Miliannah, la téméraire

Miliannah s'était "faite toute seule". Après la mort de son père, elle erra pendant quelques semaines seule en Amakna. Comme détruite. Elle regrettait son geste. Qu'allait-elle faire seule, sans famille ? Elle possédait de vrais talents d'alchimiste, et elle ne tarda pas à vivre de cette activité. Elle se tua au travail pour s'en sortir. Elle aussi, avait cette aversion pour l'alcool, et savait plus que quiconque ses ravages. Elle en buvait donc modérément, s'arrêtait parfois à la taverne du Ripate, après avoir livré des clients à Sufokia. Les gens du coin la connaissait de vue, mais son passé leur était inconnu.

Un soir, elle entendit un vieux Steamer raconter une histoire plus qu'intrigante au tavernier. "(...) alluma l’incendie dans la maisonnée entière". Brûler ? Une maison ? Miliannah sursauta. Quelqu'un était-il au courant qu'elle avait mis le feu à la maison de ses parents ? Que devait-elle faire ? Ni une, ni d'eux - et car l'alcool désinhibe -, elle harangua ce vieux Steamer. Le technomage la regarda d'un oeil torve. Une fée ; dans une taverne ; venir lui parler. Lui qui avait servi bravement toutes ces années le dieu Osamodas. Lui qui coulait ses derniers jours paisiblement, loin des tourelles tactiques. On osait venir le couper en plein Lai des Maraudeurs.

"De quoi vous parlez ?", lança la jeune fée. Le vieux Steamer manqua de s'étouffer. Le tavernier esquissa un sourire. "Continuez !". Le tacticien déglutit, puis décida contre toute attente de lui fredonner la Lai des Maraudeurs. Pour une fois, Miliannah écouta. Ses seules fréquentations étaient ses clients. Des rapports très froids et distants. Le tact n'était pas son fort. L'histoire du Valet noir lui paru familière, ou presque. Elle n'avait jamais rêvé d'or, mais la finalité avait été la même, ou presque. Un incendie, des flammes, le chaos ou presque.

Plusieurs jours, semaines, mois passèrent, et Miliannah avait tout retenu du Lai des Maraudeurs. Elle continua son travail avec acharnement, mais avec un bémol : ce Valet noir l'obnubilait. Au lieu de s'arrêter boire une pinte le soir, elle passait son temps à la bibliothèque d'Amakna, pour tenter de trouver des informations sur cette organisation occulte. Sans trop de succès. Les seules informations qu'elle obtenait venaient des différents voyageurs, venus de Bonta, Astrub ou Brakmar, alors qu'elle était une fille d'Amakna.

Elle n'avait qu'une idée en tête : rencontrer la Main et son Valet, connaître son histoire dans le détail, raconter la sienne, s'il était encore temps. Qui étaient ces "quelques braves fidèles" qui "persistaient" à le suivre loyalement ? Si elle faisait leur connaissance, peut-être son propre vécu trouverait-il écho auprès de ces aventuriers ? Eux aussi auraient certainement un tas de choses à lui apprendre. Peut-être pourrait-elle apporter son savoir-faire à ces braves. Peut-être pourrait-elle tout simplement devenir membre de la Main du Valet noir.


Pour son premier jour auprès de la Main, Miliannah reçut un ticket pour une visite privée au sein de la propriété du baron Enhpin. L'invitation, obtenue par Kalirr, était en fait une quête à accomplir. Quatre aventuriers de la Main prirent part à cette visite privée. Avec un objectif : saisir le livre des Comtes perdus de la forêt d'Amakna. Après plusieurs énigmes, le groupe réussit à s'emparer dudit bouquin. Miliannah fut d'une utilité toute relative, plutôt dépassée par les évènements lors d'énigmes trop complexes pour son niveau intellectuel.