Lydda

Assise sur l’un des quais de Damerel, une disciple de Iop se laisse distraire par la couleur changeante des vagues crépusculaires qui viennent lécher les potons de bois. Cela fait bien une heure que la douce est immobile, bercée par les chants des oiseaux, le bruit de la houle et la cacophonie habituelle du port.

En effet, depuis quelques mois, l’activité portuaire s’était décuplée, et cela, principalement grâce à la fin de la guerre qui opposait la cité de Damerel à ses deux cités voisines. Les trois villes s’étaient livré une joute sans merci pendant presque 12 ans pour une connerie de descendance mal gérée. C’est seulement en Octolliard 650, avec la célèbre bataille des trois commandants que les douze ans de souffrance prirent fin. Le souverain de Damerel s’autoproclama alors empereur, et sa ville phagocyta rapidement la population des deux bourgades voisines.
La politique interne s’est logiquement densifiée et complexifiée et de nouveaux acteurs émergèrent rapidement.

Lydda soupire en repensant à ce moment. La guerre avait été cruelle et invivable, elle lui avait laissé des séquelles psychologiques, comme une paranoïa quasi-constante, et aussi physique comme ses trois doigts coupés lors d'une bataille par une épée émoussée, ou encore cette grande balafre séparant son visage en deux, qui, en plus de lui procurer des difficultés pour manger, la rendait, la pauvre, pas bien jolie à regarder. Mais pendant cette seule année pacifique, elle avait découvert à quel point le pouvoir et l’ambition pourrissaient les gens.
Son commandant et ami en avait fait les frais, il en avait perdu la tête, au sens figuré d’abord puis au propre… Le commandant Warea avait voulu monter les échelons trop vite, et s’était trouvé sans tête après avoir dépucelé la petite fille du souverain. Il avait pourtant bien commencé son ascension : avec cette victoire sur les deux autres commandants, il était devenu le favori du peuple, et avait gagné le coeur de la princesse.

Lydda, elle, exécutait les ordres de son commandant. Empoisonner tel homme, poignarder telle femme, faire disparaitre tel gosse… Enfin, il ne fallait pas que ce soit trop compliqué... Avec elle, pas de témoin, aussi important soit-il. Chaque mission se terminait en massacre. C’était son quotidien. Et cela fonctionnait bien, quelques jours avant de se retrouver guillotiné, Warea venait d’être anobli! Avec lui, la pyramide sociale ne semblait même pas exister!
En effet, il y a deux ans, le souverain de Damerel avait acheté les services du commandant, et devant les résultats impressionnants de sa brigade, il les avait tous fait chevalier. Lydda, Warea et tous leurs amis devirent alors les chienchiens du roi, une position qui dérangeait beaucoup le chef qui rêvait de plus.
Mais bon… s'il avait pensé avec son cerveau plutôt qu’avec son entrejambe, il aurait pu enfin jouir de la position qu’il avait tant convoité et monter l’échelle sociale, en abandonnant son rôle de clebs pour devenir un flagorneur sans dignité…

Lydda, elle, ça ne la dérangeait pas vraiment d’être le chienchien de sa majesté. Elle exécutait les ordres de son commandant, sans broncher, et sans même réfléchir à leur impact. Plusieurs fois d'ailleurs Warea dut justifier des massacres irréfléchis auprès du roi. Beaucoup à la cour pensait qu’elle se serait suicidée si son chef lui avait demandé. Elle n’éprouvait pourtant aucun sentiment amoureux envers cet homme, simplement un profond respect. Il avait besoin d’elle, lui faisait savoir, et cela suffisait à la disciple du Grand Batailleur.
De plus c’était un combattant et un stratège hors pair, un de ceux qui l’avaient vaincu en combat singulier. Elle apprenait beaucoup de lui, que ce soit en combat et en technique militaire. Une idée qui paraissait folle dans la tête d’un douzien était une idée normale chez cet homme. Et lorsque les Tifoux blancs suivaient ses folies, ils étaient assurés d’assister à des moments historiques, qu’ils soient positifs ou négatifs.
La bataille des trois commandants était l’une de ces folies, une bataille que tout le monde croyait perdue, mais c’était sans compter sur le génie de Warea. À trois cents contre sept cents, les guerriers de Damerel avaient remporté la victoire, à un prix sévère, certes, mais c’était une victoire définitive qui offrit la paix au peuple.


Après la mort du commandant, ce fut le vide, un vide béant. Elle vivait le genre de moment où l’on s’interroge sur ses rêves, ses ambitions… Pauvre petite, elle n’avait ni l’un ni l’autre. Depuis qu’elle avait rejoint la brigade du Tifoux blanc, il y a 5 ans, elle ne s’était jamais posé la question. Elle décida alors de se trouver un but pour occuper sa vie.
Mais c’était plus dur qu’il ne le paraissait que de trouver un nouveau but… Elle abandonna rapidement et offrit ses services au plus offrants. Empoisonner tel homme, poignarder telle femme, faire disparaitre tel gosse… Enfin, toujours des missions avec peu de jugeote, bien sûr... Son nouveau commanditaire était bien moins charismatique et intéressant que Warea. En plus, il n’avait aucune habilité sur le champs de bataille, c’était juste un homme bien né avec une ambition démesuré.


Puis vint le jour où elle dut tuer l’un de ses collègues de travail, un autre mercenaire que le nobliau employait. C’est sûr, pendant ses missions, Lydda découvrait les bas fonds de la politique, et en même temps, elle découvrait à quel point certains êtres étaient pourris. Ce gars là était surement trop curieux…
Mais en réfléchissant un peu, Lydda comprit vite qu’elle serait bientôt la prochaine sur la liste. Lors de ses dernières missions, la douce était confronté à des secrets de plus en plus sordides. Elle décida alors de fuir, de quitter cette île pour rejoindre Terra Amakna, et pour cela, elle avait déjà des contacts.

Lydda avait convoqué Olgah, une contrebandière gérant un navire fantôme pour pouvoir fuir. Olgah avait l’habitude de faire passer des vivres introuvables sur l’île Keser et de les vendre à un prix d’or. Elle semblait aussi s’intéresser de près à la politique locale et était toujours au courant des dernières nouvelles sur l’île, même lorsqu’elle venait d’amarrer. Les deux femmes étaient en contact depuis un moment, puisque le commanditaire de la disciple du Grand Guerrier adorait les mets de la contrebandière.


Il est dix heures passé lorsque l’épéiste voit le bateau s’approcher du bord. Et presque onze heures lorsque le bateau lève l’ancre direction les Landes de Sidimote. C’est entourée d’un chafer muet surexcité et d’un spectre pleurnichant que la soldate fit le trajet dans la cale. Quelques heures avant l’arrivée, elle fut cependant rejointe par la contrebandière.


« Qu’est ce que tu vas faire une fois à Amakna ? Tu vas t’engager ? Te trouver un mari beau gosse et riche et te marier ?
— Aucune idée… Je vais me laisser porter ! »
La contrebandière semble surprise.
« Tu veux dire que tut pars sans objectifs ? Tu te débarrasses de ta vie précédente comme ça ?
— C’est ça, oui, tu sais je ne sais pas si je suis douée pour quelque chose d’autre que ce que je faisais à Keser. »
La guerrière regarde la capitaine, elle lui sourit, c’est un sourire sincère, Lydda le sait. Elle se trouve dans un navire glauque avec deux chafers, un spectre et une fille qu’elle connait à peine, et pourtant, elle s’y sent bien. Pour la première fois depuis deux ans elle quitte une ville qu’elle a vu se décomposer et pourrir, une cité si belle, si lumineuse d’extérieur, et si putride à l’intérieur, l’exact opposé de ce navire en fait…

« Tu sais, si jamais tu n’as rien à faire, j’ai peut être quelque chose pour toi… »



Hello ! Quelques jours après Kalirr, moi aussi je poste... C'est culotté quand même.
Mon emploi du temps et ma nouvelle vie étant plus stable, je reviens, en vous proposant du tout nouveau contenu tout frais. J'ai hâte de re-découvrir cette toute nouvelle main ;)
Comme vous avez pu le lire, cette candidature permet aussi de réintroduire Olgah après cette pause. Ce sera l'occasion à terme de jouer les deux personnages.
Merci pour la lecture et pour vos futurs avis !

L'euphorie de savoir que la Main te retrouve mise à part, via Olgah et cette Lydda, les qualités de ta guerrière ne manqueraient-elles pas d'un ou plusieurs contrepoids ?

Guerrière quasi-invaincue, femme de main émérite, quelle peut bien être la faiblesse qui vient rééquilibrer le tableau ?

J'ai l'impression de voir le Carreau et le Pique fusionner en un seul personnage, en tout cas !

N'y aurait-il pas un souci sur le compte forum de Lydda ? Elle est déjà 4 de Pique... O_O

Merci pour ton commentaire, il est vrai qu'il fallait contrebalancer plus ce personnage. J'ai voulu en faire trop !

J'ai effectué quelques modifications pour essayer de le faire, et aussi pour casser cette quasi-invincibilité que je lui avais accordé.

Pour ce qui est de ce 4 de pique, c'est parce que j'ai récupéré le compte de Firis.

Un nouveau personnage ! Ouiii ! C'est formidable si ça te permet de rejouer Olgah en plus de cette Lydda.
Rien de particulier ne m'a fait tiquer sur cette candidature, quant aux capacités de ton personnage peut-être les préciser un peu. Mais, hé, on va pas se plaindre d'une puissante guerrière dans ces temps troublés.
Pour le lien, il est tout trouvé, pas de problèmes là-dessus.

PS Arlène : Au vue de la date d'inscription, je dirais que c'est l'ancien compte de Firis... ;)

EDIT : Ah bah, t'as déjà modifié et répondu ! Du coup, ça fait pas mal de faiblesse maintenant, non ?

Autant la paranoïa se justifie très-très bien au niveau du passif de Lydda, autant es-tu certain de vouloir jouer cela ?

Rappelle-toi Firis et son handicap tue-jeu : il ne faut pas que les faiblesses de Lydda deviennent des contraintes à ton épanouissement, hein ?

@Adellan : Oui-oui, il l'écrivait plus haut. J'ai donc modifié son rang en conséquence... ^^

J'ai pas grand-chose à ajouter, si ce n'est que je suis pour son intégration.

Merci pour vos commentaires !

C’est vrai que je n’ai pas imaginé l’impact de la paranoïa sur ig et j’ignore complètement à quel point cela impactera ma façon de jouer. Je pense essayer de jouer une paranoïa peut être légère au début et puis évoluer en fonction, afin de tester !

J’ai essayé de corriger les fautes ;)

Pour moi c'est tout bon, même si je ne juge pas nécessaires les trois doigts en moins.

Un pour sauvage apparaît.

D'accord avec Arlène sur les points qu'elle soulève, mais j'ai confiance en tes capacités à corriger d'éventuels défauts et je suis bien sûr pour que Lydda nous rejoigne !

C'est un plaisir de te voir de retour ! Je suis bien évidemment pour l'intégration de Lydda dans la Main.