et des trophées reçus pour ses brillantes expériences, toutes plus inintéressantes les unes que les autres.

Les 3 premières heures elle s'était donnée à fond et était même parvenue à lâcher un petit cri d'émerveillement lorsqu'il avait hurlé le résultat d'une équation à base d'huile de mamansot et d'yeux de pichons. Puis son entrain s'était évanoui.

Qu'est-ce que je fais ici …




Il s'agite du haut de son meuble et tape du pied, elle se surprend à espérer une chute mortelle.

Parfois, elle ose une question qui relève plus de la politesse que de la curiosité, mais il répond systématiquement à côté. Elle était son public, il n'attendait d'elle que le silence et l'admiration. C'était un véritable miracle qu'elle ne soit pas déjà partie en courant... En fait non, pas vraiment.

Elle avait développé une forme de foi pour sa carte à jouer et était convaincue que si le nom de cet homme était inscrit, c'est que quelque part au milieu de ce foutoir, un bénéfice se cachait.

- Oui, il est évident que votre intellect dépasse la compréhension des pauvres gens...

Elle attrape une éprouvette coincée sous sa cuisse et retient une grimace de dégoût.

C'est collant...

- Mes petits-enfants m'envoient des sous pour que je puisse survivre mais ils ne viennent pas me rendre visite... Eux aussi ont cessé de croire en mon talent. Une fois, je grattais un coquillage lorsque l'idée m'est venue de...

- Vous êtes un homme de toute évidence encore plein de fougue, pourquoi ne pas essayer de reconquérir les foules ?

- Oh mais j'essaie, j'ai même arrêté de payer cette fécatte qui venait s'occuper du ménage pour consacrer mes kamas au développement d'une crème de jouvence à base de crabe sourimi exotique ! Je m'en mets une bonne tartine sur le visage tous les matins et regardez un peu le résultat, voilà le secret de mon immortalité !

Il pose ses mains sur ses hanches, bombe le torse et se met à rire. Puis il tousse, crache et s'assied finalement sur la table, écrasant au passage une assiette pleine de restes en sauce.

Elle se retient de lui demander d'où vient l'argent de sa visite. Ce serait gâcher une si belle immersion... Mais il devine sa pensée.

- Puis pour vous bah … disons que j'ai un petit peu grignoté les économies de ma fille. Je lui ai dis que c'était pour des relaxants très puissants.

On touche le fond.

- Et si vous effaciez cette histoire de … liaison, avec une Raie de Farle, en vous renouvelant dans un secteur autre que les fonds-marins ?

- Ah bon... Peut-être mais … Comme quoi ?

- Je ne sais pas, l'or par exemple ? Tout le monde est sensible à l'or.

- Boh euh.. Je suis pas alchimiste moi je suis scientifique !

Il quitte le meuble et vient s'asseoir à côté d'elle. D'un geste las il se gratte le dessus du crâne et une touffe de cheveux gris se décolle pour aller voleter plus loin, probablement en quête d'un avenir meilleur.

- Je connais beaucoup de personnes pourtant qui seraient... Impressionnées, si par exemple vous trouviez le moyen de...

Là, je me creuse la tête. Je suis plutôt bonne quand il s'agit d'improviser et il semblerait que le sujet le calme. Du moins, il parle beaucoup moins et c'est précisément la priorité à gérer.

- … Le moyen de créer une huile qui rendrait l'or plus brillant encore.

- Euh bah ... Beaucoup de personnes vous dites … ?

- Ah ça... Vous n'imaginez pas. Une foule potentielle d'admirateurs.


Il plonge dans une intense réflexion, si profonde que je suis tentée de prendre son pouls. Je n'ai pas envie que l'on vienne m'interroger à propos du cadavre d'un vieux le cul plein de sauce.

- Et .. Et pourquoi pas ! Oui ! Pourquoi pas une Huile Miraculeuse qui rendrait plus dorée la plus dorée des pépites !  Si je mélange des noix de cajou bien vertes, que je rajoute une essence de scaraboss doré, de l'aragonite et de la conchyoline que l'on peut retrouver dans le nacre et que j'y fusionne une matéria rouge... Oh, je dois essayer !

Il se relève comme une tornade et se dirige à belles enjambées vers son plan de travail, percutant au passage un chacha à moitié crevé qui avait réussi à se caler entre une collection de coquilles de Fantimonier et des bocaux vides.

C'est à pas de velours que la Crâ quitte sa place pour se faufiler vers la sortie.

- Bon et bien, je repasserai dans la semaine voir si votre invention avance Edgard ! Je ne manquerai pas d'apporter quelques babioles en or !

- Oui oui, fort bien, merci beaucoup très chère ! À bientôt !

Le nez dans ses parchemins, il ne l'écoute qu'à moitié. Bien entendu, Yenepha va repasser. Après tout, elle croit bien au pouvoir de son 2 de ♥.
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Message par Yenepha 14.01.20 17:44

- Bonjour Liah.

Elles s'échangent une bise bruyante, Gorgio verse un thé délicieusement aromatisé dans leurs tasses respectives puis quitte la pièce. Il sait que quand elles sont lancées sur le sujet, il peut bien disparaître et aller se faire cuire un œuf. Yenepha s'assied auprès de sa nouvelle amie dans un canapé, si moelleux, puis lui tend deux feuilles enroulées. Celle-ci les attrape et s'empresse de les ouvrir avant de laisser entendre un gloussement satisfait.

Spoiler:

- C'est exactement comme ça que je les imaginais, ils sont si beaaaux Yenepha, quand est-ce que tu pourras les faire livrer ? J'ai une soirée dans trois jours et ce serait for-mi-dable si je pouvais porter la parure.

- Ton Gorgio paye les pierres aujourd'hui, un collègue repasse dans une semaine avec tes créations prêtes et tu lui régleras le reste. Il faut que tu apprennes à préparer tes soirées plus à l'avance Liah-chérie, c'est pour ça que je te propose que l'on se revoit avant la livraison.

Elle tape des mains à la manière d'une enfant surexcitée, la bijoutière sourit poliment. Les grenats de Momistik s'écoulent à bonne allure et c'est une excellente nouvelle. Liah accepte sans même demander les prix donc naturellement, Yenepha en profite pour recalculer sa marge de bénéfices.

Elle se lève pour prendre congés.

- Je dois filer, j'ai un autre client qui m'attend.


C'est avec un très joli chèque en poche que la rousse repart. Elle promet à Gorgio au passage de vite repasser, il en est assurément ravi puisqu'il se met à blêmir sur place. Pauvre homme, mais Yenepha se félicite d'avoir su se dégoter telle cliente.

C'était un joli coup...

À présent il est temps de troquer sa kaskwette de femme d'affaire contre celle de femme fatale, puisque le prochain client n'est autre que le troisième nom.



♥ ♥ ♥



La pièce était assaillie de petites bougies allumées. Une table ravissante dans son dos et des odeurs alléchantes, promesses d'un repas mijoté avec amour. L'homme qui vient de l'inviter à entrer avait ouvert quatre boutons de sa chemise.

Au-delà de deux, c'est vraiment du mauvais goût.

Elle s'avance tout en le remerciant et lui donne son manteau. Charmante, comme à son habitude. Elle avait misé sur une toilette discrète et un beau chignon agrémenté d'une rosace d'argent.


L'espace d'un instant son regard se perd sur les petites flammes dansantes autour d'elle. Il y en a partout, les paillettes d'un magnifique brasier et il serait si simple de les aider à se retrouver, dans une étreinte chaleureuse... Puis, dans un flash, un enchaînement d'images fugaces passent sous ses yeux. Elle entend un rire qu'elle ne reconnaît pas, viennent des cris... ?

Prise d'un vertige Yenepha titube d'un pas en arrière mais un bras solide vient la soutenir. Il se plante devant elle et l'attire sans gêne contre son torse. Sa main descend dans le creux de ses reins, il susurre :

- Allons... Tout ira bien. Est-ce ma présence qui vous trouble ?

Elle s'écarte, doucement mais sûrement, puis lui sourit d'un air gêné.

- Non pardonnez-moi, tout va bien.

- Vous êtes une femme particulièrement désirable, le savez-vous ça ? Ces pommettes...


Du bout du doigt il caresse sa joue, descend son index sur ses lèvres pour les effleurer puis se penche en avant. Elle lui offre sa bouche sans se faire prier et c'est un baiser langoureux qu'elle reçoit en retour. Holaf passe sa main sous la cuisse de la Crâ et vient la remonter contre son flan, se rapproche, plus pressant.

Un homme qui de toute évidence sait ce qu'il veut néanmoins Yenepha recule à peine son visage, lui mordille doucement la lèvre inférieure et met fin tout en douceur à leur étreinte passionnée.

Il la dévore du regard, repose sagement sa jambe.

- N'avez-vous pas un plat sur le feu ?

- Ne vous en faites pas … Ma mère s'occupe de la cuisine.

À ces mots il part à l'assaut de son décolleté et y dépose quelques baisers. Elle ne réagit pas, encore sous le choc des révélations du type qui vient d'entrer dans la catégorie « louche » de manière magistrale. Peut-être un trait d'humour ?

- Votre mère … ?

- Oui, amour. Je souhaite que vous rencontriez ma mère afin que je puisse obtenir toute sa bénédiction pour le début de notre relation. C'est important pour moi.

- Mais, héhé, vous étiez sur le point de retirer ma culotte …

- Oh ne vous en faites pas, elle est aveugle.

Elle écarquille les yeux mais avant qu'elle ne puisse lui expliquer le fond de sa pensée, concernant le fait de se faire prendre à côté de sa maman aveugle, celle-ci débarque avec un beau plat de cuisses de bouftous.

- À table mes enfants !

Elle dépose le dîner tandis que le chaud wabbit - un peu glauque - attrape la main de la Crâ qui reste muette et l'attire jusqu'à sa génitrice.

- Mère, voici ma bien-aimée.

Sans une once d'hésitation elle se lance dans une véritable fouille au corps, tâtant ladite bien-aimée jusqu'à lui saisir les fesses d'une main ferme. Yenepha proteste et se dégage – Elle est bien gentille l'aveugle mais elle n'a pas payé, elle. En revanche son fils ne semble absolument pas choqué par son geste déplacé. Au contraire, il semble très enthousiaste à l'idée d'avoir son avis.

- Miam miam tout ça ! Tu feras attention mon grand, elle a des poignets si fins... Il ne faudra pas les casser lorsque tu l'attacheras.

Et là, ils éclatent de rire en chœur à s'en taper les cuisses. On pouvait apercevoir une petite larme sur la joue de la farceuse tant elle riait.

C'est le moment de me casser.

- Vos toilettes, s'il vous plaît … ?

- À l'étage ma douce, souhaitez-vous que nous y allions ensemble ?

Elle avait déjà tourné les talons en direction de l'escalier, criant un « non-non ! » en chemin.



Mieux valait battre en retraite avant que son client ne lui demande de l'appeler grand frère. Cette histoire sonnait comme les premières lignes d'un mauvais roman malsain. Il y avait des limites à sa tolérance et elle commençait déjà à regretter le vieillard scientifique de la veille.

Trois portes sur un petit pallier, elle les ouvres toutes et ne s'arrête pas sur les latrines. Yenepha partait du principe qu'elle méritait en effet une petite compensation pour atteinte à son sommeil, car il était évident qu'elle reverrait cette scène en cauchemar.

Le visage froid et les gestes méthodiques, elle passe ses mains sur le fond des tiroirs, décolle le petit miroir de la boîte à bijoux, soulève le matelas, jette un œil derrière les tableaux et finit par enfin trouver une pièce acceptable.

Un superbe Scarabée Chrysonéfritin, travaillé par une main de maître.

Elle l'empoche et regarde par la fenêtre de la chambre.

C'est un peu haut, mais ça va le faire.

Débarrassée de ses talons qu'elle fait passer avant elle, la voleuse se hisse sur le rebord tandis que des bribes de conversations lui parviennent d'en bas : « Si je l'épouse, sache que tu viendras vivre avec nous maman... »



C'est donc sans hésiter qu'elle avait sauté et peu importe que l’atterrissage soit douloureux, ça ne l'empêcherait pas de vite rentrer...
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Message par Yenepha 15.01.20 0:34

Quatrième nom.


Et arriva le dernier nom de sa carte à jouer, celui d'une femme en l’occurrence. Songeuse, la rouquine en pleine séance de soin pour le visage retourne le petit carton entre ses doigts. Elle était déjà passée par des histoires au féminin, le plus souvent aussi brèves qu'intenses. Dans ce cadre-ci en revanche c'était une première. Une femme pouvait donc aussi être amenée à payer pour une compagnie agréable ? Qu'est-ce que le 2 de ♥ lui réservait cette fois ?

Un soupir résigné, elle repose la carte et s'affaire à passer de l'eau claire sur ses joues pour y retirer la crème. Une dépressive au nez crochu ? Une paranoïaque ? Un plan à 4 avec une dragodinde et ses deux petits frères ? Elle rit de ses pensées sordides et s'exclame devant le miroir : « Cela vous dérange si mes voisins mattent par la fenêtre Madame Yenepha ? »

À vrai dire, elle hésite à planquer un petit coutelas dans sa jarretière, juste au cas où. Bien sûr elle préférerait ne pas à avoir à se salir les mains, elle n'est certainement pas à Astrub pour se faire remarquer. Dans le cas contraire, elle aurait adoré incendier la maisonnette de sa dernière visite... Mère et fils enfermés dans une armoire.

D'ailleurs, c'était quoi ces visions incompréhensibles … ?

D'un haussement d'épaules elle balaie ses questions et accuse la fatigue accumulée tout au long de sa semaine sur Astrub. Elle attrape un rouge à lèvres carmin, en l'honneur de sa dernière partenaire...




Dehors la nuit est claire mais le temps glacial, si bien qu'elle préfère mettre sa capuche et tant pis pour sa coiffure impeccable. La cliente avait absolument souhaiter rencontrer Yenepha dans la forêt. Elle lui avait indiqué un chemin à suivre mais ça n'avait jamais été son fort, l'orientation en pleine nature. À tout instant, elle s'attend à voir surgir de la broussaille une sorcière dégénérée bouffeuse de rouquines, mais non, il n'y avait que la forêt.


Réaliser quelques galipettes dans les herbes hautes, le risque de se faire surprendre... elle comprenait tout à fait les fantasmes de sa cliente mais on ne peut pas dire que ça l'arrangeait. Elle était paumée et ça ne l'amusait pas. Petit tour désespéré sur elle-même pour tenter de retrouver son chemin et, magie, un arbre qui correspondait en tout point à la description trône fièrement derrière un rideau de branches.

Elle écarte les ramifications, louvoie entre les boutures et parvient à atteindre son objectif. Imposant, sombre, une myriade de feuilles à ses pieds, son tronc était marqué d'un cœur brisé gravé dans l'écorce. Une silhouette se dégage de l'obscurité et vient à sa rencontre.

Ses cheveux étaient plus blancs que les reflets de la lune au-dessus d'elles et son sourire ravissant. Elle ne devait pas avoir plus de la vingtaine. Elle tend timidement sa main et Yenepha met un temps à comprendre avant de la lui serrer poliment.

- J'ai apporté du vin dans un panier.

- Allons donc nous asseoir ?

Elle opine du chef et part se mettre en tailleur sous leur point de rendez-vous. Quand la Crâ la rejoint, elle lui sert un verre et le lui tend. Elles trinquent en silence. Le breuvage est agréable sur la langue et c'est paisible, tout ce calme.

À contrecœur, Yenepha finit par rompre le charme, bien obligée de faire avancer l'entrevue.

- Vous aimez la forêt ?

Sa compagne se trémousse, mal à l'aise.

- En fait, je souhaitais surtout éviter d'être vue...

- Oh, et vous n'osiez pas m'inviter chez vous c'est ça ?

- Je suis mariée...


Petit moment de gêne, quelques gorgées, de nouveau le silence...


Une branche craque non loin et elles sursautent, avant de rire un peu.

- Je voudrais un baiser...

C'est assez craquant, elle doit l'admettre. Yenepha délaisse son vin et se rapproche de la jeune femme mais cette dernière l'interrompt d'une main devant sa bouche.

- Non attendez, je veux dire … Un vrai baiser, qui compte. Vous voyez ?

- ...

Et une poignée de secondes s'écoule.

Mariée très jeune à un homme qu'elle n'est pas sûre d'aimer, en quête d'un sentiment qu'elle ne pense pas avoir déjà ressenti. Elle avait l'impression de lire une histoire triste à travers ce regard égaré. Quelque part, elle souhaitait prendre cette petite chose dans ses bras pour l'emmener loin de tout.

- Tu n'es pas obligée de payer quelqu'un pour un tel baiser.

- Si, vous, vous serez discrète à ce sujet....


Derrière la peine il y avait de la détermination. Yenepha prend doucement son menton et relève son visage. Elles s'embrassent, se cherchent et se retrouvent. Les lèvres à peine entrouvertes et le souffle chaud, de moins en moins timides... C'était un très beau baiser et l'accompagnatrice ne compte plus les secondes.

Elle avait murmuré un « merci » avant de poser sa tête sur son épaule, presque soulagée. Qui l'attendait chez elle et quelles angoisses l'assaillaient à cet instant ? Presque encore une enfant, elle passe les doigts dans ses cheveux blancs et demande à voix basse :

- Et maintenant, tu souhaites peut-être que l'on discute ?

- Mais votre temps est écoulé.

- Ce n'est pas grave, on peut rester là un peu.

Inutile de le nier, c'était un beau moment, alors pourquoi y mettre un terme maintenant ? Ni l'une ni l'autre ne souhaitait rentrer, et c'est le cœur léger qu'elles se mirent à papoter.
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