[Quête mineure – Forum] Le Salon d'Oto

[Kalirr]

Cette quête se déroulera intégralement sur forum. Elle fait suite à la quête Ont-ils vu le Loup ? mais les deux sont indépendantes. Il est parfaitement possible de participer à celle-ci, même sans avoir réalisé l’autre.

Cette mission est un peu spéciale, puisqu’il n’y en a pas. Les Doigts n’ont pas d’objectif particulier. Vous êtes libres de vos actes (et de vos achats) personnels comme collectifs. N’ayant pas de but précis, la quête s’arrêtera quand tous les membres se trouvant à l’intérieur du Salon en sortiront.

Pour cette quête, Almaric et moi-même seront les « maîtres du jeu ». Bonne lecture et bonne écriture à tous ! 

Le salon se trouve dans un entrepôt à même les quais de la cité sombre. La devanture a été repeinte d’un rouge carmin mais laisse, tout de même, deviner la vétusté de l’endroit. A l’entrée, les Doigts se font offrir un plan du lieu et, après s’être acquitté des droits de passage, pénètrent dans le bâtiment.

Plan:

A l’intérieur, une masse grouillante d’individus vocifère, créant ainsi une infernale cohue. Se laissant guider par les vagues hasardeuses de la populace, les agents laissèrent le stand des Epées Damoclès derrière eux pour se diriger vers celui des Ecuries Le Clerc. Là, ils passèrent à travers des étables remplies de dragodindes d’élevages – soi-disant sélectionnées pour être plus forte ou plus endurantes – et de chars derniers cris qui ont fait les beaux jours des Le Clerc. Toujours guidé par la foule, ils passèrent à proximité d’une taverne improvisée qui occupait une place centrale. Au milieu de celle-ci, un homme aussi grand que gros servait continuellement des chopes bien vite emportées par la douzaine de serveuses qui filait à toute allure entre les tables. A peine eurent-ils le temps de contempler ce manège qu’un homme avec un porte-voix attira leur attention.
 
« Nous sommes maintenant sur le stand Dagobert, qui, comme tous les ans nous dévoile sa nouvelle collection d’armure ! Oh, ces formes, ces couleurs, que c’est original ! »
 
Ils passèrent donc devant la parcelle de Dagobert et, juste avant d’arriver au fabriquant d’armes de sièges Biensassi, il se dirigèrent sur la gauche. Là, ils furent arrêtés par deux gardes qu’un laisser-passer fit immédiatement reculer. Et ainsi, les Doigts se retrouvèrent dans les sous-sols.
 
L’endroit était calme. Un silence quasi-religieux. Ici pas de stand tape à l’œil, pas de masse informe qui déferle sur les allées. Juste des tables éclairées de quelques bougies au-dessus desquelles se tient un écriteau renseignant le nom ou la spécialité de l’exposant. Ici, on parle à voix basse, on murmure presque. On ne déambule pas dans l’allée centrale non-plus. On sait où on va, à qui on veut parler et pour s’y rendre on emprunte le chemin le plus direct. Ici, tout le monde semble se connaître mais personne ne souhaite se rencontrer.
 
Un rapide coup d’œil sur les pancartes indiqua aux Doigts la présence de sept exposants avec chacun une spécialité : assassin, espion, alchimiste, faussaire, forgeron, garde brâkmarien et pirate. 

[Instylena]

Après un bref signe de tête à ses compagnons, Instylena se dirige d'un pas assuré vers le stand de Mamie Bernart, l'alchimiste.

[Arlène Kwinzel]

L'arlequine du Pique ne savait plus où donner de la tête, on l'avait traînée dans cette salle privée alors qu'elle s'apprêtait à jacter avec le pourvoyeur de boisson et la voilà qui se retrouvait dans une assemblée dont les membres étaient triés sur le volet.

Elle avait bien tenté de tenir la jambe des deux plantons, mais les autres Doigts l'avaient rapidement traînée à leur suite. Au grand soulagement des mastards, peu enclins à tailler le bout de gras.

Lorsque l'Arlène se fraya un chemin entre les différentes tables des exposants, ses carillons tintinnabulèrent comme à l'accoutumée et elle ignora superbement les regards dérobés dont elle fut l'objet de la part des autres personnes présentes. A mojns qu'elle ne les ait tout bonnement pas remarqués ? Ou qu'elle n'en ait rien eu à faire ? Allez savoir.

Goguenarde, l'irrévérencieuse jeta son dévolu sur le stand dont le panonceau indiquait « Christine » ainsi que sur la personne qui se tenait à proximité.

« C'est une bonne situation, ça... garde brâkmarienne ? »

[Kalirr]

Instylena arriva sous le panneau indiquant la position de l'alchimiste. La table face à elle était la mieux éclairée de toutes. Deux fioles contenant un liquide aussi brillant que le soleil étaient disposées là. Sur un tabouret de bois une petite femme âgée, aux traits tirés et aux cheveux gris attendait. Voyant le trois de Trèfle arriver, elle remit son chignon en place et sourit de toutes ses dents.

« Bonjour ma jolie, dit-elle, tu viens tenir compagnie à la vieille grand-mère que je suis ? A moins que tu ne sois là pour quelques conseils ? Ou quelques achats peut-être ? »

Disant cela, elle poussa sur le devant de son étal deux fioles. La première contenait un liquide blanchâtre, presque transparent. Sur elle, un petit morceau de papier indiquait « Poison d'Art Scénique ». La seconde était plus petite et son contenu, d'un vert bwork, était peu encourageant. D'après l'écriteau, il s'agissait d'une « Potion du Loup du Nez ».

« Je vend les échantillons à bon prix et les recettes également. Tu as déjà entendu parler de mes merveilles, n'est-ce pas mon ange ? Enfin, si tu as des questions, mamie est là pour toi. »

L'alchimiste croisa, finalement, les bras et adressa un sourire plus grand encore à sa cliente potentielle.

[Scriabine]

Scriabine avait déjà vaguement entendu parler de cette foire Brâkmarienne, mais n'avait jamais eu l'occasion de s'y rendre — probablement car elle n'est pas sereine à l'idée de se rendre seule dans la cité sombre. Elle ne s'attendait cependant pas à trouver son bonheur.

En pénétrant dans les souterrains privés, l'atmosphère s'était paradoxalement alourdie, alors que les borborygmes de la foule avaient cessé. Il y avait une certaine aura qui régnait autour des quelques exposants.

La Dame de Cœur fit un rapide tour de ces derniers, afin d'en apprendre la spécialité, puis se fit une réflexion devant ce qui semblait être une faussaire. La Main manquait cruellement de matériel dans ce domaine, les sceaux contrefaits étaient difficiles à obtenir car nécessitant d'une part d'avoir accès au sceau officiel, puis d'en faire une copie minutieuse, véritable travail d'orfèvre. La Main s'était déjà privé de certaines opportunités à cause de ce manque de moyens, ou bien avait dû faire appel à des prestataires au prix fort.

Scriabine s'approcha donc de l'étalage de Taub Hira :

« Bonjour... Ainsi vous seriez gardienne des sceaux ? Nous est-il donné de contempler votre collection ? »

[Kalirr]

« C'est une bonne situation, si on sait en profiter, répondit la femme en armure à l'arlequine à grelots. Tenez, moi par exemple. J'ai toujours refusé de grimper dans les échelons. Je suis en bas de la hiérarchie, à même le plancher. Ca permet de conserver une plus grande liberté, et de profiter de l'anonymat. Elle se racla la gorge et se leva afin de se rapprocher, un peu plus, du Valet de Pique. A côté de ça, je dirige un petit clan de soldats. Rien d'officiel, bien au contraire. Vous pigez ? On nous appelle le FMI, pour Force Militaire Influençable. »

De son côté, Scriabine s'arrêta face à un petit homme. De faible corpulence, une paire de petites lunettes rondes sur les yeux, il grattait un papier à l'aide d'une plume de tofoune trempée dans l'encre. La question de la Dame de Cœur lui fit lever la tête.

« Oh, bonjour cher Madame. On m'a effectivement nommé le Gardien des Sceaux, et à juste titre. J'en ai une belle quantité, croyez-moi. Ils ne sont pas tous ici, beaucoup trop lourd et risqué à transporter. Je viens de loin, voyez-vous. D'Astrub pour être exact. Ainsi, beaucoup de mes œuvres sont des copies de notables astrubiens, même si j'en possède quelques autres. Sachez aussi que je suis en mesure de copier des signatures ou des écritures, pour peu que j'en ai un modèle représentatif. »

Disant cela, il rangea ses documents dans sa petite valise et reprit sa discussion.

« Habituellement, voilà comment je travaille. On me passe commande et si je possède déjà les échantillons ça ne coûte pas trop cher. Enfin, pas plus de cinquante mille kamas. Par contre, si je ne possède pas de quoi réaliser une copie il y a deux options. Je vous le fais pour le même prix, mais vous me fournissez le matériel dont j'ai besoin ou je me charge de tout. Mais pour cette deuxième possibilité les prix s'enflamment, naturellement. »

[Scriabine]

« Habituellement, voilà comment je travaille. On me passe commande et si je possède déjà les échantillons ça ne coûte pas trop cher. Enfin, pas plus de cinquante mille kamas. Par contre, si je ne possède pas de quoi réaliser une copie il y a deux options. Je vous le fais pour le même prix, mais vous me fournissez le matériel dont j'ai besoin ou je me charge de tout. Mais pour cette deuxième possibilité les prix s'enflamment, naturellement. »

Scriabine afficha une subtile moue de déception. Ce n'était pas réellement ce qu'elle cherchait.

Elle désirait un sceau et non un service : il est beaucoup moins risqué, et moins traçable de contrefaire soit-même un document officiel plutôt que de passer par un tiers. Elle n'avait cependant pas pour habitude d'abandonner aussi aisément une négociation. De plus, elle avait quelque chose à vérifier.

« Astrub... je vois oui, je vois très bien. Permettez ? »

Scriabine posa sensuellement sa paume sur le dos de la main de Taub Hira qui détenait une plume de tofoune, puis s'en saisit tout naturellement. Elle sortit ensuite un carnet d'une poche intérieure de sa tunique pourpre, en détacha une feuille légèrement jaunie, puis se pencha sur la table sans plier les genoux, de manière à ce que son interlocuteur interloqué puisse perdre son regard dans ce décolleté ainsi gracieusement offert. Elle se mit à écrire, puis fit glisser le papier vers Taub Hira.

« Est-ce que, de mémoire, cela serait dans vos cordes ? »


[HRP : Maître Pierre du Chêne = notaire ; Maître Jacques du Verger = avocat]

[Instylena]

"A vrai dire, je ne suis pas ici pour vos échantillons. Je doute que vous ayez ce qu'il me faut puisque je suis la seule à en avoir besoin, en revanche j'aimerai savoir où je peux me procurer des ingrédients. Si vous avez de fait autant d'échantillons, vous devez bien avoir un fournisseur ? Par ailleurs, je dois admettre que votre éclairage est plutôt intéressant, vous sauriez m'en dire plus ? "

Comprenant que le moindre renseignement lui coutera, Instylena dégagea légèrement sa cape de son épaule afin de laisser entrevoir une bourse d'apparence bien remplie qu'elle avait justement prévue pour l'occasion.

[Kalirr]

Taub Hira fut pour le moins troublé par cette vue généreuse qui s'offrait à lui. Il s'empara, encore sous l'émotion, du morceau de papier et plaça son doigt sous le premier nom.

« Du Chêne ! Je possède son sceau. Une commande qui date d'il y a quelques années. Utilisé à deux reprises. »

Le doigt glissa sous le nom suivant.

« Muil ? Ce nom ne me dit rien. Mais comme dit précédemment, si vous me fournissez les documents je peux faire le reste. »

La main descendit encore un peu.

« Ahah ! Le juge Lambert ! Je possède la panoplie complète, à savoir : sceau, signature et écriture. Utilisé trois fois, non, non ! quatre fois ! Les deux noms du dessous ne me disent rien. Quoi que... Killeen, Killeen... N'est-ce pas un propriétaire astrubien ? Une auberge ou un restaurant, je ne sais plus. Quoi qu'il en soit, je ne possède rien sur lui. »

Les yeux roulèrent vers l'autre patronyme.

« Lieutenant Le Fayault. Inconnu au bataillon, ni d'écriture ni de nom. »

La tête se pencha sur le pseudonyme du dessus. Elle mit un peu plus de temps à se relever que les fois précédentes.

« Un nom qui fut dangereux à une époque et que je ne me serai pas amusé à imiter. A l'heure actuelle la mort a dû l'emporter et je ne suis pas sûr qu'il ait laissé derrière lui des documents sur lesquels je pourrais m'appuyer. »

Il prit quelques secondes et se tourna vers les derniers mots du papier.

« Arlène Kwinzel, je ne connais pas. Quant à l'avocat, je l'ai déjà rencontré mais n'ai jamais rien copié venant de lui. »

*   *   *

Le visage de la grand-mère s'éteignit quelques secondes quand Instylena lui avoua ne pas venir pour ses potions, mais il s'illumina bien vite de son grand sourire habituel.

« Vois-tu ma petite, je fais de la route pour venir jusqu'au Salon. Je viens de Bonta, la cité Blanche ! J'habite une petite maison du quartier des alchimistes, tu connais un peu la cité ? Quand tu arrives sur l'avenue du Boitout par la rue des Moulins, eh bien j'habite là, au numéro 14 ! J'fais commerce au même endroit, d'ailleurs. Une jolie p'tite propriété que j'ai acheté pour presque rien... Mais je m'égare. Tout ça pour dire qu'en habitant dans un quartier d'alchimistes, on trouve facilement son bonheur ! Et puis tu sais, ma spécialité c'est le poison et comme j'ai l'habitude de dire : le poison c'est meilleur quand c'est maison ! »

Elle fut, d'un coup, prit d'un rire franc et sonore qui était presque gênant quant au sujet de la conversation. Elle se reprit après quelques secondes.

« Ces p'tites fioles qui brillent ? Au trois fois rien. De l'eau calme, quelques racines de charme, beaucoup de sel et un dernier ingrédient et le tour est joué ! »

Elle termina sa phrase d'un clin d'oeil et d'un regard vers la bourse qui pendait au ceinturon de la disciple d'Eniripsa. 

[Instylena]

Après un bref sourire à la mention du poison, Instylena fit mine de jeter un œil dans sa bourse, comme pour estimer ses possessions, bien qu'elle eût pris soin avant de venir d'emporter une somme précise, pour s'efforcer de ne pas trop dépenser.

"Je ne suis pas très riche, mais votre recette m'intéresse. Combien en demandez vous ?"

[Scriabine]

La Dame de Cœur simula un soupçon de déception face au « faible » choix du faussaire.

Elle s'accroupit afin d'être légèrement en-dessous du champ de vision de Taub Hira, puis se mit à chuchoter mièvrement :

« Je vois, je vois, le petit Wilson semble avoir du succès... Puisque vous semblez avoir une certaine expérience le concernant, c'est sur lui que je vais concentrer mon attention, pour l'instant. Néanmoins... »

Scriabine prit un air gêné, à en faire fondre un combattant du Ring aux Étoiles.

« Je ne peux simplement vous demander de contrefaire un de ses documents, car la situation à laquelle j'aspire exige de rédiger un texte sur l'instant... C'est pourquoi... si nous arrivions à trouver un arrangement grâce auquel vous me feriez une sorte de prêt, cela me serait d'une grande aide. »

[Kalirr]

La petite dame se remua sur son tabouret, visiblement toute heureuse d'entendre les mots de l'Eniripsa. 

« Eh bien, pour une formule aussi simple ça ne va pas chercher bien loin. C'est une des premières que j'ai apprise, vous savez. A mes début en alchimie – je n'étais que jeune apprentie – mon maître Nélon me faisais travailler sur la lumière. Une source d'étude passionnante mais qui manque de beauté je trouve. On pratique tous cet art un peu pour... Mais je m'égare. Disons que pour deux mille kamas, la recette est à vous. »

*   *   *

Le gardien des Sceaux prit quelques instants pour considérer l'idée de la jeune femme devant lui. Les doigts de sa main droite tapotait sur la table tendit que, de sa main gauche, il se grattait le menton. Soudain tout s'arrêta.

« Eh bien pour son écriture, je ne peux pas y faire grand chose. A moins que je ne sois toujours à vos côtés, ce qui paraît être une place de choix – il marqua cette phrase d'un sourire qui se voulait plaisant mais qui était, à son insu, niais. Pour la signature et le sceau, eh bien... Je n'ai jamais travaillé comme ça, mais j'imagine qu'en vous les apposant sur une page vierge, vous aurez le loisir de les utiliser comme bon vous semble. Du moins, tant que le sceau ne dois pas cacheter une lettre. Dans ce cas, il faudra revenir me voir. Cela pourrait-il vous convenir ? »

[Scriabine]

« Eh bien pour son écriture, je ne peux pas y faire grand chose. A moins que je ne sois toujours à vos côtés, ce qui paraît être une place de choix. Pour la signature et le sceau, eh bien... Je n'ai jamais travaillé comme ça, mais j'imagine qu'en vous les apposant sur une page vierge, vous aurez le loisir de les utiliser comme bon vous semble. Du moins, tant que le sceau ne dois pas cacheter une lettre. Dans ce cas, il faudra revenir me voir. Cela pourrait-il vous convenir ? »

Scriabine sourit avec un air faussement amusé.

« Vous avoir à mes côtés... voilà une idée qui ne me déplaît pas dans l'absolu... Toutefois, dans ce cas précis je ne peux m'y risquer. L'écriture et la signature ne sont pas de réels problèmes, j'ai moi-même quelques compétences — rudimentaires si on les comparait aux vôtres — dans ce domaine ; le véritable enjeu se situe dans le sceau qui devra cacheter d'urgence une lettre, et je serai dans un tel endroit que je ne pourrai vous le faire faire directement. Je suis embêtée de vous demander ainsi un service que vous n'avez point l'habitude de rendre, mais... serait-il possible que vous me louiez directement le sceau du Juge ? Je vous remettrai une caution du montant de sa valeur, cela va sans dire. Vous me rendriez un... grand service. »

[Kalirr]

Après une longue inspiration, le gardien des Sceaux poursuivit sa conversation avec la Dame de Coeur.

« Eh bien... pourquoi pas. J'imagine qu'avec une caution suffisante et qu'entre vos mains délicates, mes trésors seraient en sécurité. De plus, si cela vous est absolument nécessaire... J'accepte de vous en fournir certain. Pas tous, bien sûr mais cela peut se définir au cas par cas. Lorsque vous aurez besoin de mes services, vous pourrez m'écrire ou me trouver à cette adresse. »

Il fit glisser un morceau de papier vers Scriabine sur lequel était noté ceci :

Monsieur Taub HIRA

Gardien des Sceaux

13 place Vent d'Orme

ASTRUB

[Arlène Kwinzel]

« ... On nous appelle le FMI, pour Force Militaire Influençable. »

Sous ce déluge d'informations, l'arlequine gloussa.

« Et comment qu't'en profites, 'xactement, ma grande ? Ton influence, tu la préfères sonnante ou trébuchante ? Z'êtes nombreux, tes zigs et toi ? Ta Lili, ta Béberte et ton thé-thé, tu leur donnes quelles limites ? Z'avez l'habitude d'aller jusqu'où ? »

[Kalirr]

La femme d'armes plissa les yeux. Seul effet visible de la concentration dont elle faisait preuve pour suivre et comprendre les propos d'Arlène. 

« Nous avons pour habitude de servir le plus offrant. Autrement dit, seul le FMI fixe les prix et seul ceux qui peuvent payer ont droit aux services de la quarantaine de gardes qui le compose. Quant à nos limites, elles se mesurent en général au contenu de la bourse de celui qui nous paie. »

[Arlène Kwinzel]

L'arlquine haussa les épaules, une moue faussement boudeuse vissée sur les lèvres et s'éloigna en direction d'une autre table en lâchant un hilare :

« Tu m'en diras tant ! »

Le stand des orfèvres lui faisait de l'oeil, aussi Arlène jeta-t-elle son dévolu dessus.

« Coucou-coucou ! Qu'est-ce que ça traficote ici ? »

[Kalirr]

Un homme fin et de haute stature était adossé à une colonne de pierre qui soutenait l'édifice. Il avait des cheveux longs, raides comme la corde d'un arc et noirs. Ses yeux étaient d'un étrange reflet, semblable à l'écume laissé par la marée. En clair, tout chez cet homme était à la fois beau et mystérieux. Il esquissa un sourire de ses lèvres graciles quand la question d'Arlène pénétra ses oreilles dont la forme laissait penser qu'il était disciple de Crâ.

« Je ne vend que des anneaux, d'un geste ample de la main il montra son étale sur laquelle était disposée trois bagues. Ma confrérie regroupe des orfèvres et enchanteurs de talent. En quoi puis-je vous aider ? »

Il replaça une mèche de cheveux derrière une oreille, laissant apparaître au même moment un quatrième anneau à son doigt. Celui-ci contrastait nettement avec le personnage. Un rond de cuivre gravé de quelques écritures, voilà à quoi ressemblait cet objet.

Les trois anneaux:

[Emyn Muil]

Emyn Muil déambulait entre les étals, regardant à droite et à gauche avec curiosité. Il s'arrêta finalement devant le stand de la garde brâkmarienne :

« Malsoir ! Votre étal attise ma curiosité... Pour quelle raison la garde brâkmarienne est-elle présente ici ? »

[Arlène Kwinzel]

Les yeux de l'arlequine mutine brillèrent de convoitise devant les joyaux disposés sur le velours du présentoir, un large sourire s'étira sur son visage poudré et la curieuse ne put retenir un léger gloussement de satisfaction.

Arlène tendit un index ganté en direction des bijoux finement ciselés, désignant, tour à tour, chacun des anneaux.

« C'en fait des jolies babioles, ça, mon trésor ! Prééééééécieuses, à première vue ! Et rutilaaaaaantes, avec ça... Qu'est-ce que tu peux m'en raconter ? »

L'acrobate, les yeux écarquillés et les oreilles grandes ouvertes, s'était penchée au-dessus de l'étal pour se perdre dans les reflets des pierres taillées.

[Kalirr]

La garde fit rouler ses épaules dans un bruit métallique de plaques d'armure s'entrechoquant puis considéra la question du petit homme face à elle.

« Malsoir... Eh bien, je ne représente pas la garde brâkmarienne. Enfin, pas officiellement. J'suis là pour offrir les services de la Force Militaire Influençable. C'est un groupe de gars que j'dirige. Tous grades à Brâkmar. Et... disons que nous vendons tous les services que vous pouvez imaginer. Le prix étant le seul facteur limitant de cette histoire. »

Elle renifla, s'essuya le nez du revers de sa main et posa ses coudes sur la table en bois devant elle. 

*   *   *

L'orfèvre se décolla du pilier d'un mouvement souple, fit le tour de la table et se plaça à côté d'Arlène. Ainsi tout deux faisait face à la table et aux anneaux.

« Celui-ci, commença-t-il en montrant l'anneau or et bleu du doigt, est d'or et serti d'un saphir. Mais vous l'aurez compris, la plupart de mes œuvres sont non-seulement belles mais aussi enchantées. Grâce à cette anneau, vous pourriez survivre à de nombreux poisons et, mis à part quelques défauts d'élocution, il est presque sans défaut. »

A présent, sa main se tendit vers celui or et rouge.

« Celui-là est d'or et de rubis. C'est un anneau protecteur qui vous immunise aux malédictions. C'est assez circonstanciel mais il a eu son utilité. »

Il arriva en direction du dernier bijou.

« Ah... un anneau d'argent et de diamant. Une pure beauté. Son enchantement vous permet de communiquer par la pensée avec une personne, à la condition de posséder trois de ses cheveux. Mis à part qu'il ne fonctionne pas avec les personnes chauves, son enchantement possède quelques défauts. Celui qui passe l'anneau à son doigt devient aveugle à tous ce qui se passe autour de lui et celui qui est "contacté" est attend de surdité et n'entendra que la voix du porteur d'anneau. Tout ceci n'est que temporaire, bien sûr. »

[Emyn Muil]

« Ah, c'est donc ça ! Je me disais aussi... Intéressant. Et vos activités ne posent pas problème, quant au fait que vous servez également dans la garde de la cité ? »

[Kalirr]

« Bof... vous savez, continua la femme en armure, il suffit d'agir discrètement, de déposer des bourses dans les bonnes mains ou de faire taire les mauvaises personnes. J'dis pas qu'on n'a jamais eu de soucis mais depuis qu'on gagne en nombre et en ancienneté tout va pour le mieux. 'Pis on connait les rouages. La ville, la politique locale, tout ça. »

Elle marqua un temps d'arrêt. Regarda à gauche, puis à droite et, comme montée sur un ressort, sa tête revint droit sur le disciple de Xelor.

« Nos services vous intéressent ? » 

[Emyn Muil]

« Hum... Disons que ce n'est pas exclu, oui. Je vous contacterai au besoin ! Je peux vous écrire ou vous trouver à une adresse particulière ? »

[Kalirr]

Un mouvement de tête approximatif indiqua à Emyn qu'il y avait bien une adresse. Le garde se saisit d'un petit carnet duquel elle arracha grossièrement un morceau de papier. Attrapant un fusain, soigneusement aiguisé, elle écrivit l'adresse et la donna au Roi de Cœur. 

Impasse Muraille

Quartier des Pêcheurs

BRÂKMAR

Maison au fond à gauche, entrez sans frapper.

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