Affaires Wabbittes - Partie 1

Si d'aventure un nocturne visiteur allait flâner le long des plages d'Astrub dans la nuit du premier ou de l'avant-dernier dimanche de chaque mois, il pourrait entr'apercevoir de drôles d'agissements. En effet, c'est à ces dates que commençaient deux fois par mois un long périple : dans la nuit noire, une charrette venait jusque sur la grève déposer plusieurs tonneaux et caisses de bouteilles. Ceux-ci passaient ici de mains, et étaient embarqués sur un petit navire à voile unique d'une vingtaine de mètres de long, guidé par quelques taciturnes gaillards. Puis le bateau gagnait le large, et se dirigeait en quelques jours jusqu'à l'île des Wabbits.

Ici, dans une crique bien abritée et difficile d'accès de terre comme de mer, la cargaison était abandonnée sur une autre grève, où d'autres mains, plus petites celles-ci, s'échinaient à transporter caisses et tonneaux dans la végétation basse pendant de longues et pénibles heures. Finalement, la cargaison arrivait presque au terme de son périple, et entrait dans des chemins secrets sous la montagne pour, enfin, être entreposée dans des caves souterraines d'une fraîche et égale température toute l'année durant.

Ce petit manège avait ainsi lieu depuis quelques mois, et profitait grandement à deux protagonistes qui s'étaient liés d'un contrat : la Main du Valet Noir et Awchibald Kodah, notable Wabbit que Kalirr avait sauvé de la faillite. Or, si tout se passait bien depuis quelques mois, d'inquiétants évènements venaient de rompre la tranquillité de ce commerce...

Les Têtes reçurent ainsi des lettres inquiètes de l'île des Wabbits. Devant réagir face au danger qui semblait se dessiner, un écriteau fut placardé dans le QG secret de la Main :


« A l'attention des agents de la Main du Valet Noir :

Notre partenaire commercial sur l'île des Wabbits, Awchibald Kodah, a quelques soucis en ce moment. Nous allons donc envoyer quelques agents sur place. Présentez-vous dès que vous le pourrez auprès de notre ami chez lui, au terrier de Moulinsawt. Il vous donnera les détails nécessaires sur place. Sachez par avance que, dans l'immédiat, il y aura deux missions à accomplir : une de récolte d'informations, et une autre de protection. Les membres du Cœur et du Carreau seront donc naturellement les plus enclins à les mener à bien, mais organisez-vous comme vous le pourrez : nous vous faisons confiance.

N'hésitez pas à consulter Emyn Muil, si vous souhaitez acquérir des potions de transformation wabbit. »

(le post précédent a été édité)

Pour cette quête, nous allons fonctionner un peu différemment des autres : elle se fera en petites étapes qui pourront être réalisées de façon individuelle ou collective par les membres de la Main. Aussi, n'hésitez pas à contacter les Têtes et Compagnons pour réaliser les nouvelles étapes. En outre, vous aurez aussi la possibilité de prendre des initiatives et décider d'agir selon votre propre idée (par exemple, décider de se rendre au marché du jeudi matin pour interroger les habitants) : nous nous adapterons en conséquence ! (il faudra juste nous prévenir en avance)

Organisez-vous entre vous pour vous répartir les tâches et les rôles, ou discuter des prochains évènements ! Ou simplement partir en mission ensemble. Pour simplifier les choses, nous résumerons les évènements qui se seront déroulés au fur et à mesure sur ce topic.

Une grande place à l'improvisation sera donc accordée pour cette quête. Elle se déroulera en jeu, sur Agride, mais aussi sur le serveur Bêta, pour profiter de thèmes d'Havre-Sac qui ne sont plus disponibles... N'oubliez pas de donner les quatre ailes de scarafeuille de chaque couleur à l'assistant d'Otomaï pour pouvoir aller sur l'île des Wabbits !

« ... Il aimerait avoir quelqu'un chez lui, pour le protéger, le temps qu'on éclaircisse l'affaire. Si tu en es, la mission est pour toi. Bien sûr, tu recevras une prime en proportion de la durée de ton séjour chez les Wabbits. » conclut Emyn Muil, une chope de Guy Nasse à la main, à Aurore Palladia au Lépreux Chauve.

L'agent du Carreau accepta la mission, le Xélor lui donna donc les derniers détails et la laissa partir, tandis qu'il prévenait par Tofu messager son arrivée à Awchibald. Aussi, dans la soirée, Aurore arriva devant la porte de Moulinsawt, et frappa. Elle s'ouvrit sur un vieux Wabbit à la peau bleue : « Ah, vous êtes Madame Auwowe Palladia je suppose ? Bienvenue au tewwiew de Moulinsawt ! Je suis Nestow, sewviteuw de mon maîtwe, pouw vous sewviw. Je vous pwie : entwez ! Mon maîtwe vous attend... »

Le majordome fit donc entrer la Steamer. Il y avait un long couloir. Le Wabbit tourna immédiatement sur sa gauche, et introduisit ainsi Aurore dans le salon où son maître, Awchibald Kodah, attendait nerveusement sur un sofa. Il se leva d'un bond et, d'une révérence, salua l'arrivante :

« Bonsoiw Madame Palladia ! Je suis wavi de faiwe votwe connaissance. Installez-vous, installez-vous ! Je vous sews quelque chose à boiwe ? »

La jeune guerrière entra en silence, regardant autour d'elle puis répondit à la politesse en s'inclinant à son tour. Elle resta debout, croisant ses bras.

< Cela ira je vous remercie. Loin de moi l'idée d'être pressée ou de vouloir vous manquer de respect mais j'avoue être très curieuse de ma tâche à accomplir auprès de vous.>

Aurore parla d'une voix calme et mesurée ne lâchant pas le maître des lieux de son regard écarlate.

Surpris par la froideur de l'invitée, Awchibald se rassit calmement.

« Twès bien. Comme vous voudwez. J'imagine qu'on vous a déjà pawlé du wevendeuw au mawché noiw qui twavaille avec nous et qui s'est fait tuew dans une aubewge ? Je soupçonne que ce meuwtwe ait été volontaiwement owchestwé contwe nous. Comme vous vous en doutez cewtainement, nos affaiwes sont gênantes pouw beaucoup de monde paw ici... Mais j'ai pu obsewvew d'autwes faits étwanges ces dewniews temps. J'ai peuw, en fait, que paw quelque moyen que ce soit, on ait pu wéussiw à wemontew la piste jusqu'ici. Depuis quelques temps, il y a de dwôles de types qui wôdent dans les enviwons. J'ai le sentiment qu'on nous épie... »

Le Wabbit hésita un instant, puis livra le fond de sa pensée :

« Pouw tout vous diwe, je me sens guèwe twès wassuwé. L'autwe soiw, j'ai entendu quelqu'un twaînew dans le jawdin, alows qu'il était sensé ne plus y avoiw pewsonne à cette heuwe. Votwe mission sewa donc plutôt simple : suwveillew discwètement les lieux la nuit. Êtwe attentif au moindwe bwuit, au moindwe mouvement, et captuwew tout individu qui tentewait de s'intwoduiwe dans Moulinsawt, ou qui sewait en twain de nous épiew. Vous pouwwez commencew dès ce soiw, si vous vous en sentez l'énewgie. Une chambwe a été mise à votwe disposition (mon majowdome, Nestow, va vous y conduiwe). Vous pouvez libwement ciwculew dans Moulinsawt, mais évitez d'en sowtiw. »

Aurore avait écouté attentivement se contentant de hocher la tête à la fin.

< Entendu. Je ferais ce qu'il faudra. Je resterais à vos côtés jusqu'à ce que je voit ou trouve quelque chose de suspect. J'aimerais avant tout examiner le jardin. Si je peux trouver quelque chose cela sera un bon départ. J'aimerais également que vous veniez, ne serait-ce que par prudence mais également dans un soucis de cohérence. Peut-être que cela vous rappellera un quelconque élément. En outre je ferais ensuite le tour de la zone avec votre compagnie il va de soit.>

« Twès bien. J'appwécie votwe initiative ! Allons donc de ce pas dans le jawdin. Suivez-moi ! »

Le Wabbit fit sortir Aurore par là-même où elle était entrée. A la lumière de la lune, qui était pleine, le jardin de Moulinsawt se dessinait devant les deux sorteurs nocturnes, qui s'avançaient de quelques mètres pour observer les lieux. Voici comment ils étaient organisés :

Moulinsawt était bâti à l'intérieur d'une des plus fameuses collines de la petite île où vivait Awchibald, et qui était au large ouest de l'Île de la Cawotte. Les lieux étaient rocailleux, et la façade nord et nord-ouest de Moulinsawt donnait directement sur de menues falaises qui avaient les pieds dans le sable et l'eau. La porte d'entrée, elle, donnait directement vers le Sud. Dans son prolongement, il y avait un petit chemin pavé qui menait jusqu'au portail d'entrée. C'est de part et d'autre du chemin que s'étendait le jardin, en légère descente vers l'Ouest, et protégé des vents par les formations rocheuses qui le cerclaient au Nord et, plus chichement, à l'Ouest. Pour le reste, un mur d'un mètre soixante de haut peuplé de lierre et de fleurs clôturait la propriété des Kodah.

A la gauche des protagonistes, un chemin passant entre des parterres rectangulaires de fleurs diverses et de plantes aux usages multiples allait vers un jardin réservé aux cawottes, dont certaines atteignaient une taille surprenante. A leur droite, il y avait une pelouse soigneusement entretenue, avec peu de fioritures si ce n'est un grand frêne et une petite fontaine en pierre blanche — la même que celle visible partout sur l'île.

Le silence était complet. Rien ne bougeait, à part les végétaux bercés par le vent. Et puis, d'un coup, un léger crissement (comme d'une pierre qui se déplace) suivi d'un brusque bruissement (comme d'un buisson sur lequel on a posé le pied) se firent entendre vers la droite. Awchibald sursauta. Aurore lui fit signe de rester silencieux, et s'avança discrètement vers l'origine du bruit.

Elle dépassa le frêne puis la fontaine. Elle avait longé la colline (où l'on pouvait voir, percées en son sein, les fenêtres du salon) orientée vers le Sud, et dont un "bras" rocheux apparaissait désormais devant elle. C'est à cet endroit que le muret, avec à ses pieds de nombreuses fleurs, formait un angle droit, dont l'autre branche allait jusqu'à la falaise. Il y avait un grand portail — fermé, mais qui grinçait légèrement — qui y permettait une ouverture. Entre le muret ouest et la colline, une charrette à bras orientée vers l'Est trônait sur la pelouse.

Le silence à nouveau. Pas un bruit. Pas un mouvement. Tout était calme. En se retournant, Aurore put voir Awchibald la rejoindre à pas feutrés, l'air interrogatif.

Aurore fixa un moment Awchibald puis le portail. Elle s'en approcha, l'observa puis retourna très vite près du maitre des lieux.

< Ce portail vous sert à quoi ? Si cela n'est pas indiscret. Où mène-t-il ?>

« Il donne simplement accès à un chemin, qui pawt ensuite vews le bois là-bas. Il pewmet d'accédew plus wapidement et plus discwètement auw caves, notamment. C'est paw ici qu'on entwe et sowt la mawchandise. »

Le Wabbit s'approcha dudit portail, et fronçant les sourcils, à voix basse :

« Paw contwe, je ne sais pas ce que fait là cette chawwette. Et habituellement, le powtail ne gwince pas comme ça s'il est cowwectement fewmé... »

De son observation, Aurore avait effectivement pu constater que le portail était fermé, mais pas à clef.

< Donc par logique, quelqu'un est venu ici récemment. Le portail n'est pas fermé à clef.Vu votre air, la charrette vous est inconnue. Avez-vous connaissance d'une récente venue de marchandise ou il n'y devrait pas en avoir une seule ? Demanda Aurore sans quitter la charrette des yeux.>

Le Wabbit réfléchit un court instant.

« Avant-hiew, un métayew est venu me livwew des cawottes, confowmément à l'usage. Mais wien d'autwe depuis, à ma connaissance. »

La remarque d'Aurore quant au portail intriguait Awchibald.

« Si le powtail n'est pas fewmé à clef, comme vous le dites, c'est sans doute qu'un de mes employés a oublié de le faiwe... »

< Alors je vais devoir voir tous vos employés. Si un à oublier de fermer la porte nous le saurons bien assez vite, croyez moi.>

« Twès bien, nous fewons ça demain. »

Au même moment, on entendit un bruit de verre se brisant. Awchibald sursauta :

« Ça a l'aiw de veniw des caves ! Paw là ! »

Il désigna une direction allant dans la direction du chemin qui passait par le portail. Il emmena à pas de mulou Aurore jusqu'à l'entrée des caves, taillée dans la roche. La porte était ouverte, béante, ce qui n'était pas normal d'après le Wabbit. Elle débouchait sur un petit escalier en pierre aux marches usées par le temps, puis sur une grande salle fraîche remplie de tonneaux de liqueur de cawotte.

Awchibald prit une torche fichée dans un mur et l'alluma. Il y avait bien une bouteille de liqueur gisant au sol, éventrée. Mais en dehors de ça, la pièce était aussi vide que silencieuse. Il emmena donc sans mot dire Aurore jusque devant un grand tonneau posé à plat contre un mur, et dont le couvercle mesurait bien un mètre vingt de diamètre. Le Wabbit sortit une clé et l'introduisit dans une fente à peine invisible dans le couvercle. Il tourna la clé et, stupeur !, le passage secret était déjà ouvert ! Il fit donc pivoter le couvercle — en fait une porte sise sur des gonds rouillés — vers l'extérieur et pénétra dans un couloir étroit qui, s'il permettait au Wabbit de se mouvoir sans grand souci, mit bien plus à l'épreuve l'humaine, le passage n'ayant pas été bâti à destination des représentants de sa race, ni, en vérité, pour celle d'Awchibald.

Dans un souffle, le Wabbit commenta : « Seule une poignée de mes plus fidèles sewviteuws connaissent ce passage... ». Les deux comparses descendaient maintenant un deuxième escalier, construit en colimaçon, et dans lequel s'engouffrait un vent froid aux relents marins, faisant trembler la flamme de la torche et émettant un sifflement inquiétant qui aurait impressionné les plus craintifs. Finalement, ils arrivèrent dans une grande et haute pièce où se dressaient fièrement, à intervalles réguliers, de solides piliers s'épanouissant en arches gracieuses avant de toucher le plafond.

En haut du mur sis à gauche des visiteurs étaient percées quelques étroites ouvertures barrées de fer, desquelles s'engouffrait, émettant un sifflement léger, le vent marin. La lumière de la lune y passa subrepticement, révélant le contenu de la pièce. Partout, il y avait des vieux coffres empilés, fermés à clé, accompagnés de quelques statuettes étranges. Et puis, dans un coin, une trentaine de tonneaux alignés et cinq caisses empilées. Si elle s'approchait, Aurore pourrait remarquer qu'elles contenaient une multitude de bouteilles du fameux Vinaigre des Quatre Voleurs.

Et de là vint le bruit d'un tonneau qui oscillait sur lui-même avant de retrouver son équilibre habituel.

(Puisque Rasleur nous est absent pour un moment, je clos moi-même cette partie de la quête qui arrivait de toutes façons à sa fin)

Aurore s'approcha de l'origine du bruit. Là, un Wabbit se jetta sur elle, depuis l'obscurité ! Après un furieux combat, l'initiée du Carreau réussit à maîtriser la boule de poils sanguinaire : 《 Paw pitié ! Ne me tuez pas ! Je vous diwait tout ! 》

Awchibald arrivant sur ces entrefaites déclara que le captif serait enfermé dans une des cellules du terrier, avant de l'interroger dûment.